Texte intégral
Mes chers amis, j'ai une bonne nouvelle pour vous : ce n'est pas un meeting. Vous n'allez pas avoir à supporter les discours que j'inflige à mes amis habituellement, tous les soirs, genre une heure, deux heures, deux heures vingt ! Cela vous fait plaisir, n'est-ce pas ?! Je le savais.
Ce n'est pas un meeting, c'est une rencontre amicale dans une ville que j'aime avec des gens que j'aime et avec des souvenirs que j'aime. Vous êtes ceux-là, amis de Rouen de la Normandie, qui donnent à cette rencontre tout son prix.
Je commence par dire cela. Je suis heureux et je vous remercie d'être si nombreux, par milliers et milliers, présents sur cette place. Merci d'avoir pris sur votre temps pour me dire votre soutien à la veille d'un choix crucial pour la France.
C'est une ville que j'aime, parce que c'est une ville chargée d'histoire et, pour moi, de souvenirs. C'est une ville que j'aime, parce que, vous le savez, Jean Lecanuet a été son maire et c'est un homme que je respectais, que j'admirais beaucoup. C'est un homme qui me faisait la confiance de son amitié, y compris dans les moments les plus difficiles de sa vie, y compris quand la maladie l'a emporté. Je n'ai jamais oublié que c'est avec lui que j'ai découvert la cathédrale, que c'est avec lui que j'ai découvert la croix de Jeanne d'Arc et qu'il m'a fait me balader des heures dans les rues de Rouen pour me montrer la fierté qu'il avait de sa ville.
C'est une ville dont le maire d'aujourd'hui Pierre Albertini est mon ami, pour qui j'ai admiration et estime. Il faut que vous sachiez que, au-delà d'être le maire de Rouen, c'est un des parlementaires les plus respectés de l'Assemblée Nationale et je veux lui dire avec vos applaudissements ma gratitude et mon amitié.
Je suis entouré de mes amis, ceux qui ont fait, avec moi, cette formidable campagne électorale et qui vont la faire encore, désormais, dans les deux semaines qui nous séparent du second tour.
Alors, je veux vous les présenter : Jean-Louis Bourlanges, député européen de cette circonscription, Philippe Augier, le maire de Deauville en Normandie ! En Normandie un jour réunifiée ! Catherine Morin-Desailly, sénateur et adjointe au maire de Rouen, Jacqueline Gourault, sénateur et présidente des Élus démocrates de toute la France, sénatrice du Loir-et-Cher et Pierre Albertini vous a dit ce matin que, en effet, les sondages publiaient, en cette fin de campagne, indiquaient que, pour les Français, la campagne que nous avions faite était la meilleure campagne et de très loin de tous ceux qui s'étaient présentés à cette élection et c'est à Marielle de Sarnez, qui est le directeur de campagne et député européen, qu'on le doit.
Je suis très fier de cette équipe. Ne vous trompez pas, c'est une équipe pour gouverner la France. C'est une équipe de gens nouveaux, de visages nouveaux, de qualités profondes et qui mérite la confiance des Français.
Alors, j'ai des messages très simples au moment où nous sommes, parce que, au fond... Comme j'ai été professeur dans ma vie, cela m'arrive de repérer des élèves agités là-haut !... Les messages à la fin d'une campagne deviennent très simples et je vais vous dire ce qu'est, pour moi, le message de fin de campagne que j'adresse à tous ceux, non pas parmi vous, mais parmi les Français, qui se posent encore des questions sur le sens de leur vote :
Pour moi, l'enjeu de cette élection, c'est le changement de la politique française. Cela fait vingt-cinq années que nous subissons une politique qui, en réalité, se solde par de cruels échecs que vous payez, vous-mêmes, dans votre famille, que vous payez dans l'inquiétude que vous avez pour vos enfants ou pour vos petits frères et petites soeurs, selon l'âge que vous avez. Ce sont les jeunes de notre pays qui paient le prix le plus lourd à l'incapacité ou à l'irresponsabilité qui a été celle des gouvernants depuis vingt-cinq ans.
