Texte intégral
Le monde du travail doit faire entendre ses exigences
Au-delà des échanges de petites phrases, les « nerfs » de l'un, le « sens moral » de l'autre, ou autres amuse-galerie, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal s'emploient, selon la presse, à « ajuster » leur programme. Ce qui signifie que l'un comme l'autre proposent de nouvelles mesures à l'intention de la fraction de l'électorat qu'ils veulent séduire, celle des gens aisés.
La crise du logement condamne des millions de gens, faute d'appartements à louer à un prix abordable, à vivre dans des conditions indignes, voire dans la rue. Face à cela, Sarkozy promet, sous prétexte de faciliter l'accession à la propriété, qu'il fera déduire les intérêts d'emprunts du revenu imposable. Ce sera un très beau cadeau pour ceux qui achèteront des appartements de luxe. Mais cela ne changera absolument rien à la situation des plus pauvres, de ceux qui voudraient bien trouver à louer un appartement décent. Mais le candidat qui a les faveurs du Medef n'a rien à faire des mal-logés et des sans-logis.
Ségolène Royal s'adresse au même électorat, même si elle essaye de donner un visage « social » à ses propositions. Elle vient par exemple d'inventer, sous prétexte de lutter contre le chômage des jeunes, un nouveau type de contrat à destination des entreprises de moins de dix salariés : le « contrat première chance ». Un contrat d'un an, au cours duquel l'État paierait non seulement les cotisations sociales mais aussi le salaire lui-même. Quel salaire ? Ségolène Royal ne le précise même pas.
On voit mal quel employeur refuserait « d'embaucher » - si le mot a encore un sens dans ce cas-là - un salarié qui ne lui coûtera absolument rien et qu'il pourra jeter sans formalité au bout d'un an, puisqu'il lui suffira pour toute justification de dire que ce jeune ne lui a pas donné satisfaction. Un homme ou une femme à tout faire gratuit, quelle aubaine !
Bonne opération pour le gouvernement aussi : cela ferait autant de jeunes qui sortiraient des statistiques du chômage.
En revanche, cela ne créera aucun emploi nouveau. Au contraire, les petites entreprises qui auraient pu créer de vrais emplois ne le feront pas, puisqu'elles pourront recourir à ces travailleurs gratuits. Et cela ne manquera pas, aussi, de tirer l'ensemble des salaires vers le bas.
Décidément, la candidate du Parti Socialiste considère qu'elle n'a aucun effort à faire pour obtenir les voix des travailleurs, que celles-ci lui sont acquises d'avance et qu'elle peut se contenter vis-à-vis des classes populaires de son chantage au vote utile.
Les travailleurs ont à juste titre envie d'empêcher cette droite arrogante qu'incarne aujourd'hui Sarkozy d'occuper cinq ans de plus l'Élysée. Mais il faut qu'au premier tour ils signifient clairement à Ségolène Royal qu'ils exigeront d'un éventuel gouvernement de gauche une tout autre politique que celle qui consiste à multiplier les cadeaux aux fractions les plus aisées de la population, en ignorant les besoins vitaux des classes populaires.
Face à la persistance du chômage, à la multiplication des fermetures d'entreprises et des plans de suppressions d'emplois, il faut interdire les licenciements collectifs, et que l'État consacre les finances publiques, plutôt que de distribuer des aides à fonds perdus au patronat, à créer lui-même de vrais emplois, dans les hôpitaux, l'enseignement, dans tous les services publics qui se dégradent de jour en jour, dans la construction aussi.
Face à la crise du logement, il faut en effet mettre en chantier les centaines de milliers de logements confortables et à loyer abordable qui manquent.
Face à la dégradation du pouvoir d'achat des classes populaires, il faut revaloriser le smic à 1500 euros net immédiatement, et augmenter tous les salaires de 300 euros.
Voilà ce que les travailleurs seraient en droit d'attendre d'un gouvernement de gauche.
