Texte intégral
B. Toussaint : Votre invité, ce matin, est N. Sarkozy.
C. Roux : Oui, N. Sarkozy, il fait la course en tête, fait figure de favori à 17 jours de la présidentielle et publie un nouveau livre « Ensemble », dans lequel il se présente en candidat apaisé, rassembleur. Apaisé, ce n'est pas forcément le ton de la campagne. Les noms d'oiseaux ont remplacé les propositions entre les candidats : « ignoble » renvoie à « hystérique » qui renvoie à « menteur ». Heureusement, les deux principaux candidats nous avaient promis : « pas d'attaque personnelle ! ». Bonjour N. Sarkozy.
R - Bonjour C. Roux. Vous commencez fort ce matin !
C. Roux : Oh non !
R - Bonjour.
B. Toussaint : Merci d'être avec nous ce matin.
R - Bonjour, bonjour.
B. Toussaint : Vous avez trois représentants de la France qui se lève tôt, face à vous.
R - Eh bien, c'est bien, vous avez fait le bon choix.
B. Toussaint : Alors, tiens, on commence par l'actualité et les soutiens. Vous avez obtenu le soutien de J.-L. Borloo la semaine dernière, et celui de B. Tapie ce matin, c'est dans Le Point. Quand vous avez négocié avec J.-L. Borloo, vous saviez qu'il y avait B. Tapie sur le porte-bagages ?
R - Non, mais d'abord, je n'ai pas négocié avec J.-L. Borloo. Jean-Louis et moi, on travaille depuis longtemps ensemble, on est différents et en même temps semblables. Disons que l'on est semblables dans nos atypismes, et j'ai été très content qu'il me donne un coup de main. Moi, je ne demande pas à ceux qui me rejoignent de changer, c'est la liberté. Si on additionne des gens qui se ressemblent, on n'additionne rien du tout. Quant à B. Tapie, je n'ai rien négocié non plus. J'ai vu qu'il avait déclaré que dans un monde instable, il valait mieux un président qui ait de l'expérience et qu'il pensait que j'en avais davantage que S. Royal. Je ne vais quand même pas le lui reprocher.
C. Roux : C'est un soutien qui a du poids, B. Tapie ?
R - Ecoutez, il vaut mieux être dans une période de la campagne, où on rassemble très au-delà de sa famille, plutôt qu'on divise. Je regarde ma famille politique, elle est unie, ce n'était pas si simple, ça vient de loin, et puis d'autres hommes de gauche qui me rejoignent. Oui, j'y suis sensible.
C. Roux : Vous faites l'ouverture, enfin...
R - L'ouverture, si vous voulez, ce qui compte c'est que celui qui gagne sur un projet, ouvre. Parce que le président de la République ça ne peut pas être l'homme d'un parti, ça ne peut pas être l'homme d'un clan, ça ne peut pas être l'homme d'une secte. L'ouverture avant d'avoir gagné, c'est complexe. Parce que même si on met les meilleurs joueurs du monde dans la même équipe, s'il n'y a pas de système de jeu, si les uns jouent le marquage individuel quand les autres jouent la zone, ça ne peut pas marcher. Ça ne peut pas fonctionner.
B. Toussaint : Ah, ça.
C. Roux : B. Tapie dit : « N. Sarkozy et J.-L. Borloo ont mes faveurs ». C'est-à-dire qu'il crée le ticket. Est-ce que ça vous oblige, pour la suite ?
R - Non...
C. Roux : Non ?
R - Attendez, moi je vous ai dit, C. Roux, je suis libre. Je suis un homme libre et je dis à ceux qui m'aident, qui me rejoignent, qui me soutiennent : "Restez ce que vous êtes". Mais je leur demande de me laisser être ce que je suis. Le candidat ne peut pas être le plus petit dénominateur commun de tous les autres, ou alors il ne dit plus rien. Ça n'a pas de sens. Vous avez vu la campagne que je mène depuis des mois, des semaines, des mois. J'essaie d'avancer des idées, de susciter des débats, de porter un projet, qui va bien au-delà de la seule droite...
L. Mercadet : Vous êtes meneur de jeu.
R - Un petit peu. Disons, le "J.-M. Larquet de l'époque".
L. Mercadet : Bon, d'accord.
B. Toussaint : Dernier mot sur Tapie : c'est un personnage un peu controversé. Il y a des choses qui vous gênent chez B. Tapie ?
R - Non, vous savez, je ne porte pas de jugement comme cela. La question n'est pas de savoir si B. Tapie est candidat ou pas...
B. Toussaint : Est-ce que c'est un soutien encombrant ou pas, quoi, c'est... ?
R - Non. Ecoutez, moi, vous savez quoi ? Je pense que la présidentielle elle sera jouée le 22 avril d'abord, le 6 mai ensuite, et que c'est les Français qui choisissent. Tout le reste, eh bien ce n'est que du bonheur.
B. Toussaint : Il est ministrable ou pas, B. Tapie ?
R - Attendez...
B. Toussaint : Il l'a été.
R - Oui, dans un autre cas de figure.
C. Roux : Alors, on revient à la campagne. « Ignoble, hystérique, menteur » : pourquoi tant de haine ?
R - Mais je ne sais pas. Ça ne me concerne pas. Moi, j'ai fait la proposition d'un ministère de l'identité nationale et de l'immigration. Je croyais que c'était une composition utile. Tous les pays d'Europe ont un ministère de l'immigration, et si on ne réfléchit pas quand on est candidat à la présidence de la République française sur ce que c'est que la France, je ne vois pas sur quoi on réfléchit.
C. Roux : On ne va pas refaire le film du ministère...
R - Ok. Bon, à partir de ce moment-là, madame Royal a dit que c'était « ignoble ». C'est son droit, je n'ai pas compris la violence du propos, d'autant plus que trois jours après, elle demandait à tous les Français, obligatoirement, d'acheter un drapeau bleu/blanc/rouge.
C. Roux : Donc, vous vous êtes vengé.
R - Non, non, pas du tout. Mais vengé de quoi, j'ai dit quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?
C. Roux : "Hystérique".
R - Non, j'ai dit qu'il y avait eu une réaction hystérique d'une partie des élites...
C. Roux : Voilà.
R - ... d'une partie de la pensée unique...
B. Toussaint : Donc, du coup, elle vous traite de menteur...
R - Mais, écoutez...
B. Toussaint : C'est quoi, c'est la guerre, maintenant, avec S. Royal ?
R - Mais ce n'est pas du tout la guerre, mais il faut que madame Royal accepte cette idée étrange que dans une campagne électorale, il y a des gens qui ne sont pas forcément d'accord avec elle. Bon, alors, je sais qu'elle s'est déjà disputée avec ses partisans du Parti socialiste. Moi, je ne polémique pas du tout avec elle, j'ai même eu l'occasion de...
B. Toussaint : Oh, si, vous polémiquez avec elle.
En disant quoi ?
B. Toussaint : En disant « hystérie »...
R - Non, pas du tout. Je n'ai pas dit « hystérie » sur elle. J'ai dit quoi ? J'ai dit que c'était curieux qu'une candidate à la présidence de la République trouve des excuses aux fraudeurs et aux émeutiers de la Gare du Nord. Mais si on n'a pas le droit de dire ça, alors pourquoi fait-on une campagne ! Et vous-mêmes, les journalistes, vous êtes extraordinaires ! Quand on ne dit rien dans la campagne, vous dites : « mon dieu, morne campagne, on s'ennuie ». Quand on dit quelque chose : « Mon dieu, cette campagne est d'une telle violence ! ». Ça devient difficile de vous satisfaire, non ?
