Déclaration de M. Jean-François Lamour, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative, sur la réhabilitation des équipements sportifs et la politique sportive, Paris le 5 avril 2007.

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Circonstance : Echange avec les utilisateurs de l'INSEP à l'occasion du lancement des trvaux de rénovation des bâtiments le 5 avril 2007

Texte intégral


Comme promis, j'ai tenu à venir vous rencontrer avant la fin de mon mandat, afin d'avoir un échange direct avec vous - comme je l'ai déjà fait par deux fois - pour répondre aux interrogations que vous pouvez avoir, au stade actuel de la mise en oeuvre du plan de modernisation de l'INSEP.
Souvenez-vous. Le 27 avril 2004, lorsque j'avais annoncé le lancement du projet, c'est bien d'une véritable refondation de l'INSEP, dont j'avais parlé. Ce terme, je le revendique encore davantage aujourd'hui, car cette refondation est en marche pour donner à l'INSEP le nouvel élan dont il a besoin.
Tous les occupants du site, qu'il s'agisse des personnels ou des usagers de l'INSEP : fédérations, sportifs et encadrement technique, ont appelé de leurs voeux une rénovation d'ampleur des équipements sportifs et de l'ensemble des bâtiments.
J'ai été frappé en 2002, quand j'ai pris mes fonctions, par l'état de vétusté avancé de certains bâtiments, ainsi que par l'absence de fonctionnalité et de cohérence des différents espaces, où ont été dispersées au fil du temps les activités sportives, de formation, de restauration ou d'hébergement. Vous vivez vous-même les désagréments de cette situation tous les jours.
Vous connaissez tous mon lien affectif avec l'INSEP, où j'ai passé 14 ans de ma vie. Il était inconcevable pour moi de laisser les nouvelles générations de champions français s'entraîner dans des conditions aussi désastreuses.
Mon ambition et ma volonté ont toujours été claires : mettre l'INSEP en capacité de demeurer un outil d'exception, unique au monde, pour la formation et l'entraînement des sportifs de haut niveau. Réussir à traduire cette ambition dans la réalité était loin d'être simple ou évident.
J'ai voulu que le projet traite, avec la même exigence de qualité, l'ensemble du site, qu'il s'agisse de la partie sud, où seront regroupés les pôles sportifs, ou de la partie nord, où vont être désormais concentrés les lieux de vie et de formation.
Je sais que l'équipe projet a été attentive aux besoins spécifiques de chacune des disciplines présentes à l'INSEP, pour, à la fois, répondre aux exigences de la préparation à la performance et apporter une amélioration significative à l'environnement journalier des athlètes.
Le coût global de la rénovation de l'INSEP s'élève, en valeur actualisée 2006 à 138 Meuros, dont 61 Meuros consacrés au nouveau pôle sportif. C'est un effort sans précédent consenti par l'Etat pour lequel j'ai dû me battre et trouver des solutions innovantes pour convaincre Bercy.
Le recours au partenariat public-privé était la seule opportunité pour rendre compatible la mise en oeuvre du projet avec les contraintes des finances publiques, mais surtout avec un objectif de calendrier, là aussi, très ambitieux : celui de permettre aux équipes de France de s'entraîner dans des conditions optimales durant l'olympiade 2008-2012.
Les étapes ont été franchies les unes après les autres, depuis 2004, avec volontarisme et persévérance, pour faire avancer, en parallèle, le projet sur les parties sud et nord.
Faire aboutir le projet de construction d'un nouvel équipement sportif à l'INSEP relevait d'une vraie prouesse, en raison des très fortes contraintes liées aux règles d'urbanisme et à la protection du site classé du Bois de Vincennes.
Cet aboutissement sera marqué, en fin de matinée, en votre présence, par le début des gros travaux du chantier de réalisation du nouveau pôle sportif conçu par l'agence Dusapin et Leclercq associée à BVL architectes.
Ce sera un superbe équipement compact et esthétique, avec des façades en bois qui s'inscrivent harmonieusement au sein des boisements existants. Il séduira les sportifs - je n'en doute pas - par l'agencement fonctionnel des secteurs d'entraînement, ainsi que par la qualité des espaces partagés, nécessaires à la récupération, ouverts à l'ensemble des disciplines présentes à l'INSEP.
Ce nouvel espace sportif, dont la conception fonctionnelle a été finalisée avec ses utilisateurs, hébergera la gymnastique, l'escrime, la lutte et le tækwondo et sera relié au 3ème bassin construit pour accueillir la natation synchronisée. Il sera livré fin février 2009.
Parallèlement, toutes les halles sportives existantes seront progressivement rénovées avec :
des espaces reconfigurés, par exemple, pour l'haltérophilie ou le tennis de table, dans le centre Letessier,
des espaces élargis comme ceux du centre de tir ou consacrés au judo dans le gymnase Marie-thérèse Eyquem qui accueillera également le badminton,
et des espaces modulables comme les salles de basket du gymnase Nelson Paillou.
Les premiers travaux de réhabilitation des équipements sportifs existants ont commencé par la réfection, plus qu'urgente, de la toiture et des sous-sols de la halle Maigrot. Ils se poursuivront par la rénovation de la piste d'athlétisme cet été.
