Texte intégral
Chers Amis,
Lorsque les socialistes sont rassemblés, rien ne peut les arrêter. Vous êtes rassemblés parce que les Français demandent qu'on le soit. Vous êtes rassemblés, parce que vous voulez être à la hauteur du défi qui vous est lancé. Vous êtes rassemblés, parce que vous voulez le changement dans notre pays. Vous savez que seuls les socialistes peuvent l'offrir aux Français.
Merci à vous tous, socialistes depuis toujours, socialistes d'un jour, socialistes de demain, d'être là avec nous, ensemble, pour la bataille qui s'annonce. Merci à ce parti, ce grand parti que j'aime, qui est la force et qui se présente devant les Français avec fierté. Fierté d'avoir respecté la parité pour les élections législatives ; fierté d'avoir renouvelé autant que c'était possible nos candidats pour les élections législatives ; fierté d'avoir engagé -et il y aura encore beaucoup à faire- la diversité des quartiers, des origines, des couleurs, pour représenter la société française.
Nicolas Sarkozy a lancé, au Havre nous dit-on, son appel ; il veut une majorité à sa main pour mener sa politique à sa guise. Nous lançons donc notre appel de Paris : nous voulons une majorité de gauche pour prêter main-forte aux Français et leur donner non pas la rupture par rapport au pacte social ou au pacte républicain, mais l'espérance, l'espérance d'être demain une France plus juste et plus forte.
Nous sommes bien conscients des dangers qui s'annoncent et de l'adversaire qui est devant nous. C'est tout de même une machine infernale. Il veut tout dévorer, tout absorber, tout broyer, tout digérer. Face à ce pouvoir vorace, il faut une gauche coriace et nous le serons dans les jours qui viennent.
Depuis le 6 mai, tout est fait pour décourager le vote. On veut donc décourager le vote, déconsidérer l'enjeu. Il n'y aurait même plus à voter ; il suffirait d'entendre le Président de la République demander sa majorité pour qu'elle lui soit donnée. Comme par décret, avant même que les Français n'aient voté. On veut dévaluer l'adversaire ; nous n'aurions même pas le droit de gagner ; cela nous serait interdit. Nous avons donc le devoir de gagner ces élections législatives.
C'est un devoir non pas pour nous-mêmes, pour être plus nombreux à l'Assemblée nationale -encore que cela ne fait pas de mal !
Notre devoir est vis-à-vis des Français, de tous ceux qui nous attendent, qui nous espèrent, qui veulent une politique équilibrée, qui veulent du changement, mais pour le meilleur pas pour le pire, et qui veulent comprendre le sens de ces élections législatives.
De quoi s'agit-il ? De décider de la politique de la France pour les cinq prochaines années . Il ne s'agit pas là de remettre en cause le mandat de Nicolas Sarkozy -nous y viendrons plus tard. Mais, nous n'allons pas attendre 5 ans quand nous avons là une occasion qui nous est donnée de décider par nos votes, dans chacune des 577 circonscriptions, de la politique que nous voulons pour le pouvoir d'achat, pour l'emploi, pour le logement, pour la santé. Saisissons cette chance ; elle ne reviendra plus avant cinq ans. Cinq ans, c'est long, c'est trop long. C'est maintenant qu'il faut agir. Là est le sens des élections législatives.
Il s'agit aussi de sanctionner une majorité sortante car, celles et ceux qui vont être candidats contre les nôtres ont représenté, pendant cinq ans, le pouvoir . On finirait par l'oublier. Nicolas Sarkozy a même dit au Havre qu'il était l'élu d'une « révolution » ! S'il s'agissait de renverser Jacques Chirac, convenons-en ! Mais, pour le reste, c'est un régime qui se survit à lui-même, qui se poursuit, qui se prolonge. Qui est donc le Premier ministre, si ce n'est celui qui était avec Jean-Pierre Raffarin ! Qui sont donc les Ministres si ce n'est ceux qui étaient déjà là avant. J'en conviens, il n'y avait pas Alain Juppé, il était dans l'équipe précédente. Pourquoi n'ont-ils pas pris Balladur. Et Sarkozy lui-même, où était-il ? Mais, pendant cinq ans, il était dans ce gouvernement, numéro 2 et chef de l'UMP déjà. Il faut donc sanctionner cette majorité sortante si nous pensons qu'elle a échoué. Et elle a échoué : croissance la plus faible d'Europe, chômage le plus élevé d'Europe, déficit commercial le plus élevé de notre histoire, comptes sociaux dégradés, endettement public record... Et il faudrait continuer avec ceux-là ! Il va falloir changer et changer fort dès les élections législatives.
