Interview de Mme Ségolène Royal, députée PS et candidate à l'élection présidentielle de 2007, à France Bleue" le 14 mars 2007, notamment sur sa méthode de campagne électorale et les conditions de travail des enseignants.

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Média : France Bleu

Texte intégral

Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, bonjour.
Ségolène Royal
Bonjour.
Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, comment vous la sentez cette campagne ? Elle correspond à ce que vous attendiez ? Le débat vous plaît ?
Ségolène Royal
J'aimerai bien que le débat se noue davantage autour des problèmes de fond qui intéressent les Français, mais je crois que c'est en train de venir, en particulier depuis que, après les avoir écoutés, j'ai présenté mon pacte présidentiel. C'est important maintenant que les Français ne soient pas privés d'un vrai débat de fond, projet contre projet, parce que c'est un choix de société qui va s'engager pour les cinq années qui viennent, et même sans doute bien au-delà. Je crois que le choix qui va être fait dans quelques semaines, compte tenu de la gravité de la crise morale, économique, sociale, internationale, écologique, va entraîner en fait des conséquences sur toute une génération.
Gilbert Chevalier
Ségolène ROYAL, vous dites j'ai un style particulier, une manière de faire de la politique. C'est ce style qui vous empêche de réagir, peut-être parfois plus vivement, de critiquer plus précisément votre principal adversaire aujourd'hui ou vos principaux adversaires, d'abord Nicolas Sarkozy ?
Ségolène Royal
Je crois que - moi, je fais confiance à l'intelligence des Français. Donc d'abord, je me suis toujours interdit en politique de critiquer les personnes. Ce qui est important, c'est de critiquer les projets et les programmes, de montrer combien ils sont dangereux et chacun le voit bien. Le projet de Nicolas SARKOZY est dangereux et sur bien des points, il s'oppose frontalement au mien. Par exemple, je pense que ce n'est pas par la précarité économique qu'on règle le problème du développement économique. Au contraire, c'est en sécurisant les salariés, en luttant contre les délocalisations, en sécurisant aussi les entreprises et en concentrant sur les vraies entreprises - celles qui exportent, celles qui créent des emplois, celles qui ne se laissent pas ballotter par des contraintes financières ou des ordres d'actionnaires - que l'on peut relancer la machine économique. Moi, j'oppose à la logique de la confrontation ou du chacun pour soi, ou que le meilleur gagne - qui est le projet de Nicolas Sarkozy - d'autres valeurs. J'oppose des valeurs de gagnant / gagnant, j'oppose des valeurs de... personne ne peut se sauver seul et je pense que c'est en faisant en sorte de remettre de l'énergie dans le pays, de donner à toutes les entreprises et à tous les Français, toutes les Françaises qui ont du potentiel en eux et qui sentent que ce potentiel est gaspillé, donc en déployant ces énergies et ces valeurs, mais en ne laissant personne sur le bord du chemin, que l'on pourra redresser la France. En un mot, je crois profondément à la réconciliation entre la solidarité et l'efficacité.
Gilbert Chevalier
Un bureau national du Parti Socialiste s'est réuni hier soir, je crois, pour y discuter du cas François Bayrou. Vous n'y étiez pas, vous y aviez évidemment des oreilles. Vous êtes inquiète ? François Bayrou vous pose problème ?
Ségolène Royal
Vous savez, je suis en dialogue maintenant direct avec les Français. C'est ma préoccupation première, donc je ne commente pas les campagnes des autres, parce que je crois que ce n'est pas cela que les Français attendent. Je veux clarifier et faire comprendre la cohérence des réformes en profondeur que je propose, de la révolution démocratique que je veux mettre en place parce que je crois qu'on ne peut pas gouverner la France aujourd'hui comme il y a quelques temps, que les Français sont très exigeants. Aujourd'hui, plus d'un Français sur deux est encore indécis, donc ils attendent de voir. Ils ont envie de croire à nouveau en la politique mais ils se sont faits tellement avoir, si j'ose dire, il y a eu tellement de promesses non tenues, tellement de discours dans le sens du poil - c'est ce type de discours que tient François Bayrou, chacun le voit bien. Lorsque l'on voit un tel contraste entre son discours national - " Ni droite, ni gauche, ne vous inquiétez pas, on va rester dans l'immobilisme, on ne va rien dépenser " - vous savez, un pays qui ne dépense plus rien, qui n'investit plus dans l'avenir, est un pays qui va mourir, parce que ce qui guette, le plus grand danger qui nous guette c'est l'immobilisme.
