Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur la politique culturelle du Sénat et sur l'exposition de photographies sur le Sahel, Paris le 28 mars 2007.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition "Sahel, l'Homme face au désert" au Sénat le 28 mars 2007

Texte intégral

Messieurs les Ambassadeurs, Excellences,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs,
Mes chers Collègues,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Monsieur le Président de « SOS Sahel International France » : cher Marc Francioli,
Cher Roberto Neumiller,
Mesdames et Messieurs,
et, simplement et sincèrement, m'adressant à tous sans distinction : chers amis,
Je suis heureux de vous accueillir pour ce nouvel acte de la politique culturelle conduite par le Sénat pour valoriser ses atouts patrimoniaux, du Palais du Luxembourg à l'Orangerie, et du musée du Sénat au jardin du Luxembourg et à ses grilles. Une politique culturelle qui a été imaginée par le Sénat de la République, avec l'ambition de restituer aux citoyens lieux qui sont les leurs.
Le Musée du Luxembourg est fidèle à son histoire de premier Musée public d'Europe qui présenta, dès le départ, les collections royales, constituées depuis Marie de Médicis. Dès le début du 19e il devient le lieu d'exposition des artistes contemporains et sa programmation d'aujourd'hui reflète cette double filiation entre la renaissance italienne et l'art moderne. Il présente depuis début mars - après la splendide exposition « Titien, le pouvoir en face » - une nouvelle et très belle exposition consacrée au créateur René Lalique, inventeur du bijou moderne et personnalité exceptionnelle engagée dans la révolution esthétique de la fin du 19e siècle.
La musique aussi est présente avec « Musique Sénat » qui s'inspire de cette même volonté d'ouverture. Pour la troisième année consécutive, cette saison de concerts de qualité a pour mission de promouvoir de jeunes interprètes de talent qui ont ainsi l'occasion, à l'orée d'une grande carrière, de se produire au Sénat pour mieux se faire connaître.
Les Grilles du Jardin quant à elles, après l'exposition « Enfants du monde » l'hiver dernier, nous emmèneront jusqu'à la fin du mois de juin, vers cette bande de terre qui borde le Sahara, s'étend du Cap-Vert à l'Ethiopie, couvre 5,4 millions de kilomètres carrés et abrite un peu plus de 60 millions d'habitants.
C'est à la partie francophone de cette région, que nous avons décidé de consacrer la 16e exposition sur les Grilles du Sénat : « SAHEL, l'Homme face au Désert ». Oui, le Sénat est heureux de s'associer à la démarche humanitaire de « SOS Sahel », en accueillant cette exposition dont la beauté n'a d'égal que la douleur et la misère qu'elle reflète. Je tiens, à cet instant, à remercier les artistes, en premier lieu, toute l'équipe d'organisation, les généreux mécènes qui ont permis l'organisation de cet événement et, bien entendu, les services du Sénat qui ont apporté, comme toujours, leur concours dévoué et efficace.
Les clichés du photographe Roberto Neumiller sont pudiques et semblent optimistes, comme vous avez pu le constater il y a quelques instants. Pourtant, dans un même temps, les détails soulignent le dénuement et la difficulté de s'adapter à l'environnement hostile du désert sahélien, où l'écologie et le climat rendent la vie si précaire.
Roberto Neumiller le sait bien, lui qui accompagne depuis fort longtemps son ami Marc Francioli, Président de « SOS Sahel International France », que je souhaite saluer à nouveau chaleureusement. Les photographies, prises au cours de leurs nombreux voyages, permettront au visiteur de cette exposition de prendre conscience de l'aridité des sols, du caractère rare et précieux de l'eau, de la persistance de la vie, de l'ingéniosité et de la volonté des hommes, soucieux de faire perdurer leurs modes de vie...
Le « passant » de la rue de Médicis pourra ainsi constater la diversité des lieux, des peuples et des traditions qui tendent toutes vers un même but : survivre en harmonie avec la nature, malgré l'hostilité ambiante.
Cette volonté de bâtir des lendemains moins désespérants est toujours celle de « SOS Sahel », qui poursuit inlassablement, quelque trente ans après sa création, les mêmes objectifs sur le terrain - accès à l'eau, à la santé, protection de l'environnement et prévention des crises alimentaires.
Aussi permettez-moi, pour conclure mon propos, de saluer la mémoire de mon collègue de l'Institut de France, Léopold Sédar Senghor, qui, à l'époque Président du Sénégal, a imaginé, en 1976, une fédération d'organisations permettant de lutter, aux côtés des populations, contre la désertification.
Alors que le Sahel était en proie à l'une des sécheresses les plus longues de sa triste histoire de souffrance, le Président Senghor a soutenu la création de « SOS Sahel International », dont le premier programme consista en l'installation de milliers de forages équipés de pompes à travers le Sahel.
Cette exposition lui est dédiée, lui qui disait - je cite : « ma tâche est d'éveiller mon peuple aux futurs flamboyants. Ma joie de créer des images pour le nourrir, ô lumières rythmées de la Parole »
Souhaitons que ces mots et les photographies de « Sahel, l'Homme face au Désert » nourrissent la réflexion de nos contemporains. En manifestant sa solidarité, le Sénat pose un acte fort, pour une plus grande prise de conscience de l'écart à combler afin que le mot humain garde un sens et que les Sahéliens puissent, demain, vivre dignement sur notre terre.
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.senat.fr, le 30 mars 2007