Déclaration de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, lors du point de presse conjoint avec M. Ziyad Abou Amro, ministre palestinien des affaires étrangères, sur le soutien de France au gouvernement palestinien d'union nationale, à la relance du processus de paix israélo-palestinien, à la reprise de l'aide économique aux Palestiniens sous condition, Paris le 2 avril 2007.

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Texte intégral

Mesdames et Messieurs, je voudrais d'abord vous dire que je suis particulièrement heureux d'avoir reçu aujourd'hui, pour un déjeuner de travail, mon homologue palestinien, M. Abou Amro.
Il s'agit de sa première visite en Europe depuis sa nomination au poste de ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne.
Nous avons naturellement évoqué les développements politiques intervenus récemment entre Palestiniens et leur possible implication pour la communauté internationale, ainsi que la relance nécessaire d'une dynamique de paix entre Israéliens et Palestiniens.
La signature de l'accord de La Mecque correspond pour nous à un premier pas, à des développements positifs que la communauté internationale doit accompagner et encourager. Il en est ainsi notamment de l'engagement du gouvernement palestinien à respecter les accords conclus par l'OLP et la légalité internationale et, par ailleurs, de l'appel à l'édification d'un Etat palestinien dans les frontières de 1967.
Enfin, il en est de même de l'engagement du nouveau gouvernement envers l'initiative arabe de paix de Beyrouth, telle que celle-ci a été réitérée, lors du Sommet arabe de Riyad, les 28 et 29 mars dernier.
La mise en place du gouvernement national en particulier a ouvert un processus dont nous souhaitons le succès et il appartient à chaque partie de contribuer à ce succès.
A cet égard, aujourd'hui, de grandes responsabilités incombent au gouvernement d'union nationale. La libération de notre compatriote Gilad Shalit doit intervenir désormais sans délai. J'ai longuement abordé cette question avec M. Abou Amro. C'est le prochain pas que nous attendons du gouvernement palestinien qui nous conduira à conforter et à confirmer le positionnement que nous prenons aujourd'hui.
Par ailleurs, le gouvernement palestinien doit parvenir à mettre un terme à la poursuite des tirs de roquettes Qassam à partir de Gaza, en violation de l'accord de cessez-le-feu conclu avec Israël le 26 novembre 2006.
Le respect de la trêve à Gaza par l'ensemble des groupes palestiniens doit être sa priorité. Ce respect permettra l'extension de la trêve à la Cisjordanie et l'apaisement durable de la situation dans cette région.
Mais la paix se fait à deux et Israël doit respecter le droit international et les engagements souscrits sous la forme de la Feuille de route. Le gel de la colonisation, le respect du statu quo à Jérusalem, le démantèlement des parties de la barrière de sécurité situées à l'intérieur des Territoires palestiniens sont des éléments essentiels pour parvenir à la solution de deux Etats vivant côte à côte dans la paix et dans la sécurité, et pour créer un climat propice à la relance du Processus de paix.
Vous le voyez, Mesdames et Messieurs, nos attentes sont fortes. Je les ai clairement exprimées à M. Abou Amro, parce que, chacun le sent, le contexte aujourd'hui pourrait, à nouveau offrir, et moi, personnellement, j'y crois, une réelle perspective de relance sur le fond du Processus de paix. La réitération de l'initiative arabe de paix de Beyrouth, par le Sommet de la Ligue arabe, constitue, de ce point de vue également, un nouveau momentum, une main tendue des Arabes en direction d'Israël.
Je suis sûr qu'Israël y répondra de manière positive et j'espère également que le nouveau gouvernement palestinien, par ses gestes et par ses actions, permettra de conforter une dynamique positive pour la population palestinienne et pour la relance du Processus de paix auquel je suis si attaché et pour lequel je suis optimiste.
Q - Pensez-vous que la position américaine pourrait évoluer dans les prochaines semaines ou dans les prochains mois ?
R - Concernant cette question, je voudrais la résumer ainsi : que font les Américains ? Et la France est-elle isolée ? Nous observons que les Américains ont contacté aujourd'hui le nouveau ministre des Finances du gouvernement palestinien, et que beaucoup de nos partenaires européens ont déjà eu des contacts avec des ministres du gouvernement palestinien. Et, comme vous le savez, le ministre palestinien des Finances sera reçu très prochainement, le 11 avril, à Bruxelles, par Mme Ferrero-Waldner. Les discussions sont actuellement en cours au sein de l'Union européenne. Je suis persuadé aujourd'hui qu'il faut totalement soutenir les efforts de Mahmoud Abbas et donc le gouvernement d'union nationale. Une reconnaissance des accords passés par l'OLP et de la légalité internationale permettrait d'avancer sur les principes du Quartet.
Q - La France soutient-elle désormais une reprise directe de cette aide économique de l'Union européenne arrêtée après la victoire du Hamas aux élections ?
R - Pour la France, la communauté internationale doit engager progressivement un retour de l'aide au ministère des Finances des Territoires palestiniens, sous réserve que le gouvernement d'union nationale soit au rendez-vous des engagements pris. J'ai insisté sur l'importance de gestes supplémentaires, en particulier s'agissant de la libération du caporal Shalit.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 3 avril 2007