Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, sur l'appel au vote utile et au rassemblement autour de Ségolène Royal, Toulouse le 19 avril 2007.

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Circonstance : Meeting électoral à Toulouse, le 19 avril 2007

Texte intégral

Chers amis,
Nous sommes enfin à Toulouse, à Toulouse, ville rose !
Je vais vous faire un aveu : le 22 avril 2007, je l'attends depuis le 21 avril 2002. Je l'attends depuis cinq ans ; cinq ans que nous préparons cette échéance ; cinq ans que nous voulons enfin avoir le choix de décider de notre avenir entre la gauche et la droite. Cinq ans que nous nous préparons, que nous nous sommes rassemblés, les socialistes, la gauche, pour être au rendez-vous, non pas de la revanche, mais de l'alternative que nous devons offrir à notre peuple dimanche, et le 6 mai.
Cinq ans durant lesquels nous avons redressé la gauche ; cinq ans pendant lesquels nous avons eu notre plus beau succès aux élections régionales, ici comme partout en France.
Pendant ces cinq ans, nous avons même été capables de résister, de combattre la droite et de la faire reculer, comme sur le Contrat Première Embauche grâce à la jeunesse de France.
Enfin, nous y sommes, après avoir désigné Ségolène Royal dans une procédure exceptionnelle de la démocratie militante, rassemblé la gauche avec les Radicaux, le Mouvement des républicains et citoyens. Et nous sommes là à trois jours de ce premier tour
Maintenant, nous sommes devant le choix que nous attendions , après la plus belle des campagnes, grâce à Ségolène Royal, la plus belle des campagnes sans doute depuis François Mitterrand et 1981.
Nous sommes là et nous ne savons rien de ce qui va se produire dimanche.
Mais, quand je vous vois aussi nombreux, aussi forts, aussi déterminés, je me dis qu'il n'y a plus de doute possible, que nous serons là le 22 avril avec Ségolène. Nous serons là pour être victorieux le 6 mai !
Mais, comme vous, j'ai ce mélange d'inquiétude au coeur et d'espérance. Et comme le disait Jaurès, nous allons réduire les peurs et dilater l'espérance. Mais je viens de citer Jaurès, ici, dans la ville rose et l'on me dit qu'un autre à Toulouse l'aurait cité 24 fois ! Il ne l'aurait cité qu'une fois, j'y aurais vu un hommage, celui du vice à la vertu, mais 24 fois, ce n'est plus un hommage, c'est une opération de police ! Parce que, qu'est-ce qu'il connaît, lui, de Jaurès ? Il le connaît sur la base d'une fiche des Renseignements généraux, et c'est tout.
Nous sommes là la France rassemblée, sans distinction des uns ou des autres. Nous appartenons à une longue histoire et nous veillons à en écrire une nouvelle page.
Tout va se jouer au premier tour de l'élection présidentielle. Tout va se décider le 22 avril : la présence de la gauche avec Ségolène Royal au second tour et la dynamique de victoire qui va se décider, là aussi, le 22 avril.
Je veux donc lancer l'appel de Toulouse à tous les électeurs : il faut faire le 22 avril un vote cohérent, un vote clair, un vote utile, et aujourd'hui le vote cohérent, le vote clair, le vote utile, c'est le vote Ségolène Royal dès le 22 avril.
Le vote cohérent, c'est de dire que Ségolène Royal est la seule candidate du changement dans cette élection . C'est elle le changement, d'abord parce que ce sera la première femme Présidente de la République. C'est le changement parce qu'elle porte l'espérance de la gauche rassemblée. C'est le changement parce que, sa méthode, c'est la démocratie participative, la démocratie jusqu'au bout. Oui, le projet de Jaurès, est toujours présent au début du XXI e Siècle.
C'est le changement parce que le pacte présidentiel de Ségolène Royal est le seul qui permet à la France d'être plus forte, d'être plus juste. C'est le seul qui permet de donner aux citoyens leur part dans le pouvoir que nous allons conquérir.
La « France Présidente », c'est l'ensemble des citoyens portés au sommet de l'État et qui seront associés à toutes les grandes décisions, à tous les grands choix que nous prendrons ensemble.