C. Roux : Mais qu'est-ce que vous dites...
B. Toussaint : Ce ne sont pas les journalistes qui portent de jugement sur cette campagne, il se trouve que ce sont des candidats, notamment F. Bayrou qui a dit : « attention, ça va trop loin ».
C. Roux : Il a dit : « les injures entre Royal et Sarkozy ne sont pas au niveau ».
R - Ah ben, franchement, moi, je n'ai jamais injurié ni Royal, ni Bayrou, mais quand je vois tout ce qu'ils disent sur moi depuis des semaines, il faut bien rester calme.
C. Roux : Alors, qu'est-ce que vous dites, ce matin ?
R - Rien.
C. Roux : Vous dites...
R - Rien, je ne dis rien.
C. Roux : « Je ne dis rien », bon, alors, au revoir.
R - Je dis que S. Royal... Oui, au revoir, merci ! Je voulais absolument connaître... Je vous regarde et je voulais absolument connaître ce studio, je suis content.
B. Toussaint : Ça vous plaît ?
R - Oui, beaucoup. Bon, merci, salut, au revoir. Je suis content.
C. Roux : Vous dites qu'il faut calmer le jeu, ce matin, ou pas ?
R - Mais non, rien du tout, rien du tout.
C. Roux : Continuons sur ce ton là ?
R - Je dis que chaque candidat fasse valoir ses idées et que les Français choisissent. Mais on sera bien en peine de montrer quelque polémique que j'ai faite avec monsieur Bayrou ou avec madame Royal. Simplement, une campagne électorale, c'est l'échange des idées, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ! S'ils ne veulent pas échanger des idées, eh bien qu'est-ce qu'ils font ?
B. Toussaint : Mais vous savez aussi ce qui se passe. On a parlé de foot tout à l'heure, quand il y a un petit échauffement, comme ça...
R - Un carton.
B. Toussaint : L'arbitre donne un carton jaune aux deux, en général, il ne se pose pas trop de questions.
R - Ecoutez, moi j'observe une chose : jamais les audiences de télévision, quand il y a des émissions politiques, n'ont été aussi fortes, jamais les tirages de journaux n'ont été aussi forts.
B. Toussaint : C'est vrai.
R - Jamais il n'y a autant de monde dans les meetings. Alors, je veux bien que cette campagne ne soit pas bonne mais alors, qu'est-ce que ça serait si elle était bonne ! Moi, je fais valoir mes arguments, je fais campagne sur le travail, sur le mérite, sur l'excellence de l'école républicaine, sur l'identité nationale. Franchement, honnêtement, moi, je n'ai pas à m'excuser de la campagne que je fais, quand même.
C. Roux : Alors, vous vous dites que vous n'attaquez pas vos adversaires, mais eux ils vous attaquent, et ils vous attaquent...
R - Ça, c'est sûr...
C. Roux : Sur votre personnalité.
R - C. Roux, il faut bien que j'accepte ça, si on est en campagne électorale, bon.
C. Roux : C'est le jeu, c'est le jeu.
R -Enfin, c'est le jeu, je ne sais pas si c'est le jeu...
C. Roux : Donc, ils vous attaquent sur votre personnalité, votre agressivité, votre manque de sang-froid. Vous avez un projet, que vous déclinez, vous faites la course en tête. On se dit, s'ils attaquent sur la personnalité de Sarkozy, N. Sarkozy, est-ce que ça ne serait pas son talon d'Achille ?
R - Ah oui, C. Roux, effectivement, je n'ai été que quatre années ministre de l'Intérieur et en quatre années de ministre de l'Intérieur il n'y a pas eu une seule bavure et un seul scandale. Eh bien pour quelqu'un qui n'a pas de sang-froid !
C. Roux : Alors, comment vous l'expliquez qu'ils vous attaquent là-dessus ?
R - Eh bien, parce que c'est peut-être difficile de m'attaquer sur mon projet, c'est difficile de m'attaquer sur mon bilan, donc ils attaquent sur quoi ? Eh bien sur le reste ! Mais d'ailleurs, j'y étais préparé. Qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ? Vous avez vous-même dit que je fais la course en tête. Moi, j'ai l'état d'esprit d'un challenger. Mais qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ? Monsieur Bayrou ne cesse de baisser, madame Royal aussi. Alors, qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ? Ils vont dire le plus grand mal.
B. Toussaint : Mais S. Veil aussi a dit le mot « brutal » à votre sujet. Ce n'est pas votre adversaire, S. Veil.
R - Oh non, je... Dans l'interview de madame Veil, elle a dit au contraire des choses qui m'ont beaucoup touchées, qui étaient certainement excessives, sur ma personnalité, « profondément humaine ».
C. Roux : Je peux le dire : il est gentil.
R - Oui, vous aussi vous êtes gentille : vous balancez une vacherie avec un grand sourire.
B. Toussaint : Eh oui, eh oui !
C. Roux : On va dire ce qu'elle dit, S. Veil...
R - Mais c'est votre vraie nature, alors.
B. Toussaint : C'est vrai, oui.
C. Roux : On va dire ce qu'elle dit, S. Veil. Elle dit : « N. Sarkozy est gentil, il peut être brutal dans son expression. Les gens ont tort de douter de son humanité ». C'est-à-dire qu'elle considère que les gens doutent peut-être encore de votre humanité ?
R - Ecoutez, je ne sais pas si je fais peur, mais alors, comme ça doit être le 82ème sondage qui me place en tête, qu'est-ce que ça serait si je rassurais ! Et que dire de ceux qui sont derrière moi, franchement ? C'est extraordinaire. Mais moi, vous savez, la meilleure façon de dire, c'est de dire aux Français : eh bien jugez ! J'ai été un an ministre des Finances, quatre ans ministre de l'Intérieur. Je crois que de tous les candidats j'ai une grande expérience, peut être la plus grande. Franchement, j'ai eu à faire preuve à des crises très difficiles surmonter, je me suis préparé de longue date à ce rendez-vous présidentiel. Bon. Maintenant, que mes adversaires trouvent des défauts à mon projet et à moi-même, c'est quand même assez normal, ils ne vont quand même pas me faire des compliments !
B. Toussaint : Mais, dans votre livre, que nous avons lu avec beaucoup d'attention...
R - Merci, c'est sympa !
B. Toussaint : Vous dites : « Je suis devenu un adulte plus apaisé ». « Plus apaisé, j'ai gagné en sagesse, en sérénité, l'expérience m'a incité à ne pas surréagir ». C'est vous qui parlez, là, donc...
R - Enfin, c'est moi qui écris, c'est moi qui écris.
B. Toussaint : Donc, si vous avez gagné...
R - C'est moi qui écris, en même temps.
B. Toussaint : Oui. Si vous dites cela, c'est bien qu'il y avait un petit souci avant.
R - Mais attendez, quel souci ?