Les deux partis qui ont gouverné la France depuis vingt-cinq ans, ensemble ou séparément, le Parti Socialiste ou l'UMP, ces deux partis, il ne faut pas qu'ils gardent le pouvoir en France.
Nous avons, maintenant, le moyen d'obtenir le changement et de leur enlever, pour les cinq années qui viennent, le pouvoir dont ils ont si mal usé, car si, par malheur, ils gardaient le pouvoir, l'un et l'autre, alors, vous retrouverez le même schéma que depuis vingt-cinq ans : un parti au pouvoir, un parti dans l'opposition, les uns toujours pour, les autres toujours contre.
Chaque fois que l'on prépare une réforme, le reste de la classe politique dit qu'elle est mauvaise. Chaque fois que ceux qui sont en responsabilité essaient de changer les choses, ils sont obligés de passer la marche arrière, parce qu'il n'y a personne pour les soutenir ou penser que l'intérêt général puisse être plus fort que l'intérêt partisan.
Pour moi, je veux que l'on restaure l'intérêt général dans notre pays et que l'on tourne la page sur les intérêts partisans et les divisions partisanes qui nous ont fait tant de mal.
Je le dis avec la certitude que le changement que je propose aux Français impose une nouvelle manière de se voir entre responsables politiques et, au fond, entre Français.
Je pense qu'il est nécessaire de travailler ensemble plutôt que de perpétuellement se faire la guerre entre étiquettes et partis et je sais que c'est nécessaire.
Bien entendu, chacun gardera ses opinions. Il y a des gens qui sont plutôt à droite, d'autres qui sont plutôt à gauche et il y a des gens qui sont au centre. C'est la tradition de chacun. Chacun a ses valeurs, toutes ces valeurs sont légitimes. Elles ont toutes fait l'histoire de France, mais ce n'est pas parce qu'on est différent ou parce qu'on pense un peu différemment, parce qu'on a des valeurs un peu différentes, ce n'est pas à cause de nos différences que nous ne pouvons pas travailler ensemble.
Nous pouvons travailler ensemble quand il s'agit de redresser le pays et c'est la même chose, vous le savez bien, dans les familles, dans les entreprises, dans la vie d'aujourd'hui. Plus personne ne songe à ne pouvoir vivre, travailler ou construire qu'avec des gens qui ont son étiquette.
Aujourd'hui, vous le savez bien, autour de la table de famille, les opinions, qui, hier, étaient uniques, ont beaucoup changé. Dans une classe, dans un groupe d'amis, on accepte volontiers d'avoir des opinions différentes. Dans une entreprise, on est bien obligé d'avoir des opinions différentes et, pourtant, tout le monde tire dans le même sens.
C'est exactement cela qu'est la situation de la France aujourd'hui. Pour moi, les problèmes du pays n'ont pas d'étiquette politique. L'emploi et le chômage, cela n'a pas d'étiquette politique.
On est obligé de réunir nos forces, pour que se crée, enfin, les emplois qui, pour l'instant, n'ont pas pu se créer, malgré le besoin que les entreprises en avaient et j'ai été très heureux qu'un sondage, parmi les patrons d'entreprises petites et moyennes, ait plébiscité, dans les Échos, l'idée de deux emplois sans charges pendant cinq ans que je propose à toutes les entreprises de France.
Ils ont dit : Cela, c'est une mesure qui nous permet de créer de l'emploi."
Alors, pour ceux qui ont une réflexion sur l'économie, cela permettra de réfléchir à une autre manière de répartir les charges de santé, d'assurance maladie, de retraite, sur les emplois. C'est une manière de réfléchir à cette TVA sociale que des gens évoquent et qui est un tout petit peu compliquée à mettre en place, parce que nous avons déjà, en France, la TVA la plus lourde de l'ensemble de l'Union européenne. Donc, je dis, avec une mesure simple comme cela, nous allons pouvoir vérifier si, oui ou non, ce que je crois, ce sont les charges qui ont empêché de créer beaucoup d'emplois en France.
