Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, sur les résultats électoraux du premier tour de l'élection présidentielle et les thèmes prioritaires de la campagne pour le deuxième tour, Paris le 23 avril 2007.

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Circonstance : Point Presse à Paris, le 23 avril 2007

Texte intégral

Nous sommes dans une campagne qui prend un nouveau tour
puisque nous sommes précisément au second tour.
"Je veux d'abord saluer le vote des Français. Ils sont venus massivement tourner la page du 21 avril 2002 et écrire celle du 22 avril 2007. Ils ont voulu qu'il y ait un choix clair entre deux visions de la société, deux conceptions de la France, du pouvoir et de la politique. Ils ont aussi voulu faire un vote utile à bien des égards. Non pas un vote utile pour les partis ou même pour les candidats, mais un vote utile pour la France. Il y a eu la volonté de donner de la force au prochain, plutôt à la prochaine Présidente de la République.
Je veux aussi saluer le beau résultat de Ségolène Royal au premier tour, près de 26 % des voix. C'est plus que ce que nous avions fait, forcément, en 2002 et même en 1995. C'est également davantage que ce qu'avait fait François Mitterrand au premier tour de l'élection présidentielle de 1981. Certes, c'est moins que François Mitterrand en 1988, mais il était le Président sortant.
Dès lors, les conditions de la victoire sont aujourd'hui réunies. Il y a, avec ce résultat du 1er tour -26 %- et les soutiens qui viennent d'être prononcés par les 6 autres candidats de la gauche qui ont dit hier soir, et sans aucune condition ni aucun préalable, qu'il fallait battre le candidat de la droite et, donc, se rassembler derrière Ségolène Royal, une base de départ à 37 % des voix et non à 26 pour la campagne du second tour.
Il y a un rassemblement plus large encore qui est en train de s'opérer. Ce rassemblement, c'est celui des électeurs eux-mêmes qui ont voulu donner au changement toute sa place dans cette élection.
Une large majorité d'électeurs ont dit, lors du premier tour, d'une manière ou d'une autre qu'ils voulaient sanctionner la majorité sortante et son bilan, et notamment sur l'emploi, le pouvoir d'achat et les conditions de vie.
Il nous faut donc nous mettre dans une dynamique positive. Le changement, c'est celui que représente le pacte présidentiel de Ségolène Royal.
Pour nous, les trois priorités dans cette campagne seront celles de l'emploi et du travail pour tous et pas simplement pour quelques-uns. Ce sera l'Education comme, à la fois, valeur, principe de la République et comme levier de la réussite collective et personnelle. Et, enfin, l'écologie, car nous considérons que ce qui est en cause, ce n'est pas simplement notre destin, celui de générations qui viennent de s'exprimer à travers un vote massif, mais le destin des générations futures. Et nous ne pouvons pas dissocier le combat pour l'écologie du combat pour l'Europe et pour une nouvelle régulation à l'échelle du monde. Voilà nos trois priorités.
Ensuite, c'est Ségolène Royal qui porte une nouvelle République, une autre façon de décider, une autre conception du dialogue que celle que nous avons eue, hélas, à vivre, notamment les dévoiements, depuis 5 ans, et aussi une autre conception de la politique et de la démocratie. Pour nous, la réforme des institutions n'est pas un supplément programmatique, c'est la condition même de la réussite du changement. C'est la raison pour laquelle nous voulons absolument que le Parlement soit renforcé et que le Président de la République puisse être pleinement responsable. De la même manière, l'Etat impartial n'est pas un slogan, c'est une garantie de confiance dans la République et dans les élus. De même, la morale publique, le souci de l'honnêteté, de l'efficacité, du bon usage des deniers publics, la lutte contre tous les gaspillages, la maîtrise de l'endettement public est une condition du succès ; ce n'est pas un projet en soi, mais c'est ce qui permet d'atteindre nos objectifs.
Enfin, pour nous, l'Europe, au-delà du « oui » et du « non », est la perspective qu'il faudra ouvrir de nouveau après l'élection présidentielle et nous considérons que, seule, Ségolène Royal peut permettre cette relance du projet européen.
Ce que nous voulons également susciter dans cette campagne, c'est un vote d'espérance. Nous ne sommes pas là seulement pour faire barrage -même s'il faut écarter la menace que représente la candidature de l'UMP et donc de Nicolas Sarkozy. Nous ne sommes pas là simplement pour résister, pour empêcher ou pour écarter. Nous sommes là pour lever une espérance. Nous sommes là pour susciter l'enthousiasme, l'élan, l'engagement.
Mais il y a l'inquiétude, c'est vrai. Elle n'est pas liée au caractère ou à la personnalité du candidat Sarkozy, mais à sa politique, à son bilan. Il est le candidat qui, depuis cinq ans, a assumé les choix qui ont été faits avec Jacques Chirac, Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin.
Il est celui de la poursuite de la politique qui a échoué. Il veut concentrer les pouvoirs et démanteler l'essentiel de notre pacte social, aussi bien sur le plan de la santé que des services publics, des retraites, du droit du travail. Voilà son projet : avoir les mains libres pour exercer le pouvoir pour, ensuite, défaire ce qui nous unit tous. Voilà pourquoi nous devons aussi appeler tous ces électeurs qui ne veulent pas de cette société-là à faire le choix de Ségolène Royal.
Notre campagne va maintenant se démultiplier. Nous devons faire naître un mouvement citoyen qui va bien au-delà des socialistes et des partis qui se sont mobilisés derrière Ségolène Royal. C'est un rassemblement très large d'hommes et de femmes libres qui veulent servir leur pays, qui veulent se mobiliser pour changer la France et ne rien altérer de ce qui fait aujourd'hui notre capacité à vivre ensemble.
Ce mouvement, déjà, nous dépasse. C'est pourquoi il est maintenant un mouvement d'électeurs, de citoyens qui se rangeront, je l'espère, nombreux derrière Ségolène Royal pour faire la politique qui leur paraît être la meilleure pour eux-mêmes, pour leur pays et pour l'Europe.
Voilà le sens de ce combat-là. Nous considérons que la victoire est aujourd'hui possible.
Il faut donc maintenant aller plus loin et ce sont les électeurs qui vont avoir la parole. C'est à eux que nous nous adresserons. Nous avons confiance dans leur volonté de changement, dans leurs aspirations à une autre politique, à une autre façon de faire de la politique, à une rénovation de notre modèle démocratique. Nous sommes donc confiants dans l'issue du scrutin qui s'annonce."