B. Toussaint : « Apaisé », ce n'est pas un mot anodin.
R - Mais attendez, quel souci ? Vous voulez dire que quand j'étais jeune, j'avais beaucoup d'énergie, j'étais plus bagarreur. Mais vous savez, comment je suis arrivé ici, moi ? Je n'ai pas fait l'ENA, je ne viens pas des élites. J'ai dû me battre pour y arriver. J'ai fait une longue route. J'ai été dans la salle, au dernier rang, j'applaudissais et je rêvais « un jour peut-être ». D'où est-ce que vous croyez que je viens ?
B. Toussaint : Ça, c'est votre parcours, N. Sarkozy, mais votre caractère, on parle de ça. Essayons un peu...
R - Oui, c'est mon parcours, mais bien sûr, mais à la différence de madame Royal qui a commencé par le cabinet ministériel de F. Mitterrand, avec monsieur F. Hollande, eux, ils sont rentrés par le haut, ils veulent rester en haut. Moi, j'étais au fond de la salle. Vous croyez quoi ? Quand on est au fond de la salle, on dit au petit jeune qui est au fond de la salle en 1975, à Nice, on lui dit : « tiens, je te prends par la main et puis je t'emmène ? » Je n'ai pas eu de parrain, je ne suis pas un héritier. J'ai dû me battre, comme beaucoup de Français. Tout ce que j'ai eu, je l'ai obtenu en me battant, bien sûr, et puis à un moment donné, on arrive, voilà. On a 40 ans, puis 50 ans, et à ce moment-là, je me suis rendu compte...
B. Toussaint : Ce n'est pas la question.
R - ... eh bien qu'il fallait, peut-être, que je n'étais pas obligé d'en démontrer plus que ce que je voulais démontrer quand j'étais plus jeune.
B. Toussaint : Ah. Et vous ne vous mettez pas en colère contre les journalistes, par exemple ! Ca c'est quelque chose que l'on peut lire depuis quelques jours, c'est encore dans le Canard Enchaîné, paru hier...
R - Ah ben si c'est dans le Canard Enchaîné, alors, c'est vrai !
B. Toussaint : Oublions le Canard Enchaîné, est-ce que vous vous êtes mis en colère contre des journalistes ?
R - Lesquels ?
B. Toussaint : A France 3.
R - Eh bien vous savez, ça fait 30 ans que je fais de la politique, chacun peut témoigner que je n'ai jamais fait pression sur qui que ce soit. Il se trouve qu'à France 3...
B. Toussaint : Vous n'avez jamais dit le mot de « charognard » à propos de journalistes, le 27 mars, au Baux-de-Provence, dans un hôtel ?
R - Jamais.
B. Toussaint : Même sur le ton de la plaisanterie.
R - Jamais.
B. Toussaint : On peut aussi rigoler.
R - Oh, plaisanter avec un journaliste, vraiment, ce n'est pas mon genre.
B. Toussaint : C'est vrai !
R - Ça voudrait dire qu'il ait le sens de l'humour. Alors c'est un trait que vous imaginez ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des journalistes qui ont le sens de l'humour ?
B. Toussaint : Vous en avez trois, qui sont devant vous !
R - A part les trois sympathiques qui sont là. Mais non... mais il y a une campagne électorale...
B. Toussaint : Alors vous n'avez pas dit ce mot-là.
R - Il y a une campagne électorale. Je vois bien le côté un peu désespérant pour mes contradicteurs, dans la façon dont se passe la campagne. Alors, on a déjà essayé de me faire passer pour un communautariste, proaméricain, vantant les communautés, ultra libéral. Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Et puis rien ne marche. Je comprends qu'à partir de ce moment-là, il ne reste qu'une seule chose, c'est d'attaquer la personne. Mais, écoutez, j'y suis prêt.
L. Mercadet : C'est un peut normal. En présidentielle, la personne c'est très important.
R - Mais on l'a fait pour J. Chirac, on l'a fait pour F. Mitterrand, on l'a fait pour V. Giscard d'Estaing. Mais j'y suis prêt. Vous savez, le pire, c'est que ça ne me gêne pas. Je considère que c'est normal et je considère que la présidence de la République c'est quelque chose que l'on doit mériter, que les Français sont en train de réfléchir : c'est un monde dangereux, c'est un monde instable, lequel parmi les candidats aura la dimension, la capacité et les nerfs pour faire face à des situations difficiles ? Donc c'est un parcours presque initiatique.
C. Roux : Vous avez fait un déplacement dans le Morbihan et il y a une formule qui nous a un peu étonnés : vous dites qu'aucune violence n'est acceptable, mais dans le même temps vous dites que vous ne mettez pas sur le même plan la colère des marins pêcheurs qui ne veulent pas mourir et la violence des fraudeurs et des voyous. C'est-à-dire qu'on se dit que l'une est légitime et l'autre pas ?
R - Non, j'ai dit, dans la phrase d'avant : aucune violence n'est légitime, mais on ne peut pas mettre sur le même plan l'émeutier qui casse pour le plaisir de casser et le marin pêcheur qui se trouve dans un état de désespérance totale parce que la Commission l'empêche de sortir son bateau, qu'il doit payer ses charges et qu'il ne peut pas faire son travail.
L. Mercadet : On envoie les CRS contre les deux, c'est pareil, non ?
R - J'ai dit : aucune violence n'est légitime ; d'un côté c'est une violence gratuite, de l'autre c'est une violence qui vient de la désespérance, ce n'est pas tout à fait la même chose. Ecoutez, ce n'est pas la même chose de taper un policier ou un gendarme, parce qu'il vous prend et que vous fraudez, et essayer de sauver son emploi, parce qu'on n'a pas le droit de sortir le bateau, que la banque est là derrière et que les échéances sont là. Ce n'est quand même pas tout à fait la même chose.
L. Mercadet : Vous prêchez un convaincu.
C. Roux : Mais, elle ne raconte rien, la violence des voyous ? Elle ne raconte pas aussi une exaspération sociale ?
R - Non, alors là, vraiment, je pense que... d'abord j'ai voulu dire que j'ai condamné la fraude, parce que la fraude c'est un impôt payé par les plus pauvres, il n'y a aucune raison qu'il y ait des millions de gens qui prennent le métro, qui acceptent de se faire contrôler et qu'un multirécidiviste déclenche une bagarre. Mais enfin, casser une gare, ça amène quoi ? J'ai proposé un plan Marshall...
C. Roux : Vous dites qu'elle ne raconte rien...
R - Ah, pour moi, rien du tout.
C. Roux : D'accord.
R - Je ne trouve aucune excuse aux émeutiers, aux voyous, aux délinquants. En revanche, j'ai proposé que les jeunes des banlieues, les 250.000 jeunes de quartiers difficiles, on leur trouvera un contrat, une formation, un emploi. Je veux lutter contre l'oisiveté, je veux leur dire qu'on leur tendra la main, qu'ils s'en sortiront par le travail, mais qu'il y a des choses que je n'accepterai pas.
B. Toussaint : Vous ne tendez pas la main aux voyous.
R - Ah, ça, certainement pas. Et surtout je ne fais pas l'amalgame entre les jeunes qui méritent mieux. Mais c'est extraordinaire ! Quand un quinquagénaire braque une banque, à la radio ou à la télévision, vous ne dites pas : « un quinquagénaire a braqué une banque « ! Pourquoi vous dites « un jeune » ? Quand un pédophile quadragénaire viole un enfant, vous ne dites pas « c'est un quadragénaire ». Vous dites « c'est un pervers, c'est un délinquant », c'est ce que vous voulez. Qu'est-ce que c'est que cette histoire, "les jeunes" ! Qu'ont à faire les jeunes dans cette affaire ? Pourquoi cet amalgame ? C'est un amalgame insultant pour les jeunes. Les jeunes, qu'est-ce qu'ils demandent ? Un boulot, un salaire, pour pouvoir avoir un logement, une famille.
