Interview de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, à France info le 26 avril 2007, sur son engagement aux côtés de Nicolas Sarkozy pour la fin de la campagne électorale et sur le bilan de son action comme Premier ministre, notamment en matière d'emploi.

Prononcé le

Média : France Info

Texte intégral

O. de Lagarde.- Bonjour D. de Villepin.
 
R.- Bonjour.
 
Q.- Merci d'avoir choisi France Info pour vous exprimer...
 
R.- Merci de m'accueillir.
 
Q.- ...D'autant que votre parole a été un petit rare ces derniers temps. Vous avez été très discret durant cette campagne présidentielle. C'est un choix délibéré ?
 
R.- Vous savez je pense que dans une campagne présidentielle, chacun doit être à sa place. On a entendu les candidats et c'est bien normal. Le chef du gouvernement a eu l'occasion de batailler tout au long de ces deux dernières années. Dans mes fonctions de chef du Gouvernement, il est normal qu'on m'ait moins entendu au cours des dernières semaines.
 
Q.- La question qu'on se pose c'est celle de votre éventuelle participation à un meeting aux côtés de N. Sarkozy. Ca pourrait être dimanche, c'est vrai, c'est fait ?
 
R.- Ce sera dimanche à Bercy, tout à fait, je serai dimanche à Bercy avec N. Sarkozy.
 
Q.- Alors vous serez à Bercy, vous vous exprimerez ?
 
R.- Vous savez ça ce n'est pas moi qui organise le meeting de campagne...
 
Q.- Oh vous pouvez avoir un avis ?
 
R.- La règle de ces meetings c'est bien sûr que le candidat puisse s'exprimer et dire tout à loisir ce qu'il propose aux Français, et c'est bien ça qui est attendu. Donc je serai ravi d'être à cette occasion avec l'ensemble de ma famille politique rassemblée. J'insiste sur ce terme de « rassemblée » parce que dans le temps de la politique, il est très important de pouvoir être le mieux à même de répondre à l'ambition des Français et c'est pour moi un motif de fierté que d'avoir une famille politique qui s'est rassemblée suffisamment tôt pour pouvoir être aujourd'hui uniquement à l'écoute des Français et uniquement soucieuse de répondre à ses préoccupations. Ce qui explique peut-être que N. Sarkozy soit aujourd'hui le mieux à même de formaliser des propositions pour la France et pour les Français. Je prendrais deux exemples : la vision - elle s'appuie sur des valeurs, elle s'appuie aussi sur une volonté de changement ; nous le savons tous, il y a beaucoup à faire pour moderniser encore la France, nous avons réussi à planter un décor, à améliorer les choses où il faut aller plus loin. Eh bien à partir de là, nous pouvons construire. Deuxième élément qui me parait très important c'est la volonté d'une action équilibrée de N. Sarkozy, quand il insiste sur ce triptyque : croissance, travail, investissement, il montre bien que sur chacun de ces domaines il faut avancer et avoir une crédibilité. Et enfin il propose un calendrier, je crois que c'est très important d'être capable de dire aux Français quand on fera les choses et comment. Indiquer la volonté de négocier, d'engager une négociation sociale avec les partenaires sociaux sur des sujets aussi importants que l'égalité salariale, la flexi-sécurité, les conditions de travail, on voit bien à quel point le travail est au coeur de son projet. C'est important aussi de respecter les engagements qui ont été pris en matière d'environnement et, de ce point de vue, le Grenelle de l'environnement qui est proposé me paraît être un enjeu tout à fait essentiel. Et enfin, répondre à l'ambition européenne parce que de ce point de vue, nous devons, nous Français, qui avons été responsable d'un arrêt dans la machine européenne nous devons être à même de contribuer les premiers au redémarrage de l'Europe.
 
Q.- D. de Villepin, juste un petit mot sur ce meeting de Bercy. C'est N. Sarkozy qui vous a demandé d'y participer ou c'est vous qui en avait fait la proposition ?
 
R.- C'est extraordinaire de voir comment le jeu politique peut-être amené en permanence à des questions politiciennes. C'est tout naturel : ma famille politique se rassemble dimanche, tout le monde est présent à l'occasion de ce deuxième tour. Eh bien je serai naturellement présent, c'est ma responsabilité de chef du Gouvernement. Il y a quelques satisfactions pour un chef du Gouvernement qui s'était fixé comme premier objectif de ne pas reconnaître à nouveau un 21 avril. Je souhaitais que le débat démocratique puisse reprendre tous ses droits, je souhaitais que l'action politique puisse reprendre tous ses droits. Aujourd'hui, je suis un Premier ministre heureux de voir que sa famille politique est en tête, de voir qu'elle est rassemblée et de voir que les Français croient en l'action politique. Il suffit de regarder la mobilisation du premier tour, 84 % de participation, je crois que c'est un grand succès pour la politique, pour la démocratie, pour notre pays.
 