L'emploi, ce n'est pas une question d'étiquette politique. L'éducation, je veux vous le dire, ce n'est pas une question d'étiquette politique. On a besoin d'apprendre à lire et à écrire à tous les enfants avant qu'ils n'entrent en sixième et ceci n'est pas une question d'étiquette politique. Lire et écrire, ce n'est pas de droite et ce n'est pas de gauche. On a besoin de réunir nos forces pour le faire. Il y a actuellement plus d'un enfant sur six qui n'y arrivent pas.
On a besoin de bâtir une vraie politique de lutte contre l'exclusion. Il y a trop de personnes au RMI, en France, qui ne peuvent pas s'en sortir, qui sont peu à peu marginalisées dans la population française, quelquefois contre leur gré, parce que, l'organisation de nos affaires sociales, c'est qu'il y a des avantages qui sont attachés au RMI que l'on perd quand on reprend un travail. C'est une absurdité complète. Avec moi, je veux que, si l'on reprend un travail, on y gagne et on n'y perd pas.
On a besoin de lutter tous ensemble pour bâtir une vraie politique contre le réchauffement de l'atmosphère et l'émission de gaz à effet de serre. J'ai signé le pacte écologique de Nicolas Hulot. Je l'ai encore eu au téléphone ce matin. Je mettrai en application les engagements que j'ai pris. Je suis heureux de l'avoir fait, la France a besoin d'être exemplaire du point de vue d'une politique écologique sérieuse et équilibrée et ceci n'est pas une affaire de droite et de gauche.
C'est pourquoi je suis si heureux d'avoir reçu l'aide et le soutien de Corinne Lepage pendant cette campagne électorale. Cela prouve que toutes ces bonnes volontés-là peuvent évidemment se mettre ensemble pour résoudre les problèmes du pays.
On a besoin, Pierre Albertini y faisait allusion, d'une réconciliation et, pour moi, c'est la réconciliation des Français avec l'Europe et de l'Europe avec la France. Il est nécessaire que cette fracture, qui s'est ouverte au mois de mai 2005, parce qu'on a mal mené les choses ou parce que le texte était illisible et que beaucoup de Français ont donc cru qu'il y avait un piège, il est nécessaire que l'idée européenne redevienne l'idée des citoyens français, parce que nous avons besoin de faire face à d'immenses problèmes du monde auxquels nous ne pourrons pas faire face tout seuls.
On ne pourra pas faire face tout seul à la mondialisation. On ne pourra pas faire face tout seul si l'on cherche un équilibre des relations avec la Chine. On ne pourra pas faire face tout seul si l'on veut s'occuper du développement, si nécessaire, de l'Afrique.
On ne peut pas abandonner l'Afrique à sa misère comme elle l'est aujourd'hui. On ne peut pas laisser ces peuples désemparés, abandonnés, n'ayant d'autres ressources, pour sauver leur vie, que l'émigration et venir chez nous. Et, à tous ceux qui se posent cette question -et Dieu sait qu'elle est si souvent accentuée ou attisée dans cette campagne- de ce qu'est une vraie politique de régulation de l'immigration, la vraie politique de régulation de l'immigration, c'est le développement de l'Afrique pour qu'ils puissent, ces femmes et ces hommes, vivre, travailler, nourrir et équiper leur continent.
Tout cela est un immense changement que nous avons à conduire.
Cela se décide dimanche. Tout le monde sait, désormais, qu'il y a, à droite, au centre, à gauche et chez les écologistes, des femmes et des hommes qui sont prêts à conduire cette politique ensemble. Je salue en particulier ce que Michel Rocard ou Bernard Kouchner ont dit de cette manière que nous pouvons un jour travailler ensemble, parce qu'il n'y a aucune raison de rester dans le sectarisme dans lequel nous vivons depuis des décennies.