Gilbert Chevalier
Mais Ségolène Royal, en même temps, les Français peuvent se dire - ils ont de la mémoire - les discours tranchés de droite, les discours tranchés de gauche depuis 1981 et alternativement n'ont pas apporté de solutions à leurs problèmes. François Bayrou, lui, dit : " On va peut-être faire autre chose ". Une troisième voix, cela peut sonner aux oreilles des électeurs.
Ségolène Royal
Je crois que ce que veulent les électeurs, c'est ne pas être instrumentalisés. Je l'ai dit depuis longtemps, c'est pour cela aussi que j'ai mené une campagne participative. Je suis la seule à l'avoir fait, François Bayrou n'a pas pris ce temps de construire avec les Français un programme. D'ailleurs, il le dit lui-même : " Je n'ai pas de programme ". Qu'est-ce qu'ils ne veulent pas les Français ? Ils ne veulent pas être instrumentalisés dans un vote, c'est-à-dire ils ne veulent pas que l'on se déclame de droite ou de gauche, ils veulent des preuves et cela, je crois qu'ils ont parfaitement raison. Mais passer à la démagogie qui consiste à dire : " On va régler les problèmes simplement en effaçant les clivages politiques ", je crois que c'est une forme d'imposture, surtout de la part d'un homme politique qui, aux élections régionales précédentes - c'était quand même il y a très peu de temps - a fusionné sans vergogne sa propre liste avec la liste de l'UMP.
Gilbert Chevalier
Il semble prendre des distances aujourd'hui.
Ségolène Royal
Oui mais attendez.
Gilbert Chevalier
Il a le droit.
Ségolène Royal
Je crois à la politique par la preuve et je crois à la politique par les actes et pas par les blablas ni les discours. Il faut donc observer ce que les gens ont fait ou n'ont pas fait. Ce que j'observe, c'est qu'aux élections régionales, il a fusionné sa liste avec la liste de l'UMP avant même de s'interroger sur la qualité des projets de la liste conduite par Alain Rousset qui fait un travail formidable dans la région. Il aurait pu, s'il met en application ses discours et ses actes et s'il ne veut pas endormir les Français par des discours consensuels - cela plaît à tout le monde, vous savez, les discours consensuels, seulement après il faut passer à l'action, et l'action c'est choisir.
Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, vous revendiquez, vous en avez parlé il y a quelques secondes, votre méthode de campagne, ces fameux débats participatifs. Certains peuvent y voir un artifice, d'autres plus sévères un gadget. Qu'est-ce que vous avez retenu et qui figure dans votre pacte, dans vos 100 propositions qui ne l'aurait pas été sans ces débats participatifs par exemple ?
Ségolène Royal
D'abord la démarche globale, la vision de la France. Je vois la France que les Français ne veulent plus. Ils ne veulent plus d'une France des précarités, des violences, des insécurités, du communautarisme, du chacun pour soi, du discours politique creux, des promesses non tenues. Ils veulent une France, au contraire, qui dise très clairement au nom de quelles valeurs elle tient debout. Par exemple, l'ordre juste, je l'ai validé et je l'ai compris et je l'ai complété dans les débats participatifs. Les Français veulent comprendre les règles communes, ils veulent avoir la certitude que les mêmes règles sont appliquées à tous et ils veulent que nous inventions les nouvelles sécurités qui vont permettre d'amortir les insécurités dans lesquelles nous vivons. Insécurités aussi à l'échelle de la planète avec le réchauffement planétaire, avec la montée des intégrismes, avec la montée des fanatismes, avec la montée des nationalismes, avec la montée d'une mondialisation qui ne maîtrise plus rien. Et le cri que j'ai entendu dans ces débats participatifs, c'est d'abord le besoin d'une Europe qui protège, qui protège contre les délocalisations et c'est l'attachement farouche au modèle social français. Et là, il y a une grosse inquiétude à l'égard notamment des retraites, de la santé, du pouvoir d'achat et ce sont les priorités des Français. Et puis il y a l'école, il y a l'école.
Gilbert Chevalier
On va en parler.
Ségolène Royal
L'école, la famille, l'emploi, tout se tient.
Gilbert Chevalier
À propos de l'école, Ségolène Royal, nous allons maintenant retrouver Gérard Aschieri, que vous connaissez j'imagine. Gérard Aschieri, bonjour.
Gérard Aschieri, secrétaire général de la FSU
Bonjour.
