Déclaration de Mme Michèlle Demessine, secrétaire d'Etat au tourisme, sur le développement du tourisme, l'extension du bénéfice du chèque-vacances et le travail saisonnier, Aubagne le 8 février 1999.

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Texte intégral

Monsieur le maire,
Mesdames, Messieurs,
Tout d'abord, vous me permettrez de remercier M. Tardito pour son invitation et l'excellente idée qu'il a eu d'organiser la rencontre de ce soir. Merci à vous, Mesdames, Messieurs, d'être présents aujourd'hui. Merci pour votre accueil.
Tout de suite, je dois vous dire que je n'ai pas préparé de long discours. Juste mis à plat quelques notes, afin que nous ayons un échange le plus direct possible.
En effet, en venant pour la troisième fois dans votre région, mais pour la première fois, en tant que ministre, à Aubagne, La Ciotat et Cassis, j'ai souhaité (comme c'est ma manière de faire) d'abord écouter... Les élus, les professionnels du tourisme, les habitants... Enfin... Les premiers acteurs concernés.
Et depuis mon arrivée, ce matin, je dois dire que mes rencontres ont été extrêmement enrichissantes.
Tant sur le site de Favary, à Aubagne, qu'à La Ciotat ou à Cassis, j'ai eu l'occasion de constater les efforts qui sont entrepris pour valoriser le patrimoine local et améliorer l'accueil des touristes, tout en favorisant le maintien ou la création d'emplois.
J'ai surtout eu l'occasion de vérifier, combien, à partir de réalités très différentes, dans des communes qui possèdent des identités très diverses, il est possible de dépasser les antagonismes traditionnels, entre ceux que j'appellerai "du bord de mer" et ceux "de l'intérieur des terres", pour s'inscrire dans une démarche de développement intercommunal, qui serve l'ensemble de la collectivité.
C'est cette démarche que je veux appuyer. Parce que, de la même manière que je me félicite que nous puissions avoir cet échange ensemble, je crois sincèrement que c'est tous ensemble qu'il nous faut travailler, dans le respect de nos différences, pour permettre à l'économie touristique de jouer pleinement son rôle dans le développement économique local.
Je dis cela parce que, en préalable de tout, je tiens à rappeler qu'à mes yeux l'activité touristique n'a vocation à se substituer à aucune autre. Bien au contraire.
Vous qui faites partie de cette région "Provence-Alpes-Côte d'Azur", considérée comme la première région touristique française, vous savez combien ce secteur peut être créateur de richesses, mais vous savez aussi que c'est un secteur qui ne peut vivre indépendamment des autres secteurs d'activités.
Et c'est facile à comprendre : lorsqu'on visite un site, on peut aller manger au restaurant et dormir à l'hôtel, profiter des activités et des loisirs qui nous sont proposés, acheter un souvenir, une carte postale chez un petit commerçant, mais on utilise aussi les équipements publics.
Et plus largement, les restaurateurs eux-mêmes, les hôteliers, les prestataires de service font travailler tout un maillage d'entreprises locales.
C'est tout un réseau qui est activé, toute une dynamique qui s'enclenche, à laquelle les élus locaux, du département et de la région, mais aussi l'Etat, peuvent apporter un soutien efficace.
Et ce, d'autant que la bonne santé d'une activité touristique participe à la bonne image d'une ville ou d'une région, et favorise, très souvent, l'implantation (ou pour le moins, le maintien) d'autres activités économiques.
Je sais, d'ailleurs, qu'ici un grand nombre d'élus ont la volonté d'accompagner toutes les initiatives qui contribuent à améliorer la qualité des prestations touristiques, pour fidéliser les visiteurs, et contribuer à allonger les périodes de fréquentation des sites.
Je ne peux que les y encourager.
Car, même si, bien entendu, il y a des saisons plus propices que d'autres à la fréquentation touristique, c'est toute l'année que le Tourisme peut vivre, si justement il sait s'appuyer sur l'identité locale et développer une offre de proximité répondant aux besoins et aux attentes des hommes et des femmes d'aujourd'hui.