Et, maintenant, vous connaissez la conclusion. Cela ne dépend plus que d'un seul choix, le vôtre. Cela dépend du choix que chacun des citoyens français va faire dimanche prochain. Je suis très heureux et très ému de lire, dans toutes les enquêtes, le soutien extraordinaire que les jeunes m'apportent, très nombreux, les jeunes étudiants, les jeunes salariés, les jeunes en recherche d'emploi, les jeunes dans leurs diversités, diversité d'origine, diversité d'identité, de religion, tout ce qui fait la diversité nécessaire dans un pays comme le nôtre. Je suis très ému de recevoir ce soutien.
Je sais quel est le soutien dans les quartiers et je sais quel est le soutien chez un grand nombre de tous ceux qui ont fait, depuis longtemps, l'expérience de ce que la situation que l'on a eue pendant trente ans avait fait de découragement dans le pays. Tous ceux qui veulent y croire à nouveaux sont là. Je suis persuadé qu'ils seront majoritaires dimanche prochain et majoritaires en majorité absolue le 6 mai.
Je suis persuadé que l'on a besoin, le peuple français a besoin de retrouver confiance dans la politique. Pour cela, il faut qu'il impose le changement qui est désormais à portée de la main. Pour cela, il faut qu'il impose une pratique politique qui permette aux gens de se respecter, de s'écouter, de vivre et de travailler ensemble.
Si je suis élu Président de la République, je consulterai régulièrement les grandes formations politiques du pays pour savoir quelle est leur opinion, leur avis et leur proposition sur les problèmes qui se posent à nous. Je ne serai pas dans l'idée qu'il n'y a que les uns qui ont raison et les autres qui ont tort. Il faut faire travailler les Français ensemble.
Je serai un président au milieu de vous. C'est le dernier mot que je voulais dire. J'ai vécu des mois de campagne formidables et ces mois de campagne ont été des mois de rencontres, pas des rencontres destinées aux objectifs de télévision ou de photographe, pas des rencontres en serrant les mains à la va vite comme beaucoup d'hommes politiques le font, comme peut-être il m'est, moi aussi, dans le passé, arrivé de le faire.
J'ai vécu chacun des instants de campagne électorale comme un chance formidable en regardant les yeux de ceux qui étaient en face de moi, en les considérant, non pas comme des électeurs, mais comme des citoyens, c'est-à-dire comme des femmes et des hommes qui auront, avec moi, la co-responsabilité de l'avenir de la France.
Je ne perdrai jamais -et, s'il m'arrivait de le faire, vous me rappelleriez à mes devoirs et à mes engagements- ce lien avec les Français, spécialement avec les Français les plus modestes, parce que, eux, n'ont pas de relations, n'ont pas de copains, n'ont pas de piston, n'ont pas de moyens, n'ont pas de défenseurs. Président de la République, je serai le défenseur de ceux qui n'ont pas de défenseurs.
Voyez-vous, à chaque élection, le peuple français impose une surprise. À chaque élection, le peuple français dément les pronostics. Pourquoi ? Parce que c'est le seul moyen pour lui de montrer qui est le patron.
Le patron, ce sont les citoyens et ce ne sont pas tous ceux qui veulent influencer leur opinion.
C'est la raison pour laquelle je suis certain que le résultat du dimanche 22 avril va donner un message de la part des Français à ceux qui, jusqu'à maintenant, les gouvernaient : "Vous nous avez mal gouvernés, vous ne nous avez pas respectés, vous ne méritez pas de garder le pouvoir, nous allons construire une nouvelle démocratie pour la France et ce sera le projet républicain qui s'imposera : 22 avril et 6 mai."
Merci de votre présence, merci de votre amitié. J'ai adoré faire cette campagne avec vous et je suis heureux que cette campagne s'achève à Rouen devant mes amis rouennais et normands. Merci à tous.
