Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur les valeurs du scoutisme, notamment la solidarité et la fraternité, Paris le 26 février 2007.

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Circonstance : Cérémonie pour le centenaire du scoutisme à Paris le 26 février 2007

Texte intégral


C'est un honneur pour la France de célébrer le centenaire du mouvement de jeunesse le plus universel de la planète.
C'est une joie, pour le Ministre de la République Française que je suis, de vous accueillir au quai d'Orsay.
Choisir le siège de la diplomatie française pour ce rendez-vous, allait de soi, tant le scoutisme fut un mouvement international avant beaucoup d'autres, tant il fut, si je puis dire, mondialisé avant l'heure de la globalisation.
Sauf erreur de ma part, Majesté, c'est la première fois qu'un Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, officie dans ce lieu pour accueillir un chef d'Etat étranger, certes en visite privée, et pour honorer une organisation internationale.
Mais pour célébrer le scoutisme, il nous fallait sortir des sentiers battus... Il nous fallait faire preuve d'originalité. Il nous fallait sortir du conformisme afin d'être à l'image de l'organisation à laquelle nous rendons hommage ce soir.
Parce que le scoutisme est en France comme à travers le monde un mouvement aussi divers qu'enrichissant...
Parce qu' « être toujours prêt » c'est rompre parfois avec le conservatisme et c'est refuser l'immobilisme.
Majesté, Mesdames, Messieurs,
100 ans après sa création, le scoutisme continue d'enthousiasmer des millions d'enfants, d'adolescents et d'adultes à travers le monde.
En France neuf mouvements, laïques ou confessionnels, ouverts à tous, agréés par le ministère de la Jeunesse des Sports et de la Vie associative, pérennisent son développement.
Né en 1907, le scoutisme est avant tout un mouvement d'éducation populaire qui s'adresse à tous les jeunes sans distinction de sexe, d'origine ou de religion.
Ses missions sont simples : promouvoir le civisme, permettre à chacun de s'épanouir, tout en préservant les aspects de sa personnalité, faire de la vie en communauté un idéal, afin de réaliser des projets collectifs en prenant toute sa part de responsabilité individuelle.
En France, le scoutisme a une longue histoire.
Dès le printemps 1911 des pionniers, des visionnaires comme Pierre de Coubertin via la ligue de l'éducation lancent les premières initiatives pour participer à cette « école de la vie sauvage ».
Pour le fondateur de l'Olympisme moderne, il s'agissait, à l'image des 5 anneaux s'entrelaçant sur le drapeau olympique, de constituer un socle de valeurs fondamentales à transmettre à la jeunesse.
Ces valeurs sont le respect, la fraternité, le partage, la responsabilité et l'effort.
Depuis le début du 20ème siècle, le succès a été tel, que le scoutisme s'est confondu dans l'histoire de notre Pays.
Il a forgé de grands talents qui se sont exercés dans des domaines aussi divers que variés. Il fut à l'origine de grandes réussites françaises. Il initia des parcours d'exception.
Le scoutisme fut une bonne préparation pour les arts et lettres à l'instar des carrières d'Audrey Tautou, Jean Dujardin, Philippe Léotard, Charlélie Couture, Antoine de Caunes, Bénabar, Claude Rich ou François Nourissier pour ne citer qu'eux...
Le scoutisme fut également une formation pour de nombreux managers et de grands patrons comme Michel Pébéreau et Martin Bouygues, tant il est une merveilleuse école pour appréhender et mieux comprendre le rapport aux autres.
Le scoutisme fut aussi un excellent apprentissage pour servir l'Etat, voire pour devenir un homme d'Etat à l'image de Jacques Chirac, Valéry Giscard D'Estaing, Michel Rocard, Lionel Jospin et Pierre Joxe, et de nombreux parlementaires comme Pierre-Christophe BAGUET.
Le scoutisme fut, pour tous, un vecteur d'éducation pour apprendre le partage, l'aide aux plus démunis et l'amour des autres.
Le scout qui sera, à jamais, le représentant, le symbole de cet altruisme et de ce don de soi, fut l'Abbé Pierre.
A l'image de ces parcours d'exception aussi divers qu'intéressants, le scoutisme, mesdames, messieurs, est une école de la vie.
Cette réussite éducative nous la devons au fondateur du scoutisme.
Lord Baden- Powell a posé, à mon sens, les quatre bases essentielles pour réussir sa vie. Il a exigé de chacun l'autonomie, la solidarité, la responsabilité et l'engagement.
Parce qu'être autonome, c'est être capable de faire des choix, de gérer sa vie...
Parce qu'être solidaire, c'est avoir la chance de se soucier des autres et de partager leurs préoccupations.