C. Roux : N. Sarkozy, le 7 mai au matin, si tout se passe bien, pour vous, vous serez le président de la France qui se lève tard, de la France assistée, de la France des voyous et des fraudeurs. Est-ce que vous vous intéressez à cette France-là aujourd'hui et qu'est-ce que vous avez à leur dire ?
R - Oui, oui, tout à fait, je m'intéresse à eux. J'ai dit que j'augmenterai les indemnités des chômeurs mais que je les mettrai dans l'obligation de prendre un offre d'emploi, il n'y aura pas plus de deux refus possibles d'une offre d'emploi correspondant à ses capacités. Je dis que tous ceux qui ont des minima sociaux, je serai leur Président, mais je dis qu'il n'y aura pas de minimum social sans une contrepartie d'obligation d'activité. Et je dis aux délinquants et aux voyous : ils seront sanctionnés, mais s'ils veulent s'en sortir, on leur trouvera un travail, parce qu'on ne peut pas demander à la société de vous aider et soi-même de ne pas être prêt à faire un minimum d'effort pour s'en sortir. Pourquoi vous, vous vous levez à 05h00 du matin et les autres restent, se lèvent à midi, considèrent qu'il est normal que la société paie pour eux ? Qui paie les allocations sociales, si ce n'est ceux qui travaillent ? On le doit à nos compatriotes.
B. Toussaint : Un mot sur le débat avant le premier tour : c'est non, définitivement de votre part ?
R - Attendez, c'est extraordinaire cette affaire-là ! On a pu débattre pendant des mois, madame Royal n'en a pas voulu. Maintenant, aujourd'hui, on est dans une période où la loi prévoit qu'on ne peut pas débattre ou alors si on débat, on débat à 12.
B. Toussaint : Sur Internet, c'est ce qu'a proposé F. Bayrou.
R - Oui, pour tourner la loi. C'est-à-dire qu'on va faire un débat à 12...
B. Toussaint : Donc, pas de débat.
R - Et si on ne fait pas un débat à 12, on va faire un débat entre nous, en choisissant. C'est les français qui décideront de qui au deuxième tour. On verra si j'y suis, et à ce moment là il y aura un débat.
B. Toussaint : Mais vous en ferez un entre les deux tours, si vous y êtes ?
R - Ah ben bien sûr, naturellement.
B. Toussaint : Oui, il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus.
R - Ah, aucune.
C. Roux : Allez !
B. Toussaint : Allez, le... Alors, vous ne connaissez peut-être pas le « J'aime, j'aime pas », c'est une rubrique...
R - Si, je connais !
B. Toussaint : C'est une rubrique que le monde entier nous envie !
R - Je vous ai dit que mon rêve c'était de venir dans le studio, de voir comment vous étiez en vrai !
B. Toussaint : Le « J'aime, j'aime pas », vous répondez par "j'aime ou j'aime pas". Allons-y Caroline !
R - Je voulais vous voir en vrai, voilà.
B. Toussaint : C'est vrai ? Alors, ça vous fait quoi ?
C. Roux : Il est pas mal en vrai, hein !
B. Toussaint : C'est impressionnant ?
R - Vous savez, je vais vous dire ce que m'a dit une dame, dans la rue, il y a un an. Elle m'a dit : « eh bien vous, on peut vous dire que la télévision ça vous arrange ». Voilà.
B. Toussaint : C'est vrai !
C. Roux : On y va ?
R - Eh bien écoutez, c'est gentil quand même.
C. Roux : Vous avez fini avec les compliments ? « J'aime, j'aime pas », le soutien de B. Chirac ?
R - J'aime.
C. Roux : C'est prévu ?
R - Oui.
B. Toussaint : Elle va le dire officiellement ?
R - Bientôt.
C. Roux : Ce soir ?
R - Peut-être.
C. Roux : Dites-le nous.
R - Non.
C. Roux : Bon, c'est un soutien qui a du poids ?
R - Oui, c'est quelqu'un que j'aime beaucoup, qui est aimée des Français, c'est quelqu'un qui a toujours été avec moi d'un grand soutien.
B. Toussaint : « J'aime, j'aime pas », la directrice d'école qui donne du pain sec et de l'eau à des enfants de maternelle, dont les enfants (sic) n'ont pas payé les frais de cantine.
R - Je n'aime pas. Parce que les enfants n'y sont pour rien.
B. Toussaint : Donc, là, vous êtes du côté des fraudeurs, alors.
R - Absolument pas, parce que les enfants ils sont pour quoi ? On ne va quand même pas punir les enfants pour une faute des parents. C'est quand même une drôle d'idée ! Ce n'est pas ma conception de la responsabilité ! Ce n'est pas les enfants qui y sont pour quelque chose ! Les enfants, ils vont à la cantine parce que les parents les inscrivent, si les parents n'ont pas assumé, les enfants ils sont pourquoi ? C'est quand même une drôle d'idée de donner du pain et de l'eau à des gosses qui n'y sont pour rien !
B. Toussaint : Caroline.
C. Roux : « J'aime, j'aime pas », « Les Guignols de l'info ».
R - J'aime... pour les autres.
B. Toussaint : Le PSG en ligue 2.
R - Malgré tout, j'aime le PSG.
L. Mercadet : Les machines à voter électroniques.
R - C'est trop triste pour que « J'aime ou j'aime pas ».
B. Toussaint : Triste ?
R - Oui, parce que moi j'aime bien le...
L. Mercadet : « A voté ! ».
R - Voilà.
C. Roux : Alors, « J'aime, j'aime pas », « Kozy »...
B. Toussaint : Et « Golène ». Vous connaissez, ou pas, ces deux poupées qui font un carton...
C. Roux : C'est un cadeau, c'est pour vous.
B. Toussaint : On les a offertes à S. Royal, donc...
C. Roux : Elle les a gardées dans son bureau...
R - Je vais vous dire un truc : y'a pas photo, quand même !
B. Toussaint : Oh.
R - On est plus rassuré par « Kozy », quand même.
B. Toussaint : Oui, c'est...
R - Non ?
B. Toussaint : C'est un argument de poids, là.
R - Non, je pense que c'est le bandeau, là,
C. Roux : Le serre-tête.
R - Ça ne le fait pas.
B. Toussaint : Une dernière question : vous allez à Argenteuil, d'ici au premier tour ?
R - Euh... J'aime !
B. Toussaint : N. Sarkozy, était notre invité ce matin. Merci beaucoup.
C. Roux : Merci.
R - C'est moi qui vous remercie.
B. Toussaint : Bonne journée.
R - Et puis merci d'avoir parlé de Mandel, il le mérite.
B. Toussaint : Merci, bonne journée. La suite de la matinale, dans quelques secondes.
R - Je peux partir avec ?