Vive la République et Vive la France !"source http://www.bayrou.fr, le 23 avril 2007
Ce n'est pas un meeting, c'est une rencontre amicale dans une ville que j'aime avec des gens que j'aime et avec des souvenirs que j'aime. Vous êtes ceux-là, amis de Rouen de la Normandie, qui donnent à cette rencontre tout son prix.
Je commence par dire cela. Je suis heureux et je vous remercie d'être si nombreux, par milliers et milliers, présents sur cette place. Merci d'avoir pris sur votre temps pour me dire votre soutien à la veille d'un choix crucial pour la France.
C'est une ville que j'aime, parce que c'est une ville chargée d'histoire et, pour moi, de souvenirs. C'est une ville que j'aime, parce que, vous le savez, Jean Lecanuet a été son maire et c'est un homme que je respectais, que j'admirais beaucoup. C'est un homme qui me faisait la confiance de son amitié, y compris dans les moments les plus difficiles de sa vie, y compris quand la maladie l'a emporté. Je n'ai jamais oublié que c'est avec lui que j'ai découvert la cathédrale, que c'est avec lui que j'ai découvert la croix de Jeanne d'Arc et qu'il m'a fait me balader des heures dans les rues de Rouen pour me montrer la fierté qu'il avait de sa ville.
C'est une ville dont le maire d'aujourd'hui Pierre Albertini est mon ami, pour qui j'ai admiration et estime. Il faut que vous sachiez que, au-delà d'être le maire de Rouen, c'est un des parlementaires les plus respectés de l'Assemblée Nationale et je veux lui dire avec vos applaudissements ma gratitude et mon amitié.
Je suis entouré de mes amis, ceux qui ont fait, avec moi, cette formidable campagne électorale et qui vont la faire encore, désormais, dans les deux semaines qui nous séparent du second tour.
Alors, je veux vous les présenter : Jean-Louis Bourlanges, député européen de cette circonscription, Philippe Augier, le maire de Deauville en Normandie ! En Normandie un jour réunifiée ! Catherine Morin-Desailly, sénateur et adjointe au maire de Rouen, Jacqueline Gourault, sénateur et présidente des Élus démocrates de toute la France, sénatrice du Loir-et-Cher et Pierre Albertini vous a dit ce matin que, en effet, les sondages publiaient, en cette fin de campagne, indiquaient que, pour les Français, la campagne que nous avions faite était la meilleure campagne et de très loin de tous ceux qui s'étaient présentés à cette élection et c'est à Marielle de Sarnez, qui est le directeur de campagne et député européen, qu'on le doit.
Je suis très fier de cette équipe. Ne vous trompez pas, c'est une équipe pour gouverner la France. C'est une équipe de gens nouveaux, de visages nouveaux, de qualités profondes et qui mérite la confiance des Français.
Alors, j'ai des messages très simples au moment où nous sommes, parce que, au fond... Comme j'ai été professeur dans ma vie, cela m'arrive de repérer des élèves agités là-haut !... Les messages à la fin d'une campagne deviennent très simples et je vais vous dire ce qu'est, pour moi, le message de fin de campagne que j'adresse à tous ceux, non pas parmi vous, mais parmi les Français, qui se posent encore des questions sur le sens de leur vote :
Pour moi, l'enjeu de cette élection, c'est le changement de la politique française. Cela fait vingt-cinq années que nous subissons une politique qui, en réalité, se solde par de cruels échecs que vous payez, vous-mêmes, dans votre famille, que vous payez dans l'inquiétude que vous avez pour vos enfants ou pour vos petits frères et petites soeurs, selon l'âge que vous avez. Ce sont les jeunes de notre pays qui paient le prix le plus lourd à l'incapacité ou à l'irresponsabilité qui a été celle des gouvernants depuis vingt-cinq ans.
