Déclaration de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, sur le renforcement de l'efficacité des activités opérationnelles des Nations unies, à New York le 16 avril 2007.

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Circonstance : Débat de l'Assemblée générale sur la cohérence d'ensemble du système des Nations unies, à New York le 16 avril 2007

Texte intégral

Madame la Présidente,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les Délégués,
Je tiens, avant toute chose, à remercier la présidence de l'Assemblée générale pour avoir organisé ce débat qui sera, je l'espère, le point de départ de discussions fructueuses sur la manière de rendre plus efficaces les activités opérationnelles des Nations unies.
Le constat, nous le connaissons bien. C'est celui d'une grande fragmentation des actions menées par l'Organisation, avec une multitude d'acteurs qui se livrent souvent à une concurrence pour attirer des ressources limitées et peu prévisibles. Les pays en développement sont les premiers à pâtir de ces insuffisances, en étant confrontés à des interlocuteurs qui n'ont pas pleinement les moyens de les aider à relever les défis auxquels ils sont confrontés, notamment la poursuite des Objectifs du Millénaire.
Pouvons-nous nous satisfaire de cette situation ?
Mon pays est convaincu que les Nations unies, parce qu'elles sont un lieu de légitimité, qu'elles ont une vocation à assurer la synthèse entre les questions de paix, de sécurité et de développement, qu'elles allient les fonctions normatives aux actions concrètes sur le terrain, ont un rôle essentiel à jouer dans la réponse aux défis globaux et en faveur du développement. Le caractère pressant de ces défis implique cependant une exigence de résultats. Il nous appartient, en conséquence, de mettre notre Organisation en ordre de marche. Et il doit s'agir pour nous tous d'une réelle ambition collective.
Le Panel de haut niveau nous a présenté un ensemble de recommandations cohérent, destiné à faire en sorte que l'Organisation soit "unie dans l'action". La France adhère à cet objectif d'unité, qui n'est nullement en contradiction avec la préservation, à laquelle nous sommes tous attachés, des apports des différentes agences, fonds et programmes.
Sur le terrain, il nous est tout simplement proposé de passer d'un système reposant sur l'offre, à une approche plus stratégique où le pays partenaire dira ce qu'il attend des Nations unies en appui à des priorités qu'il définira lui-même, et au moyen de ressources plus prévisibles. C'est bien là le sens du programme unique, du "leader" unique, du cadre budgétaire unique, et du bureau unique, déclinés par le Panel. Cette réforme, qui permettra de donner vie au principe d'appropriation, nécessitera évidemment des efforts importants d'adaptation, y compris de la part des donateurs. En toute souveraineté, huit pays se sont portés volontaires à l'expérimentation de ces nouvelles modalités. Nous leur apportons notre soutien, et nous sommes convaincus que l'ensemble des Etats membres pourra se nourrir de leur expérience, dont la diversité montrera bien que la réforme proposée ne vise pas à imposer à tous des règles uniformes, mais bien à répondre aux besoins de chacun.
Dans le domaine de l'environnement, Monsieur le Secrétaire général, vous avez vous-même souligné, à l'ouverture de la Conférence "citoyens de la Terre", combien la communauté internationale a besoin d'un système plus cohérent de gouvernance internationale. Le "ré-haussement" du PNUE, préconisé par le Panel, correspond à la volonté de la France de doter les Nations unies d'un pôle environnemental fort, une Organisation des Nations unies pour l'Environnement, qui aurait l'autorité suffisante pour coordonner les actions nécessaires à la préservation de notre Planète pour les générations futures. Le diagnostic est connu, et le temps des évaluations est derrière nous. Le moment est venu de passer à l'acte et de prendre, à l'issue du processus de consultation de l'Assemblée générale, les décisions qui permettront, dans ce domaine également, de mettre les Nations unies en mesure de mieux servir les Etats membres.
En matière humanitaire, le Panel a relevé, à juste titre, l'importance qui s'attache à renforcer la coordination entre tous les acteurs, à mieux gérer la transition de l'urgence au développement, et à renforcer les capacités de prévention et d'alerte précoce.
Enfin, la création d'une entité spécifique en charge de l'égalité entre les femmes et les hommes, dont la direction serait confiée à une Secrétaire générale adjointe, fait assurément partie des recommandations fortes du Panel. La France y est favorable, tout comme elle est attentive à ce que ce thème transversal continue à être au coeur des préoccupations des agences opérationnelles, qui doivent systématiquement l'intégrer dans toutes leurs activités. Nous sommes convaincus que les discussions intergouvernementales tiendront compte de la contribution irremplaçable d'acteurs aussi importants que le FNUAP et de l'UNICEF à la promotion des droits des femmes, et à l'amélioration de leur condition. A cet égard, les fonctions de la nouvelle entité devront s'articuler avec les activités opérationnelles qu'ils conduisent sur le terrain.
Madame la Présidente,
Bon nombre des recommandations du Panel s'insère dans le cadre de réformes en cours, et auxquelles les Etats membres ont déjà apporté leur soutien. Comme le souligne le Secrétaire général dans son rapport, la logique et le bon sens consistent donc à faire converger l'examen des mesures proposées et les processus existants, afin d'éviter d'être nous-mêmes à l'origine, dans nos discussions intergouvernementales, de nouvelles duplications. Il est, par exemple, incontestable que la revue triennale des activités opérationnelles permet de couvrir une grande part du volet développement. De même, en matière environnementale, il n'existe en fait qu'un seul processus : celui qui permettra de doter les Nations unies des moyens d'être à la hauteur des défis auxquels la communauté internationale est confrontée dans ce domaine. Pour les sujets nouveaux, nous sommes prêts à réfléchir, avec vous, Madame la Présidente, aux modalités qui créeront les conditions pour que nos travaux soient aussi sereins et productifs que possible.
En effet, l'enjeu est tel qu'il ne nous autorise pas à prendre le risque d'un échec. Le renforcement de l'efficacité des activités opérationnelles des Nations unies est une condition pour que l'Organisation, forte de son universalité et garante du multilatéralisme, conserve son rôle unique au service du développement. Soyez convaincus que la France est déterminée à y contribuer.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 avril 2007