Et si je me présente à cette élection, c'est justement pour leur permettre de dire, en votant pour ma candidature, que telles sont bien leurs exigences.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 avril 2007
Résoudre la crise du logement, c'est un problème de volonté politique.
Chacun des deux candidats entre qui, nous dit-on, se jouera l'élection présidentielle, minore gravement le problème du logement.
Sarkozy n'envisage que la construction de 70 000 logements « sociaux » par an, et pour le reste prétend que l'accession à la propriété serait la meilleure solution, comme si cela pouvait résoudre les problèmes des plus pauvres. Ségolène Royal, qui se veut plus sociale, parle de construire 120 000 logements par an. Mais nous sommes loin du compte.
D'après la fondation Abbé-Pierre, il y aurait près de 1 300 000 familles inscrites sur les listes d'attente des HLM. Il y aurait aussi près de trois millions de personnes mal ou très mal logées, dans des hôtels vétustes, des taudis, des HLM délabrés, voire dans des caravanes, ce qui représente environ encore un million de familles. C'est donc plus de deux millions de logements qui manquent à l'appel aujourd'hui.
Avec Sarkozy, il faudrait presque trente ans pour combler ce retard. Près de vingt ans avec Ségolène Royal.
En fait, c'est trois millions de logements qu'il faudrait construire en trois ans, un million par an, si l'on voulait résoudre rapidement ce problème, et en même temps préparer l'avenir, car de nouvelles générations arrivent... et l'habitat vieillit.
Techniquement, avec les moyens modernes, il est parfaitement possible de construire dans de tels délais des logements confortables, dotés d'une bonne isolation thermique, loués à un loyer très modéré.
Financièrement, ce serait parfaitement possible aussi, à condition de rompre avec la politique qui a consisté depuis plus de vingt ans à diminuer la fiscalité frappant les classes les plus riches et à multiplier les cadeaux au patronat, en diminuant ainsi les finances publiques au lieu de les utiliser pour résoudre un problème aussi urgent que le logement et qui frappe une grande partie de la population.
D'autant que l'État aurait tout à fait le moyen de réduire considérablement le prix de revient de ces logements, en réquisitionnant les terrains nécessaires à un prix qui ne tienne pas compte de la flambée spéculative de ces dernières années, en engageant directement le personnel nécessaire à la construction de ces logements, cadres et ouvriers, sans passer par les requins du béton dont les prix sont étudiés... pour faire le maximum de profits.
Le problème du logement n'est certes pas le seul qui se pose aujourd'hui à la population laborieuse. Le maintien d'un chômage de masse qui, quoi que prétende le gouvernement avec ses chiffres visiblement mensongers, touche près de quatre millions de travailleurs, exigerait une politique de créations d'emplois, d'autant plus nécessaire que les services publics, l'enseignement, la santé, les transports en commun, etc., se dégradent faute d'effectifs suffisants.
La baisse du pouvoir d'achat des salariés, des retraités, de tous ceux que le handicap, le chômage prolongé, ou l'âge, réduisent aux minimums sociaux, exigerait aussi une autre politique, l'augmentation immédiate du smic à 1 500 euros net, une revalorisation de tous les salaires de 300 euros, la revalorisation dans le même sens de toutes les pensions et retraites et des minima sociaux.
Mais la timidité volontaire des mesures proposées par Ségolène Royal quant à la crise du logement, qui propose à peine mieux que Sarkozy, est tout un symbole. On ne pourra certes pas lui reprocher, après le 6 mai, de ne pas avoir tenu des promesses qu'elle n'a pas faites. Mais alors, il vaudrait mieux que les travailleurs lui montrent, le 22 avril, que c'est une tout autre politique qu'ils voudraient voir mise en oeuvre. Et c'est ce qu'ils pourront exprimer en votant pour ma candidature.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 16 avril 2007
Des présidentiables qui ne préparent rien de bon pour les travailleurs.