L'ensemble des travaux programmés dans les équipements sportifs connaîtra une montée en puissance en 2008.
Avec le nouveau pôle sportif, c'est un programme d'ensemble qui est mis en oeuvre, afin de rationaliser les espaces d'entraînement intérieurs et extérieurs, et d'améliorer considérablement les conditions dans lesquelles les entraînements quotidiens se déroulent.
L'INSEP de demain constitue une vrai rupture avec les conditions d'entraînement et de vie actuelles les athlètes, pour les adapter au sport d'aujourd'hui.
Je voudrais maintenant m'arrêter sur la réhabilitation de la partie nord et la signature du contrat de partenariat, qui cristallisent encore un certain nombre d'interrogations, de réticences et de critiques.
J'ai compris qu'il existait un déficit important d'informations sur le projet de rénovation dans son ensemble, et sur le contenu du contrat de partenariat, en particulier.
Je ne le conteste pas.
J'avais demandé, à maintes reprises, au précédent Directeur de l'INSEP d'être particulièrement attentif à la mise en place d'une communication de qualité, transparente et régulière à votre intention. Je regrette que cela n'ait pas été fait avec autant de vigilance que je l'aurais souhaité.
En revanche, il est inexact de dire qu'aucune information n'a été donnée concernant notamment le contrat de partenariat. Les réunions du Comité Technique Paritaire (CTP) de l'établissement, qui se sont tenues en 2005 et 2006 en témoignent, pour n'évoquer que ces réunions.
Je sais que Thierry Maudet - qui est chargé de l'intérim des fonctions de directeur - a, en cette qualité, d'ores et déjà pris un certain nombre d'initiatives qui me paraissent relever d'une communication interne performante.
La réunion qui a rassemblé l'ensemble des DTN et responsables des pôles, le 23 mars dernier, est un bon exemple d'occasion d'informer, qui a été saisi par la direction.
Cette diffusion d'éléments d'information doit notamment porter sur le rappel du calendrier et du contenu des travaux, sur les solutions mises en oeuvre pour occasionner le moins de gêne possible au déroulement des entraînements.
Je sais, par exemple, que deux difficultés restent à régler pour la gymnastique et l'escrime pendant la période de fin de chantier du nouveau pôle sportif. Des solutions sont recherchées. Il va de soi qu'elles doivent être concertées avec les sportifs concernés, leur encadrement et les Présidents de fédérations.
Côté nord, la signature du contrat de partenariat avec GTM Construction, le 22 décembre dernier, a définitivement fait entrer l'INSEP dans une ère de modernisation conforme à l'esprit qui a toujours été le sien : celui de la performance.
Le contenu du contrat ne pouvait être communiqué dans le détail avant sa signature, en raison de la confidentialité imposée par la procédure de dialogue compétitif poursuivie jusqu'à son terme avec les 4 candidats.
Seules les grandes orientations du contrat pouvaient être présentées aux instances où siègent les représentants syndicaux des personnels. Cela a été fait, comme je vous le disais précédemment.
Depuis sa signature, le contrat, comme vous le savez, a pu être consulté. La très grande majorité des responsables syndicaux l'a demandé.
Le schéma directeur de la rénovation de l'INSEP a pour objectif une refonte totale du schéma d'organisation de l'établissement pour le rendre plus lisible et mieux adapté au déroulement de la vie des athlètes autour de trois secteurs bien identifiés « je vis », « je me forme » et « je m'entraîne ».
Le contrat de partenariat permet de lisser sur 30 ans le remboursement par l'Etat - sous forme de loyer - du financement des travaux de la zone nord.
Cet étalement dans la durée a allégé le poids du remboursement de l'investissement et nous a donné les moyens de concevoir une opération de réhabilitation de haute qualité, intégrant l'accessibilité de tous les bâtiments aux personnes handicapées et un souci affirmé du développement durable. J'ajoute que les bâtiments rénovés restent, bien sûr, la propriété de l'Etat.
Un effort particulier a été fait pour l'agrément et le confort des chambres des internes, et pour favoriser des espaces de convivialité, au travers du parti architectural retenu pour la zone nord.
Le contrat de partenariat, vous le savez, comporte également la prise en charge, par le partenaire privé, d'un ensemble de services associés en matière d'hôtellerie, de blanchisserie, de restauration, de maintenance et de sécurité.
La mise en oeuvre de ce partenariat s'inscrit dans le cadre de la réflexion qui m'a conduit à constater la nécessité de la modernisation des modes de gestion de l'INSEP.
Ce partenariat est novateur pour l'Etat. Il correspond également à un changement de culture, ce qui est toujours, je le reconnais, moins confortable que le statu quo.
J'ai entendu ou lu, également, beaucoup de choses fausses sur les conséquences du contrat sur le personnel de l'établissement.
Dès 2004, j'avais indiqué clairement que la question du maintien de l'exercice en régie de certaines fonctions logistiques était posée.
La modernisation du service public passe en effet nécessairement par la réaffirmation de ses missions essentielles.