Comme j'ai promis de ne pas faire de long discours, juste quelques mots pour vous rappeler la conception que j'en ai, et peut être lever quelques ambiguïtés, car s'il est facile de parler de développement touristique, tout le monde ne met pas nécessairement les mêmes choses dedans...
Ainsi, quand je m'inscris dans une démarche de soutien à toutes les entreprises de développement du tourisme, il va de soi, pour moi, que ce développement ne peut s'envisager que dans le respect à la fois, de l'environnement, de la culture et de l'identité des populations locales.
C'est à mes yeux une condition, indispensable, au fait que ce développement puisse être durable.
Concrètement cela, signifie qu'il nous faut travailler à mieux faire valoir la multiplicité de nos richesses patrimoniales, en tâchant de mieux répondre (comme je le disais) aux attentes des touristes et aux besoins des populations locales.
Les besoins, nous les connaissons. Pour tous nos concitoyens, il s'agit d'abord, et avant tout, de mieux vivre.
Les attentes (il nous faut évidemment toujours mieux les connaître), mais déjà on observe qu'elles ont profondément évoluées et que, tant nos concitoyens que nos visiteurs étrangers, souhaitent se voir proposer des activités touristiques toujours plus diversifiées, mais aussi de meilleure qualité.
Depuis mon arrivée au Secrétariat d'Etat au Tourisme, c'est donc sur des prestations, ainsi que sur la promotion de notre savoir-faire que j'ai souhaité mettre l'accent, en même temps que j'initiais, au sein du gouvernement, une véritable politique pour favoriser l'accès de tous aux vacances.
Pour ne prendre qu'un exemple, j'ai ainsi proposé d'étendre l'attribution du chèque-vacances aux salariés des entreprises de moins de 50 salariés, dans un projet de loi qui sera débattu à l'Assemblée Nationale le mois prochain.
Cette mesure, qui devrait permettre à 7 millions et demi de salariés supplémentaires (ainsi qu'à leur famille) de pouvoir bénéficier, eux aussi, de cette aide au départ, ne sera pas (vous l'imaginez bien) sans conséquence sur la consommation touristique et, donc sur l'emploi.
Car, je veux vous le dire : ce qui m'anime, c'est la conviction, profonde, que le développement économique ne va pas sans le progrès social.
Chacun est intimement lié à l'autre, j'en suis convaincue.
C'est pourquoi, si je crois qu'une plus grande qualité de notre offre touristique passe, évidemment, par la modernisation des équipements existants, j'entends également impulser une démarche de professionnalisation et de qualification des emplois de ce secteur.
Pour ma part (mais vous le savez peut être) en collaboration avec ma collègue Martine Aubry, j'ai chargé Anicet Le Pors, ancien ministre et conseiller d'Etat, d'élaborer un certain nombre de propositions pour améliorer les conditions de travail et de vie des salariés saisonniers du Tourisme.
Il vient juste de me remettre son rapport, et je ne vais pas, ici, en détailler le contenu, ni même anticiper sur les mesures que j'aurai l'occasion d'annoncer aux alentours du mois de juin, après négociations avec l'ensemble des partenaires sociaux.
L'excellent accueil que les professionnels ont réservé à l'annonce de ma volonté de garantir les droits des travailleurs saisonniers, me laisse d'ailleurs penser que je ne suis pas la seule à considérer que la précarité n'est pas efficace économiquement.
Mais de cela aussi, nous pouvons discuter, si vous le voulez...
Et qu'il est possible, par une politique de formation tout au long de la vie, de faire de sorte que celle-ci soit la plus performante possible.
Nous pourrions aussi parler de la nécessité de mettre davantage en cohérence les politiques d'aménagement des territoires, peut être en poussant plus avant la réflexion sur cette notion de "pôle touristique".
Car, vous le savez, nous allons entrer dans la période d'élaboration des futurs contrats de plan. Et j'ai envie de vous proposer, ce soir, qu'ensemble nous mettions, peut-être, en place une autre manière de travailler.
En fait, j'aimerais que ce soit vous qui preniez la parole et me disiez, à votre tour, si vous pensez que l'on peut encore développer le tourisme dans votre région, et surtout de quelle manière vous imaginez que cela peut se faire.
(Source http://www.tourisme.gouv.fr)