Les deux partis qui ont gouverné la France depuis vingt-cinq ans, ensemble ou séparément, le Parti Socialiste ou l'UMP, ces deux partis, il ne faut pas qu'ils gardent le pouvoir en France.
Nous avons, maintenant, le moyen d'obtenir le changement et de leur enlever, pour les cinq années qui viennent, le pouvoir dont ils ont si mal usé, car si, par malheur, ils gardaient le pouvoir, l'un et l'autre, alors, vous retrouverez le même schéma que depuis vingt-cinq ans : un parti au pouvoir, un parti dans l'opposition, les uns toujours pour, les autres toujours contre.
Chaque fois que l'on prépare une réforme, le reste de la classe politique dit qu'elle est mauvaise. Chaque fois que ceux qui sont en responsabilité essaient de changer les choses, ils sont obligés de passer la marche arrière, parce qu'il n'y a personne pour les soutenir ou penser que l'intérêt général puisse être plus fort que l'intérêt partisan.
Pour moi, je veux que l'on restaure l'intérêt général dans notre pays et que l'on tourne la page sur les intérêts partisans et les divisions partisanes qui nous ont fait tant de mal.
Je le dis avec la certitude que le changement que je propose aux Français impose une nouvelle manière de se voir entre responsables politiques et, au fond, entre Français.
Je pense qu'il est nécessaire de travailler ensemble plutôt que de perpétuellement se faire la guerre entre étiquettes et partis et je sais que c'est nécessaire.
Bien entendu, chacun gardera ses opinions. Il y a des gens qui sont plutôt à droite, d'autres qui sont plutôt à gauche et il y a des gens qui sont au centre. C'est la tradition de chacun. Chacun a ses valeurs, toutes ces valeurs sont légitimes. Elles ont toutes fait l'histoire de France, mais ce n'est pas parce qu'on est différent ou parce qu'on pense un peu différemment, parce qu'on a des valeurs un peu différentes, ce n'est pas à cause de nos différences que nous ne pouvons pas travailler ensemble.
Nous pouvons travailler ensemble quand il s'agit de redresser le pays et c'est la même chose, vous le savez bien, dans les familles, dans les entreprises, dans la vie d'aujourd'hui. Plus personne ne songe à ne pouvoir vivre, travailler ou construire qu'avec des gens qui ont son étiquette.
Aujourd'hui, vous le savez bien, autour de la table de famille, les opinions, qui, hier, étaient uniques, ont beaucoup changé. Dans une classe, dans un groupe d'amis, on accepte volontiers d'avoir des opinions différentes. Dans une entreprise, on est bien obligé d'avoir des opinions différentes et, pourtant, tout le monde tire dans le même sens.
C'est exactement cela qu'est la situation de la France aujourd'hui. Pour moi, les problèmes du pays n'ont pas d'étiquette politique. L'emploi et le chômage, cela n'a pas d'étiquette politique.
On est obligé de réunir nos forces, pour que se crée, enfin, les emplois qui, pour l'instant, n'ont pas pu se créer, malgré le besoin que les entreprises en avaient et j'ai été très heureux qu'un sondage, parmi les patrons d'entreprises petites et moyennes, ait plébiscité, dans les Échos, l'idée de deux emplois sans charges pendant cinq ans que je propose à toutes les entreprises de France.
Ils ont dit : Cela, c'est une mesure qui nous permet de créer de l'emploi."
Alors, pour ceux qui ont une réflexion sur l'économie, cela permettra de réfléchir à une autre manière de répartir les charges de santé, d'assurance maladie, de retraite, sur les emplois. C'est une manière de réfléchir à cette TVA sociale que des gens évoquent et qui est un tout petit peu compliquée à mettre en place, parce que nous avons déjà, en France, la TVA la plus lourde de l'ensemble de l'Union européenne. Donc, je dis, avec une mesure simple comme cela, nous allons pouvoir vérifier si, oui ou non, ce que je crois, ce sont les charges qui ont empêché de créer beaucoup d'emplois en France.