Q.- Et pour la suite, D. de Villepin, comment évaluez-vous les chances de N. Sarkozy au second tour ?
 
R.- Je l'ai dit, je crois qu'aujourd'hui il est celui qui offre la réponse la plus mûrie, la plus réfléchie et donc la plus crédible. Vous savez en politique, il n'y pas de mystère : l'expérience, cela pèse, cela compte ; le fait de connaître des dossiers, le fait d'être aux affaires, le fait d'avoir l'expérience internationale, nationale sur des sujets aussi différents que les problèmes intérieurs ou les problèmes économiques, cela peut faire la différence. Le fait aussi de bénéficier d'une logique de rassemblement de l'ensemble d'une famille, d'un grand mouvement populaire, on l'a vu avec le premier tour, c'est aussi un atout, cela permet de se sortir de la gangue politicienne. Quand je regarde la gauche, qu'est-ce que je vois ? Je vois beaucoup d'impréparation, et je me dis que décidément pendant cinq ans, la gauche ne s'est pas mobilisée autour de la réponse aux préoccupations des Français, autour des grandes questions...
 
Q.- Et quand vous regardez le centre ?
 
R.- Ou pour des grandes questions qui se posent à la France, donc je crois que de ce point de vue N. Sarkozy a un temps d'avance.
 
Q.- Et quand vous regardez le centre, F. Bayrou qui...
 
R.- Je suis, là aussi, un petit peu stupéfait des débats qui s'organisent. Vous savez, je crois qu'il ne faut pas confondre les choses, je crois que le débat est un peu confus aujourd'hui sur ce qui s'est passé au premier tour de l'élection présidentielle. Qu'est-ce qui s'est passé ? Ce n'est pas le centre qui tout à coup s'est affirmé à travers F. Bayrou à un score supérieur à ce qu'il faisait davantage. C'est qu'il y a tout simplement un changement en profondeur de la politique française. Là où la variable d'ajustement entre la droite et la gauche était les extrêmes, l'extrême droite et l'extrême gauche, la variable d'ajustement aujourd'hui est le centre. Qu'est-ce que ça veut dire ? Et bien ça veut tout simplement dire que les Français croient plus en la politique, qu'ils croient à la volonté d'agir et qu'ils se mobilisent pour le changement. Je ne crois pas du tout que le vote qui se soit exprimé au centre soit un vote d'adhésion. C'est un vote qui est un vote d'opportunité. Cela ne veut pas du tout dire qu'aux législatives ou que par la suite le centre retrouvera les mêmes scores.
 
[2ème Partie]
 
Q.- Toujours avec le Premier ministre, D. de Villepin. Vous allez bientôt quitter Matignon, après deux ans passés à la tête du Gouvernement. Vous êtes dans quel état d'esprit ?
 
R.- Un état d'esprit merveilleusement serein, soucieux de maximiser toutes les chances qui sont celles de ma famille et de N. Sarkozy pour le deuxième tour, car pour moi c'est bien sûr l'achèvement le plus important, faire en sorte que ma famille politique, que N. Sarkozy puisse l'emporter au deuxième tour. Cela veut dire que nous aurons réussi à transformer profondément les choses lors de ces deux dernières années. Quand je suis arrivé en 2005, c'était sur les bases d'un "non" au référendum. Personne à l'époque ne pensait que nous pouvions l'emporter aux élections présidentielles. Donc je crois qu'il y a une logique d'action, qu'il y a une logique de travail, qu'il y a une logique de rassemblement qui fait son effet et je pense en plus qu'il y a une génération nouvelle qui est née en politique, qui a vocation à s'affirmer.
 
Q.- Mais qu'est-ce que vous aimeriez qu'on retienne de vote bilan ?
 
R.- Des choses simples, vous savez moi je suis entré en politique dans des circonstances très particulières à la demande du président de la République, J. Chirac, et avec à la fois une exigence d'action et une exigence de fidélité. Je crois avoir satisfait à ces deux obligations que je m'étais fixées. Exigence d'actions, j'ai dirigé un gouvernement de missions qui s'est fixé un objectif : faire baisser le chômage. En deux ans, nous aurons fait baisser le chômage de deux points, là où en Grande-Bretagne le chômage a baissé en 10 ans de trois points.
 
Q.- On va s'arrêter sur ce point parce que vous savez qu'il y a une polémique, depuis quelques mois...
 