B. Toussaint : Je vous en prie.
C. Roux : C'est cadeau.
R - Merci !
source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 6 avril 2007
C. Roux : Oui, N. Sarkozy, il fait la course en tête, fait figure de favori à 17 jours de la présidentielle et publie un nouveau livre « Ensemble », dans lequel il se présente en candidat apaisé, rassembleur. Apaisé, ce n'est pas forcément le ton de la campagne. Les noms d'oiseaux ont remplacé les propositions entre les candidats : « ignoble » renvoie à « hystérique » qui renvoie à « menteur ». Heureusement, les deux principaux candidats nous avaient promis : « pas d'attaque personnelle ! ». Bonjour N. Sarkozy.
R - Bonjour C. Roux. Vous commencez fort ce matin !
C. Roux : Oh non !
R - Bonjour.
B. Toussaint : Merci d'être avec nous ce matin.
R - Bonjour, bonjour.
B. Toussaint : Vous avez trois représentants de la France qui se lève tôt, face à vous.
R - Eh bien, c'est bien, vous avez fait le bon choix.
B. Toussaint : Alors, tiens, on commence par l'actualité et les soutiens. Vous avez obtenu le soutien de J.-L. Borloo la semaine dernière, et celui de B. Tapie ce matin, c'est dans Le Point. Quand vous avez négocié avec J.-L. Borloo, vous saviez qu'il y avait B. Tapie sur le porte-bagages ?
R - Non, mais d'abord, je n'ai pas négocié avec J.-L. Borloo. Jean-Louis et moi, on travaille depuis longtemps ensemble, on est différents et en même temps semblables. Disons que l'on est semblables dans nos atypismes, et j'ai été très content qu'il me donne un coup de main. Moi, je ne demande pas à ceux qui me rejoignent de changer, c'est la liberté. Si on additionne des gens qui se ressemblent, on n'additionne rien du tout. Quant à B. Tapie, je n'ai rien négocié non plus. J'ai vu qu'il avait déclaré que dans un monde instable, il valait mieux un président qui ait de l'expérience et qu'il pensait que j'en avais davantage que S. Royal. Je ne vais quand même pas le lui reprocher.
C. Roux : C'est un soutien qui a du poids, B. Tapie ?
R - Ecoutez, il vaut mieux être dans une période de la campagne, où on rassemble très au-delà de sa famille, plutôt qu'on divise. Je regarde ma famille politique, elle est unie, ce n'était pas si simple, ça vient de loin, et puis d'autres hommes de gauche qui me rejoignent. Oui, j'y suis sensible.
C. Roux : Vous faites l'ouverture, enfin...
R - L'ouverture, si vous voulez, ce qui compte c'est que celui qui gagne sur un projet, ouvre. Parce que le président de la République ça ne peut pas être l'homme d'un parti, ça ne peut pas être l'homme d'un clan, ça ne peut pas être l'homme d'une secte. L'ouverture avant d'avoir gagné, c'est complexe. Parce que même si on met les meilleurs joueurs du monde dans la même équipe, s'il n'y a pas de système de jeu, si les uns jouent le marquage individuel quand les autres jouent la zone, ça ne peut pas marcher. Ça ne peut pas fonctionner.
B. Toussaint : Ah, ça.
C. Roux : B. Tapie dit : « N. Sarkozy et J.-L. Borloo ont mes faveurs ». C'est-à-dire qu'il crée le ticket. Est-ce que ça vous oblige, pour la suite ?
R - Non...
C. Roux : Non ?
R - Attendez, moi je vous ai dit, C. Roux, je suis libre. Je suis un homme libre et je dis à ceux qui m'aident, qui me rejoignent, qui me soutiennent : "Restez ce que vous êtes". Mais je leur demande de me laisser être ce que je suis. Le candidat ne peut pas être le plus petit dénominateur commun de tous les autres, ou alors il ne dit plus rien. Ça n'a pas de sens. Vous avez vu la campagne que je mène depuis des mois, des semaines, des mois. J'essaie d'avancer des idées, de susciter des débats, de porter un projet, qui va bien au-delà de la seule droite...
L. Mercadet : Vous êtes meneur de jeu.
R - Un petit peu. Disons, le "J.-M. Larquet de l'époque".
L. Mercadet : Bon, d'accord.
B. Toussaint : Dernier mot sur Tapie : c'est un personnage un peu controversé. Il y a des choses qui vous gênent chez B. Tapie ?
R - Non, vous savez, je ne porte pas de jugement comme cela. La question n'est pas de savoir si B. Tapie est candidat ou pas...
B. Toussaint : Est-ce que c'est un soutien encombrant ou pas, quoi, c'est... ?
R - Non. Ecoutez, moi, vous savez quoi ? Je pense que la présidentielle elle sera jouée le 22 avril d'abord, le 6 mai ensuite, et que c'est les Français qui choisissent. Tout le reste, eh bien ce n'est que du bonheur.
B. Toussaint : Il est ministrable ou pas, B. Tapie ?
R - Attendez...
B. Toussaint : Il l'a été.
R - Oui, dans un autre cas de figure.
C. Roux : Alors, on revient à la campagne. « Ignoble, hystérique, menteur » : pourquoi tant de haine ?
R - Mais je ne sais pas. Ça ne me concerne pas. Moi, j'ai fait la proposition d'un ministère de l'identité nationale et de l'immigration. Je croyais que c'était une composition utile. Tous les pays d'Europe ont un ministère de l'immigration, et si on ne réfléchit pas quand on est candidat à la présidence de la République française sur ce que c'est que la France, je ne vois pas sur quoi on réfléchit.
C. Roux : On ne va pas refaire le film du ministère...
R - Ok. Bon, à partir de ce moment-là, madame Royal a dit que c'était « ignoble ». C'est son droit, je n'ai pas compris la violence du propos, d'autant plus que trois jours après, elle demandait à tous les Français, obligatoirement, d'acheter un drapeau bleu/blanc/rouge.
C. Roux : Donc, vous vous êtes vengé.
R - Non, non, pas du tout. Mais vengé de quoi, j'ai dit quoi ? Qu'est-ce que j'ai dit ?
C. Roux : "Hystérique".
R - Non, j'ai dit qu'il y avait eu une réaction hystérique d'une partie des élites...
C. Roux : Voilà.
R - ... d'une partie de la pensée unique...
B. Toussaint : Donc, du coup, elle vous traite de menteur...
R - Mais, écoutez...
B. Toussaint : C'est quoi, c'est la guerre, maintenant, avec S. Royal ?
R - Mais ce n'est pas du tout la guerre, mais il faut que madame Royal accepte cette idée étrange que dans une campagne électorale, il y a des gens qui ne sont pas forcément d'accord avec elle. Bon, alors, je sais qu'elle s'est déjà disputée avec ses partisans du Parti socialiste. Moi, je ne polémique pas du tout avec elle, j'ai même eu l'occasion de...
B. Toussaint : Oh, si, vous polémiquez avec elle.
En disant quoi ?
B. Toussaint : En disant « hystérie »...
R - Non, pas du tout. Je n'ai pas dit « hystérie » sur elle. J'ai dit quoi ? J'ai dit que c'était curieux qu'une candidate à la présidence de la République trouve des excuses aux fraudeurs et aux émeutiers de la Gare du Nord. Mais si on n'a pas le droit de dire ça, alors pourquoi fait-on une campagne ! Et vous-mêmes, les journalistes, vous êtes extraordinaires ! Quand on ne dit rien dans la campagne, vous dites : « mon dieu, morne campagne, on s'ennuie ». Quand on dit quelque chose : « Mon dieu, cette campagne est d'une telle violence ! ». Ça devient difficile de vous satisfaire, non ?
