Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France et candidat à l'élection présidentielle de 2007, à "L'Est républicain" du 12 avril 2007, sur son positionnement au cours de la campagne électorale ("la droite patriotique") et sur la préférence communautaire.

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Média : L'Est républicain

Texte intégral

Q- Aux dernières européennes, en 1999, vous aviez réalisé 13 % des suffrages. Or, aujourd'hui les sondages vous créditent entre 1 et 2 %, comment expliquez-vous ce désamour ?
R- Je ne réponds pas aux questions sur les sondages, je ne m'intéresse qu'aux suffrages. Je pense que les Français choisiront le patriotisme.
Q- Pourquoi seriez-vous plus patriote que d'autres ?
R- Parce que je mets la France avant l'Europe et que les autres mettent l'Europe avant la France. Le patriotisme est la seule réponse aux penchants idéologiques qui font mourir notre pays, la seule réponse au mondialisme qui impose toujours moins de frontière, moins de protection et moins de liberté des peuples. Le patriotisme est la seule réponse au socialisme et au communautarisme.
Q- Qu'est ce qui vous différencie de Nicolas Sarkozy et de Jean-Marie Le Pen ?
R- J'incarne la droite patriotique de gouvernement. La droite parce que je refuse le retour de la gauche qui serait une catastrophe pour notre pays. Patriotique parce que je ne partage pas l'euromondialisme de Royal, Sarkozy, Bayrou. Je ne veux pas, par exemple, du mini traité de Nicolas Sarkozy qui sera une reprise de la constitution. Et de gouvernement parce que plus le vote Villiers sera important, plus les idées qu'il représente pèseront lourd. Un référendum sur l'euro.
Q- Justement, que proposez-vous ?
R- Trois choses : une protection européenne, douanière, monétaire et fiscale de nos emplois pour mettre fin à l'hémorragie des délocalisations.
Q- Une protection qui passe par l'Europe ?
R- En partie par l'Europe et en partie par le patriotisme économique national. Je veux une protection douanière européenne fondée sur la réciprocité des droits de douane et le droit compensateur par rapport aux normes environnementales et sociales.
Q- Cela signifie que si la Chine impose 30 % de droits de douane, il faut appliquer 30 % aussi pour les produits chinois ?
R- Exactement. De même quand l'Inde fabrique des produits vendus chez nous en faisant travailler des enfants en situation d'esclavage, il faut faire jouer des droits compensateurs par rapport à nos entreprises qui respectent les normes sociales de l'Organisation internationale du travail ou le protocole de Kyoto.
Q- Votre deuxième mesure ?
R- Une protection monétaire avec un euro faible et non pas, comme aujourd'hui, un euro fort qui plombe nos exportations. Il faut placer la banque centrale européenne devant ses responsabilités et mettre la monnaie au service de l'économie et non l'inverse. Si, dans les trois mois, la Banque centrale n'obtempère pas, je proposerai un référendum pour sortir de l'euro.
Q- Votre troisième mesure ?
R- Une protection fiscale : que les cotisations sociales des PME françaises soient transférées vers les importateurs.
Q- C'est aussi une manière de lutter contre le chômage ?
R- Oui, naturellement. Nous sommes devant une situation terrible où nous perdons nos agriculteurs, nos PME et nos centres de recherches qui partent en Chine. Quand Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy disent qu'il faut valoriser le travail, je réponds pourquoi pas, mais le travail... il part en Chine.
Q- Que pensez-vous de l'indemnité de 8,5 millions d'euros accordée à Noël Forgeard, l'ancien patron d'Airbus ?
R- Ça me choque profondément. Elle est le symbole de ces multinationales où il n'y a plus d'harmonie entre le travail et le capital. Le travail part en Chine et le capital prospère à la bourse.
Q- Supprimer les 35 h Vous dites qu'il faut protéger de l'extérieur et libérer à l'intérieur ?
R- Cela signifie libérer la durée du travail en supprimant les 35 heures, baisser les charges sur les PME de 50 % et leur donner un libre accès aux marchés publics.
Q- Sur le plan des moeurs et de la société ?
R- Je préconise un renouveau des repères physiques et moraux de la société : la famille plutôt que le mariage homosexuel, l'école du mérite plutôt que l'école du laxisme et la réaffirmation de l'autorité de l'Etat face au communautarisme, notamment islamique.
Q- Au 2e tour, appellerez-vous à voter Sarkozy ?
R- Ne volez pas aux Français leur 1er tour. Mais je constate depuis des années que la droite fait une campagne de droite et mène ensuite une politique de gauche. Le vote Villiers permettra de garantir que demain la droite au pouvoir fera une politique de droite. Philippe de Villiers participera demain, vendredi 13 avril, à 20 h, à un dîner-débat au Palais des congrès de Nancy.
Source http://www.pourlafrance.fr, le 12 avril 2007