À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, Sarkozy s'est positionné encore plus nettement à droite. S'adressant aux électeurs de Le Pen, il a tenté de les séduire en leur disant : « Si vous vous êtes tournés vers le Front National dans le passé, c'est parce que nous avions renoncé à défendre les idées qui étaient les vôtres. » Cela signifie en clair que ces électeurs pourraient compter sur lui pour défendre ouvertement leurs idées xénophobes et réactionnaires. Et Sarkozy d'exalter la chrétienté et le temps des colonies.
Ce faisant, Sarkozy, en tant que repoussoir par rapport à tous ceux qui n'ont aucune envie de voir arriver au pouvoir cette droite s'appuyant sur la fraction la plus réactionnaire de l'électorat, est encore le meilleur agent électoral de Ségolène Royal. En effet, par rapport aux principaux problèmes auxquels s'affrontent aujourd'hui les classes populaires, celle-ci ne s'engage à rien de précis.
Elle utilise beaucoup de phrases creuses, du style de « la démocratie participative » et de « la France présidente », mais elle ne prend aucun engagement concret sur les salaires, à commencer par le smic - qui passera à 1 500 euros (brut, pas net !) « dès que possible ». Elle n'envisage que la création de 120 000 « logements sociaux » par an, ce qui signifie qu'il faudrait dix ans pour résorber les 1 200 000 demandes de HLM en attente. Quant au chômage, elle se borne à reprendre à son compte la vieille recette dont les faits ont démontré depuis des années l'inefficacité : réduire les charges sociales, sous prétexte d'inciter les patrons à créer des emplois.
Il n'est pas non plus question pour elle d'interdire les licenciements collectifs, ne serait-ce que dans les entreprises qui annoncent des bénéfices et dont les carnets de commandes sont pleins, comme Airbus. Elle a même été jusqu'à proposer le « contrat première chance », ce petit frère du CPE que la jeunesse avait mis en échec sous Villepin, qui permettrait à des patrons, pas toujours petits, de ne payer ni cotisations sociales, ni même salaires. Cela ne ferait que supprimer des emplois normaux.
On ne pouvait guère s'attendre à autre chose d'un Parti Socialiste qui a été quinze ans au gouvernement depuis 1981, et qui y a toujours défendu les intérêts du grand patronat, comme Ségolène Royal s'apprête à le faire si elle est élue. Il est d'ailleurs significatif qu'un certain nombre d'ex-ministres de ce parti, comme Rocard et Kouchner, rêvent ouvertement d'un accord avec cet homme de droite qu'est Bayrou. Collaborer au gouvernement avec de prétendus « centristes » à la Bayrou, c'est d'ailleurs ce qu'avait fait Rocard quand il était le Premier ministre de Mitterrand.
Pour le moment, Ségolène Royal traite une telle possibilité de « baroque ». Il faut bien qu'elle continue à appeler à voter pour elle-même au premier tour. Mais si elle est qualifiée pour le second, c'est peut-être bien de ce côté-là qu'elle cherchera des alliés.
Les travailleurs n'ont aucun intérêt à cautionner la politique du Parti Socialiste dès le premier tour, même s'ils souhaitent barrer la route de l'Elysée à Sarkozy et ses clins d'oeil à l'extrême droite.
Car il faut montrer à Ségolène Royal et à tous les dirigeants socialistes que, s'ils reviennent au gouvernement, ce ne sera pas avec un mandat en blanc signé par la classe ouvrière. Et je me présente à cette élection pour permettre à tous ceux qui pensent qu'il faudrait mener une tout autre politique pour lutter contre le chômage, le scandale du logement, la baisse du niveau de vie, de l'exprimer.