C. Roux : Mais qu'est-ce que vous dites...
B. Toussaint : Ce ne sont pas les journalistes qui portent de jugement sur cette campagne, il se trouve que ce sont des candidats, notamment F. Bayrou qui a dit : « attention, ça va trop loin ».
C. Roux : Il a dit : « les injures entre Royal et Sarkozy ne sont pas au niveau ».
R - Ah ben, franchement, moi, je n'ai jamais injurié ni Royal, ni Bayrou, mais quand je vois tout ce qu'ils disent sur moi depuis des semaines, il faut bien rester calme.
C. Roux : Alors, qu'est-ce que vous dites, ce matin ?
R - Rien.
C. Roux : Vous dites...
R - Rien, je ne dis rien.
C. Roux : « Je ne dis rien », bon, alors, au revoir.
R - Je dis que S. Royal... Oui, au revoir, merci ! Je voulais absolument connaître... Je vous regarde et je voulais absolument connaître ce studio, je suis content.
B. Toussaint : Ça vous plaît ?
R - Oui, beaucoup. Bon, merci, salut, au revoir. Je suis content.
C. Roux : Vous dites qu'il faut calmer le jeu, ce matin, ou pas ?
R - Mais non, rien du tout, rien du tout.
C. Roux : Continuons sur ce ton là ?
R - Je dis que chaque candidat fasse valoir ses idées et que les Français choisissent. Mais on sera bien en peine de montrer quelque polémique que j'ai faite avec monsieur Bayrou ou avec madame Royal. Simplement, une campagne électorale, c'est l'échange des idées, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ! S'ils ne veulent pas échanger des idées, eh bien qu'est-ce qu'ils font ?
B. Toussaint : Mais vous savez aussi ce qui se passe. On a parlé de foot tout à l'heure, quand il y a un petit échauffement, comme ça...
R - Un carton.
B. Toussaint : L'arbitre donne un carton jaune aux deux, en général, il ne se pose pas trop de questions.
R - Ecoutez, moi j'observe une chose : jamais les audiences de télévision, quand il y a des émissions politiques, n'ont été aussi fortes, jamais les tirages de journaux n'ont été aussi forts.
B. Toussaint : C'est vrai.
R - Jamais il n'y a autant de monde dans les meetings. Alors, je veux bien que cette campagne ne soit pas bonne mais alors, qu'est-ce que ça serait si elle était bonne ! Moi, je fais valoir mes arguments, je fais campagne sur le travail, sur le mérite, sur l'excellence de l'école républicaine, sur l'identité nationale. Franchement, honnêtement, moi, je n'ai pas à m'excuser de la campagne que je fais, quand même.
C. Roux : Alors, vous vous dites que vous n'attaquez pas vos adversaires, mais eux ils vous attaquent, et ils vous attaquent...
R - Ça, c'est sûr...
C. Roux : Sur votre personnalité.
R - C. Roux, il faut bien que j'accepte ça, si on est en campagne électorale, bon.
C. Roux : C'est le jeu, c'est le jeu.
R -Enfin, c'est le jeu, je ne sais pas si c'est le jeu...
C. Roux : Donc, ils vous attaquent sur votre personnalité, votre agressivité, votre manque de sang-froid. Vous avez un projet, que vous déclinez, vous faites la course en tête. On se dit, s'ils attaquent sur la personnalité de Sarkozy, N. Sarkozy, est-ce que ça ne serait pas son talon d'Achille ?
R - Ah oui, C. Roux, effectivement, je n'ai été que quatre années ministre de l'Intérieur et en quatre années de ministre de l'Intérieur il n'y a pas eu une seule bavure et un seul scandale. Eh bien pour quelqu'un qui n'a pas de sang-froid !
C. Roux : Alors, comment vous l'expliquez qu'ils vous attaquent là-dessus ?
R - Eh bien, parce que c'est peut-être difficile de m'attaquer sur mon projet, c'est difficile de m'attaquer sur mon bilan, donc ils attaquent sur quoi ? Eh bien sur le reste ! Mais d'ailleurs, j'y étais préparé. Qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ? Vous avez vous-même dit que je fais la course en tête. Moi, j'ai l'état d'esprit d'un challenger. Mais qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ? Monsieur Bayrou ne cesse de baisser, madame Royal aussi. Alors, qu'est-ce que vous voulez qu'ils disent ? Ils vont dire le plus grand mal.
B. Toussaint : Mais S. Veil aussi a dit le mot « brutal » à votre sujet. Ce n'est pas votre adversaire, S. Veil.
R - Oh non, je... Dans l'interview de madame Veil, elle a dit au contraire des choses qui m'ont beaucoup touchées, qui étaient certainement excessives, sur ma personnalité, « profondément humaine ».
C. Roux : Je peux le dire : il est gentil.
R - Oui, vous aussi vous êtes gentille : vous balancez une vacherie avec un grand sourire.
B. Toussaint : Eh oui, eh oui !
C. Roux : On va dire ce qu'elle dit, S. Veil...
R - Mais c'est votre vraie nature, alors.
B. Toussaint : C'est vrai, oui.
C. Roux : On va dire ce qu'elle dit, S. Veil. Elle dit : « N. Sarkozy est gentil, il peut être brutal dans son expression. Les gens ont tort de douter de son humanité ». C'est-à-dire qu'elle considère que les gens doutent peut-être encore de votre humanité ?
R - Ecoutez, je ne sais pas si je fais peur, mais alors, comme ça doit être le 82ème sondage qui me place en tête, qu'est-ce que ça serait si je rassurais ! Et que dire de ceux qui sont derrière moi, franchement ? C'est extraordinaire. Mais moi, vous savez, la meilleure façon de dire, c'est de dire aux Français : eh bien jugez ! J'ai été un an ministre des Finances, quatre ans ministre de l'Intérieur. Je crois que de tous les candidats j'ai une grande expérience, peut être la plus grande. Franchement, j'ai eu à faire preuve à des crises très difficiles surmonter, je me suis préparé de longue date à ce rendez-vous présidentiel. Bon. Maintenant, que mes adversaires trouvent des défauts à mon projet et à moi-même, c'est quand même assez normal, ils ne vont quand même pas me faire des compliments !
B. Toussaint : Mais, dans votre livre, que nous avons lu avec beaucoup d'attention...
R - Merci, c'est sympa !
B. Toussaint : Vous dites : « Je suis devenu un adulte plus apaisé ». « Plus apaisé, j'ai gagné en sagesse, en sérénité, l'expérience m'a incité à ne pas surréagir ». C'est vous qui parlez, là, donc...
R - Enfin, c'est moi qui écris, c'est moi qui écris.
B. Toussaint : Donc, si vous avez gagné...
R - C'est moi qui écris, en même temps.
B. Toussaint : Oui. Si vous dites cela, c'est bien qu'il y avait un petit souci avant.
R - Mais attendez, quel souci ?