R.- Il y a toujours eu des polémiques dans notre pays.
 
Q.-...Autour des chiffres de ce chômage. Des statisticiens contestent la réalité de la baisse. Est-ce qu'on ne peut pas avoir des doutes quand même sur ces chiffres ?
 
R.- On ne peut pas avoir de doutes sur les chiffres comparés aux chiffres précédents. On peut mettre en cause, dans l'absolu, la nature de la mesure du chômage et dire que le chômage se situe à un degré plus ou moins élevé. On ne peut pas nier que le chômage a baissé de deux points au cours des deux dernières années. La tendance à la baisse elle est incontestable. Pourquoi ? Parce que l'instrument de mesure du chômage n'a pas changé. Alors on peut toujours dire qu'on devrait prendre en compte X, Y ou Z, la réalité de la baisse elle est absolument incontestable. Et vous savez il y a des indications qui ne trompent pas, la modernisation du service public de l'emploi, la mise en place de tout l'attirail des différents contrats susceptibles d'apporter des réponses à nos compatriotes, l'amélioration du climat général dans notre pays, ça se sont des choses tangibles, mesurables, tous ceux qui recherchent un emploi, tous ceux qui vont dans les ANPE savent aujourd'hui que la situation n'est pas la même qu'il y a deux ans. Donc c'est un travail considérable qui a été fait, il faut bien sûr le porter plus loin. N. Sarkozy veut faire passer la situation du chômage en France de 8 % à 5 % et il a raison, ce sont les conditions d'un plein emploi, et pour cela il mise sur quelque chose d'essentiel : le travail. Le travail pas uniquement pour donner un travail à chacun mais pour faire en sorte que chacun soit heureux dans son travail. On le sait tous : pour gagner un point de croissance en plus, ce point de croissance dont nous avons besoin pour véritablement répondre aux préoccupations des Français, il faut que chacun parte au travail avec davantage de motivations, davantage d'appétit et davantage de satisfactions. Et le fait de mettre sur la table, dès son arrivée à l'Elysée, de mettre sur la table un certain nombre de chantiers comme l'amélioration des conditions de travail, la flexi-sécurité, parce qu'on travaille mieux quand on a davantage de sécurité, l'égalité salariale, je crois que ce sont des dossiers tout à fait centraux, la démocratie sociale aussi, des sujets centraux qui permettront à notre pays de repartir encore davantage vers une situation meilleure.
 
Q.- Les chiffres du mois dernier de l'emploi doivent être publiés ce soir. Vous avez une petite idée de ce qu'ils seront ?
 
R.- J'ai une petite idée du travail que nous avons fait. Donc je pense que le travail paye, donc je souhaite, et ardemment bien sûr, et j'imagine que ces chiffres iront dans le bon sens.
 
Q.- Vous imaginez seulement où vous le savez ?
 
R.- Non, j'imagine seulement parce que vous savez, ce sont des chiffres qui ne sont pas faits par le Gouvernement. Ce sont des chiffres qui sont indépendants, qui sont calculés de façon totalement indépendante par nos organismes statistiques. Donc je découvrirai, comme tout le monde, les chiffres du chômage.
 
Q.- Alors l'emploi, je vous entendais, c'est votre fierté. Parlons de ce qui s'est peut-être moins bien passé : l'échec du CPE ça restera votre pire souvenir à Matignon ?
 
R.- Non pas du tout, pas du tout parce que je crois qu'en politique, il faut aller jusqu'au bout de la mission qu'on vous a confiée. Moi je ne suis pas quelqu'un qui calcule, il est évident que si j'avais eu des arrière-pensées, j'aurais peut-être renoncé à faire certaines choses. Je crois qu'il faut répondre aux problèmes des Français et j'ai mis sur la table un problème majeur qui est celui de la situation des jeunes en matière d'emploi. J'étais le premier Premier ministre à dire qu'il y avait une situation inacceptable faite aux jeunes dans notre pays. Alors le CPE n'a pas été compris alors même que le contrat "Nouvelles Embauches" avait montré ses effets. Personnellement, je le regrette profondément. Quand on a un outil qui marche, un outil qui par ailleurs ne coûte pas un euro à la collectivité nationale, un outil qui donne des chances à ceux qui, parmi les quartiers, sont dans les situations les plus difficiles et à qui on ne propose rien, je trouve dommage que l'on s'en prive. Mais à partir de là, nous avons tiré les leçons. Qu'est-ce que nous avons fait ? Eh bien nous avons remis sur le devant de la scène la question du lien entre l'université et l'emploi. Nous avons fait en sorte que le travail de formation permette aux jeunes d'arriver dans des meilleures conditions sur le marché du travail. Donc je crois que c'est sur le plan des mentalités, c'est sur le plan des propositions, une avancée. Il faudra bien sûr aller plus loin au cours des prochaines années. Quand N. Sarkozy met au devant de la scène l'idée d'investissement, il a cent fois raison. Pourquoi ? Parce que l'investissement c'est deux choses : bien sûr investir dans les nouvelles technologies de l'avenir, bien sûr donner à la France la capacité de répondre à cette grande vague de la mondialisation qui conduit à des délocalisations, et pour cela il faut être les meilleurs dans un certain nombre de domaines. Mais il y a un deuxième élément, c'est qu'il faut investir dans l'éducation, l'école, l'université. C'est en ayant les meilleurs, les mieux formés, que nous pourrons faire de notre pays le pays d'excellence auquel nous aspirons, tous.
 