Chacun des bulletins à mon nom permettra de dire qu'une fraction de la classe ouvrière est convaincue de ce programme. Même si elle devra l'imposer demain à l'élue ou à l'élu du deuxième tour, ou à la future majorité parlementaire.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 20 avril 2007
Au-delà des échanges de petites phrases, les « nerfs » de l'un, le « sens moral » de l'autre, ou autres amuse-galerie, Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal s'emploient, selon la presse, à « ajuster » leur programme. Ce qui signifie que l'un comme l'autre proposent de nouvelles mesures à l'intention de la fraction de l'électorat qu'ils veulent séduire, celle des gens aisés.
La crise du logement condamne des millions de gens, faute d'appartements à louer à un prix abordable, à vivre dans des conditions indignes, voire dans la rue. Face à cela, Sarkozy promet, sous prétexte de faciliter l'accession à la propriété, qu'il fera déduire les intérêts d'emprunts du revenu imposable. Ce sera un très beau cadeau pour ceux qui achèteront des appartements de luxe. Mais cela ne changera absolument rien à la situation des plus pauvres, de ceux qui voudraient bien trouver à louer un appartement décent. Mais le candidat qui a les faveurs du Medef n'a rien à faire des mal-logés et des sans-logis.
Ségolène Royal s'adresse au même électorat, même si elle essaye de donner un visage « social » à ses propositions. Elle vient par exemple d'inventer, sous prétexte de lutter contre le chômage des jeunes, un nouveau type de contrat à destination des entreprises de moins de dix salariés : le « contrat première chance ». Un contrat d'un an, au cours duquel l'État paierait non seulement les cotisations sociales mais aussi le salaire lui-même. Quel salaire ? Ségolène Royal ne le précise même pas.
On voit mal quel employeur refuserait « d'embaucher » - si le mot a encore un sens dans ce cas-là - un salarié qui ne lui coûtera absolument rien et qu'il pourra jeter sans formalité au bout d'un an, puisqu'il lui suffira pour toute justification de dire que ce jeune ne lui a pas donné satisfaction. Un homme ou une femme à tout faire gratuit, quelle aubaine !
Bonne opération pour le gouvernement aussi : cela ferait autant de jeunes qui sortiraient des statistiques du chômage.
En revanche, cela ne créera aucun emploi nouveau. Au contraire, les petites entreprises qui auraient pu créer de vrais emplois ne le feront pas, puisqu'elles pourront recourir à ces travailleurs gratuits. Et cela ne manquera pas, aussi, de tirer l'ensemble des salaires vers le bas.
Décidément, la candidate du Parti Socialiste considère qu'elle n'a aucun effort à faire pour obtenir les voix des travailleurs, que celles-ci lui sont acquises d'avance et qu'elle peut se contenter vis-à-vis des classes populaires de son chantage au vote utile.
Les travailleurs ont à juste titre envie d'empêcher cette droite arrogante qu'incarne aujourd'hui Sarkozy d'occuper cinq ans de plus l'Élysée. Mais il faut qu'au premier tour ils signifient clairement à Ségolène Royal qu'ils exigeront d'un éventuel gouvernement de gauche une tout autre politique que celle qui consiste à multiplier les cadeaux aux fractions les plus aisées de la population, en ignorant les besoins vitaux des classes populaires.
Face à la persistance du chômage, à la multiplication des fermetures d'entreprises et des plans de suppressions d'emplois, il faut interdire les licenciements collectifs, et que l'État consacre les finances publiques, plutôt que de distribuer des aides à fonds perdus au patronat, à créer lui-même de vrais emplois, dans les hôpitaux, l'enseignement, dans tous les services publics qui se dégradent de jour en jour, dans la construction aussi.
Face à la crise du logement, il faut en effet mettre en chantier les centaines de milliers de logements confortables et à loyer abordable qui manquent.
Face à la dégradation du pouvoir d'achat des classes populaires, il faut revaloriser le smic à 1500 euros net immédiatement, et augmenter tous les salaires de 300 euros.
Voilà ce que les travailleurs seraient en droit d'attendre d'un gouvernement de gauche.