Il y a aussi une menace et un risque. Depuis le 6 mai, nous savons ce qu'est une présidentialisation poussée à son paroxysme. Nous pensions que Nicolas Sarkozy voulait être simplement Président de la République. Mais, cela ne lui suffit pas. Il en veut davantage. Il a nommé un Premier ministre : c'était pour ordre, parce qu'il avait besoin d'un aide de camp, d'un auxiliaire, d'une ordonnance ! Il ne fera pas d'ombre à sa majesté. Il est là pour se courber, se soumettre et se démettre le moment venu.
Mais, Nicolas Sarkozy ne veut pas simplement être Président de la République et Premier ministre ; il veut être Ministre de tout : Ministre de l'Intérieur -c'est encore lui !; Ministre des Affaires Etrangères -ce n'est pas lui, mais c'est tout comme ; et les autres ministres ? Il les a choisis et veut même aller plus loin en choisissant leurs collaborateurs, leurs cabinets.
Il veut tout, tout contrôler, tout diriger, tout soumettre, tout acheter pace qu'il pense que tout s'achète : les consciences, les amitiés, les réseaux, les fidélités, les affiliations partisanes. Tout cela est affaire de commerce, de marché, de troc !
Face à cette présidentialisation qui menace, il faut un Parlement et une majorité différente à l'Assemblée nationale . Il faut une opposition forte -si nous ne parvenons pas à la majorité- qui sera la garantie même de la République, de la démocratie, de l'équilibre, du pluralisme. Et cela ne fera pas défaut, parce qu'ils veulent tout contrôler, au-delà même des consciences, jusqu'à la télévision, aux images et ils y placeront là leurs collaborateurs, leurs fidèles, pour s'assurer que la bonne image soit retenue. Nous faisons confiance aux journalistes. Et il y a aussi les forces de l'argent. Ils les tiennent ou plutôt ce sont les forces de l'argent qui le tiennent.
N. Sarkozy sait qu'il fait peur... peut-être même à lui-même de temps en temps. Il sait qu'il inquiète et que nul n'est vraiment complètement rassuré... peut-être même jusque dans son propre camp. Alors, pour ne pas inquiéter, pas alarmer, pas alerter, nous sommes dans un temps de communication. Depuis le 6 mai, il ne faut s'inquiéter de rien : « ayez confiance, j'ai changé ; hier j'étais la droite décomplexée, aujourd'hui je suis un Président sans complexe. Je parle à tout le monde, je vais dans les cantines, je rencontre des ouvriers, je vois des agriculteurs, et puis je cours, je cours sans cesse, je cours encore, je cours toujours ». Comme s'il devait dire aux Français « courez, il ne vous sera fait aucun mal ! ». Mais, si nous ne voulons pas courir, nous. Si nous ne voulons pas marcher même dans cette direction, on en a bien le droit !
Si on ne veut pas courir, on nous dit de dormir : « dormez profondément, jusqu'au 10 juin ; ne vous réveillez pas ; inutile. Dormez même jusqu'au 17 juin, il ne vous sera fait aucun mal ». Mais, après le 17 juin, on ne répond plus de rien. L'anesthésie s'arrête et la chirurgie lourde commence. Evitez donc ces dépenses de santé inutiles pour les Français !
Face à cette menace -elle est réelle, face à la gravité de l'enjeu, il n'y a qu'une seule force pour agir et protéger les Français. Cette force, c'est la vôtre ; cette force, c'est le Parti socialiste . Il doit être là, maintenant, dans cette campagne comme recours, comme réponse. Je sais qu'au-delà de cette salle, beaucoup ont été déçus le 6 mai, tant l'espoir fut grand -celui qu'a levé Ségolène Royal. Je sais que les électeurs de gauche sont inquiets devant cette déferlante politico-médiatique. Je sais qu'il y en a même, fatalistes résignés, qui se disent ne plus rien attendre du vote, qui préparent déjà les banderoles et s'engagent pour de grands défilés pour l'automne prochain.
