Texte intégral
François BAYROU. - L'objet de cette conférence de presse est de traiter d'un grand sujet de société et probablement de l'un de ceux qui vont le plus marquer le XXIème siècle, ce sont les retraités et les personnes âgées qui vont être un des éléments les plus marquants du grand changement que notre société va vivre dans le siècle où nous sommes entrés.
D'ailleurs, ce qui est frappant, lorsque l'on regarde la France, comme d'ailleurs tous les autres pays développés, c'est que notre société est l'objet de vastes mouvements de glissement qui affectent ses fondations et qui, à la fois menacent son équilibre traditionnel et qui, en même temps, lui offrent des chances nouvelles.
Je veux que ces mouvements, nous les prenions en charge.
On peut voir les grands chapitres de ces mouvements. Il y a une réflexion très importante à conduire sur les femmes, comment les aider, comment faire que l'action publique réponde à leur attente, comment aider celles d'entre elles qui deviennent mères et qui, en même temps, assument une vie professionnelle, comment aider celles qui font un autre choix, comment analyser les nouvelles attentes des jeunes, attente d'autonomie, de poursuite des études, comment analyser la chance nouvelle que les nouveaux moyens de communication, et je pense à Internet en particulier, offrent au lien social et à la démocratie dans notre pays, comment trouver une place nouvelle pour les associations ?
Voilà quatre chapitres principaux de cette réflexion. Le cinquième est la place des retraités et des personnes âgées dans cette société ou plus exactement la participation des retraités, des personnes âgées.
Je fais une distinction entre retraités et personnes âgées parce que vous voyez bien que, entre soixante et plus de quatre-vingt cinq ans il y a une différence d'engagement, d'activité, comment faire pour que leur place soit reconnue et qu'on les aide dans cette société nouvelle.
Tout cela, ce sera l'objet de ce ministère nouveau que je veux mettre en place qui aura la charge de cette évolution de la société, de sa réflexion, de proposition de pistes nouvelles que j'appelle peut-être provisoirement pour l'instant : Ministère de la nouvelle société.
Derrière cet enjeu, il y a deux questions : quel modèle de société voulons-nous pour notre pays et quel mode de gouvernement pour cette société nouvelle.
Pour moi, le premier chapitre de ce mode de gouvernement nouveau, c'est la conscience que nous devons avoir de ces évolutions.
Ce qui est frappant, sur tous ces sujets c'est de voir à quel point, depuis des années, on a ignoré des évolutions qui étaient en cours depuis longtemps.
J'aurai l'occasion d'aborder la question des retraites, mais depuis le Livre Blanc sur les retraites que Michel Rocard a fait préparer à partir de 1988, à la fin des années 80, vous voyez à quel point on a sous-estimé les changements que l'évolution démographique allait apporter, les déséquilibres qui allaient naître de ce changement démographique dans notre société.
Je veux mettre cette conférence de presse et d'ailleurs toute la réflexion sur la nouvelle société dont nous avons besoin sous l'égide d'une phrase de Pierre Mendès-France : Le plus grand danger est la négligence des citoyens.
Cette négligence a été entretenue par des pouvoirs politiques qui, en réalité, ont préféré le confort des situations immobiles plutôt que la réflexion sur ce que l'avenir devait être.
On ne peut pas traiter de la question des retraités et des personnes âgées sans signaler le plus grand risque devant lequel nous sommes, c'est une menace de conflit des générations et c'est celle qui risque de déchirer le plus le tissu social français car, de n'avoir jamais traité cette question de l'allongement de la durée de la vie, du grand âge, cela fait peser sur les jeunes et sur les jeunes actifs la menace de charges dont je le dis à l'avance ils ne pourront pas les supporter, avec deux risques potentiels : ou bien un effondrement du niveau de vie des actifs et, s'il y a effondrement du niveau de vie des actifs, il y aura délocalisation des emplois et vous voyez la spirale de déclin dans laquelle, ainsi, nous sommes enfoncés, ou bien un effondrement de niveau de vie des retraités et cela créerait évidemment, si on le laissait faire, une dépression profonde dans la société française.
Cette question des retraités et des personnes âgées est totalement absente de la campagne électorale. J'ai voulu l'y mettre, d'abord en vous rappelant un certain nombre de chiffres.
Entre 2000 et 2020, la population des plus de soixante-cinq ans va passer, je donne des chiffres naturellement à la louche, de dix millions actuellement à quinze millions, soit une augmentation de 50 % ans en quinze ans.
Celle des plus de soixante-quinze ans va passer de quatre à six millions.
Là aussi augmentation de 50 % et celle des plus de quatre-vingt cinq ans va doubler passant de un à deux millions.
Je vous rappelle que cela est la conséquence mécanique d'un phénomène démographique. Il n'y a rien de moins mystérieux que la démographie parce que tous les chiffres sont absolument connus, je vous rappelle que les personnes qui vont avoir plus de soixante-cinq ans, même en 2030, sont toutes nées, on peut les dénombrer j'allais dire presque une part une.
Donc la durée de vie des français augmente d'un trimestre tous les ans, c'est-à-dire de 1 année tous les 4 ans.
Elle augmente au même rythme pour la durée de la vie sans maladie et sans handicap ce qui est à la fois une chose très encourageante et naturellement un défi qui est devant nous.
Les plus de soixante ans représentaient un cinquième de la population française en l'an 2000, ils seront un tiers en 2030.
Et les moins de vingt ans dans le même temps qui étaient 25 % en 2000, leur nombre va baisser pour tomber à 20 % dans les décennies qui viennent et le nombre des adultes entre vingt et soixante ans va baisser lui aussi de presque 10 % puisqu'il va tomber de presque 55 % à presque 45 %.
Comme vous l'imaginez, cela veut dire aussi des dépenses de santé beaucoup plus importantes et tout cela est une lourde charge et une lourde responsabilité.
On voit déjà les prémisses de ce conflit de générations, de rupture entre générations, par exemple, quand on interroge les Français en matière de retraite, les retraités de plus de soixante ans sont très favorables au recul de l'âge de la retraite, cependant que les moins de quarante ans y sont violemment hostiles : conflit d'intérêt.
Inversement, quand certains proposent d'augmenter les cotisations des retraités, notamment des retraités les mieux dotés, l'adhésion est très forte chez les jeunes et le rejet est massif chez les plus de 65 ans, chacun défend son terrain et la situation est évidemment bloquée.
Il y a de surcroît la question de la dépendance.
Le coût de la dépendance est de 0,94 % du PIB en 2005. Il va passer à 1,2 % du PIB en 2010, soit, en 5 ans, une augmentation de 30 % et on compte que, autour des années 2020, il aura encore augmenté de 30 % pour être pour dépasser 1,5 % du PIB.
On pense que, parmi les personnes âgées, le nombre de personnes âgées dépendantes serait en 2020 de l'ordre de 25 % avec une croissance plus importante encore chez les personnes les plus âgées.
Il y aura une autre accélération prévisible en 2030, quand les générations du baby boom, c'est-à-dire un certain nombre d'entre nous ici vont atteindre, à leur tour, quatre-vingts ans.
On pense que, alors, le nombre de personnes âgées dépendantes pourrait augmenter de 50 %.
C'est la première fois dans l'histoire de l'Humanité que nous allons être confrontés à cette fracture générationnelle, à cette impossibilité de prendre soin de nos aînés et, si nous ne changeons pas les règles du jeu, ce qui est prévisible, c'est l'explosion de notre contrat social.
Cela impose naturellement une réflexion sur le problème des retraites que je veux aborder devant vous.
La question de la réforme des retraites est une question d'urgence pour notre pays.
Naturellement, on peut prendre les mois ou années, un ou deux ans nécessaires pour approfondir la réflexion, mais cette réflexion doit nous conduire à un régime de retraite équilibré, qui ne devra plus être remis en cause au long des années et qui traitera cette question de manière juste, à la fois en offrant à tous les Français une égalité de droit devant la retraite, c'est-à-dire en prenant en compte la totalité des retraités, y compris les régimes spéciaux et en prenant en compte aussi la pénibilité du travail.
Vous savez ce qu'est le scandale de la situation de notre pays et chaque fois que je le décris en meeting, j'hésite presque à le faire tant il y a la quelque chose d'extrêmement choquant à énoncer, mais je veux le faire cependant devant vous.
Ceux parmi les Français qui ont l'espérance de vie la plus longue partent le plus tôt à la retraite et ceux qui ont l'espérance de vie la plus courte partent le plus tard à la retraite.
Énoncer seulement cette phrase montre le déséquilibre si profond qu'il y a dans la situation du pays.
Il faut donc une réforme des retraites qui concernent tous les Français, régime ordinaire et régime spéciaux, une réforme qui soit équitable et adaptable dans le temps donc durable au sens même du développement durable, soutenable et ce sont des termes habituellement employés pour l'écologie et qui ont parfaitement leur place ici. On a besoin de durable et de soutenable aussi pour les régimes de retraite, une réforme pour tous les Français et par tous les Français parce que ce n'est pas une affaire d'experts, c'est une affaire de citoyens.
Voilà donc pourquoi cette réforme des régimes de retraite, je demanderai qu'elle soit discutée et négociée avec les partenaires sociaux et, dans les partenaires sociaux, j'inclus les représentants des retraités. Je demanderai que, pour la première fois, les représentants des retraités soient présent autour de la table lorsque l'on discutera de l'avenir des régimes de retraite.
Je m'adresserai à tous les organismes publics et privés concernés, j'associerai le Conseil économique et social dont, vous le savez, je veux la réforme pour qu'il devienne la grande chambre de dialogue de la société française.
Cette réforme sera votée par le Parlement et elle sera soumise à référendum car, je le répète, elle concerne tous les Français et il s'agit de l'adhésion des Français.
Personne dans la société française ne peut ignorer le risque qui pèse désormais sur l'avenir du lien social et sur le contrat social et c'est la raison pour laquelle j'ai choisi de préparer cette réforme en faisant confiance à chacun des citoyens et à la société française et ainsi en donnant à chacun la garantie qu'il aura son mot à dire et que la réforme ne lui sera pas imposée contre son gré et dans l'ignorance des décisions et dispositions qui seront prises.
Cette réforme, vous le savez, dont mon esprit, mais on en discutera avec les partenaires sociaux, repose non pas sur l'idée mécanique du report à 65, 66, 67, 68 ans de l'âge du départ à la retraite pour tout le monde, ce qu'ont fait un certain nombre de pays qui nous entourent et qui sera autrement la loi évidemment pour nous, mais sur l'idée d'une souplesse qui permettra à chacun de décider de l'âge du départ à la retraite en fonction du niveau de pension sur lequel il aura acquis des droits par son travail.