Gilbert Chevalier
Vous êtes le secrétaire général de la FSU, l'un des principaux syndicats dans l'enseignement. Ségolène Royal, vous dites que l'éducation est au coeur de votre pacte présidentiel. Dans le même temps, certaines de vos déclarations je crois ont un peu vexé ses enseignants. Vous souhaitez, si vous êtes élue, organiser très rapidement des états généraux des enseignants, en gros pour faire le point sur leurs besoins. Gérard Aschieri, un peu d'imagination : vous êtes l'un des invités de ces états généraux ; qu'est-ce que vous demandez à Ségolène Royal ?
Gérard Aschieri
Avant les états généraux, je demande des signes clairs de rupture avec la politique qui est menée aujourd'hui. J'ai entendu par ailleurs Ségolène Royal dire qu'elle veut rétablir les moyens et je m'en réjouis, qu'elle veut discuter - et c'est le sens de ces états généraux - de l'endroit où mettre ces moyens, je pense que c'est aussi intéressant. Mais les enseignants - par exemple, il y a des enseignants de second degré qui vont faire grève la semaine prochaine avec quelques revendications, notamment l'abrogation de ce texte, de ce décret De Robien sur leurs conditions de travail. Il y a des directeurs d'école qui aujourd'hui sont sanctionnés parce qu'ils ont mené une forme de grève administrative. Il y a des projets de décrets d'établissements publics d'éducation primaire dont les enseignants ne veulent pas. Il y a toute une série de mesures et je souhaiterai qu'un des premiers gestes d'un ministre de l'Éducation, je dirais quel qu'il soit d'une certaine manière, ce soit de dire : " On arrête cela et on reprend la discussion sur de toutes autres bases ".
Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, vous arrêtez tout ce qui a été fait ces dernières années ?
Ségolène Royal
Oui, je crois qu'il faut vraiment un moratoire de tout ce qui a été démoli dans l'Éducation nationale. Je me suis engagée à rétablir dès la prochaine rentrée les moyens qui ont été retirés à l'éducation. Ce n'est pas au moment où le pays a besoin d'investir massivement dans la matière grise, dans la formation des jeunes, qu'il faut en rabattre sur l'Éducation nationale. En même temps, je crois qu'il faut que le système continue à s'améliorer et c'est pourquoi j'ai proposé aux organisations syndicales ces états généraux pour que l'on décide où ces moyens supplémentaires vont être investis. Je pense en particulier aux diminutions du nombre d'élèves par classe pour soulager aussi le travail des enseignants et en même temps pour leur permettre de mieux encadrer les élèves. Je pense aussi au rétablissement d'un certain nombre d'emplois non enseignants qui font cruellement défaut dans les établissements scolaires, les médecins, les infirmières, les assistantes sociales, c'est-à-dire tout ce qui accompagne l'élève et qui permet de soulager l'enseignant pour que, lui, se concentre sur son métier principal qui est celui de la transmission des savoirs. Et puis enfin, je crois qu'il faut donner des moyens pour permettre et valoriser le travail en équipe, je crois que c'est cela la modernité de l'école.
Gilbert Chevalier
La carte scolaire.
Ségolène Royal
Et je veux que les établissements scolaires, comme le demandent les enseignants et les chefs d'établissement, aient une liberté d'innovation et d'expérimentation, notamment pour répondre aux besoins des élèves les plus en difficulté et aux quelques élèves qui perturbent profondément la vie d'un établissement scolaire, parce qu'il n'y a pas suffisamment de ressources ou de solutions concrètes et sur-mesure pour redonner une chance à ces élèves, sans leur permettre de perturber toute une classe.
Gilbert Chevalier
La carte scolaire, vous étiez favorable à une redistribution, si j'ose dire, de cette carte scolaire ?
Ségolène Royal
La carte scolaire, ce débat recouvre celui plus profond de la mixité scolaire qui doit absolument être maintenue dans le système scolaire, mais on sait bien que la mixité recule en même temps que recule la mixité du logement. Il faut donc repenser la carte scolaire en même temps que la politique urbaine. C'est aussi parce que les politiques urbaines remettront de la mixité dans les quartiers que les écoles pourront à nouveau accueillir les élèves dans leur diversité.
Gilbert Chevalier
Les profs doivent être aux 35 heures dans leur établissement ?