L'emploi, ce n'est pas une question d'étiquette politique. L'éducation, je veux vous le dire, ce n'est pas une question d'étiquette politique. On a besoin d'apprendre à lire et à écrire à tous les enfants avant qu'ils n'entrent en sixième et ceci n'est pas une question d'étiquette politique. Lire et écrire, ce n'est pas de droite et ce n'est pas de gauche. On a besoin de réunir nos forces pour le faire. Il y a actuellement plus d'un enfant sur six qui n'y arrivent pas.
On a besoin de bâtir une vraie politique de lutte contre l'exclusion. Il y a trop de personnes au RMI, en France, qui ne peuvent pas s'en sortir, qui sont peu à peu marginalisées dans la population française, quelquefois contre leur gré, parce que, l'organisation de nos affaires sociales, c'est qu'il y a des avantages qui sont attachés au RMI que l'on perd quand on reprend un travail. C'est une absurdité complète. Avec moi, je veux que, si l'on reprend un travail, on y gagne et on n'y perd pas.
On a besoin de lutter tous ensemble pour bâtir une vraie politique contre le réchauffement de l'atmosphère et l'émission de gaz à effet de serre. J'ai signé le pacte écologique de Nicolas Hulot. Je l'ai encore eu au téléphone ce matin. Je mettrai en application les engagements que j'ai pris. Je suis heureux de l'avoir fait, la France a besoin d'être exemplaire du point de vue d'une politique écologique sérieuse et équilibrée et ceci n'est pas une affaire de droite et de gauche.
C'est pourquoi je suis si heureux d'avoir reçu l'aide et le soutien de Corinne Lepage pendant cette campagne électorale. Cela prouve que toutes ces bonnes volontés-là peuvent évidemment se mettre ensemble pour résoudre les problèmes du pays.
On a besoin, Pierre Albertini y faisait allusion, d'une réconciliation et, pour moi, c'est la réconciliation des Français avec l'Europe et de l'Europe avec la France. Il est nécessaire que cette fracture, qui s'est ouverte au mois de mai 2005, parce qu'on a mal mené les choses ou parce que le texte était illisible et que beaucoup de Français ont donc cru qu'il y avait un piège, il est nécessaire que l'idée européenne redevienne l'idée des citoyens français, parce que nous avons besoin de faire face à d'immenses problèmes du monde auxquels nous ne pourrons pas faire face tout seuls.
On ne pourra pas faire face tout seul à la mondialisation. On ne pourra pas faire face tout seul si l'on cherche un équilibre des relations avec la Chine. On ne pourra pas faire face tout seul si l'on veut s'occuper du développement, si nécessaire, de l'Afrique.
On ne peut pas abandonner l'Afrique à sa misère comme elle l'est aujourd'hui. On ne peut pas laisser ces peuples désemparés, abandonnés, n'ayant d'autres ressources, pour sauver leur vie, que l'émigration et venir chez nous. Et, à tous ceux qui se posent cette question -et Dieu sait qu'elle est si souvent accentuée ou attisée dans cette campagne- de ce qu'est une vraie politique de régulation de l'immigration, la vraie politique de régulation de l'immigration, c'est le développement de l'Afrique pour qu'ils puissent, ces femmes et ces hommes, vivre, travailler, nourrir et équiper leur continent.
Tout cela est un immense changement que nous avons à conduire.
Cela se décide dimanche. Tout le monde sait, désormais, qu'il y a, à droite, au centre, à gauche et chez les écologistes, des femmes et des hommes qui sont prêts à conduire cette politique ensemble. Je salue en particulier ce que Michel Rocard ou Bernard Kouchner ont dit de cette manière que nous pouvons un jour travailler ensemble, parce qu'il n'y a aucune raison de rester dans le sectarisme dans lequel nous vivons depuis des décennies.