C'est au fond le même principe que celle des retraites complémentaires par points.
Si il ou elle considère que la pension est suffisante, il choisit de partir à la retraite et, s'il considère qu'il doit améliorer son niveau de pension, il choisit de rester au travail et de prolonger sa durée de travail. Ce qui sera facilité par le fait que l'âge n'est plus un handicap et que beaucoup sont en situation de travailler plus longtemps.
Voilà le principe que je défendrai devant les partenaires sociaux d'abord et ensuite devant tous ceux, y compris les citoyens français, parce que je suis bien décidé à faire que, si je suis élu président de la République, je m'engagerai devant les Français sur ce sujet qui est un grand sujet naturellement pour l'avenir de la Nation et un encore plus grand sujet pour la conscience démocratique de chacun des citoyens.
Je pense qu'il n'y a pas de progrès dans l'ignorance, dans la négligence des citoyens.
Il n'y a pas de progrès si l'on passe son temps à leur faire des promesses intenables et si on ne leur dit pas la vérité.
Il n'y a de progrès que si l'on remplace la négligence des citoyens entretenue par des démagogies par la conscience des citoyens, la transparence et la clarté.
Je veux ajouter deux remarques.
La première remarque est naturellement très importante : si l'on veut que les Français puissent choisir de prolonger leur activité, et c'est absolument nécessaire, je veux vous rappeler que la France est le pays où le niveau de travail des plus de soixante ans est le plus faible de tous les pays développés puisque il est, malgré les très grands progrès de médecine, de 7 % seulement chez les hommes et 4 % seulement chez les femmes et ceci est naturellement incompatible avec l'allongement de la durée de la vie, mais, bien entendu, ceci impose une politique d'incitation en direction des entreprises pour qu'elles conservent et promeuvent les salariés qui arrivent à cet âge de plus de 50 ans alors qu'actuellement on est en train de les pousser systématiquement sur le bord de la route.
Je vous rappelle ce chiffre qui, à mes yeux, est absolument scandaleux, un symptôme du mal français. Aujourd'hui, pour un Français ou une Française qui part à la retraite, 1 sur 2 a déjà perdu son travail depuis plusieurs années.
Au moment de décider du départ à la retraite, en réalité la majorité des Français n'ont plus d'emploi et donc une politique de soutien et de promotion, de soutien et de défense des plus de cinquante ans dans l'entreprise est absolument nécessaire à l'équilibre de ces régimes de retraite que j'évoquais à l'instant.
Je veux faire une deuxième remarque sur l'idée que je me fais de cet avenir des régimes de retraite.
Pour moi, une fois la réforme votée, elle ne doit plus être l'affaire de l'Etat. Elle doit être l'affaire des partenaires sociaux. Elle doit être remise, confiée à la démocratie sociale de notre pays et pas à la démocratie politique.
L'équilibre des régimes de retraite, ce doit être l'affaire des actifs, des salariés, des retraités, je répète que je proposerai que la représentation des retraités ait leur place dans cette nouvelle gestion des caisses de retraite et des entreprises.
Remarque complémentaire : naturellement, si l'on veut que ces régimes soient équilibrés dans le long terme, alors cela oblige à une politique démographique active.
Il n'y a que par des générations nombreuses que l'on pourra assurer, dans le long terme, l'avenir des régimes de retraite ce qui veut dire une politique de soutien à la naissance et donc aux femmes qui mettent ces enfants au monde.
Ce qui veut dire penser à la garde des enfants, penser au retour des femmes dans l'emploi quand elles ont mis au monde un enfant ou qu'elles ont passé quelques années à élever des enfants, ce qui veut dire défense de leur carrière et tout ceci ne peut se faire naturellement qu'avec une politique d'incitation en direction des entreprises, mais l'intérêt de la Nation est tel dans cette affaire qu'évidemment il doit être défendu.
Voilà les remarques que je voulais faire sur l'avenir des régimes de retraite.
Je voudrais maintenant aborder le présent des régimes de retraite ou plus exactement la situation de ceux qui sont dans la plus grande difficulté aujourd'hui et qui sont les personnes qui relèvent des toutes petites retraites ou des minimum vieillesse.
C'est pour moi une question de souci de tous les jours.
Le minimum vieillesse est autour de 630 ou 640 euros par mois.
Quand l'une de mes concurrentes promet royalement 5 % d'augmentation pour l'année prochaine, cela veut dire 1 euros par jour. Vous voyez que cela ne change pas radicalement la situation.
Je prends un engagement que nous avons budgété, Charles-Amédée de Courson et Jean Arthuis sont au fond de cette salle : nous voulons que cette question du minimum vieillesse soit traitée.
C'est pour nous un enjeu de société pour le monde dans lequel nous vivons et donc nous prenons l'engagement de porter le minimum vieillesse en 5 ans à 90 % du SMIC.
C'est une des dépenses nouvelles que nous avons prévue dans un programme qui en comporte comme vous le savez deux, parce que nous avons voulu concentrer notre action sur des grandes mesures qui changeront le visage de la société française et qui seront identifiables par tout le monde, on ne peut pas laisser le minimum vieillesse au point où il se trouve et les petites retraites au point où elles se trouvent et donc, pour nous, c'est 90 % du SMIC en 5 ans qui est notre engagement.
C'est naturellement une dépense sociale très ambitieuse, très importante que nous assumons en direction de ceux qui ne peuvent pas se défendre, qui ne forment pas un lobby, qui ne sont pas en situation d'énoncer des menaces à l'égard de tel ou tel candidat, d'obliger à des signatures d'engagements multiples simplement parce qu'elles n'ont pas, ces personnes-là, ce sont souvent des femmes, assez nombreuses, de voix pour les défendre. J'ai voulu que, au coeur de cette conférence de presse, elles soient présentes par un engagement suffisamment important pour que nul ne puisse l'ignorer.
Donc 90 % du SMIC en 5 ans.
Avec cela, ces femmes et ces hommes qui ont aujourd'hui une vie qui est une vie de précarité auront une vie qui sera une vie de dignité et trouveront un équilibre.
Nous entrons maintenant dans les rapports entre la société et les personnes âgées. Retraités et personnes âgées, je maintiens la différence entre les deux.
D'abord, premier chapitre, la reconnaissance de l'apport de ces personnes retraitées à la société.
Nous avons besoin de cadres qui auront la responsabilité du lien social dans un pays ou notre objectif est de le reconstruire au lieu de le laisser déliter, cadres pour les associations, cadres pour des actions nouvelles et, s'agissant d'action nouvelle, bien entendu je fais allusion à ce principe d'activité universelle que je défendrai en direction des exclus.
Plusieurs centaines de milliers de personnes qui sont aujourd'hui complètement sur le bord de la route et à qui nous allons apporter non plus seulement une allocation, mais une activité avec la possibilité que cette activité permette ainsi n'ont pas seulement de trouver un minimum de subsistance à la vérité au bord de l'asphyxie, mais une capacité à affirmer ce que doit être une femme ou un homme utile à la société au lieu de se sentir en situation d'exclusion.
Cela devra être assumé par le monde des associations et le monde des collectivités locales.
Pour toutes ces activités nouvelles dirigées vers l'enfance ou vers la vieillesse, le sport, la culture, l'amélioration du patrimoine, il faudra un encadrement et cet encadrement pourra être assumé en partie par des jeunes retraités ou des retraités actifs.
C'est le type de reconnaissance qui n'est pas seulement celle d'une société qui apporte aide et assistance, mais celle d'une société plus intelligente et plus ouverte d'une nouvelle société qui apporte aussi de la reconnaissance au fait qu'il s'agit d'échanges. Il ne s'agit pas seulement de recevoir, mais aussi de donner et que la société comprend qu'elle a besoin qu'on lui donne.
C'est l'écho, vous le savez, à cette phrase de Kennedy que tout le monde connaît que j'ai voulu citer dans ma déclaration de candidature qui est : Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.
C'est la FRANCE DE TOUTES NOS FORCES qui est le slogan de campagne électorale que j'ai choisi.
Et cette société, qui refuse la fracture entre les générations, c'est évidemment une société qui choisit de recréer le lien entre les générations : le lien, l'échange. Nous ne sommes pas enfermés chacun dans notre solitude, nous pouvons partager des moments de vie, mais cela exige de repenser un certain nombre de choses dans la société française et notamment de repenser une grande politique du logement et de l'urbanisme.
Vous savez combien nous défendons et combien je défends la mixité sociale.
Dans les programmes immobiliers, dans la manière dont notre ville, nos quartiers sont issus est organisée, il ne faut pas seulement la mixité sociale, il faut aussi la mixité générationnelle, que puissent vivre ensemble des générations différentes et des familles différentes, parce que, vivre ensemble, c'est se reconnaître, permettre des échanges de service. Nous vivons sur le même palier, avec des appartements de tailles différentes et non pas standardisés. On peut tout à fait avoir une famille nombreuse et un foyer de personnes âgées et imaginer que les enfants vont chez les personnes âgées, que même il peut y avoir des gardes, il peut y avoir de la parole, il peut y avoir de l'affection, il peut y avoir du lien qui se développe à condition que l'on soit dans les mêmes maisons et pas que chacun soit dans son ghetto.
Si chacun est dans son ghetto, le lien social est mort.
Et donc l'organisation de la vie sociale des personnes âgées, c'est la première politique de prévention de la solitude et de la dépendance.
Prévention de la solitude, c'est aussi, pour moi, favoriser le fait que des personnes âgées puissent choisir de vivre ensemble, soit avec des plus jeunes soit avec des gens de la même génération.
Évidemment, comme vous le voyez, la politique du tout maison de retraite ne répond plus à la demande d'une très grande partie de la population. Je vous rappelle que les chiffres de souhait pour le grand âge c'est, à plus de 87 %, de rester le plus longtemps possible chez soi.
Et pour rester le plus longtemps possible chez soi, il faut être le moins longtemps possible seul.
Donc la politique de lutte contre la solitude c'est une politique de réinvention d'une manière de vivre ensemble et d'incitation de la part de l'Etat à ce choix d'une vie partagée.