Et si je me présente à cette élection, c'est justement pour leur permettre de dire, en votant pour ma candidature, que telles sont bien leurs exigences.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 6 avril 2007
Résoudre la crise du logement, c'est un problème de volonté politique.
Chacun des deux candidats entre qui, nous dit-on, se jouera l'élection présidentielle, minore gravement le problème du logement.
Sarkozy n'envisage que la construction de 70 000 logements « sociaux » par an, et pour le reste prétend que l'accession à la propriété serait la meilleure solution, comme si cela pouvait résoudre les problèmes des plus pauvres. Ségolène Royal, qui se veut plus sociale, parle de construire 120 000 logements par an. Mais nous sommes loin du compte.
D'après la fondation Abbé-Pierre, il y aurait près de 1 300 000 familles inscrites sur les listes d'attente des HLM. Il y aurait aussi près de trois millions de personnes mal ou très mal logées, dans des hôtels vétustes, des taudis, des HLM délabrés, voire dans des caravanes, ce qui représente environ encore un million de familles. C'est donc plus de deux millions de logements qui manquent à l'appel aujourd'hui.
Avec Sarkozy, il faudrait presque trente ans pour combler ce retard. Près de vingt ans avec Ségolène Royal.
En fait, c'est trois millions de logements qu'il faudrait construire en trois ans, un million par an, si l'on voulait résoudre rapidement ce problème, et en même temps préparer l'avenir, car de nouvelles générations arrivent... et l'habitat vieillit.
Techniquement, avec les moyens modernes, il est parfaitement possible de construire dans de tels délais des logements confortables, dotés d'une bonne isolation thermique, loués à un loyer très modéré.
Financièrement, ce serait parfaitement possible aussi, à condition de rompre avec la politique qui a consisté depuis plus de vingt ans à diminuer la fiscalité frappant les classes les plus riches et à multiplier les cadeaux au patronat, en diminuant ainsi les finances publiques au lieu de les utiliser pour résoudre un problème aussi urgent que le logement et qui frappe une grande partie de la population.
D'autant que l'État aurait tout à fait le moyen de réduire considérablement le prix de revient de ces logements, en réquisitionnant les terrains nécessaires à un prix qui ne tienne pas compte de la flambée spéculative de ces dernières années, en engageant directement le personnel nécessaire à la construction de ces logements, cadres et ouvriers, sans passer par les requins du béton dont les prix sont étudiés... pour faire le maximum de profits.
Le problème du logement n'est certes pas le seul qui se pose aujourd'hui à la population laborieuse. Le maintien d'un chômage de masse qui, quoi que prétende le gouvernement avec ses chiffres visiblement mensongers, touche près de quatre millions de travailleurs, exigerait une politique de créations d'emplois, d'autant plus nécessaire que les services publics, l'enseignement, la santé, les transports en commun, etc., se dégradent faute d'effectifs suffisants.
La baisse du pouvoir d'achat des salariés, des retraités, de tous ceux que le handicap, le chômage prolongé, ou l'âge, réduisent aux minimums sociaux, exigerait aussi une autre politique, l'augmentation immédiate du smic à 1 500 euros net, une revalorisation de tous les salaires de 300 euros, la revalorisation dans le même sens de toutes les pensions et retraites et des minima sociaux.
Mais la timidité volontaire des mesures proposées par Ségolène Royal quant à la crise du logement, qui propose à peine mieux que Sarkozy, est tout un symbole. On ne pourra certes pas lui reprocher, après le 6 mai, de ne pas avoir tenu des promesses qu'elle n'a pas faites. Mais alors, il vaudrait mieux que les travailleurs lui montrent, le 22 avril, que c'est une tout autre politique qu'ils voudraient voir mise en oeuvre. Et c'est ce qu'ils pourront exprimer en votant pour ma candidature.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 16 avril 2007
Des présidentiables qui ne préparent rien de bon pour les travailleurs.
À quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle, Sarkozy s'est positionné encore plus nettement à droite. S'adressant aux électeurs de Le Pen, il a tenté de les séduire en leur disant : « Si vous vous êtes tournés vers le Front National dans le passé, c'est parce que nous avions renoncé à défendre les idées qui étaient les vôtres. » Cela signifie en clair que ces électeurs pourraient compter sur lui pour défendre ouvertement leurs idées xénophobes et réactionnaires. Et Sarkozy d'exalter la chrétienté et le temps des colonies.
Ce faisant, Sarkozy, en tant que repoussoir par rapport à tous ceux qui n'ont aucune envie de voir arriver au pouvoir cette droite s'appuyant sur la fraction la plus réactionnaire de l'électorat, est encore le meilleur agent électoral de Ségolène Royal. En effet, par rapport aux principaux problèmes auxquels s'affrontent aujourd'hui les classes populaires, celle-ci ne s'engage à rien de précis.
Elle utilise beaucoup de phrases creuses, du style de « la démocratie participative » et de « la France présidente », mais elle ne prend aucun engagement concret sur les salaires, à commencer par le smic - qui passera à 1 500 euros (brut, pas net !) « dès que possible ». Elle n'envisage que la création de 120 000 « logements sociaux » par an, ce qui signifie qu'il faudrait dix ans pour résorber les 1 200 000 demandes de HLM en attente. Quant au chômage, elle se borne à reprendre à son compte la vieille recette dont les faits ont démontré depuis des années l'inefficacité : réduire les charges sociales, sous prétexte d'inciter les patrons à créer des emplois.
Il n'est pas non plus question pour elle d'interdire les licenciements collectifs, ne serait-ce que dans les entreprises qui annoncent des bénéfices et dont les carnets de commandes sont pleins, comme Airbus. Elle a même été jusqu'à proposer le « contrat première chance », ce petit frère du CPE que la jeunesse avait mis en échec sous Villepin, qui permettrait à des patrons, pas toujours petits, de ne payer ni cotisations sociales, ni même salaires. Cela ne ferait que supprimer des emplois normaux.
On ne pouvait guère s'attendre à autre chose d'un Parti Socialiste qui a été quinze ans au gouvernement depuis 1981, et qui y a toujours défendu les intérêts du grand patronat, comme Ségolène Royal s'apprête à le faire si elle est élue. Il est d'ailleurs significatif qu'un certain nombre d'ex-ministres de ce parti, comme Rocard et Kouchner, rêvent ouvertement d'un accord avec cet homme de droite qu'est Bayrou. Collaborer au gouvernement avec de prétendus « centristes » à la Bayrou, c'est d'ailleurs ce qu'avait fait Rocard quand il était le Premier ministre de Mitterrand.
Pour le moment, Ségolène Royal traite une telle possibilité de « baroque ». Il faut bien qu'elle continue à appeler à voter pour elle-même au premier tour. Mais si elle est qualifiée pour le second, c'est peut-être bien de ce côté-là qu'elle cherchera des alliés.
Les travailleurs n'ont aucun intérêt à cautionner la politique du Parti Socialiste dès le premier tour, même s'ils souhaitent barrer la route de l'Elysée à Sarkozy et ses clins d'oeil à l'extrême droite.
Car il faut montrer à Ségolène Royal et à tous les dirigeants socialistes que, s'ils reviennent au gouvernement, ce ne sera pas avec un mandat en blanc signé par la classe ouvrière. Et je me présente à cette élection pour permettre à tous ceux qui pensent qu'il faudrait mener une tout autre politique pour lutter contre le chômage, le scandale du logement, la baisse du niveau de vie, de l'exprimer.
Chacun des bulletins à mon nom permettra de dire qu'une fraction de la classe ouvrière est convaincue de ce programme. Même si elle devra l'imposer demain à l'élue ou à l'élu du deuxième tour, ou à la future majorité parlementaire.
Source http://www.lutte-ouvriere.org, le 20 avril 2007