Q.- Mais revenons sur le CPE, si c'était à refaire, qu'est-ce que vous referiez différemment ? Vous avez connu un échec sur ce dossier ?
 
R.- Bien sûr, différemment peut-être, bien sûr expliquer mieux, reprendre les choses dans un ordre différent avec une logique de dialogue et des négociations plus poussées et plus complètes. Mon souci était d'aller vite, j'ai sans doute été trop vite. Peut-être aussi de mieux cibler la proposition de ce contrat en faisant en sorte que ceux qui n'étaient pas concernés - et je pense à ceux qui étaient dans les universités, qui se dirigent vers d'autres types de métiers que ceux auxquels nous nous adressions - eh bien n'aient pas le sentiment d'être visés. Il a pu y avoir un sentiment de stigmatisation à travers ce contrat. Donc voilà. Expliquer mieux, s'y prendre différemment, je crois que la politique c'est de toujours tirer des leçons pour essayer d'avancer.
 
Q.- Mais quand on est Premier ministre de droite, de quoi, de qui doit-on se méfier le plus ? Des syndicats, de la rue, de l'opposition ou de sa propre majorité ?
 
R.- En politique, il n'y a pas de mystère et la campagne présidentielle le montre : celui dont on doit se méfier le plus c'est de soi-même. Pourquoi ? Parce que on est mis à l'épreuve en permanence, on travaille dans des conditions difficiles, on est sous pression, sous tension et on doit en permanence essayer de trouver cet espace de liberté et de sérénité, c'est ça qu'il y a de plus difficile. Donc bien se connaître et c'est là où on voit que l'élection présidentielle est si exigeante, c'est qu'on voit les candidats qui tiennent le choc et ceux qui le tiennent plus difficilement. Ceux qui sous la pression seront capables de faire face et ceux qui auront plus de mal et pour cela je le disais, la capacité, l'expérience, la personnalité, les équipes aussi, avoir autour de soi des gens capables de vous dire les choses, la franchise, tout cela fait la politique. En ce qui me concerne, j'ai un parcours singulier, donc il ne vaut pas école, il ne vaut pas leçon pour les autres puisque moi je n'arrive pas de la politique et je me suis fixé une mission - c'est le sens de mon engagement politique - une mission au service des Français. Cette mission elle prend fin dans quelques jours.
 
Q.- D. de Villepin, depuis maintenant un quart d'heure, vous dites beaucoup de bien de N. Sarkozy, de son programme. Pourtant, lui, il veut incarner la rupture. Cela ne vous semble pas paradoxal de la part de quelqu'un qui était l'un des poids lourds de votre Gouvernement ?
 
R.- Pour faire passer un message politique, qui est en l'occurrence celui du changement, de la nécessité du changement dont tout le monde convient, il faut parfois emprunter des chemins surprenants. Le mot "rupture", qui était pour moi difficilement acceptable il y a quelques mois, aujourd'hui qu'est-ce qu'il veut dire ? Il veut dire tout simplement qu'il faut aller plus loin dans la voie de ce changement et qu'il faut faire différemment sur un certain nombre de sujets. Moi je m'y retrouve tout à fait. Le changement il me paraît nécessaire. Qu'est-ce que j'ai dit en arrivant à Matignon ? J'ai dit : il faut aller plus haut, plus loin. Et je le redis aujourd'hui : la politique c'est de faire mieux. Moi je suis le plus heureux des hommes quand je vois que de nouvelles perspectives s'ouvrent pour mon pays, quand je vois qu'on pourra mieux répondre aux préoccupations des Français et parce que nous avons bien travaillé, qu'on pourra enfin traiter d'autres sujets dans de meilleures conditions. Vous savez la politique c'est une longue chaîne. Moi je suis le troisième témoin, au troisième passage de témoin des Premiers ministres de J. Chirac. A. Juppé a été le premier à ouvrir la course, J.-P. Raffarin après. Moi je passe le témoin à quelqu'un qui aujourd'hui peut permettre à notre pays d'aller plus vite et plus loin, N. Sarkozy. J'en suis très heureux et je fais tout pour que ce passage de témoin puisse se passer dans les meilleures conditions.
 