Naturellement, cela veut dire incitation par exemple fiscale, un contrat de vie en commun qui pousse les personnes à choisir de se rapprocher d'autres personnes et je trouve qu'il y a là une vision plus humaine de l'avenir de la société que le recours à des seules structures extérieures ou professionnelles, même si c'est nécessaire, je vais y venir dans un instant. On a besoin d'une grande politique de prévention de la dépendance, prévention en matière de santé, et cela doit être un des aspects de la politique de santé. Jean-Luc Preel a proposé l'idée d'un contrat prévention dépendance signé entre le patient et son médecin traitant, en partenariat avec l'assurance maladie afin de prévenir l'apparition ou l'aggravation de la dépendance.
Mais cela veut dire aussi qu'il faut changer profondément l'offre de soins, garantir le libre choix, sortir du recours universel aux urgences, de trouver d'autres systèmes en pensant en particulier que, lorsqu'il y a des personnes âgées dépendantes et que, cependant, elles vivent avec une partie de leur famille ou avec des gens qui s'occupent d'elle, il y a aussi besoin de recours, c'est-à-dire de pouvoir souffler pendant quelques heures ou quelques jours et les solutions pour l'instant n'existent pas pour ce recours. Cela veut dire pour moi qu'il faut favoriser désormais les solutions intermédiaires, les hébergements temporaires pour quelques jours, l'accueil de jour et imaginer même l'accueil de nuit qui, pour l'instant, n'existe pas.
Cela veut dire que, à côté des établissements entièrement dédiés à l'offre de soins, il faut créer des maisons médicales, en particulier dans les lieux où elles n'existent pas, les cantons en zone rurale ou en zone urbaine difficile pour mutualiser les moyens et lutter contre l'isolement des médecins.
Cela veut dire évidemment renforcer l'offre de soins à domicile, accroître le nombre des infirmières et infirmiers, des personnes qui assurent les soins. Nous sommes un des pays européens qui a les taux les plus bas, et professionnaliser les métiers de l'aide a les dépendances en validant notamment les acquis professionnels des bénévoles et des aidants familiaux pour renforcer cette solidarité.
Comment organiser tout cela, et ce sera mon dernier mot ?
Premièrement, en changeant notre système de gouvernance médicale.
Vous savez que nous sommes pour une régionalisation de la gouvernance médicale qui permette non pas de voir les décisions constamment tomber du haut, mais au contraire à faire que le terrain, les représentants des professionnels de santé, des médecins et des professionnels de santé, les patients, les élus locaux puissent s'exprimer dans le besoin de tisser ainsi des structures dont vous voyez qu'elles sont, pour la plupart d'entre elles, proches du dispensaire ou proches simplement d'un accueil comment dirai je... attentif, qui coûte infiniment moins cher que les grosses structures médicales, qui sont de l'ordre de la surveillance, la veille, la vigilance, qui permettront de dépenser moins tout en dépensant mieux. C'est évidemment là un changement d'orientation pour la société qu'il faut concevoir.
Bien entendu, cela impose de poser la question qui est très difficile de comment aider les familles lorsqu'elles se trouvent avec une personne âgée en situation de dépendance à la fin de sa vie.
Cela veut dire, pour nous, des incitations pour des contrats d'assurance prévoyance perte d'autonomie qui devront être contractés assez jeunes pour que leur coût soit léger et évidemment une aide personnalisée à la santé permettant de financer la complémentaire santé de son choix qui est pour nous une alternative au mécanisme du tout ou rien que nous avons à l'heure actuelle.
J'ai voulu vous donner, dans le détail, l'idée de ce que représente pour moi ce changement de société très important que nous allons vivre.
Dans la reconnaissance et la promotion des retraités et personnes âgées réside une des clés de la société française de l'avenir.
Je vous remercie et je me livre à vos questions.
QUESTION HORS MICRO. -...
Vous avez dit qu'à partir de soixante ans les personnes âgées représentaient....
Un autre chiffre... entre cinquante-sept et soixante-quatre ans... comment harmonisez-vous tous ces chiffres ?
François BAYROU. - C'est cinquante-sept.
QUESTION HORS MICRO. -...Cela veut dire qu'entre cinquante-sept et soixante ans tous les gens prennent leur retraite ?
François BAYROU. - Prennent leur retraite progressivement à partir de soixante ans. Vous m'avez entendu vous dire que, lorsqu'ils prennent leur retraite, généralement, à soixante ans, plus d'une personne sur deux a perdu son emploi. Entre cinquante-sept et soixante ans, vous avez plus de 50 % des gens au travail et, après, cela décline. Il y a donc, en effet, une part très faible de la population totale masculine et féminine. Cela dit, si j'ai une erreur de statistique, je n'en suis pas l'auteur, je les ai trouvées en particulier dans les très nombreux articles publiés sur ce sujet par les sociologues et les médecins qui ont réfléchi au grand âge.
Si, à soixante ans, on est à plus de 50 %, votre 30 % signifie que, après on est à 10 %.
Rires....
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - C'est treize et évidemment...... quel est votre problème ? Pourquoi vous riez ? J'ai dit une bêtise ?....
En tout cas cela me paraît assez cohérent statistiquement, arithmétiquement.
QUESTION HORS MICRO. -... Au début de votre intervention, vous avez parlé de la nouvelle société...
Est-ce que vous faites référence ....
François BAYROU. - Vous croyez vraiment que j'aurais pu à voir cette référence en effet à ce que Jacques Delors et quelques autres ont construit autour de Chaban ?!
QUESTION HORS MICRO. -... (MME CLERC)
François BAYROU. - Christine Clerc se rangeant dans les rangs des altermondialistes, c'est une chose que je suis heureux de découvrir !
J'avais voulu limiter mon propos à la société française et pas poser une question de géopolitique qui se pose en effet.
Vous trouverez, dans mon livre, plusieurs allusions à ce que vous indiquez.
Rires....
Vous n'avez qu'à lui dire que vous êtes avec moi ! Et si elle ne vous croit pas, passez-la moi !
Rires....
C'est une grande question d'équilibre, là aussi de durabilité, de durable.
Vous savez que Jean Peyrelevade a écrit un livre que je trouve tout à fait remarquable sur ce sujet et plusieurs autres, mes amis qui sont là ont souvent développé cette idée.
Il y a, en effet, une mise en question du durable dans cette affaire qui est une menace sur le modèle de société et de social-économie qui est le nôtre, mais peut-être ce n'était pas l'objet.
En tout cas vous avez bien fait d'apporter cette idée à la réflexion.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Je pense d'ailleurs, je ne l'ai pas dit, mais plusieurs fois en meeting pour ceux qui me font l'amitié de me suivre, que l'on trouvera beaucoup de scénarios plus souples que ceux que l'on a aujourd'hui.
Je pense qu'il est idiot de passer de l'activité à 100 % à l'inactivité à 100 %.
Je pense que l'on ira vers des modèles où l'entrée dans la retraite se fera progressivement notamment par des temps partiels pendant plusieurs années. En tout état de cause, je n'ai pas de doute sur le fait que, oui, il faut allonger. Je vous rappelle que les Allemands ont choisi soixante-sept ans pour 2020 ou 2021 je crois.
Ils ont programmé dans le long terme.
Le modèle que je propose est encore plus souple, mais il est très incitatif évidemment dès l'instant que les partenaires sociaux, les entreprises et les associations de retraités auront choisi la valeur du point qui permettra à chacun de savoir quels sont ses acquis.
QUESTION HORS MICRO. -...
Je pense qu'il faut d'abord une prise de conscience.
François BAYROU. - Je sais bien qu'on pense que les entreprises sont des êtres uniquement intéressés par le profit. Je ne le crois pas.
J'ai une vision de l'entreprise qui peut être citoyenne, elle aussi, à condition que l'on pose la question devant tout le monde, devant les Français de manière explicite.
Pour l'instant, cette question n'a jamais été abordée. Regardez le recours encore actuel aux préretraites.
Je connais bien de très grandes entreprises qui ont fait des plans de préretraite à 100 % du salaire à cinquante0 ans, c'est-à-dire qui garantissent l'intégralité du salaire, pour un plan social.
C'étaient les années précédentes, mais j'ai entendu que l'on envisageait de faire de nouveau appel à ces systèmes, l'intégralité du salaire activité 0 pendant 10 ans.
Je trouve que tout ceci n'est pas raisonnable, ne correspond pas à l'intérêt national et il faut que, dans cette nouvelle époque dans laquelle nous allons entrer, les gouvernants et spécialement le président de la République, assument cette mission pédagogique à l'égard des Français, plutôt de prise de conscience démocratique ; pédagogique n'est pas le bon mot parce que c'est un mot qui évoque le fait que l'on pourrait traiter les électeurs comme des enfants ou comme des élèves, et ce n'est pas du tout l'idée.
L'idée est que, après avoir, pendant des décennies, nié complètement les réalités et uniquement fonctionné sur le mode de la promesse dont mes deux principaux concurrents donnent encore un admirable exemple, je pense qu'il ne faut plus fonctionner sur le mode de la promesse, il faut fonctionner sur le mode de la cohérence du projet.
Il faut défendre une vision et montrer la cohérence du projet et refuser les promesses, refuser de multiplier les chèques en blanc à toutes les catégories sociales une par une, ce qui n'est pas un bon mode d'approche.
Il y a des choses à faire, sélectionnées, concentrées sur des points clés de la société française où nous allons vivre, par exemple je considère que les emplois sans charges qui intéressent beaucoup, j'étais à la CGPME l'autre jour, les petites et toutes petites entreprises, c'est une action ciblée, concentrée sur un déblocage de la société française, de même que le minimum vieillesse honteux avec lequel on vit, c'est un des points douloureux, un des points de fracture de la société française, mais il faut refuser les promesses tous azimuts.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Je pense qu'il y a deux choses à dire pour les régimes spéciaux. Première chose à dire, quand ils sont entrés dans leur contrat, en effet, l'âge de la retraite faisait partie du contrat et il faut, d'une manière ou d'une autre, parce que j'ai des idées un tout petit peu différentes de mes amis sur ce sujet, tenir compte des années qu'ils ont passé dans le contrat.
Cela faisait partie de leur contrat de travail. Il faut en tenir compte. Et, en même temps, il faut que les Français aient l'assurance que l'égalité de traitement de tous les Français devant la retraite et la pénibilité du travail est désormais assurée.
Si vous y réfléchissez, cette idée de retraite par points permet de prendre en compte tout cela.
C'est une idée très riche et très souple qui permet de reconnaître le mode d'activité que l'on a eu, le travail que l'on a eu.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Je vais vous expliquer pourquoi.