B. Toussaint : « Apaisé », ce n'est pas un mot anodin.
R - Mais attendez, quel souci ? Vous voulez dire que quand j'étais jeune, j'avais beaucoup d'énergie, j'étais plus bagarreur. Mais vous savez, comment je suis arrivé ici, moi ? Je n'ai pas fait l'ENA, je ne viens pas des élites. J'ai dû me battre pour y arriver. J'ai fait une longue route. J'ai été dans la salle, au dernier rang, j'applaudissais et je rêvais « un jour peut-être ». D'où est-ce que vous croyez que je viens ?
B. Toussaint : Ça, c'est votre parcours, N. Sarkozy, mais votre caractère, on parle de ça. Essayons un peu...
R - Oui, c'est mon parcours, mais bien sûr, mais à la différence de madame Royal qui a commencé par le cabinet ministériel de F. Mitterrand, avec monsieur F. Hollande, eux, ils sont rentrés par le haut, ils veulent rester en haut. Moi, j'étais au fond de la salle. Vous croyez quoi ? Quand on est au fond de la salle, on dit au petit jeune qui est au fond de la salle en 1975, à Nice, on lui dit : « tiens, je te prends par la main et puis je t'emmène ? » Je n'ai pas eu de parrain, je ne suis pas un héritier. J'ai dû me battre, comme beaucoup de Français. Tout ce que j'ai eu, je l'ai obtenu en me battant, bien sûr, et puis à un moment donné, on arrive, voilà. On a 40 ans, puis 50 ans, et à ce moment-là, je me suis rendu compte...
B. Toussaint : Ce n'est pas la question.
R - ... eh bien qu'il fallait, peut-être, que je n'étais pas obligé d'en démontrer plus que ce que je voulais démontrer quand j'étais plus jeune.
B. Toussaint : Ah. Et vous ne vous mettez pas en colère contre les journalistes, par exemple ! Ca c'est quelque chose que l'on peut lire depuis quelques jours, c'est encore dans le Canard Enchaîné, paru hier...
R - Ah ben si c'est dans le Canard Enchaîné, alors, c'est vrai !
B. Toussaint : Oublions le Canard Enchaîné, est-ce que vous vous êtes mis en colère contre des journalistes ?
R - Lesquels ?
B. Toussaint : A France 3.
R - Eh bien vous savez, ça fait 30 ans que je fais de la politique, chacun peut témoigner que je n'ai jamais fait pression sur qui que ce soit. Il se trouve qu'à France 3...
B. Toussaint : Vous n'avez jamais dit le mot de « charognard » à propos de journalistes, le 27 mars, au Baux-de-Provence, dans un hôtel ?
R - Jamais.
B. Toussaint : Même sur le ton de la plaisanterie.
R - Jamais.
B. Toussaint : On peut aussi rigoler.
R - Oh, plaisanter avec un journaliste, vraiment, ce n'est pas mon genre.
B. Toussaint : C'est vrai !
R - Ça voudrait dire qu'il ait le sens de l'humour. Alors c'est un trait que vous imaginez ! Vous en connaissez beaucoup, vous, des journalistes qui ont le sens de l'humour ?
B. Toussaint : Vous en avez trois, qui sont devant vous !
R - A part les trois sympathiques qui sont là. Mais non... mais il y a une campagne électorale...
B. Toussaint : Alors vous n'avez pas dit ce mot-là.
R - Il y a une campagne électorale. Je vois bien le côté un peu désespérant pour mes contradicteurs, dans la façon dont se passe la campagne. Alors, on a déjà essayé de me faire passer pour un communautariste, proaméricain, vantant les communautés, ultra libéral. Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Et puis rien ne marche. Je comprends qu'à partir de ce moment-là, il ne reste qu'une seule chose, c'est d'attaquer la personne. Mais, écoutez, j'y suis prêt.
L. Mercadet : C'est un peut normal. En présidentielle, la personne c'est très important.
R - Mais on l'a fait pour J. Chirac, on l'a fait pour F. Mitterrand, on l'a fait pour V. Giscard d'Estaing. Mais j'y suis prêt. Vous savez, le pire, c'est que ça ne me gêne pas. Je considère que c'est normal et je considère que la présidence de la République c'est quelque chose que l'on doit mériter, que les Français sont en train de réfléchir : c'est un monde dangereux, c'est un monde instable, lequel parmi les candidats aura la dimension, la capacité et les nerfs pour faire face à des situations difficiles ? Donc c'est un parcours presque initiatique.
C. Roux : Vous avez fait un déplacement dans le Morbihan et il y a une formule qui nous a un peu étonnés : vous dites qu'aucune violence n'est acceptable, mais dans le même temps vous dites que vous ne mettez pas sur le même plan la colère des marins pêcheurs qui ne veulent pas mourir et la violence des fraudeurs et des voyous. C'est-à-dire qu'on se dit que l'une est légitime et l'autre pas ?
R - Non, j'ai dit, dans la phrase d'avant : aucune violence n'est légitime, mais on ne peut pas mettre sur le même plan l'émeutier qui casse pour le plaisir de casser et le marin pêcheur qui se trouve dans un état de désespérance totale parce que la Commission l'empêche de sortir son bateau, qu'il doit payer ses charges et qu'il ne peut pas faire son travail.
L. Mercadet : On envoie les CRS contre les deux, c'est pareil, non ?
R - J'ai dit : aucune violence n'est légitime ; d'un côté c'est une violence gratuite, de l'autre c'est une violence qui vient de la désespérance, ce n'est pas tout à fait la même chose. Ecoutez, ce n'est pas la même chose de taper un policier ou un gendarme, parce qu'il vous prend et que vous fraudez, et essayer de sauver son emploi, parce qu'on n'a pas le droit de sortir le bateau, que la banque est là derrière et que les échéances sont là. Ce n'est quand même pas tout à fait la même chose.
L. Mercadet : Vous prêchez un convaincu.
C. Roux : Mais, elle ne raconte rien, la violence des voyous ? Elle ne raconte pas aussi une exaspération sociale ?
R - Non, alors là, vraiment, je pense que... d'abord j'ai voulu dire que j'ai condamné la fraude, parce que la fraude c'est un impôt payé par les plus pauvres, il n'y a aucune raison qu'il y ait des millions de gens qui prennent le métro, qui acceptent de se faire contrôler et qu'un multirécidiviste déclenche une bagarre. Mais enfin, casser une gare, ça amène quoi ? J'ai proposé un plan Marshall...
C. Roux : Vous dites qu'elle ne raconte rien...
R - Ah, pour moi, rien du tout.
C. Roux : D'accord.
R - Je ne trouve aucune excuse aux émeutiers, aux voyous, aux délinquants. En revanche, j'ai proposé que les jeunes des banlieues, les 250.000 jeunes de quartiers difficiles, on leur trouvera un contrat, une formation, un emploi. Je veux lutter contre l'oisiveté, je veux leur dire qu'on leur tendra la main, qu'ils s'en sortiront par le travail, mais qu'il y a des choses que je n'accepterai pas.
B. Toussaint : Vous ne tendez pas la main aux voyous.
R - Ah, ça, certainement pas. Et surtout je ne fais pas l'amalgame entre les jeunes qui méritent mieux. Mais c'est extraordinaire ! Quand un quinquagénaire braque une banque, à la radio ou à la télévision, vous ne dites pas : « un quinquagénaire a braqué une banque « ! Pourquoi vous dites « un jeune » ? Quand un pédophile quadragénaire viole un enfant, vous ne dites pas « c'est un quadragénaire ». Vous dites « c'est un pervers, c'est un délinquant », c'est ce que vous voulez. Qu'est-ce que c'est que cette histoire, "les jeunes" ! Qu'ont à faire les jeunes dans cette affaire ? Pourquoi cet amalgame ? C'est un amalgame insultant pour les jeunes. Les jeunes, qu'est-ce qu'ils demandent ? Un boulot, un salaire, pour pouvoir avoir un logement, une famille.