Q.- D. de Villepin on va parler de votre avenir à vous dans une petite minute, parce que je voudrais vous poser une question sur celles qu'on appelle les "infirmières bulgares". A trois jours du nouveau procès de ces 5 infirmières et du médecin palestinien qui sont emprisonnés en Libye depuis 99, les proches des détenus sont à Paris, ils souhaitent réclamer leur libération et lancent un appel aux autorités françaises. Trois d'entre eux ont souhaité d'ailleurs s'adresser à vous. Ecoutez leurs questions.
 
Une intervenante proche des "Infirmières bulgares" (traduit du bulgare) : Est-ce qu'il serait possible d'organiser un nouveau procès pour les infirmières en France ou bien dans un autre pays membre de l'Union européenne ?
 
Une autre proche des "Infirmières bulgares" (traduit du bulgare) : Ma question est très directe. Pour soutenir nos proches, la France est-elle en mesure d'imposer des sanctions économiques à la Libye ?
 
Un proche des "Infirmières bulgares" (traduit du bulgare) : Moi j'ai une seule question : Monsieur de Villepin est-il au courant des tortures que les infirmières ont subi ?
 
R.- C'est un sujet douloureux et sur lequel, je crois, nous avons réussi à avancer au cours des derniers mois et des dernières semaines. Donc sans me montrer trop optimiste, je crois qu'un certain nombre d'actions ont modifié le climat sur ce dossier, et en particulier, du fait de la France, nous avons accepté en France un certain nombre des enfants qui ont été contaminés par le virus du Sida. Je crois que ce geste a contribué à une décrispation sur ce dossier du côté libyen. Nous sommes bien sûr disponibles, nous Français, pour apporter tout notre concours, et nous le faisons dans le dialogue que nous avons avec les Autorités libyennes. Je crois que dans un domaine comme celui-ci, il faut prendre en compte la part psychologique. Je crois que les gestes faits par la France, les gestes proposés par l'Union européenne sont aujourd'hui susceptibles de montrer aux Libyens à quel point la communauté internationale, à quel point l'Europe, à quel point la France sont soucieux sur ce terrain de prendre en compte la douleur des familles et des enfants qui ont été touchés par cette maladie en Libye. A partir de là, il y a une situation inacceptable qui est faite à ces infirmières, et c'est pour cela que nous le disons très clairement aux Libyens : cette situation ne peut pas durer. Nous voulons la libération de ces infirmières bulgares et je pense que les prochaines semaines doivent permettre d'avancer plus loin encore vers cette libération.
 
Q.- D. de Villepin on parle de vous pour terminer. Dans quelques jours, vous allez quittez Matignon. Qu'est-ce que vous allez faire ?
 
R.- Eh bien, autre chose. Une autre vie commence, je vous l'ai dit, je suis un homme de mission, je suis un homme de passion aussi, donc à partir de cette situation, je serai amené à faire mes choix.
 
Q.- Concrètement... On parle de vous à l'ONU. C'est quelque chose de possible ou pas ?
 
R.- Ecoutez l'ONU, l'ensemble des postes sont aujourd'hui remplis. Donc il faut plutôt se montrer ambitieux et soucieux d'avancer là où il y a des postes disponibles. Á ma connaissance, ce n'est pas le cas de l'ONU.
 
Q.- Mais vous voulez continuer à faire de la politique tout de même en France ?
 
R.- Je veux continuer à servir mon pays, je veux continuer à servir mes passions et je crois qu'il y a beaucoup à faire, il y a beaucoup de domaines où on peut le faire.
 
Q.- Vous n'êtes pas tenté de vous présenter aux législatives ?
 
R.- Non je ne serai pas candidat aux législatives.
 
Q.- L'opposition vous a beaucoup reproché de ne jamais avoir affronté le suffrage universel. Vous y viendrez un jour ?
 
R.- Eh bien, écoutez, nous verrons, nous verrons les circonstances. En politique, je l'ai dit, il y a plusieurs paramètres essentiels : il y a l'action, il y a la mission et puis il y a les circonstances. Donc nous verrons bien comment les choses évoluent.
 
Q.- Merci D. de Villepin d'avoir accepté notre invitation, d'avoir été le millième invité de France Info.
 
Merci à vous.
 
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 26 avril 2007.