Parce qu'être responsable, c'est être capable d'assumer les conséquences de ces actes et d'aller jusqu'au bout de ce qu'on entreprend, pour la cité, pour son travail, pour son entreprise, pour sa famille, pour ses amis...
Parce qu'enfin être engagé, c'est savoir tracer son chemin en se référent à un système de valeurs.
Le Ministre de la jeunesse que je suis, considère que ces 4 principes sont toujours d'actualité.
La philosophie de Baden Powel demeure fondamentalement contemporaine.
C'est fidèle à cet esprit que, depuis trois ans, j'ai tenu à soutenir le scoutisme et ses mouvements.
Sur le terrain, grâce à vous tous, j'ai pu vérifier la modernité des objectifs, des principes, et des méthodes conçus par Baden-Powell.
J'ai pu noter que le scoutisme participe à la construction d'un monde meilleur.
C'est pour cela que je me suis engagé à vos côtés, pour reconnaître au mieux les spécificités du scoutisme, en faisant évoluer les réglementations sur les déclarations de camps, en élargissant les habilitations Bafa/Bafd, en éditant le guide des bonnes pratiques avec la Jeunesse au Plein Air.
De même, vous connaissez mon attachement aux célébrations du centenaire. Pour vous aider à réussir vos festivités, mon ministère a décidé d'être à vos côtés afin de faire de ce centenaire un rendez-vous inoubliable.
Chers amis,
La famille du scoutisme en France est une mosaïque. Je tiens à rappeler, ce soir, que votre diversité et vos différences sont des atouts pour les jeunes.
Ses atouts seront utiles, comme ils le sont depuis 100 ans, aux futures générations.
En disant cela, je pense notamment au développement durable, je pense à la sauvegarde de la planète, je pense aux enjeux du siècle qui s'éveille... Sur ce sujet de la cause environnementale, comme sur beaucoup d'autres, les scouts ont une longueur d'avance sur le reste de la société...
Je vous invite à continuer à oeuvrer dans cette direction...
Avec vous, le respect dû à la nature, le sens de la fraternité, le service des autres, permettront, j'en suis sur, de former des écocitoyens plus responsables.
La force du scoutisme, c'est de transmettre des valeurs en permettant à celui qui les reçoit de s'épanouir dans le temps et dans l'espace, de comprendre son histoire, sa géographie et son environnement.
Cette force, également, suscite la conscience des droits et des devoirs que chaque jeune doit avoir vis à vis de la société.
Elle contribue à l'apprentissage d'une responsabilité environnementale, lucide, utile efficace et civique.
Elle répond à autre enjeu de ce siècle : la promotion du vouloir vivre ensemble.
Loin des tentations communautaires, le principe social du scoutisme recouvre par le devoir envers autrui, la responsabilité d'une personne envers la société dans ses différentes composantes et dimensions.
Baden Powel écrivait. « En enseignant le patriotisme à nos garçons et nos filles, nous devons faire en sorte qu'il s'agisse bien d'un patriotisme qui dépasse ce sentiment étriqué qui s'arrête à nos frontières ».
Il ajoutait, « notre patriotisme doit être de l'espèce la plus ouverte et la plus noble sachant reconnaître justice et bien fondé dans les revendications d'autrui et conduisant notre pays vers la solidarité ».
Ces propos reflètent la grande importance que le scoutisme attache à la fraternité et à la compréhension du monde.
Ils demeurent plus que jamais d'actualité.
Le scoutisme, fort de cette pédagogie séculaire, participe à l'expression du vivre ensemble.
Chers amis, vous l'aurez compris, à mes yeux le scoutisme est d'une étonnante modernité.
Notre société a besoin de vos mouvements pour trouver un équilibre et répondre aux demandes des familles en recherche d'une pédagogie structurante pour leurs enfants.
Nous pouvons répondre à cette demande grâce à ceux qui composent les « maîtrises ».
Sans eux, sans vous, le scoutisme ne pourrait afficher ses cent ans.
Cadres, chefs, cheftaines qui êtes le plus souvent bénévoles, vous mettez au service de notre jeunesse vos compétences et vos talents.
Votre rôle de soutien et d'accompagnement des jeunes dans leurs projets est un don incommensurable à la communauté nationale.
Je tenais à vous en remercier du fond du coeur.
Quel que soit votre mouvement, vous partagez un même idéal, nous partageons le même idéal, qui est celui de construire des individus solidaires, engagés, autonomes et responsables.
A vous tous membres du scoutisme, à vous Majesté, et à travers vous, à tous les scouts des 5 continents je souhaite un très bon anniversaire. Je souhaite un centenaire qui soit la première étape pour préparer le bicentenaire.Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 28 février 2007