C. Roux : N. Sarkozy, le 7 mai au matin, si tout se passe bien, pour vous, vous serez le président de la France qui se lève tard, de la France assistée, de la France des voyous et des fraudeurs. Est-ce que vous vous intéressez à cette France-là aujourd'hui et qu'est-ce que vous avez à leur dire ?
R - Oui, oui, tout à fait, je m'intéresse à eux. J'ai dit que j'augmenterai les indemnités des chômeurs mais que je les mettrai dans l'obligation de prendre un offre d'emploi, il n'y aura pas plus de deux refus possibles d'une offre d'emploi correspondant à ses capacités. Je dis que tous ceux qui ont des minima sociaux, je serai leur Président, mais je dis qu'il n'y aura pas de minimum social sans une contrepartie d'obligation d'activité. Et je dis aux délinquants et aux voyous : ils seront sanctionnés, mais s'ils veulent s'en sortir, on leur trouvera un travail, parce qu'on ne peut pas demander à la société de vous aider et soi-même de ne pas être prêt à faire un minimum d'effort pour s'en sortir. Pourquoi vous, vous vous levez à 05h00 du matin et les autres restent, se lèvent à midi, considèrent qu'il est normal que la société paie pour eux ? Qui paie les allocations sociales, si ce n'est ceux qui travaillent ? On le doit à nos compatriotes.
B. Toussaint : Un mot sur le débat avant le premier tour : c'est non, définitivement de votre part ?
R - Attendez, c'est extraordinaire cette affaire-là ! On a pu débattre pendant des mois, madame Royal n'en a pas voulu. Maintenant, aujourd'hui, on est dans une période où la loi prévoit qu'on ne peut pas débattre ou alors si on débat, on débat à 12.
B. Toussaint : Sur Internet, c'est ce qu'a proposé F. Bayrou.
R - Oui, pour tourner la loi. C'est-à-dire qu'on va faire un débat à 12...
B. Toussaint : Donc, pas de débat.
R - Et si on ne fait pas un débat à 12, on va faire un débat entre nous, en choisissant. C'est les français qui décideront de qui au deuxième tour. On verra si j'y suis, et à ce moment là il y aura un débat.
B. Toussaint : Mais vous en ferez un entre les deux tours, si vous y êtes ?
R - Ah ben bien sûr, naturellement.
B. Toussaint : Oui, il n'y a pas d'ambiguïté là-dessus.
R - Ah, aucune.
C. Roux : Allez !
B. Toussaint : Allez, le... Alors, vous ne connaissez peut-être pas le « J'aime, j'aime pas », c'est une rubrique...
R - Si, je connais !
B. Toussaint : C'est une rubrique que le monde entier nous envie !
R - Je vous ai dit que mon rêve c'était de venir dans le studio, de voir comment vous étiez en vrai !
B. Toussaint : Le « J'aime, j'aime pas », vous répondez par "j'aime ou j'aime pas". Allons-y Caroline !
R - Je voulais vous voir en vrai, voilà.
B. Toussaint : C'est vrai ? Alors, ça vous fait quoi ?
C. Roux : Il est pas mal en vrai, hein !
B. Toussaint : C'est impressionnant ?
R - Vous savez, je vais vous dire ce que m'a dit une dame, dans la rue, il y a un an. Elle m'a dit : « eh bien vous, on peut vous dire que la télévision ça vous arrange ». Voilà.
B. Toussaint : C'est vrai !
C. Roux : On y va ?
R - Eh bien écoutez, c'est gentil quand même.
C. Roux : Vous avez fini avec les compliments ? « J'aime, j'aime pas », le soutien de B. Chirac ?
R - J'aime.
C. Roux : C'est prévu ?
R - Oui.
B. Toussaint : Elle va le dire officiellement ?
R - Bientôt.
C. Roux : Ce soir ?
R - Peut-être.
C. Roux : Dites-le nous.
R - Non.
C. Roux : Bon, c'est un soutien qui a du poids ?
R - Oui, c'est quelqu'un que j'aime beaucoup, qui est aimée des Français, c'est quelqu'un qui a toujours été avec moi d'un grand soutien.
B. Toussaint : « J'aime, j'aime pas », la directrice d'école qui donne du pain sec et de l'eau à des enfants de maternelle, dont les enfants (sic) n'ont pas payé les frais de cantine.
R - Je n'aime pas. Parce que les enfants n'y sont pour rien.
B. Toussaint : Donc, là, vous êtes du côté des fraudeurs, alors.
R - Absolument pas, parce que les enfants ils sont pour quoi ? On ne va quand même pas punir les enfants pour une faute des parents. C'est quand même une drôle d'idée ! Ce n'est pas ma conception de la responsabilité ! Ce n'est pas les enfants qui y sont pour quelque chose ! Les enfants, ils vont à la cantine parce que les parents les inscrivent, si les parents n'ont pas assumé, les enfants ils sont pourquoi ? C'est quand même une drôle d'idée de donner du pain et de l'eau à des gosses qui n'y sont pour rien !
B. Toussaint : Caroline.
C. Roux : « J'aime, j'aime pas », « Les Guignols de l'info ».
R - J'aime... pour les autres.
B. Toussaint : Le PSG en ligue 2.
R - Malgré tout, j'aime le PSG.
L. Mercadet : Les machines à voter électroniques.
R - C'est trop triste pour que « J'aime ou j'aime pas ».
B. Toussaint : Triste ?
R - Oui, parce que moi j'aime bien le...
L. Mercadet : « A voté ! ».
R - Voilà.
C. Roux : Alors, « J'aime, j'aime pas », « Kozy »...
B. Toussaint : Et « Golène ». Vous connaissez, ou pas, ces deux poupées qui font un carton...
C. Roux : C'est un cadeau, c'est pour vous.
B. Toussaint : On les a offertes à S. Royal, donc...
C. Roux : Elle les a gardées dans son bureau...
R - Je vais vous dire un truc : y'a pas photo, quand même !
B. Toussaint : Oh.
R - On est plus rassuré par « Kozy », quand même.
B. Toussaint : Oui, c'est...
R - Non ?
B. Toussaint : C'est un argument de poids, là.
R - Non, je pense que c'est le bandeau, là,
C. Roux : Le serre-tête.
R - Ça ne le fait pas.
B. Toussaint : Une dernière question : vous allez à Argenteuil, d'ici au premier tour ?
R - Euh... J'aime !
B. Toussaint : N. Sarkozy, était notre invité ce matin. Merci beaucoup.
C. Roux : Merci.
R - C'est moi qui vous remercie.
B. Toussaint : Bonne journée.
R - Et puis merci d'avoir parlé de Mandel, il le mérite.
B. Toussaint : Merci, bonne journée. La suite de la matinale, dans quelques secondes.
R - Je peux partir avec ?
B. Toussaint : Je vous en prie.
C. Roux : C'est cadeau.
R - Merci !
source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 6 avril 2007