Et, maintenant, vous connaissez la conclusion. Cela ne dépend plus que d'un seul choix, le vôtre. Cela dépend du choix que chacun des citoyens français va faire dimanche prochain. Je suis très heureux et très ému de lire, dans toutes les enquêtes, le soutien extraordinaire que les jeunes m'apportent, très nombreux, les jeunes étudiants, les jeunes salariés, les jeunes en recherche d'emploi, les jeunes dans leurs diversités, diversité d'origine, diversité d'identité, de religion, tout ce qui fait la diversité nécessaire dans un pays comme le nôtre. Je suis très ému de recevoir ce soutien.
Je sais quel est le soutien dans les quartiers et je sais quel est le soutien chez un grand nombre de tous ceux qui ont fait, depuis longtemps, l'expérience de ce que la situation que l'on a eue pendant trente ans avait fait de découragement dans le pays. Tous ceux qui veulent y croire à nouveaux sont là. Je suis persuadé qu'ils seront majoritaires dimanche prochain et majoritaires en majorité absolue le 6 mai.
Je suis persuadé que l'on a besoin, le peuple français a besoin de retrouver confiance dans la politique. Pour cela, il faut qu'il impose le changement qui est désormais à portée de la main. Pour cela, il faut qu'il impose une pratique politique qui permette aux gens de se respecter, de s'écouter, de vivre et de travailler ensemble.
Si je suis élu Président de la République, je consulterai régulièrement les grandes formations politiques du pays pour savoir quelle est leur opinion, leur avis et leur proposition sur les problèmes qui se posent à nous. Je ne serai pas dans l'idée qu'il n'y a que les uns qui ont raison et les autres qui ont tort. Il faut faire travailler les Français ensemble.
Je serai un président au milieu de vous. C'est le dernier mot que je voulais dire. J'ai vécu des mois de campagne formidables et ces mois de campagne ont été des mois de rencontres, pas des rencontres destinées aux objectifs de télévision ou de photographe, pas des rencontres en serrant les mains à la va vite comme beaucoup d'hommes politiques le font, comme peut-être il m'est, moi aussi, dans le passé, arrivé de le faire.
J'ai vécu chacun des instants de campagne électorale comme un chance formidable en regardant les yeux de ceux qui étaient en face de moi, en les considérant, non pas comme des électeurs, mais comme des citoyens, c'est-à-dire comme des femmes et des hommes qui auront, avec moi, la co-responsabilité de l'avenir de la France.
Je ne perdrai jamais -et, s'il m'arrivait de le faire, vous me rappelleriez à mes devoirs et à mes engagements- ce lien avec les Français, spécialement avec les Français les plus modestes, parce que, eux, n'ont pas de relations, n'ont pas de copains, n'ont pas de piston, n'ont pas de moyens, n'ont pas de défenseurs. Président de la République, je serai le défenseur de ceux qui n'ont pas de défenseurs.
Voyez-vous, à chaque élection, le peuple français impose une surprise. À chaque élection, le peuple français dément les pronostics. Pourquoi ? Parce que c'est le seul moyen pour lui de montrer qui est le patron.
Le patron, ce sont les citoyens et ce ne sont pas tous ceux qui veulent influencer leur opinion.
C'est la raison pour laquelle je suis certain que le résultat du dimanche 22 avril va donner un message de la part des Français à ceux qui, jusqu'à maintenant, les gouvernaient : "Vous nous avez mal gouvernés, vous ne nous avez pas respectés, vous ne méritez pas de garder le pouvoir, nous allons construire une nouvelle démocratie pour la France et ce sera le projet républicain qui s'imposera : 22 avril et 6 mai."
Merci de votre présence, merci de votre amitié. J'ai adoré faire cette campagne avec vous et je suis heureux que cette campagne s'achève à Rouen devant mes amis rouennais et normands. Merci à tous.
Vive la République et Vive la France !"source http://www.bayrou.fr, le 23 avril 2007