Mais, si Ségolène Royal est la candidate du changement, c'est bien qu'il existe un candidat de la continuité, un candidat du bilan. Mais, il ne veut pas du bilan. Le bilan, c'est un fardeau ! Mais qui a donc gouverné depuis 2002 si ce n'est celui qui a été Ministre d'État pendant cinq ans, Ministre de l'Intérieur, Ministre de l'Économie et des Finances, président de l'UMP ? Mais qui donc est soutenu par les anciens Premiers ministres Juppé, Balladur et maintenant Raffarin, Villepin ? Mais qui donc est soutenu par Jacques Chirac ? Qui donc est ce candidat ? C'est le candidat sortant. Et si ce bilan était bon... C'est parce que, ce bilan, c'est la croissance la plus faible d'Europe, le chômage qui ne baisse que dans les statistiques, les déficits sociaux, le creusement des inégalités, la précarité, l'endettement public à un niveau record, le déficit commercial... Voilà leur bilan ! Et comment pourrait-il, après avoir échoué cinq ans, prétendre réussir pour les cinq prochaines années ?
Y a-t-il un autre candidat du changement ? Il y en a un qui voudrait nous faire croire qu'il n'a même pas été député depuis 1986, Ministre de l'Éducation avec Juppé, Balladur. Il y en a un qui ne veut même pas laisser penser qu'il a voté la plupart des lois de la majorité sortante. François Bayrou est aussi le candidat de la majorité sortante. Alors, le vote cohérent, le vote qui porte le changement, c'est le vote Ségolène Royal !
Mais il faut aussi un vote clair. Et, le vote clair, c'est le vote pour la gauche ou pour la droite . Oui, Ségolène Royal est la candidate de gauche qui sera présente au second tour.
C'est elle qui porte l'espérance du pacte présidentiel ; c'est elle qui, au lendemain du premier tour, rassemblera toute la gauche pour permettre la victoire.
Ségolène Royal est claire. Elle dit d'où elle vient : du mouvement socialiste. Elle dit qu'elle s'inscrit dans cette continuité de Mitterrand, de Lionel Jospin. Elle s'inscrit dans ce mouvement-là.
Et en face de nous nous avons des candidats qui ne revendiquent pas leur identité et ce qu'ils sont. Ils n'osent même pas dire qu'ils sont de droite. Regardez, Nicolas Sarkozy a dit au début de cette campagne qu'il était le candidat de la France ! Mais alors nous, nous serions le candidat de l'étranger ? Nous sommes la France autant que lui, plus que lui parce que nous l'aimons, la France, sans qu'il nous soit nécessaire de demander à ceux qui l'aiment moins que nous de partir. Ensuite, il nous a dit qu'il était le candidat de la vie. Mais alors, nous serions les candidats de quoi ? De la vie éternelle ? Mais non, nous croyons à la vie terrestre autant que lui, peut-être plus que lui.
Ensuite, il nous a dit qu'il était le candidat des honnêtes gens. Mais nous, nous serions des malhonnêtes, des fraudeurs ? Nous sommes des citoyens à égalité de droits et de devoirs et qui n'acceptent pas d'être stigmatisés, montrés du doigt selon leur couleur de peau, leurs sentiments, leur religion, leurs convictions.
Mais, après il nous a dit qu'il était le candidat de la majorité silencieuse, lui qui a été si bavard depuis cinq ans ! Il n'est pas le candidat de la majorité silencieuse qui, paraît-il, dit tout bas ce que lui dit tout haut ! Il est le candidat de la majorité sortante, la majorité sortante qui devra être sortie à l'occasion de l'élection présidentielle.
Et pendant toute cette campagne où il est allé chercher Jaurès, il n'a fait que trouver Le Pen sur sa route puisqu'il empruntait le même chemin. Une droite qui refuse donc son identité et maintenant un centre qui ne sait plus où il est, qui vient de nulle part et qui y retournera ; qui veut être avec tout le monde et contre tout le monde, contre tous les partis, sauf le sien.