A ceux-là, je dis non. Avant de défiler, de manifester, de contester, il existe un moyen plus commode : VOTEZ, oui, votez, utilisez ce droit fondamental, le suffrage pour décider, le suffrage pour arrêter, le suffrage pour proposer. C'est le vôtre, c'est le suffrage socialiste.
Nous aurons dans quelques jours, une nouvelle fois, un choix de politique . Est-ce que nous voulons une sortie individuelle ? C'est ce que nous propose la majorité UMP. Débrouillez-vous. Un Etat minimal qui laissera faire. Enrichissez-vous, on vous donnera tous les moyens de le faire ; tant pis pour les autres qui ne sont pas déjà riches... Parce que dans leur politique, il faut déjà être riche pour s'enrichir. Assurez-vous sur la santé, sur la retraite. Choisissez librement l'école pour vos enfants. Travaillez plus, si vous avez un travail, et payez moins d'impôts, vous serez servi de surcroît. Voilà la société que l'on nous prépare : la sortie que l'on doit trouver tout seul et, si on ne la trouve pas, tant pis on continue de courir !
Et il y a ce que nous proposons : une sortie ensemble où chacun peut et doit réussir, mais pas au détriment de l'autre, où la prospérité se fait avec le travail de tous et sans avoir besoin de plus de précarité, de plus de misère, de plus de pauvreté. Nous n'avons pas besoin d'exclure pour permettre à la société française d'être plus riche ! Nous avons besoin de tous ceux qui travaillent, de tous ceux qui espèrent, de tous ceux qui veulent se former, en savoir davantage, et chercher ensemble l'issue collective de la crise.
Sur quatre grands sujets, nous voyons les différences :
Le travail
Faudra-t-il recourir sans cesse aux heures supplémentaires ou, au contraire, faire en sorte que ce soit l'embauche qui soit favorisée et non les heures supplémentaires ? Les premières victimes de cette mesure, comme cela se passe aujourd'hui sur les heures supplémentaires déchargées qui ne sont que la légalisation du « travail au noir », s'appelleront « intérimaires », « CDDs »... En effet, pourquoi les garder si l'on peut faire travailler les autres davantage pour moins cher.
Nous répondons qu'une heure normale doit coûter moins cher qu'une heure supplémentaire, qu'une heure d'un nouvel embauché doit coûter moins cher qu'une heure d'une personne déjà dans l'emploi. Voilà le sens de la politique que nous devons proposer.
De même, le contrat de travail unique n'est rien de moins que la généralisation du CNE ou du CPE.
Nous répondons « Sécurité sociale professionnelle » et le droit de pouvoir changer d'emploi et avoir l'accompagnement, le soutien, la requalification vers le nouvel emploi quand on a perdu le premier.
La santé
Veut-on ces franchises ? Je le dis souvent d'ailleurs : méfiez-vous du mot franchise, il n'est pas sincère. On pense qu'elles seraient comme un cadeau. Non. C'est un impôt. De combien sera-t-il ? On n'en connaît pas encore le prix. Ce que l'on sait, c'est que plus le déficit de la Sécurité Sociale sera élevé, plus les franchises seront hautes.
Nous devons opposer à ces franchises, ces déremboursements, ces fiscalités supplémentaires, le droit inaliénable à la santé, coordonner les professions de santé, réduire les actes médicaux et donner la priorité à l'hôpital public.
Le logement
Nicolas Sarkozy a fait son annonce : Propriétaires de notre pays qui avaient emprunté sur votre résidence principale, vous pourrez maintenant déduire vos intérêts d'emprunt. Vous ne savez pas encore pour combien de temps -peut-être que quelques mois !