Je sais bien, mais il se trouve que je veux changer le rapport entre le pouvoir politique et les Français.
Jusqu'à maintenant, entre le pouvoir politique et les Français, on a fonctionné sur le modèle de la société de défiance. La société du soupçon. Pourquoi ?
L'idée était celle-ci : Tu mérites, c'est la seule chose qui compte, après, pendant 5 ans, je fais ce que je veux et je reviens te voir dans 5 ans pour savoir si tu me gardes ou si tu me changes.
La réponse était d'ailleurs : Je te change.
C'est à partir de ce principe qu'a été définie la grande loi sur les promesses.
Les promesses ne servent pas à nouer un contrat de confiance entre les Français et l'élu, elles servent uniquement à piper leur voix, selon l'énoncé fameux : Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent.
Les promesses, c'est fait pour gagner une élection et, après l'élection, on les oublie en expliquant que cela n'avait aucune importance.
Cette culture s'est développée dans tous les secteurs de la société française de sorte que les Français ont, en face du pouvoir politique, l'idée à partir du moment où il va être élu, il va se permettre n'importe quoi, il est tout à fait décidé à faire ce qu'il veut, y compris en nous trompant.
Quelle est la réaction des Français ?
Chaque fois qu'on leur propose quelque chose, ils se bloquent. Ils se mettent debout sur les freins et empêchent la réforme de se faire, et cela a été notamment vrai dans le domaine des retraites.
En 1995 par exemple, Jacques Chirac se fait élire sur la fracture sociale et le gouvernement Juppé propose une réforme rigoureuse des retraites, trois mois après les Français ont eu le sentiment d'être grugé, les syndicats ont bloqué le pays, il n'y a pas eu de réforme.
On peut citer mille exemples de cela.
Je veux inverser ce mouvement. J'ai une toute autre conception de l'action politique.
Ce que je propose, c'est de remplacer le soupçon par la confiance et, pour la confiance, que faut-il ? Et pour ne pas bloquer le pays, que faut-il ?
Il faut que chaque Français ait la certitude qu'il aura l'information maximale et son mot à dire au moment où la décision devra être prise.
Ainsi, il n'y a pas de blocage, il y a le retour au peuple.
Il n'y a pas le truquage, il n'y a pas le... au lendemain de l'élection, dans l'Etat de grâce : Vite, vite dépêchons-nous, faisons tout ce qui est désagréable, les Français ne s'en apercevront pas et, quand ils se réveilleront, il sera trop tard, ce sera déjà en place.
Cette stratégie a été utilisée à plusieurs reprises, mais vous voyez bien à quel point elle entretient le sentiment de défiance : Que va-t-il va nous tomber sur la tête une fois qu'ils seront élus ?
Moi, je veux exactement le contraire. Je ne fais pas de promesses démagogiques, je propose un financement, j'annonce la nécessité des réformes et je dis aux Français : à ces réformes, vous serez associé. Je vous considère comme un grand peuple. Je vous considère comme un peuple adulte et pas comme un peuple qu'il faut tromper, même pour son bien.
Je pense qu'il ne faut pas tromper les citoyens. Je pense qu'il faut leur dire tout. Je pense qu'il faut qu'ils aient la certitude que, lorsque sera traité un sujet aussi important que celui-là pour leur vie, on leur dira tout, on prendra le temps nécessaire, ils pourront s'exprimer, ils pourront comparer les projets. Ils n'ont pas à avoir la crainte de vivre sous une épée de Damoclès qui va leur tomber au-dessus de la tête.
On vit mal sous une épée de Damoclès. Au contraire, lorsque l'on sait que les gouvernants sont là pour traiter avec vous des problèmes essentiels, pour vous prendre à témoin, pour vous considérer comme un peuple de haute conscience et pas pour un peuple d'absolue négligence, à ce moment-là, le pays retrouve la confiance et c'est aussi la raison pour laquelle je veux un gouvernement pluraliste, un gouvernement d'union nationale pour que chacun ait la garantie qu'on va lui dire la vérité, que ce n'est pas la vérité de la droite contre la vérité de la gauche, c'est la vérité du pays.
Vous voyez qu'il y a ainsi une conception complètement différente de l'action politique que je propose et que les Français, je le crois, sentent fortement comme différente et, de mieux en mieux, comme capable d'inspirer la confiance et de rompre avec les années de tromperie que nous avons vécues.
Alors, en effet, je reconnais que c'est un optimisme, que c'est le contraire de ce que les gouvernants pensent des peuples en général.
Moi, j'ai une haute idée du peuple que j'aspire à représenter et une haute idée de ce que la démocratie va devenir au XXIème siècle.
Par exemple, je pense qu'Internet est l'amorce d'une révolution démocratique déjà en marche et ce n'est pas un hasard si Internet a joué un si grand rôle dans la campagne électorale et dans la défense de la candidature que je propose aux Français.
C'est une conception, je ne peux pas insister trop, radicalement différente de l'action publique.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Monsieur, le problème principal dans une campagne, c'est quand on ne monte pas, mais la réponse précise à la question est non parce qu'aujourd'hui commence une nouvelle campagne électorale.
Une nouvelle campagne électorale où, bien entendu, vous le voyez bien, le changement de traitement des candidats fait qu'il était très important pour nous de changer ou de sortir de la bipolarité avant d'entrer dans cette campagne.
C'était le tableau de marche, un peu au-dessus du tableau de marche fixé.
QUESTION HORS MICRO. -...(M. ROGER)
François BAYROU. - Un certain nombre de mes amis qui sont là sont pour et un certain nombre d'autres sont contre.
Je pense que cela mérite une expertise. Pourquoi ?
Si l'on crée une cinquième branche, on crée une cinquième administration et on entre dans un monde de complexité encore accusé.
On crée encore administration, paperasses, gestion. En même temps, on voit bien que le risque dépendance est un nouveau risque. Disons que je discuterai de cela longuement avec les partenaires sociaux. Je ne veux pas, par facilité, être engagé dans une idée qui paraît attrayante et qui serait encore une idée de complexité.
Comme vous l'avez compris depuis longtemps, la complexité est mon ennemi personnel en ce début de XXIème siècle.
Et la politique de simplification va être un des grands choix que je défendrai et pour lequel je choisirai soigneusement les femmes et les hommes qui seront destinés à l'accomplir.
Dans le projet de changer profondément la vie du pays, qui est le mieux, il n'y a pas seulement changer le rapport politique citoyen, il y a aussi saisir les immenses marges de progrès qui sont dans la société française et qui sont dues ou qui sont dépendantes seulement des blocages multiples de l'accumulation de paperasses, de contrôle, de sur-administration, de manque de réactivité, d'incapacité à trouver des procédures et qui vont changer la vie du pays.
Jean Arthuis me racontait récemment, lui croit beaucoup à la nouvelle loi d'organisation des finances, à la LOFS, qu'ils ont eu une expérience avec les services de la justice, des juges d'instruction et du Parquet.
Ils ont limité les crédits et les services de la justice ont dit : Mais il est impossible de continuer, regardez, nous avions x millions d'euros pour toutes ces analyses que nous devons faire pour les écoutes téléphoniques, etc. et avec ces x millions d'euros, nous n'allons pas pouvoir le même taux d'analyse et d'écoutes. Ils avaient seulement oublié de discuter le prix des analyses et des écoutes avec leurs fournisseurs.
Ils ont discuté les prix, ils les ont fait baiser de 60 % et avec la même somme, ils ont fait beaucoup plus.
Je pense qu'il y a des marges de progrès dans toute la société française à condition que l'on se tourne vers le terrain et les citoyens.
QUESTION HORS MICRO. -...Vous avez évoqué une nouvelle fois un gouvernement pluraliste national...
François BAYROU. - Assez loin. Je pense qu'il y a des zones de rencontre entre des responsables publics d'inspiration qui étaient autrefois éloignés et qui se rendent compte que, désormais, il faut faire cela.
Il y a, à l'intérieur du Parti Socialiste, beaucoup de gens qui réfléchissent, beaucoup de ceux qui occupent ou ont occupé des responsabilités très importantes et qui se disent que nous entrons dans des temps nouveaux et je peux dire sans vouloir trahir de secret, que le... comment dirai je... l'enfermement d'un certain nombre de dirigeants socialistes comme de dirigeants UMP, dans l'idée : "Nous ne pouvons gouverner qu'avec ceux qui ont la même étiquette que nous", est de plus en plus mis en cause et je suis sûr que l'on en verra dans quelques jours des indices.
On me pose souvent la question de ma majorité.
Je crois et je sais que, si le peuple français m'élit à la présidence de la République, naturellement, dans la même logique, il donnera une majorité aux idées que je défendrai et ce sera une majorité de rassemblement et de renouvellement. Il y aura beaucoup de visage nouveaux, ce qui est nécessaire parce qu'on a besoin aussi de changer les visages, mais excusez-moi de vous dire, la question doit être posée identiquement à Nicolas Sarkozy et à Ségolène Royal.
Aujourd'hui, ils sont à peine à 25 % des voix dans les sondages. Je suis à 22, c'est vrai, mais quelle majorité fait-on avec 25 % des voix ?
Où va-t-on chercher les voix ?
Où va on chercher le soutien de l'opinion ? Vers Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Marie-George Buffet ou M. Schivardi et ce serait une majorité plus facile à rassembler qu'une majorité avec des gens ouverts au centre, dans la gauche républicaine et au centre droit ?
Eh bien, moi, je suis persuadé du contraire.
Je suis persuadé que ma majorité est plus facile à trouver que la majorité des autres. Les autres sont en panne de majorité, à moins de faire une majorité avec le Front national pour l'un et avec l'extrême-gauche pour l'autre, mais avouez que ce serait drôlement plus incommode et qu'ils ont en fait été bien imprudents d'ouvrir ce sujet parce qu'on va s'apercevoir qu'eux qui se présentent comme les partis traditionnels de la France, en réalité, aujourd'hui, sont sans alliés.
Il n'y a donc qu'une seule démarche majoritaire possible, c'est celle que je propose.
QUESTION HORS MICRO...
François BAYROU. - Je ne cherche à faire revenir personne, contrairement à ce que vous imaginez, je préfère les gens qui sont restés dans cette ligne aux gens qui ont changé de ligne, mais, cela dit, je ne suis pas fermé complètement.
Borloo a annoncé qu'il soutiendrait Sarkozy, cela me paraît évident depuis longtemps.