Ségolène Royal
C'est un débat qui a fait polémique, vous le savez, et en même temps c'est un débat, là aussi, très important. C'est un débat d'avenir. C'est un débat d'avenir que celui des conditions de travail des enseignants. Je sais que dans le cadre d'une campagne interne, ces propos ont été galvaudés ou déformés. Je veux redire ici sans détour d'abord que bien souvent les enseignants font bien au-delà des 35 heures lorsque l'on intègre dans ce travail la préparation des cours, la correction des copies, le suivi des élèves, les réunions avec les parents d'élèves, les conseils d'orientation, les conseils de classe. Mon idée, c'est de faire en sorte que les enseignants puissent trouver dans les établissements scolaires des conditions matérielles suffisantes pour pouvoir y rester dans de bonnes conditions et pour leur permettre justement de rester en contact avec les élèves. Mais là aussi, j'ouvrirai le champ de l'expérimentation pour voir comment nous pouvons améliorer et accompagner les conditions matérielles de travail des enseignants et cela sera d'autant plus nécessaire dans les établissements qui auront fait le choix de mettre l'accent sur le travail en équipe.
Gilbert Chevalier
Gérard Aschieri, juste un tout petit mot de commentaire sur ce que vous a répondu Ségolène Royal.
Gérard Aschieri
J'ai entendu des choses qui me plaisent et d'autres sur lesquelles je suis plus interrogatif. Je vais mettre l'accent sur celles qui m'interrogent, très vite.
Gilbert Chevalier
Rapidement, s'il vous plaît.
Gérard Aschieri
La carte scolaire : je suis d'accord pour dire que cela se règle en même temps que la question de la mixité sociale en terme de logement, en terme de quartiers. Mais il y a une urgence aujourd'hui qui est de rétablir l'égalité dans les faits, c'est-à-dire en donnant beaucoup plus aux établissements et aux zones qui, aujourd'hui, ont le plus de difficultés. Deuxième idée : le travail des enseignants. C'est vrai que le travail des enseignants, l'évolution du travail des enseignants, c'est décisif pour l'avenir de l'école. Je pense que le travail en équipe, c'est important, cela ne se décrète pas. Il faut en donner les moyens. Les moyens, c'est quoi ? C'est de la formation et c'est oser donner du temps aux enseignants, notamment dans les zones les plus difficiles pour qu'ils commencent à mieux travailler en équipe.
Gilbert Chevalier
Gérard Aschieri, merci beaucoup.
Ségolène Royal
Juste un mot. Bien évidemment, le travail en équipe sera accompagné d'une dotation globale d'heures à l'établissement pour pouvoir le mettre en place. Et sur la question de la carte scolaire, bien évidemment moi je suis tout à fait opposée à la proposition de Nicolas Sarkozy qui a dit qu'il allait supprimer les zones d'éducation prioritaire. Je crois que non seulement il faut les maintenir mais au contraire, les consolider et même parfois les étendre.
Gilbert Chevalier
Nous avons l'habitude de retrouver une personnalité européenne, en l'occurrence un député européen pour avoir un autre éclairage sur cette campagne française. Nous sommes aujourd'hui avec Tchetin Kazak, il est député européen bulgare, il appartient au groupe ALD, l'Alliance des Libéraux Démocrates, la droite libérale au Parlement européen. Je précise que cette intervention de monsieur Kazak a été enregistrée il y a quelques minutes parce qu'il est en vote en ce moment au Parlement de Strasbourg. Ecoutons donc Tchetin Kazak et ses questions.
Tchetin Kazak, député européen bulgare, groupe ALD
Je regarde avec un grand intérêt la campagne présidentielle qui est en cours en ce moment en France. C'est une campagne assez intéressante puisqu'on ne connaît pas d'avance le futur vainqueur ; c'est une campagne qui est fort intéressante avec trois candidats qui ont des chances. C'est une campagne aussi qui, pour la première fois, met en lice une femme, c'est une nouveauté. En France, une femme pour la première fois a la chance réelle de devenir le futur président de la République. C'est quelque chose de nouveau et c'est très intéressant pour nous d'observer le déroulement de la campagne. La question que je voudrais lui poser c'est est-ce que si elle devient le futur président de la République en tant que femme, donc une première dame venue à la tête de l'Etat français, apportera-t-elle des nouveautés, une graine de féminité, dans la vie politique française qui est fortement masculine ? Rapprochera-t-elle les Français des politiciens d'une part ? Et d'autre part, comment va-t-elle faire pour ranimer l'amour des Français pour l'Europe après l'échec du référendum sur la constitution européenne ? Comment va-t-elle faire pour dissiper les peurs des Français de l'Europe ?
Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, une femme présidente c'est susceptible de mieux rapprocher, on va dire, les Français, les électeurs, des hommes ou des femmes politiques ?