Plutôt que de dispenser des cadeaux fiscaux aux plus favorisés -car il s'agira en fait des plus favorisés-, nous répondons la diffusion du prêt à taux zéro à toutes les catégories sociales. Mieux vaut un prêt à taux zéro qu'une aide fiscale aux plus favorisés.
L'Education
Veut-on la suppression de la carte scolaire, comme nous le dit, c'est-à-dire les ghettos et la liberté pour certains d'accéder aux établissements supposés de qualité ou veut-on revisiter la carte scolaire, l'assouplir autant qu'il sera nécessaire tout en gardant l'objectif de mixité sociale, faire l'accompagnement scolaire gratuit pour tous les enfants de notre pays ?
Ce sera un choix politique pour la fiscalité. S'accumulent là les promesses : bouclier fiscal à 50 %, suppression des droits de succession, abandon de l'impôt sur la fortune. Et, face à ces 17 milliards d'euros de baisse d'impôt déjà annoncée, il faudra bien trouver l'argent. On annonce pas moins de 3 points du taux de TVA. C'est le sens de la politique proposée par N. Sarkozy : des cadeaux pour les uns et des impôts pour tous.
Face à cela, nous devons revendiquer non pas d'augmenter les prélèvements obligatoires, mais l'idée qu'il serait normal que les revenus du capital et les revenus de travail soient fiscalisés de la même façon.
Travail, éducation, santé, logement, fiscalité, services publics... Voilà le choix qu'une nouvelle fois nos concitoyens doivent faire. Je leur demande de le faire avec conscience, en pensant qu'ils peuvent encore agir.
Je nous demande d'agir en esprit de responsabilité. Nous seuls serons et devons être utiles aux Français. Nous ne sommes pas dans la revanche ; nous n'effacerons pas le scrutin du 6 mai ; nous ne sommes pas là dans la contestation, la résistance. Nous sommes dans le devoir de protection, d'action et de propositions. Nous ne sommes pas là simplement pour arrêter, endiguer. Nous sommes là pour conquérir, emporter et donner de l'espérance. C'est cela être socialiste aujourd'hui !
Laissons leur l'esprit de revanche. Ils voudraient bien affaiblir la gauche. Ils ont déjà éradiqué le centre. Pauvre François Bayrou qui pensait pouvoir, avoir son casque blanc, éviter finalement ses propres amis. Ils ne l'ont pas raté. Ils l'ont abandonné, le laissant là, tout seul. Que va-t-il faire ? Lui seul le sait. Il s'interroge. Nous pouvons ne pas le laisser seul ; encore faut-il qu'il veuille venir avec nous. Nous n'excluons personne, mais nous demandons le respect de nos engagements, de nos plateformes électorales ; nous ne sommes pas dans une démarche d'aventure personnelle. Nous ne sommes pas dans l'ouverture, nous sommes dans la culture du contrat et de la coalition. Nous n'écartons personne, dès lors que l'on participe réellement à une action collective. Nous ne débauchons personne. Nous n'avons pas besoin d'aller chercher les uns et les autres, de l'autre côté, pour rester nous-mêmes. Et, en même temps, nous ne sommes pas repliés, enfermés. Nous sommes ouverts à tous sur la base de notre politique, la seule qui peut permettre le changement aujourd'hui.
CONCLUSION
Nous sommes devant un grand défi qu'il faudra relever : c'est l'équilibre des institutions, le pluralisme de la démocratie, la force que nous pouvons représenter en son sein, l'espoir que nous pouvons donner. Voilà ce défi.
Il faut en être digne. Il faut savoir que ce sera dur, difficile, que rien ne nous a été épargné. Et alors ! Nous avons, au fond de nous-mêmes, ces valeurs inaliénables, cette force de l'engagement, ce courage qui feront que rien ne nous arrêtera, que la défaite d'un jour est le succès du lendemain.
Soyez confiants, soyez fiers de vous . Ce qui s'est levé ne s'arrêtera pas. Nous serons là, ensemble, toujours ensemble, rassemblés. Il nous faudra, dans ces élections législatives, prendre toute notre place. Il nous faudra conquérir tout ce qui doit l'être, gagner partout où nous le pourrons et, ensuite, ensemble encore, nous rénoverons, nous refondrons, nous renouvellerons et nous serons là unis, rassemblés et fiers de nous-mêmes, pour les échéances qui viennent pour servir la France et les valeurs qui sont les nôtres.
