Interview de M. Gérard Schivardi, candidat à l'élection présidentielle 2007, à "l'Yonne Républicaine" le 9 avril 2007, sur ses propositions concernant les territoires ruraux et sur son attitude par rapport à l'Union européenne.

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Média : L'Yonne républicaine

Texte intégral

1- Vous vous dites socialiste, et c'est le Parti des travailleurs, formation vraiment très loin du Parti socialiste, qui vous soutient. Comment l'expliquez-vous ?
R - Je suis Socialiste républicain. Je suis parti en campagne pour la défense des 36 000 communes face à l'intercommunalité forcée, pour la défense et la reconquête des services publics, pour la défense de la République laïque, une et indivisible, pour la rupture avec l'Union européenne.
Le Parti des travailleurs, qui partage ces exigences, a décidé de me soutenir.
2- Quelle sera votre attitude entre les deux tours? Appel à voter pour un des deux candidats en lice, appel pour faire barrage à la droite, ou liberté totale pour vos électeurs ?
R - Je réunirai les maires qui ont été à l'origine de ma candidature et ceux qui, depuis m'ont apporté leur soutien. Nous déterminerons collectivement l'attitude à avoir.J'ai dit, dès l'annonce de ma candidature, que j'étais prêt à me retirer si un autre candidat se prononçait pour la rupture avec l'Union européenne.
3- Des maires vous soutiennent et vous semblez représenter ou incarner les préoccupations d'un certain nombre d'entre eux. Mais pourquoi cet acharnement à globaliser en vous présentant comme le candidat des maires, ce qui ne correspond pas complètement à la réalité ? N'assumez-vous pas d'être soutenu par le Parti des travailleurs ?
R - Que cela plaise ou non, je suis entouré de nombreux maires, car j'ai été à l'initiative en 2002 de la création d'un mouvement de défense des communes françaises et des services publics.C'est à la suite d'une manifestation à Paris, le 18 novembre 2006, qui a réuni plus de 10 000 personnes, que j'ai été investi comme candidat à l'élection présidentielle.
A la suite d'une action de responsables de l'Association des maires de France (AMF), la justice a décidé que je ne pouvais pas dire que je suis candidat « des » maires mais candidat « de » maires. Je ne commenterai pas cette décision de justice. Mais cela m'oblige à modifier mon matériel électoral : tracts, affiches et professions de foi. Cela me coûte 320 000 euros. Le Parti des travailleurs, qui soutient ma candidature, m'aide à lever cet argent.
4- Quel est votre programme, quelles sont vos propositions concrètes, pour les territoires ruraux et notamment en matière de services publics ?
R - Une commune, c'est au moins une mairie, une poste et une école. On nous a enlevé la Poste, maintenant l'école. Il n'y a donc plus vraiment de commune.
Tous les services publics, plus généralement, dans les campagnes comme dans les villes, sont en train d'être détruits en application des directives européennes qui, au nom de la « libre concurrence », exigent la privatisation. Je suis donc pour la reconquête des services publics et l'abrogation de toutes les directives européennes.
5- Vos propositions en matière économique et sociale, diffèrent-elles de celles des autres candidats d'extrême gauche (quid de l'interdiction des licenciements? Du contrôle de la gestion des entreprises par les salariés ?).
R - Je ne me considère pas « d'extrême gauche ». Je constate que tous les candidats qui se disent « d'extrême gauche » ne sont pas pour la rupture avec l'Union européenne.
Je suis favorable à une renationalisation de nombreux secteurs. Par exemple, les citoyens français ont payé l'installation et le développement de grandes entreprises comme EDF, GDF, la SNCF, les banques, les autoroutes.Et puis l'Etat a bradé ces belles entreprises à des investisseurs privés qui ramassent des milliards d'euros sur notre dos. Je dis qu'il faut qu'il y ait un retour sur investissement pour les citoyens. Cet argent nous permettra de remettre le système en ordre.
6- Vous prônez une rupture avec l'Union européenne. Comment l'envisagez-vous concrètement ?
R - Pour sortir de l'Union européenne, il faut qu'une Assemblée constituante soit convoquée et prenne cette décision politique. La France redeviendra alors un pays autonome, libre de ses décisions, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. En 1789, on s'est libéré de la monarchie, non ? Je crois que la France doit sortir de l'Union européenne. De nombreux pays attendent ce geste pour nous suivre. Sinon, ce sera le chaos.
Je suis partisan d'une Europe où chacun reste indépendant, car l'Union européenne est en train de nous ruiner. Un exemple que je connais bien : la viticulture. Bruxelles a demandé l'arrachage de 400 000 hectares de vignes alors que les vins étrangers entrent chez nous. Au lieu d'arracher la vigne, redynamisons ce secteur faisons la promotion de nos vins et on les vendra. Or, la profession est à l'agonie dans nos régions méridionales. Deux viticulteurs se sont suicidés dans mon canton. Le Crédit agricole a octroyé des prêts en prenant des garanties sur les parents ou les grands parents.Maintenant que les parents sont ruinés, on vient saisir leurs biens. Ce sont des situations insupportables.
7- Vous voulez renationaliser Airbus et des secteurs-clés de l'industrie. Comment comptez-vous financer de telles mesures ?
R - Je compte récupérer les 175 milliards d'euros que les pouvoirs publics ont donné aux grandes entreprises sous forme d'exonération de cotisation sociales. Les petits porteurs seront normalement indemnisés. Mais les grands groupes financiers, les fonds de pension n'auront rien. Encore une fois, si la France commence, tous les pays européens vont suivre. Et tout ira mieux. Si les gens ont un travail, un toit, l'accès à la santé, il n'y aura plus de délinquance.Source http://www.schivardi2007.com, le 10 avril 2007