Ségolène Royal
Je pense en tous cas que c'est une vraie révolution. C'est un changement profond, réel. Je crois que ce serait un coup d'accélérateur donné aussi à la France puisque si le monde entier se dit que les Français auront cette audace, je crois que c'est quelque chose qui, collectivement, nous poussera en avant. Je suis une Européenne convaincue en plus, et je veux empoigner à bras-le-corps la question de l'Europe pour que la France revienne à la table de l'Europe. Je crois en effet être la seule à pouvoir le faire, en tous cas de façon aussi efficace, puisque je suis à la fois soutenue par ceux qui ont voté 'non' et par ceux qui ont voté 'oui' à la constitution.
Gilbert Chevalier
Mollement soutenue, non ?
Ségolène Royal
Non, parce que je veux au contraire dépasser cet antagonisme pour faire en sorte que l'Europe se relance, que l'Europe se construise par la preuve et que je puisse communiquer aux Français moi aussi mon amour de l'Europe.
Gilbert Chevalier
Je crois que vous proposerez un nouveau traité éventuellement soumis à référendum en 2009.
Ségolène Royal
Oui. Il y aura un nouveau traité, peut-être plus tôt, mais je pense que c'est si l'Europe parvient à prouver qu'elle est capable de lutter contre le chômage, si l'Europe parvient à prouver qu'elle tire les salariés vers le haut et pas vers le bas, si l'Europe parvient à mettre en place une Europe de la défense commune et une Europe de l'environnement, c'est-à-dire préparer l'après pétrole et investir collectivement dans la recherche, dans l'innovation et dans les emplois du futur, alors à ce moment-là, le référendum institutionnel viendra tout naturellement conclure cette phase.
Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, on va terminer avec votre campagne sur Internet avec Pascal Delannoy, le directeur de la rédaction multimédia à Radio France qui a visité votre site ce matin, Désirs d'avenir.
Pascal Delannoy
Cela flashe sur votre site, Ségolène ROYAL. Sur desirsdavenir.org, on en voit de toutes les couleurs, celle par exemple de cette jolie mosaïque qui n'arrête pas de venir et de repartir, un peu comme une vague en laissant chaque fois apparaître quelques-unes de vos 100 propositions. Il y a quelques minutes, c'était par exemple la numéro 7, augmenter les salaires, ou la 67, prévenir l'impact des pollutions sur la santé. Oui, cela flashe mais pas partout car sur votre site, le classement est assez rigide : l'actualité, votre actualité, mais aussi celle sur le terrain, un espace pour les militants, les forums, les cahiers de l'espérance. Un peu de fantaisie tout de même avec le top 5 des blogs. Premier aujourd'hui, la section PS de Normal Sup. Vous-même, vous vous adressez dans une vidéo aux internautes, aux millions d'entre eux comme vous le précisez, avec lesquels vous voulez dialoguer tout en insistant que c'est bien aussi quand ils viennent en vrai dans vos meetings. Et puis on retrouve vos interventions dans les médias, comme en ce moment même ou hier soir sur TF1, avec des réactions coup de coeur. Ainsi, il était très exactement 23 heures 51 minutes, voilà ce qu'un blogeur vous a écrit : " Ségolène, tu es une grande dame de France. Reste toi-même pour gagner et sauver notre pays ". Précision : c'est un message trois étoiles. Explication : vous demandez à tous les internautes d'évaluer tous ces messages et celui-ci vaut donc trois étoiles. Bref, comme le dirait le guide Michelin, cela vaut le voyage.
Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, apparemment vous aimez bien les notes, le système de notation. Votre fils Thomas Hollande qui participe à votre campagne comme animateur de la Ségosphère déclare au journal Lyon Capitale : " Ma mère a des valeurs de droite, des valeurs morales fortes " dit-il. Vous l'avez puni pour ces propos ?
Ségolène Royal
Non, en plus il les a démentis.
Gilbert Chevalier
Il les a tenus apparemment un peu partout. S'il les a démentis, on ne comprend plus.
Ségolène Royal
Apparemment non et d'ailleurs, je vais vous dire, les valeurs morales n'appartiennent pas à la droite.
Gilbert Chevalier
Mais il a dit des valeurs de droite apparemment. Il aurait dit des valeurs de droite, il les a démenties.
Ségolène Royal
Non, il a démenti cela mais peu importe. Les valeurs morales n'appartiennent pas à la droite et je suis très heureuse que mon fils ait bien le sentiment que je lui ai transmis des valeurs morales. Je crois que c'est cela qui est important parce que c'est la réalité.
Gilbert Chevalier
Ségolène Royal, merci. Merci beaucoup. FIN
Source http://www.desirsdavenir.org, le 19 mars 2007