Allez, Chers Camarades, vers les destins qui sont les nôtres. Nous serons ensemble, toujours ensemble.
Lorsque les socialistes sont rassemblés, rien ne peut les arrêter. Vous êtes rassemblés parce que les Français demandent qu'on le soit. Vous êtes rassemblés, parce que vous voulez être à la hauteur du défi qui vous est lancé. Vous êtes rassemblés, parce que vous voulez le changement dans notre pays. Vous savez que seuls les socialistes peuvent l'offrir aux Français.
Merci à vous tous, socialistes depuis toujours, socialistes d'un jour, socialistes de demain, d'être là avec nous, ensemble, pour la bataille qui s'annonce. Merci à ce parti, ce grand parti que j'aime, qui est la force et qui se présente devant les Français avec fierté. Fierté d'avoir respecté la parité pour les élections législatives ; fierté d'avoir renouvelé autant que c'était possible nos candidats pour les élections législatives ; fierté d'avoir engagé -et il y aura encore beaucoup à faire- la diversité des quartiers, des origines, des couleurs, pour représenter la société française.
Nicolas Sarkozy a lancé, au Havre nous dit-on, son appel ; il veut une majorité à sa main pour mener sa politique à sa guise. Nous lançons donc notre appel de Paris : nous voulons une majorité de gauche pour prêter main-forte aux Français et leur donner non pas la rupture par rapport au pacte social ou au pacte républicain, mais l'espérance, l'espérance d'être demain une France plus juste et plus forte.
Nous sommes bien conscients des dangers qui s'annoncent et de l'adversaire qui est devant nous. C'est tout de même une machine infernale. Il veut tout dévorer, tout absorber, tout broyer, tout digérer. Face à ce pouvoir vorace, il faut une gauche coriace et nous le serons dans les jours qui viennent.
Depuis le 6 mai, tout est fait pour décourager le vote. On veut donc décourager le vote, déconsidérer l'enjeu. Il n'y aurait même plus à voter ; il suffirait d'entendre le Président de la République demander sa majorité pour qu'elle lui soit donnée. Comme par décret, avant même que les Français n'aient voté. On veut dévaluer l'adversaire ; nous n'aurions même pas le droit de gagner ; cela nous serait interdit. Nous avons donc le devoir de gagner ces élections législatives.
C'est un devoir non pas pour nous-mêmes, pour être plus nombreux à l'Assemblée nationale -encore que cela ne fait pas de mal !
Notre devoir est vis-à-vis des Français, de tous ceux qui nous attendent, qui nous espèrent, qui veulent une politique équilibrée, qui veulent du changement, mais pour le meilleur pas pour le pire, et qui veulent comprendre le sens de ces élections législatives.
De quoi s'agit-il ? De décider de la politique de la France pour les cinq prochaines années . Il ne s'agit pas là de remettre en cause le mandat de Nicolas Sarkozy -nous y viendrons plus tard. Mais, nous n'allons pas attendre 5 ans quand nous avons là une occasion qui nous est donnée de décider par nos votes, dans chacune des 577 circonscriptions, de la politique que nous voulons pour le pouvoir d'achat, pour l'emploi, pour le logement, pour la santé. Saisissons cette chance ; elle ne reviendra plus avant cinq ans. Cinq ans, c'est long, c'est trop long. C'est maintenant qu'il faut agir. Là est le sens des élections législatives.