Et il nous a dit hier qu'il y avait en lui de la gauche, de la droite et du centre ! Je ne sais pas comment il fait pour trouver son équilibre, et surtout sa direction ! Mais, ce que je sais, c'est qu'il y a chez lui de l'opportunisme, de la malice et de la manoeuvre. Car son ambition, au premier tour, ce n'est pas de battre Nicolas Sarkozy, c'est d'empêcher Ségolène Royal d'être au second tour. Nous déjouerons cette manoeuvre et nous voterons dès le premier tour pour Ségolène Royal.
Enfin, je vous appelle à faire un vote, non seulement cohérent et clair, mais un vote utile, non pas pour empêcher, pour conjurer, pour faire peur, un vote utile non pas pour utiliser un croque-mitaine pour nous amener à voter dès le premier tour pour Ségolène Royal (le croque-mitaine, il existe, nous le connaissons), mais pour le changement, pour le pacte présidentiel de Ségolène Royal, pour les 500 000 emplois tremplins pour les jeunes, pour la Sécurité sociale professionnelle, pour le bouclier logement, pour l'augmentation du SMIC et des salaires, pour les petites retraites, pour l'accès de tous à la santé, pour l'accompagnement scolaire gratuit, pour la laïcité, pour la nouvelle République !
Et il faut faire un vote utile aussi pour la relance de l'Europe, pour une Europe plus juste, plus sociale, plus protectrice, plus démocratique. Il faut faire un vote utile pour prévenir les délocalisations, pour être dans un monde également plus juste.
Il faut faire un vote utile aussi pour le monde, parce que, ce que nous voulons avec Ségolène Royal, c'est changer les règles à l'échelle du monde et c'est de faire une politique de développement, une politique de partage, une politique de règles à l'échelle de la planète.
Et il faut faire un vote utile aussi pour l'environnement, pour l'avenir, pour les générations futures. La seule qui permette à la France d'être utile au monde, à l'Europe, c'est Ségolène Royal !
On me dit souvent que le vote utile peut avoir comme conséquence que d'autres candidats ne feront pas forcément les résultats qu'ils espèrent.
Je veux leur dire ici que l'objectif d'une élection présidentielle, le sens même de ce scrutin, ce n'est pas d'envoyer un message, ce n'est pas d'organiser un grand débat. Ce que nous avons à faire le 22 avril d'abord, et le 6 mai ensuite, c'est de décider ensemble du nom, du visage, de la politique du prochain Président de la République, et ce sera une Présidente de la République ! Alors, pas de dispersion comme il y a cinq ans, pas d'abstention. Venons voter comme les jeunes en ont fait la démonstration en s'inscrivant massivement sur les listes électorales. Pas de différenciation entre la gauche et la droite depuis 2002, ceux qui ne le savaient pas, qui n'avaient pas été prévenus, maintenant connaissent la différence entre la droite et la gauche, et devront faire leur choix.
Il y aura sans doute beaucoup d'électeurs de gauche qui voteront Ségolène Royal au premier tour de l'élection présidentielle et qui, pourtant, ne sont pas socialistes, des radicaux ou du Mouvement des citoyens. Je ne veux pas que l'on puisse dire que l'influence des communistes ou des verts, même de la gauche antilibérale, soit mesurée simplement au premier tour de l'élection présidentielle. Je respecte suffisamment toute la gauche pour savoir que ce n'est pas le bon critère.
Mais le seul critère aujourd'hui de l'élection, le seul enjeu de l'élection, c'est de permettre à la gauche de gagner l'élection présidentielle.
Nous avons maintenant à écrire ensemble une nouvelle page de l'histoire de France.
Et, à la différence de nos adversaires, pour écrire cette nouvelle page de l'histoire de France, nous n'aurons pas besoin de déchirer les précédentes. Nous en ajouterons une plus glorieuse encore et d'autres encore venant après nous, enrichiront le beau livre de l'humanité.
L'enjeu, c'est la France !
L'enjeu, c'est aussi l'Europe !
Le moment est venu de dire aux Européens que cette élection chez nous est aussi la leur. Ce qui va se passer le 22 avril et le 6 mai sera aussi une élection européenne.
C'est pourquoi, nous nous inscrivons dans le grand mouvement de la gauche européenne, des socialistes européens.
C'est pourquoi nous accueillons aujourd'hui, avec bonheur, plaisir et solidarité, José Luis Zapatero.