Je vous remercie.Source http://www.bayrou.fr, le 29 mars 2007
D'ailleurs, ce qui est frappant, lorsque l'on regarde la France, comme d'ailleurs tous les autres pays développés, c'est que notre société est l'objet de vastes mouvements de glissement qui affectent ses fondations et qui, à la fois menacent son équilibre traditionnel et qui, en même temps, lui offrent des chances nouvelles.
Je veux que ces mouvements, nous les prenions en charge.
On peut voir les grands chapitres de ces mouvements. Il y a une réflexion très importante à conduire sur les femmes, comment les aider, comment faire que l'action publique réponde à leur attente, comment aider celles d'entre elles qui deviennent mères et qui, en même temps, assument une vie professionnelle, comment aider celles qui font un autre choix, comment analyser les nouvelles attentes des jeunes, attente d'autonomie, de poursuite des études, comment analyser la chance nouvelle que les nouveaux moyens de communication, et je pense à Internet en particulier, offrent au lien social et à la démocratie dans notre pays, comment trouver une place nouvelle pour les associations ?
Voilà quatre chapitres principaux de cette réflexion. Le cinquième est la place des retraités et des personnes âgées dans cette société ou plus exactement la participation des retraités, des personnes âgées.
Je fais une distinction entre retraités et personnes âgées parce que vous voyez bien que, entre soixante et plus de quatre-vingt cinq ans il y a une différence d'engagement, d'activité, comment faire pour que leur place soit reconnue et qu'on les aide dans cette société nouvelle.
Tout cela, ce sera l'objet de ce ministère nouveau que je veux mettre en place qui aura la charge de cette évolution de la société, de sa réflexion, de proposition de pistes nouvelles que j'appelle peut-être provisoirement pour l'instant : Ministère de la nouvelle société.
Derrière cet enjeu, il y a deux questions : quel modèle de société voulons-nous pour notre pays et quel mode de gouvernement pour cette société nouvelle.
Pour moi, le premier chapitre de ce mode de gouvernement nouveau, c'est la conscience que nous devons avoir de ces évolutions.
Ce qui est frappant, sur tous ces sujets c'est de voir à quel point, depuis des années, on a ignoré des évolutions qui étaient en cours depuis longtemps.
J'aurai l'occasion d'aborder la question des retraites, mais depuis le Livre Blanc sur les retraites que Michel Rocard a fait préparer à partir de 1988, à la fin des années 80, vous voyez à quel point on a sous-estimé les changements que l'évolution démographique allait apporter, les déséquilibres qui allaient naître de ce changement démographique dans notre société.
Je veux mettre cette conférence de presse et d'ailleurs toute la réflexion sur la nouvelle société dont nous avons besoin sous l'égide d'une phrase de Pierre Mendès-France : Le plus grand danger est la négligence des citoyens.
Cette négligence a été entretenue par des pouvoirs politiques qui, en réalité, ont préféré le confort des situations immobiles plutôt que la réflexion sur ce que l'avenir devait être.
On ne peut pas traiter de la question des retraités et des personnes âgées sans signaler le plus grand risque devant lequel nous sommes, c'est une menace de conflit des générations et c'est celle qui risque de déchirer le plus le tissu social français car, de n'avoir jamais traité cette question de l'allongement de la durée de la vie, du grand âge, cela fait peser sur les jeunes et sur les jeunes actifs la menace de charges dont je le dis à l'avance ils ne pourront pas les supporter, avec deux risques potentiels : ou bien un effondrement du niveau de vie des actifs et, s'il y a effondrement du niveau de vie des actifs, il y aura délocalisation des emplois et vous voyez la spirale de déclin dans laquelle, ainsi, nous sommes enfoncés, ou bien un effondrement de niveau de vie des retraités et cela créerait évidemment, si on le laissait faire, une dépression profonde dans la société française.
Cette question des retraités et des personnes âgées est totalement absente de la campagne électorale. J'ai voulu l'y mettre, d'abord en vous rappelant un certain nombre de chiffres.
Entre 2000 et 2020, la population des plus de soixante-cinq ans va passer, je donne des chiffres naturellement à la louche, de dix millions actuellement à quinze millions, soit une augmentation de 50 % ans en quinze ans.
Celle des plus de soixante-quinze ans va passer de quatre à six millions.
Là aussi augmentation de 50 % et celle des plus de quatre-vingt cinq ans va doubler passant de un à deux millions.
Je vous rappelle que cela est la conséquence mécanique d'un phénomène démographique. Il n'y a rien de moins mystérieux que la démographie parce que tous les chiffres sont absolument connus, je vous rappelle que les personnes qui vont avoir plus de soixante-cinq ans, même en 2030, sont toutes nées, on peut les dénombrer j'allais dire presque une part une.
Donc la durée de vie des français augmente d'un trimestre tous les ans, c'est-à-dire de 1 année tous les 4 ans.
Elle augmente au même rythme pour la durée de la vie sans maladie et sans handicap ce qui est à la fois une chose très encourageante et naturellement un défi qui est devant nous.
Les plus de soixante ans représentaient un cinquième de la population française en l'an 2000, ils seront un tiers en 2030.
Et les moins de vingt ans dans le même temps qui étaient 25 % en 2000, leur nombre va baisser pour tomber à 20 % dans les décennies qui viennent et le nombre des adultes entre vingt et soixante ans va baisser lui aussi de presque 10 % puisqu'il va tomber de presque 55 % à presque 45 %.
Comme vous l'imaginez, cela veut dire aussi des dépenses de santé beaucoup plus importantes et tout cela est une lourde charge et une lourde responsabilité.
On voit déjà les prémisses de ce conflit de générations, de rupture entre générations, par exemple, quand on interroge les Français en matière de retraite, les retraités de plus de soixante ans sont très favorables au recul de l'âge de la retraite, cependant que les moins de quarante ans y sont violemment hostiles : conflit d'intérêt.
Inversement, quand certains proposent d'augmenter les cotisations des retraités, notamment des retraités les mieux dotés, l'adhésion est très forte chez les jeunes et le rejet est massif chez les plus de 65 ans, chacun défend son terrain et la situation est évidemment bloquée.
Il y a de surcroît la question de la dépendance.
Le coût de la dépendance est de 0,94 % du PIB en 2005. Il va passer à 1,2 % du PIB en 2010, soit, en 5 ans, une augmentation de 30 % et on compte que, autour des années 2020, il aura encore augmenté de 30 % pour être pour dépasser 1,5 % du PIB.
On pense que, parmi les personnes âgées, le nombre de personnes âgées dépendantes serait en 2020 de l'ordre de 25 % avec une croissance plus importante encore chez les personnes les plus âgées.
Il y aura une autre accélération prévisible en 2030, quand les générations du baby boom, c'est-à-dire un certain nombre d'entre nous ici vont atteindre, à leur tour, quatre-vingts ans.
On pense que, alors, le nombre de personnes âgées dépendantes pourrait augmenter de 50 %.
C'est la première fois dans l'histoire de l'Humanité que nous allons être confrontés à cette fracture générationnelle, à cette impossibilité de prendre soin de nos aînés et, si nous ne changeons pas les règles du jeu, ce qui est prévisible, c'est l'explosion de notre contrat social.
Cela impose naturellement une réflexion sur le problème des retraites que je veux aborder devant vous.
La question de la réforme des retraites est une question d'urgence pour notre pays.
Naturellement, on peut prendre les mois ou années, un ou deux ans nécessaires pour approfondir la réflexion, mais cette réflexion doit nous conduire à un régime de retraite équilibré, qui ne devra plus être remis en cause au long des années et qui traitera cette question de manière juste, à la fois en offrant à tous les Français une égalité de droit devant la retraite, c'est-à-dire en prenant en compte la totalité des retraités, y compris les régimes spéciaux et en prenant en compte aussi la pénibilité du travail.
Vous savez ce qu'est le scandale de la situation de notre pays et chaque fois que je le décris en meeting, j'hésite presque à le faire tant il y a la quelque chose d'extrêmement choquant à énoncer, mais je veux le faire cependant devant vous.
Ceux parmi les Français qui ont l'espérance de vie la plus longue partent le plus tôt à la retraite et ceux qui ont l'espérance de vie la plus courte partent le plus tard à la retraite.
Énoncer seulement cette phrase montre le déséquilibre si profond qu'il y a dans la situation du pays.
Il faut donc une réforme des retraites qui concernent tous les Français, régime ordinaire et régime spéciaux, une réforme qui soit équitable et adaptable dans le temps donc durable au sens même du développement durable, soutenable et ce sont des termes habituellement employés pour l'écologie et qui ont parfaitement leur place ici. On a besoin de durable et de soutenable aussi pour les régimes de retraite, une réforme pour tous les Français et par tous les Français parce que ce n'est pas une affaire d'experts, c'est une affaire de citoyens.
Voilà donc pourquoi cette réforme des régimes de retraite, je demanderai qu'elle soit discutée et négociée avec les partenaires sociaux et, dans les partenaires sociaux, j'inclus les représentants des retraités. Je demanderai que, pour la première fois, les représentants des retraités soient présent autour de la table lorsque l'on discutera de l'avenir des régimes de retraite.
Je m'adresserai à tous les organismes publics et privés concernés, j'associerai le Conseil économique et social dont, vous le savez, je veux la réforme pour qu'il devienne la grande chambre de dialogue de la société française.
Cette réforme sera votée par le Parlement et elle sera soumise à référendum car, je le répète, elle concerne tous les Français et il s'agit de l'adhésion des Français.
Personne dans la société française ne peut ignorer le risque qui pèse désormais sur l'avenir du lien social et sur le contrat social et c'est la raison pour laquelle j'ai choisi de préparer cette réforme en faisant confiance à chacun des citoyens et à la société française et ainsi en donnant à chacun la garantie qu'il aura son mot à dire et que la réforme ne lui sera pas imposée contre son gré et dans l'ignorance des décisions et dispositions qui seront prises.
Cette réforme, vous le savez, dont mon esprit, mais on en discutera avec les partenaires sociaux, repose non pas sur l'idée mécanique du report à 65, 66, 67, 68 ans de l'âge du départ à la retraite pour tout le monde, ce qu'ont fait un certain nombre de pays qui nous entourent et qui sera autrement la loi évidemment pour nous, mais sur l'idée d'une souplesse qui permettra à chacun de décider de l'âge du départ à la retraite en fonction du niveau de pension sur lequel il aura acquis des droits par son travail.