Il s'agit aussi de sanctionner une majorité sortante car, celles et ceux qui vont être candidats contre les nôtres ont représenté, pendant cinq ans, le pouvoir . On finirait par l'oublier. Nicolas Sarkozy a même dit au Havre qu'il était l'élu d'une « révolution » ! S'il s'agissait de renverser Jacques Chirac, convenons-en ! Mais, pour le reste, c'est un régime qui se survit à lui-même, qui se poursuit, qui se prolonge. Qui est donc le Premier ministre, si ce n'est celui qui était avec Jean-Pierre Raffarin ! Qui sont donc les Ministres si ce n'est ceux qui étaient déjà là avant. J'en conviens, il n'y avait pas Alain Juppé, il était dans l'équipe précédente. Pourquoi n'ont-ils pas pris Balladur. Et Sarkozy lui-même, où était-il ? Mais, pendant cinq ans, il était dans ce gouvernement, numéro 2 et chef de l'UMP déjà. Il faut donc sanctionner cette majorité sortante si nous pensons qu'elle a échoué. Et elle a échoué : croissance la plus faible d'Europe, chômage le plus élevé d'Europe, déficit commercial le plus élevé de notre histoire, comptes sociaux dégradés, endettement public record... Et il faudrait continuer avec ceux-là ! Il va falloir changer et changer fort dès les élections législatives.
Il y a aussi une menace et un risque. Depuis le 6 mai, nous savons ce qu'est une présidentialisation poussée à son paroxysme. Nous pensions que Nicolas Sarkozy voulait être simplement Président de la République. Mais, cela ne lui suffit pas. Il en veut davantage. Il a nommé un Premier ministre : c'était pour ordre, parce qu'il avait besoin d'un aide de camp, d'un auxiliaire, d'une ordonnance ! Il ne fera pas d'ombre à sa majesté. Il est là pour se courber, se soumettre et se démettre le moment venu.
Mais, Nicolas Sarkozy ne veut pas simplement être Président de la République et Premier ministre ; il veut être Ministre de tout : Ministre de l'Intérieur -c'est encore lui !; Ministre des Affaires Etrangères -ce n'est pas lui, mais c'est tout comme ; et les autres ministres ? Il les a choisis et veut même aller plus loin en choisissant leurs collaborateurs, leurs cabinets.
Il veut tout, tout contrôler, tout diriger, tout soumettre, tout acheter pace qu'il pense que tout s'achète : les consciences, les amitiés, les réseaux, les fidélités, les affiliations partisanes. Tout cela est affaire de commerce, de marché, de troc !
Face à cette présidentialisation qui menace, il faut un Parlement et une majorité différente à l'Assemblée nationale . Il faut une opposition forte -si nous ne parvenons pas à la majorité- qui sera la garantie même de la République, de la démocratie, de l'équilibre, du pluralisme. Et cela ne fera pas défaut, parce qu'ils veulent tout contrôler, au-delà même des consciences, jusqu'à la télévision, aux images et ils y placeront là leurs collaborateurs, leurs fidèles, pour s'assurer que la bonne image soit retenue. Nous faisons confiance aux journalistes. Et il y a aussi les forces de l'argent. Ils les tiennent ou plutôt ce sont les forces de l'argent qui le tiennent.
N. Sarkozy sait qu'il fait peur... peut-être même à lui-même de temps en temps. Il sait qu'il inquiète et que nul n'est vraiment complètement rassuré... peut-être même jusque dans son propre camp. Alors, pour ne pas inquiéter, pas alarmer, pas alerter, nous sommes dans un temps de communication. Depuis le 6 mai, il ne faut s'inquiéter de rien : « ayez confiance, j'ai changé ; hier j'étais la droite décomplexée, aujourd'hui je suis un Président sans complexe. Je parle à tout le monde, je vais dans les cantines, je rencontre des ouvriers, je vois des agriculteurs, et puis je cours, je cours sans cesse, je cours encore, je cours toujours ». Comme s'il devait dire aux Français « courez, il ne vous sera fait aucun mal ! ». Mais, si nous ne voulons pas courir, nous. Si nous ne voulons pas marcher même dans cette direction, on en a bien le droit !
Si on ne veut pas courir, on nous dit de dormir : « dormez profondément, jusqu'au 10 juin ; ne vous réveillez pas ; inutile. Dormez même jusqu'au 17 juin, il ne vous sera fait aucun mal ». Mais, après le 17 juin, on ne répond plus de rien. L'anesthésie s'arrête et la chirurgie lourde commence. Evitez donc ces dépenses de santé inutiles pour les Français !