L'entraînement des sportifs, la formation, la recherche et le médical restent de la seule compétence de l'Etat.
C'est pour cette raison que les travaux relatifs aux équipements sportifs sont effectués par l'Etat et que la gestion technique de ces installations n'a pas été confiée au partenaire privé.
J'ai été attentif, comme je m'y étais engagé, à ce que de vrais choix soient proposés aux personnels concernés par les fonctions externalisées, et notamment, à ce que tous ceux qui le souhaiteraient puissent rester à l'INSEP dans la mesure où ils accepteraient de rejoindre le partenaire privé.
Les sociétés du groupement, notamment ACCOR et CASINO, sont très intéressées à offrir une nouvelle carrière aux personnels de l'INSEP, qui ont la connaissance du site et y ont acquis une expérience.
Un plan de formation est mis en oeuvre pour rechercher la meilleure adéquation des agents aux profils des postes proposés.
Je sais, par ailleurs, que des inquiétudes sont nées - en partie parce que beaucoup d'affirmations erronées ont été véhiculées - sur les conséquences du contrat de partenariat pour les usagers de l'INSEP. Je tiens ici à rétablir la vérité.
L'incidence de la mise en oeuvre du PPP pour les sportifs ou les entraîneurs, ce sont des locaux rénovés, modernisés et dont la fonctionnalité n'aura rien à voir avec la situation actuelle. Ce sont aussi, par exemple, des conditions de restauration nettement améliorées.
Ce qui m'a interpellé tout particulièrement, ce sont notamment les critiques que j'ai lues sur les conséquences du PPP sur la tarification applicable aux fédérations, alors que ces critiques ne s'appuient sur aucune analyse réaliste.
Cela étant, il est tout à fait légitime que les fédérations s'interrogent sur des sujets aussi importants. Je souhaite naturellement y apporter des réponses claires.
Dans le loyer que va acquitter le ministère, une part significative - puisqu'elle en représente les 2/3 - constitue ce qu'on appelle « le loyer d'exploitation ». Ce loyer correspond aux dépenses relatives aux services dont la gestion est confiée aux partenaires et inclut notamment les coûts de restauration et de nuitées pour les sportifs de haut niveau.
Dans ces conditions, l'Etat reste maître de la définition des tarifs applicables au public prioritaire de l'INSEP que forment les sportifs. Ainsi, il ne saurait être question de hausses incontrôlées du coût de pension comme de celui de l'hébergement.
Les augmentations éventuelles de prix liées à la forte amélioration de la qualité des services ne seront pas supportées par les fédérations. Les conventions d'objectifs continueront, comme cela a toujours été le cas, d'être un moyen pour l'Etat de prendre en compte les capacités financières des fédérations.
Le plan de modernisation de l'INSEP était impératif. Au terme du chemin que nous avons parcouru ensemble, il est désormais définitivement, et de manière irréversible, ancré dans la réalité.
Sauver l'INSEP, c'est bien l'objectif que je poursuis.
Je voudrais conclure ces propos introductifs à notre dialogue, en rappelant le véritable enjeu du plan de rénovation.
Il dépasse largement, pour l'établissement, le volet immobilier car c'est en termes de rayonnement, de référence et surtout de compétitivité qu'il s'apprécie.
Le double projet, par exemple, est au coeur de la politique sportive développée à l'INSEP.
Le suivi des scolarités, l'aide à l'insertion, le suivi médical, l'expertise sportive grâce notamment à la proximité de la Préparation Olympique et Paralympique (POP), la recherche appliquée au sport de haut niveau, sont des exigences que les acteurs du sport doivent s'imposer.
L'INSEP a pour mission d'offrir aux sportifs de toutes les disciplines, dans un esprit d'équité, la même excellence dans les conditions de préparation aux grandes compétitions internationales. Le nouveau pôle sportif qui accueillera les athlètes de sports peu médiatisés témoigne de cet engagement.
L'INSEP est aujourd'hui l'illustration du rôle indispensable de l'Etat et de ses prérogatives en matière de sport de haut niveau, au profit de l'ensemble des sports.
C'est ainsi que l'INSEP doit consolider sa compétitivité face à l'arrivée de partenaires privés complémentaires.
Le contrat de partenariat s'inscrit dans cette logique de performance, en améliorant la qualité des prestations offertes aux sportifs.
L'Etat garde le contrôle de l'évaluation du « niveau qualité » des services rendus. Il reste, en outre, je le redis, maître de la définition des tarifs applicables au public prioritaire de l'INSEP que sont les sportifs de haut niveau.
Pourquoi refuserait-on que l'INSEP ne puisse, comme les centres d'entraînement de Clairefontaine et Marcoussis, recourir à des prestataires extérieurs et s'ouvrir à l'accueil de manifestations diversifiées ?
Je vous le rappelle, la sauvegarde du service public du sport de haut niveau et de l'INSEP passait par ce partenariat. L'INSEP doit vivre pour et par les sportifs.
Toutes les garanties sont donc prises pour que l'INSEP demeure au 21e siècle le creuset des meilleurs sportifs français.Source http://www.jeunesse-sports.gouv.fr, le 12 avril 2007