C'est au fond le même principe que celle des retraites complémentaires par points.
Si il ou elle considère que la pension est suffisante, il choisit de partir à la retraite et, s'il considère qu'il doit améliorer son niveau de pension, il choisit de rester au travail et de prolonger sa durée de travail. Ce qui sera facilité par le fait que l'âge n'est plus un handicap et que beaucoup sont en situation de travailler plus longtemps.
Voilà le principe que je défendrai devant les partenaires sociaux d'abord et ensuite devant tous ceux, y compris les citoyens français, parce que je suis bien décidé à faire que, si je suis élu président de la République, je m'engagerai devant les Français sur ce sujet qui est un grand sujet naturellement pour l'avenir de la Nation et un encore plus grand sujet pour la conscience démocratique de chacun des citoyens.
Je pense qu'il n'y a pas de progrès dans l'ignorance, dans la négligence des citoyens.
Il n'y a pas de progrès si l'on passe son temps à leur faire des promesses intenables et si on ne leur dit pas la vérité.
Il n'y a de progrès que si l'on remplace la négligence des citoyens entretenue par des démagogies par la conscience des citoyens, la transparence et la clarté.
Je veux ajouter deux remarques.
La première remarque est naturellement très importante : si l'on veut que les Français puissent choisir de prolonger leur activité, et c'est absolument nécessaire, je veux vous rappeler que la France est le pays où le niveau de travail des plus de soixante ans est le plus faible de tous les pays développés puisque il est, malgré les très grands progrès de médecine, de 7 % seulement chez les hommes et 4 % seulement chez les femmes et ceci est naturellement incompatible avec l'allongement de la durée de la vie, mais, bien entendu, ceci impose une politique d'incitation en direction des entreprises pour qu'elles conservent et promeuvent les salariés qui arrivent à cet âge de plus de 50 ans alors qu'actuellement on est en train de les pousser systématiquement sur le bord de la route.
Je vous rappelle ce chiffre qui, à mes yeux, est absolument scandaleux, un symptôme du mal français. Aujourd'hui, pour un Français ou une Française qui part à la retraite, 1 sur 2 a déjà perdu son travail depuis plusieurs années.
Au moment de décider du départ à la retraite, en réalité la majorité des Français n'ont plus d'emploi et donc une politique de soutien et de promotion, de soutien et de défense des plus de cinquante ans dans l'entreprise est absolument nécessaire à l'équilibre de ces régimes de retraite que j'évoquais à l'instant.
Je veux faire une deuxième remarque sur l'idée que je me fais de cet avenir des régimes de retraite.
Pour moi, une fois la réforme votée, elle ne doit plus être l'affaire de l'Etat. Elle doit être l'affaire des partenaires sociaux. Elle doit être remise, confiée à la démocratie sociale de notre pays et pas à la démocratie politique.
L'équilibre des régimes de retraite, ce doit être l'affaire des actifs, des salariés, des retraités, je répète que je proposerai que la représentation des retraités ait leur place dans cette nouvelle gestion des caisses de retraite et des entreprises.
Remarque complémentaire : naturellement, si l'on veut que ces régimes soient équilibrés dans le long terme, alors cela oblige à une politique démographique active.
Il n'y a que par des générations nombreuses que l'on pourra assurer, dans le long terme, l'avenir des régimes de retraite ce qui veut dire une politique de soutien à la naissance et donc aux femmes qui mettent ces enfants au monde.
Ce qui veut dire penser à la garde des enfants, penser au retour des femmes dans l'emploi quand elles ont mis au monde un enfant ou qu'elles ont passé quelques années à élever des enfants, ce qui veut dire défense de leur carrière et tout ceci ne peut se faire naturellement qu'avec une politique d'incitation en direction des entreprises, mais l'intérêt de la Nation est tel dans cette affaire qu'évidemment il doit être défendu.
Voilà les remarques que je voulais faire sur l'avenir des régimes de retraite.
Je voudrais maintenant aborder le présent des régimes de retraite ou plus exactement la situation de ceux qui sont dans la plus grande difficulté aujourd'hui et qui sont les personnes qui relèvent des toutes petites retraites ou des minimum vieillesse.
C'est pour moi une question de souci de tous les jours.
Le minimum vieillesse est autour de 630 ou 640 euros par mois.
Quand l'une de mes concurrentes promet royalement 5 % d'augmentation pour l'année prochaine, cela veut dire 1 euros par jour. Vous voyez que cela ne change pas radicalement la situation.
Je prends un engagement que nous avons budgété, Charles-Amédée de Courson et Jean Arthuis sont au fond de cette salle : nous voulons que cette question du minimum vieillesse soit traitée.
C'est pour nous un enjeu de société pour le monde dans lequel nous vivons et donc nous prenons l'engagement de porter le minimum vieillesse en 5 ans à 90 % du SMIC.
C'est une des dépenses nouvelles que nous avons prévue dans un programme qui en comporte comme vous le savez deux, parce que nous avons voulu concentrer notre action sur des grandes mesures qui changeront le visage de la société française et qui seront identifiables par tout le monde, on ne peut pas laisser le minimum vieillesse au point où il se trouve et les petites retraites au point où elles se trouvent et donc, pour nous, c'est 90 % du SMIC en 5 ans qui est notre engagement.
C'est naturellement une dépense sociale très ambitieuse, très importante que nous assumons en direction de ceux qui ne peuvent pas se défendre, qui ne forment pas un lobby, qui ne sont pas en situation d'énoncer des menaces à l'égard de tel ou tel candidat, d'obliger à des signatures d'engagements multiples simplement parce qu'elles n'ont pas, ces personnes-là, ce sont souvent des femmes, assez nombreuses, de voix pour les défendre. J'ai voulu que, au coeur de cette conférence de presse, elles soient présentes par un engagement suffisamment important pour que nul ne puisse l'ignorer.
Donc 90 % du SMIC en 5 ans.
Avec cela, ces femmes et ces hommes qui ont aujourd'hui une vie qui est une vie de précarité auront une vie qui sera une vie de dignité et trouveront un équilibre.
Nous entrons maintenant dans les rapports entre la société et les personnes âgées. Retraités et personnes âgées, je maintiens la différence entre les deux.
D'abord, premier chapitre, la reconnaissance de l'apport de ces personnes retraitées à la société.
Nous avons besoin de cadres qui auront la responsabilité du lien social dans un pays ou notre objectif est de le reconstruire au lieu de le laisser déliter, cadres pour les associations, cadres pour des actions nouvelles et, s'agissant d'action nouvelle, bien entendu je fais allusion à ce principe d'activité universelle que je défendrai en direction des exclus.
Plusieurs centaines de milliers de personnes qui sont aujourd'hui complètement sur le bord de la route et à qui nous allons apporter non plus seulement une allocation, mais une activité avec la possibilité que cette activité permette ainsi n'ont pas seulement de trouver un minimum de subsistance à la vérité au bord de l'asphyxie, mais une capacité à affirmer ce que doit être une femme ou un homme utile à la société au lieu de se sentir en situation d'exclusion.
Cela devra être assumé par le monde des associations et le monde des collectivités locales.
Pour toutes ces activités nouvelles dirigées vers l'enfance ou vers la vieillesse, le sport, la culture, l'amélioration du patrimoine, il faudra un encadrement et cet encadrement pourra être assumé en partie par des jeunes retraités ou des retraités actifs.
C'est le type de reconnaissance qui n'est pas seulement celle d'une société qui apporte aide et assistance, mais celle d'une société plus intelligente et plus ouverte d'une nouvelle société qui apporte aussi de la reconnaissance au fait qu'il s'agit d'échanges. Il ne s'agit pas seulement de recevoir, mais aussi de donner et que la société comprend qu'elle a besoin qu'on lui donne.
C'est l'écho, vous le savez, à cette phrase de Kennedy que tout le monde connaît que j'ai voulu citer dans ma déclaration de candidature qui est : Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays.
C'est la FRANCE DE TOUTES NOS FORCES qui est le slogan de campagne électorale que j'ai choisi.
Et cette société, qui refuse la fracture entre les générations, c'est évidemment une société qui choisit de recréer le lien entre les générations : le lien, l'échange. Nous ne sommes pas enfermés chacun dans notre solitude, nous pouvons partager des moments de vie, mais cela exige de repenser un certain nombre de choses dans la société française et notamment de repenser une grande politique du logement et de l'urbanisme.
Vous savez combien nous défendons et combien je défends la mixité sociale.
Dans les programmes immobiliers, dans la manière dont notre ville, nos quartiers sont issus est organisée, il ne faut pas seulement la mixité sociale, il faut aussi la mixité générationnelle, que puissent vivre ensemble des générations différentes et des familles différentes, parce que, vivre ensemble, c'est se reconnaître, permettre des échanges de service. Nous vivons sur le même palier, avec des appartements de tailles différentes et non pas standardisés. On peut tout à fait avoir une famille nombreuse et un foyer de personnes âgées et imaginer que les enfants vont chez les personnes âgées, que même il peut y avoir des gardes, il peut y avoir de la parole, il peut y avoir de l'affection, il peut y avoir du lien qui se développe à condition que l'on soit dans les mêmes maisons et pas que chacun soit dans son ghetto.
Si chacun est dans son ghetto, le lien social est mort.
Et donc l'organisation de la vie sociale des personnes âgées, c'est la première politique de prévention de la solitude et de la dépendance.
Prévention de la solitude, c'est aussi, pour moi, favoriser le fait que des personnes âgées puissent choisir de vivre ensemble, soit avec des plus jeunes soit avec des gens de la même génération.
Évidemment, comme vous le voyez, la politique du tout maison de retraite ne répond plus à la demande d'une très grande partie de la population. Je vous rappelle que les chiffres de souhait pour le grand âge c'est, à plus de 87 %, de rester le plus longtemps possible chez soi.
Et pour rester le plus longtemps possible chez soi, il faut être le moins longtemps possible seul.
Donc la politique de lutte contre la solitude c'est une politique de réinvention d'une manière de vivre ensemble et d'incitation de la part de l'Etat à ce choix d'une vie partagée.
Naturellement, cela veut dire incitation par exemple fiscale, un contrat de vie en commun qui pousse les personnes à choisir de se rapprocher d'autres personnes et je trouve qu'il y a là une vision plus humaine de l'avenir de la société que le recours à des seules structures extérieures ou professionnelles, même si c'est nécessaire, je vais y venir dans un instant. On a besoin d'une grande politique de prévention de la dépendance, prévention en matière de santé, et cela doit être un des aspects de la politique de santé. Jean-Luc Preel a proposé l'idée d'un contrat prévention dépendance signé entre le patient et son médecin traitant, en partenariat avec l'assurance maladie afin de prévenir l'apparition ou l'aggravation de la dépendance.
Mais cela veut dire aussi qu'il faut changer profondément l'offre de soins, garantir le libre choix, sortir du recours universel aux urgences, de trouver d'autres systèmes en pensant en particulier que, lorsqu'il y a des personnes âgées dépendantes et que, cependant, elles vivent avec une partie de leur famille ou avec des gens qui s'occupent d'elle, il y a aussi besoin de recours, c'est-à-dire de pouvoir souffler pendant quelques heures ou quelques jours et les solutions pour l'instant n'existent pas pour ce recours. Cela veut dire pour moi qu'il faut favoriser désormais les solutions intermédiaires, les hébergements temporaires pour quelques jours, l'accueil de jour et imaginer même l'accueil de nuit qui, pour l'instant, n'existe pas.
Cela veut dire que, à côté des établissements entièrement dédiés à l'offre de soins, il faut créer des maisons médicales, en particulier dans les lieux où elles n'existent pas, les cantons en zone rurale ou en zone urbaine difficile pour mutualiser les moyens et lutter contre l'isolement des médecins.
Cela veut dire évidemment renforcer l'offre de soins à domicile, accroître le nombre des infirmières et infirmiers, des personnes qui assurent les soins. Nous sommes un des pays européens qui a les taux les plus bas, et professionnaliser les métiers de l'aide a les dépendances en validant notamment les acquis professionnels des bénévoles et des aidants familiaux pour renforcer cette solidarité.
Comment organiser tout cela, et ce sera mon dernier mot ?
Premièrement, en changeant notre système de gouvernance médicale.
Vous savez que nous sommes pour une régionalisation de la gouvernance médicale qui permette non pas de voir les décisions constamment tomber du haut, mais au contraire à faire que le terrain, les représentants des professionnels de santé, des médecins et des professionnels de santé, les patients, les élus locaux puissent s'exprimer dans le besoin de tisser ainsi des structures dont vous voyez qu'elles sont, pour la plupart d'entre elles, proches du dispensaire ou proches simplement d'un accueil comment dirai je... attentif, qui coûte infiniment moins cher que les grosses structures médicales, qui sont de l'ordre de la surveillance, la veille, la vigilance, qui permettront de dépenser moins tout en dépensant mieux. C'est évidemment là un changement d'orientation pour la société qu'il faut concevoir.
Bien entendu, cela impose de poser la question qui est très difficile de comment aider les familles lorsqu'elles se trouvent avec une personne âgée en situation de dépendance à la fin de sa vie.
Cela veut dire, pour nous, des incitations pour des contrats d'assurance prévoyance perte d'autonomie qui devront être contractés assez jeunes pour que leur coût soit léger et évidemment une aide personnalisée à la santé permettant de financer la complémentaire santé de son choix qui est pour nous une alternative au mécanisme du tout ou rien que nous avons à l'heure actuelle.
J'ai voulu vous donner, dans le détail, l'idée de ce que représente pour moi ce changement de société très important que nous allons vivre.
Dans la reconnaissance et la promotion des retraités et personnes âgées réside une des clés de la société française de l'avenir.
Je vous remercie et je me livre à vos questions.
QUESTION HORS MICRO. -...
Vous avez dit qu'à partir de soixante ans les personnes âgées représentaient....
Un autre chiffre... entre cinquante-sept et soixante-quatre ans... comment harmonisez-vous tous ces chiffres ?
François BAYROU. - C'est cinquante-sept.
QUESTION HORS MICRO. -...Cela veut dire qu'entre cinquante-sept et soixante ans tous les gens prennent leur retraite ?
François BAYROU. - Prennent leur retraite progressivement à partir de soixante ans. Vous m'avez entendu vous dire que, lorsqu'ils prennent leur retraite, généralement, à soixante ans, plus d'une personne sur deux a perdu son emploi. Entre cinquante-sept et soixante ans, vous avez plus de 50 % des gens au travail et, après, cela décline. Il y a donc, en effet, une part très faible de la population totale masculine et féminine. Cela dit, si j'ai une erreur de statistique, je n'en suis pas l'auteur, je les ai trouvées en particulier dans les très nombreux articles publiés sur ce sujet par les sociologues et les médecins qui ont réfléchi au grand âge.
Si, à soixante ans, on est à plus de 50 %, votre 30 % signifie que, après on est à 10 %.
Rires....
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - C'est treize et évidemment...... quel est votre problème ? Pourquoi vous riez ? J'ai dit une bêtise ?....
En tout cas cela me paraît assez cohérent statistiquement, arithmétiquement.
QUESTION HORS MICRO. -... Au début de votre intervention, vous avez parlé de la nouvelle société...
Est-ce que vous faites référence ....
François BAYROU. - Vous croyez vraiment que j'aurais pu à voir cette référence en effet à ce que Jacques Delors et quelques autres ont construit autour de Chaban ?!
QUESTION HORS MICRO. -... (MME CLERC)
François BAYROU. - Christine Clerc se rangeant dans les rangs des altermondialistes, c'est une chose que je suis heureux de découvrir !
J'avais voulu limiter mon propos à la société française et pas poser une question de géopolitique qui se pose en effet.
Vous trouverez, dans mon livre, plusieurs allusions à ce que vous indiquez.
Rires....
Vous n'avez qu'à lui dire que vous êtes avec moi ! Et si elle ne vous croit pas, passez-la moi !
Rires....
C'est une grande question d'équilibre, là aussi de durabilité, de durable.
Vous savez que Jean Peyrelevade a écrit un livre que je trouve tout à fait remarquable sur ce sujet et plusieurs autres, mes amis qui sont là ont souvent développé cette idée.
Il y a, en effet, une mise en question du durable dans cette affaire qui est une menace sur le modèle de société et de social-économie qui est le nôtre, mais peut-être ce n'était pas l'objet.
En tout cas vous avez bien fait d'apporter cette idée à la réflexion.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Je pense d'ailleurs, je ne l'ai pas dit, mais plusieurs fois en meeting pour ceux qui me font l'amitié de me suivre, que l'on trouvera beaucoup de scénarios plus souples que ceux que l'on a aujourd'hui.
Je pense qu'il est idiot de passer de l'activité à 100 % à l'inactivité à 100 %.
Je pense que l'on ira vers des modèles où l'entrée dans la retraite se fera progressivement notamment par des temps partiels pendant plusieurs années. En tout état de cause, je n'ai pas de doute sur le fait que, oui, il faut allonger. Je vous rappelle que les Allemands ont choisi soixante-sept ans pour 2020 ou 2021 je crois.
Ils ont programmé dans le long terme.
Le modèle que je propose est encore plus souple, mais il est très incitatif évidemment dès l'instant que les partenaires sociaux, les entreprises et les associations de retraités auront choisi la valeur du point qui permettra à chacun de savoir quels sont ses acquis.
QUESTION HORS MICRO. -...
Je pense qu'il faut d'abord une prise de conscience.
François BAYROU. - Je sais bien qu'on pense que les entreprises sont des êtres uniquement intéressés par le profit. Je ne le crois pas.
J'ai une vision de l'entreprise qui peut être citoyenne, elle aussi, à condition que l'on pose la question devant tout le monde, devant les Français de manière explicite.
Pour l'instant, cette question n'a jamais été abordée. Regardez le recours encore actuel aux préretraites.
Je connais bien de très grandes entreprises qui ont fait des plans de préretraite à 100 % du salaire à cinquante0 ans, c'est-à-dire qui garantissent l'intégralité du salaire, pour un plan social.
C'étaient les années précédentes, mais j'ai entendu que l'on envisageait de faire de nouveau appel à ces systèmes, l'intégralité du salaire activité 0 pendant 10 ans.
Je trouve que tout ceci n'est pas raisonnable, ne correspond pas à l'intérêt national et il faut que, dans cette nouvelle époque dans laquelle nous allons entrer, les gouvernants et spécialement le président de la République, assument cette mission pédagogique à l'égard des Français, plutôt de prise de conscience démocratique ; pédagogique n'est pas le bon mot parce que c'est un mot qui évoque le fait que l'on pourrait traiter les électeurs comme des enfants ou comme des élèves, et ce n'est pas du tout l'idée.
L'idée est que, après avoir, pendant des décennies, nié complètement les réalités et uniquement fonctionné sur le mode de la promesse dont mes deux principaux concurrents donnent encore un admirable exemple, je pense qu'il ne faut plus fonctionner sur le mode de la promesse, il faut fonctionner sur le mode de la cohérence du projet.
Il faut défendre une vision et montrer la cohérence du projet et refuser les promesses, refuser de multiplier les chèques en blanc à toutes les catégories sociales une par une, ce qui n'est pas un bon mode d'approche.
Il y a des choses à faire, sélectionnées, concentrées sur des points clés de la société française où nous allons vivre, par exemple je considère que les emplois sans charges qui intéressent beaucoup, j'étais à la CGPME l'autre jour, les petites et toutes petites entreprises, c'est une action ciblée, concentrée sur un déblocage de la société française, de même que le minimum vieillesse honteux avec lequel on vit, c'est un des points douloureux, un des points de fracture de la société française, mais il faut refuser les promesses tous azimuts.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Je pense qu'il y a deux choses à dire pour les régimes spéciaux. Première chose à dire, quand ils sont entrés dans leur contrat, en effet, l'âge de la retraite faisait partie du contrat et il faut, d'une manière ou d'une autre, parce que j'ai des idées un tout petit peu différentes de mes amis sur ce sujet, tenir compte des années qu'ils ont passé dans le contrat.
Cela faisait partie de leur contrat de travail. Il faut en tenir compte. Et, en même temps, il faut que les Français aient l'assurance que l'égalité de traitement de tous les Français devant la retraite et la pénibilité du travail est désormais assurée.
Si vous y réfléchissez, cette idée de retraite par points permet de prendre en compte tout cela.
C'est une idée très riche et très souple qui permet de reconnaître le mode d'activité que l'on a eu, le travail que l'on a eu.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Je vais vous expliquer pourquoi.
Je sais bien, mais il se trouve que je veux changer le rapport entre le pouvoir politique et les Français.
Jusqu'à maintenant, entre le pouvoir politique et les Français, on a fonctionné sur le modèle de la société de défiance. La société du soupçon. Pourquoi ?
L'idée était celle-ci : Tu mérites, c'est la seule chose qui compte, après, pendant 5 ans, je fais ce que je veux et je reviens te voir dans 5 ans pour savoir si tu me gardes ou si tu me changes.
La réponse était d'ailleurs : Je te change.
C'est à partir de ce principe qu'a été définie la grande loi sur les promesses.
Les promesses ne servent pas à nouer un contrat de confiance entre les Français et l'élu, elles servent uniquement à piper leur voix, selon l'énoncé fameux : Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent.
Les promesses, c'est fait pour gagner une élection et, après l'élection, on les oublie en expliquant que cela n'avait aucune importance.
Cette culture s'est développée dans tous les secteurs de la société française de sorte que les Français ont, en face du pouvoir politique, l'idée à partir du moment où il va être élu, il va se permettre n'importe quoi, il est tout à fait décidé à faire ce qu'il veut, y compris en nous trompant.
Quelle est la réaction des Français ?
Chaque fois qu'on leur propose quelque chose, ils se bloquent. Ils se mettent debout sur les freins et empêchent la réforme de se faire, et cela a été notamment vrai dans le domaine des retraites.
En 1995 par exemple, Jacques Chirac se fait élire sur la fracture sociale et le gouvernement Juppé propose une réforme rigoureuse des retraites, trois mois après les Français ont eu le sentiment d'être grugé, les syndicats ont bloqué le pays, il n'y a pas eu de réforme.
On peut citer mille exemples de cela.
Je veux inverser ce mouvement. J'ai une toute autre conception de l'action politique.
Ce que je propose, c'est de remplacer le soupçon par la confiance et, pour la confiance, que faut-il ? Et pour ne pas bloquer le pays, que faut-il ?
Il faut que chaque Français ait la certitude qu'il aura l'information maximale et son mot à dire au moment où la décision devra être prise.
Ainsi, il n'y a pas de blocage, il y a le retour au peuple.
Il n'y a pas le truquage, il n'y a pas le... au lendemain de l'élection, dans l'Etat de grâce : Vite, vite dépêchons-nous, faisons tout ce qui est désagréable, les Français ne s'en apercevront pas et, quand ils se réveilleront, il sera trop tard, ce sera déjà en place.
Cette stratégie a été utilisée à plusieurs reprises, mais vous voyez bien à quel point elle entretient le sentiment de défiance : Que va-t-il va nous tomber sur la tête une fois qu'ils seront élus ?
Moi, je veux exactement le contraire. Je ne fais pas de promesses démagogiques, je propose un financement, j'annonce la nécessité des réformes et je dis aux Français : à ces réformes, vous serez associé. Je vous considère comme un grand peuple. Je vous considère comme un peuple adulte et pas comme un peuple qu'il faut tromper, même pour son bien.
Je pense qu'il ne faut pas tromper les citoyens. Je pense qu'il faut leur dire tout. Je pense qu'il faut qu'ils aient la certitude que, lorsque sera traité un sujet aussi important que celui-là pour leur vie, on leur dira tout, on prendra le temps nécessaire, ils pourront s'exprimer, ils pourront comparer les projets. Ils n'ont pas à avoir la crainte de vivre sous une épée de Damoclès qui va leur tomber au-dessus de la tête.
On vit mal sous une épée de Damoclès. Au contraire, lorsque l'on sait que les gouvernants sont là pour traiter avec vous des problèmes essentiels, pour vous prendre à témoin, pour vous considérer comme un peuple de haute conscience et pas pour un peuple d'absolue négligence, à ce moment-là, le pays retrouve la confiance et c'est aussi la raison pour laquelle je veux un gouvernement pluraliste, un gouvernement d'union nationale pour que chacun ait la garantie qu'on va lui dire la vérité, que ce n'est pas la vérité de la droite contre la vérité de la gauche, c'est la vérité du pays.
Vous voyez qu'il y a ainsi une conception complètement différente de l'action politique que je propose et que les Français, je le crois, sentent fortement comme différente et, de mieux en mieux, comme capable d'inspirer la confiance et de rompre avec les années de tromperie que nous avons vécues.
Alors, en effet, je reconnais que c'est un optimisme, que c'est le contraire de ce que les gouvernants pensent des peuples en général.
Moi, j'ai une haute idée du peuple que j'aspire à représenter et une haute idée de ce que la démocratie va devenir au XXIème siècle.
Par exemple, je pense qu'Internet est l'amorce d'une révolution démocratique déjà en marche et ce n'est pas un hasard si Internet a joué un si grand rôle dans la campagne électorale et dans la défense de la candidature que je propose aux Français.
C'est une conception, je ne peux pas insister trop, radicalement différente de l'action publique.
QUESTION HORS MICRO. -...
François BAYROU. - Monsieur, le problème principal dans une campagne, c'est quand on ne monte pas, mais la réponse précise à la question est non parce qu'aujourd'hui commence une nouvelle campagne électorale.
Une nouvelle campagne électorale où, bien entendu, vous le voyez bien, le changement de traitement des candidats fait qu'il était très important pour nous de changer ou de sortir de la bipolarité avant d'entrer dans cette campagne.
C'était le tableau de marche, un peu au-dessus du tableau de marche fixé.
QUESTION HORS MICRO. -...(M. ROGER)
François BAYROU. - Un certain nombre de mes amis qui sont là sont pour et un certain nombre d'autres sont contre.
Je pense que cela mérite une expertise. Pourquoi ?
Si l'on crée une cinquième branche, on crée une cinquième administration et on entre dans un monde de complexité encore accusé.
On crée encore administration, paperasses, gestion. En même temps, on voit bien que le risque dépendance est un nouveau risque. Disons que je discuterai de cela longuement avec les partenaires sociaux. Je ne veux pas, par facilité, être engagé dans une idée qui paraît attrayante et qui serait encore une idée de complexité.
Comme vous l'avez compris depuis longtemps, la complexité est mon ennemi personnel en ce début de XXIème siècle.
Et la politique de simplification va être un des grands choix que je défendrai et pour lequel je choisirai soigneusement les femmes et les hommes qui seront destinés à l'accomplir.
Dans le projet de changer profondément la vie du pays, qui est le mieux, il n'y a pas seulement changer le rapport politique citoyen, il y a aussi saisir les immenses marges de progrès qui sont dans la société française et qui sont dues ou qui sont dépendantes seulement des blocages multiples de l'accumulation de paperasses, de contrôle, de sur-administration, de manque de réactivité, d'incapacité à trouver des procédures et qui vont changer la vie du pays.
Jean Arthuis me racontait récemment, lui croit beaucoup à la nouvelle loi d'organisation des finances, à la LOFS, qu'ils ont eu une expérience avec les services de la justice, des juges d'instruction et du Parquet.
Ils ont limité les crédits et les services de la justice ont dit : Mais il est impossible de continuer, regardez, nous avions x millions d'euros pour toutes ces analyses que nous devons faire pour les écoutes téléphoniques, etc. et avec ces x millions d'euros, nous n'allons pas pouvoir le même taux d'analyse et d'écoutes. Ils avaient seulement oublié de discuter le prix des analyses et des écoutes avec leurs fournisseurs.
Ils ont discuté les prix, ils les ont fait baiser de 60 % et avec la même somme, ils ont fait beaucoup plus.
Je pense qu'il y a des marges de progrès dans toute la société française à condition que l'on se tourne vers le terrain et les citoyens.
QUESTION HORS MICRO. -...Vous avez évoqué une nouvelle fois un gouvernement pluraliste national...
François BAYROU. - Assez loin. Je pense qu'il y a des zones de rencontre entre des responsables publics d'inspiration qui étaient autrefois éloignés et qui se rendent compte que, désormais, il faut faire cela.
Il y a, à l'intérieur du Parti Socialiste, beaucoup de gens qui réfléchissent, beaucoup de ceux qui occupent ou ont occupé des responsabilités très importantes et qui se disent que nous entrons dans des temps nouveaux et je peux dire sans vouloir trahir de secret, que le... comment dirai je... l'enfermement d'un certain nombre de dirigeants socialistes comme de dirigeants UMP, dans l'idée : "Nous ne pouvons gouverner qu'avec ceux qui ont la même étiquette que nous", est de plus en plus mis en cause et je suis sûr que l'on en verra dans quelques jours des indices.
On me pose souvent la question de ma majorité.
Je crois et je sais que, si le peuple français m'élit à la présidence de la République, naturellement, dans la même logique, il donnera une majorité aux idées que je défendrai et ce sera une majorité de rassemblement et de renouvellement. Il y aura beaucoup de visage nouveaux, ce qui est nécessaire parce qu'on a besoin aussi de changer les visages, mais excusez-moi de vous dire, la question doit être posée identiquement à Nicolas Sarkozy et à Ségolène Royal.
Aujourd'hui, ils sont à peine à 25 % des voix dans les sondages. Je suis à 22, c'est vrai, mais quelle majorité fait-on avec 25 % des voix ?
Où va-t-on chercher les voix ?
Où va on chercher le soutien de l'opinion ? Vers Olivier Besancenot, Arlette Laguiller, Marie-George Buffet ou M. Schivardi et ce serait une majorité plus facile à rassembler qu'une majorité avec des gens ouverts au centre, dans la gauche républicaine et au centre droit ?
Eh bien, moi, je suis persuadé du contraire.
Je suis persuadé que ma majorité est plus facile à trouver que la majorité des autres. Les autres sont en panne de majorité, à moins de faire une majorité avec le Front national pour l'un et avec l'extrême-gauche pour l'autre, mais avouez que ce serait drôlement plus incommode et qu'ils ont en fait été bien imprudents d'ouvrir ce sujet parce qu'on va s'apercevoir qu'eux qui se présentent comme les partis traditionnels de la France, en réalité, aujourd'hui, sont sans alliés.
Il n'y a donc qu'une seule démarche majoritaire possible, c'est celle que je propose.
QUESTION HORS MICRO...
François BAYROU. - Je ne cherche à faire revenir personne, contrairement à ce que vous imaginez, je préfère les gens qui sont restés dans cette ligne aux gens qui ont changé de ligne, mais, cela dit, je ne suis pas fermé complètement.
Borloo a annoncé qu'il soutiendrait Sarkozy, cela me paraît évident depuis longtemps.
Je vous remercie.Source http://www.bayrou.fr, le 29 mars 2007