Face à cette menace -elle est réelle, face à la gravité de l'enjeu, il n'y a qu'une seule force pour agir et protéger les Français. Cette force, c'est la vôtre ; cette force, c'est le Parti socialiste . Il doit être là, maintenant, dans cette campagne comme recours, comme réponse. Je sais qu'au-delà de cette salle, beaucoup ont été déçus le 6 mai, tant l'espoir fut grand -celui qu'a levé Ségolène Royal. Je sais que les électeurs de gauche sont inquiets devant cette déferlante politico-médiatique. Je sais qu'il y en a même, fatalistes résignés, qui se disent ne plus rien attendre du vote, qui préparent déjà les banderoles et s'engagent pour de grands défilés pour l'automne prochain.
A ceux-là, je dis non. Avant de défiler, de manifester, de contester, il existe un moyen plus commode : VOTEZ, oui, votez, utilisez ce droit fondamental, le suffrage pour décider, le suffrage pour arrêter, le suffrage pour proposer. C'est le vôtre, c'est le suffrage socialiste.
Nous aurons dans quelques jours, une nouvelle fois, un choix de politique . Est-ce que nous voulons une sortie individuelle ? C'est ce que nous propose la majorité UMP. Débrouillez-vous. Un Etat minimal qui laissera faire. Enrichissez-vous, on vous donnera tous les moyens de le faire ; tant pis pour les autres qui ne sont pas déjà riches... Parce que dans leur politique, il faut déjà être riche pour s'enrichir. Assurez-vous sur la santé, sur la retraite. Choisissez librement l'école pour vos enfants. Travaillez plus, si vous avez un travail, et payez moins d'impôts, vous serez servi de surcroît. Voilà la société que l'on nous prépare : la sortie que l'on doit trouver tout seul et, si on ne la trouve pas, tant pis on continue de courir !
Et il y a ce que nous proposons : une sortie ensemble où chacun peut et doit réussir, mais pas au détriment de l'autre, où la prospérité se fait avec le travail de tous et sans avoir besoin de plus de précarité, de plus de misère, de plus de pauvreté. Nous n'avons pas besoin d'exclure pour permettre à la société française d'être plus riche ! Nous avons besoin de tous ceux qui travaillent, de tous ceux qui espèrent, de tous ceux qui veulent se former, en savoir davantage, et chercher ensemble l'issue collective de la crise.
Sur quatre grands sujets, nous voyons les différences :
Le travail
Faudra-t-il recourir sans cesse aux heures supplémentaires ou, au contraire, faire en sorte que ce soit l'embauche qui soit favorisée et non les heures supplémentaires ? Les premières victimes de cette mesure, comme cela se passe aujourd'hui sur les heures supplémentaires déchargées qui ne sont que la légalisation du « travail au noir », s'appelleront « intérimaires », « CDDs »... En effet, pourquoi les garder si l'on peut faire travailler les autres davantage pour moins cher.
Nous répondons qu'une heure normale doit coûter moins cher qu'une heure supplémentaire, qu'une heure d'un nouvel embauché doit coûter moins cher qu'une heure d'une personne déjà dans l'emploi. Voilà le sens de la politique que nous devons proposer.
De même, le contrat de travail unique n'est rien de moins que la généralisation du CNE ou du CPE.
Nous répondons « Sécurité sociale professionnelle » et le droit de pouvoir changer d'emploi et avoir l'accompagnement, le soutien, la requalification vers le nouvel emploi quand on a perdu le premier.
La santé
Veut-on ces franchises ? Je le dis souvent d'ailleurs : méfiez-vous du mot franchise, il n'est pas sincère. On pense qu'elles seraient comme un cadeau. Non. C'est un impôt. De combien sera-t-il ? On n'en connaît pas encore le prix. Ce que l'on sait, c'est que plus le déficit de la Sécurité Sociale sera élevé, plus les franchises seront hautes.
Nous devons opposer à ces franchises, ces déremboursements, ces fiscalités supplémentaires, le droit inaliénable à la santé, coordonner les professions de santé, réduire les actes médicaux et donner la priorité à l'hôpital public.
Le logement
Nicolas Sarkozy a fait son annonce : Propriétaires de notre pays qui avaient emprunté sur votre résidence principale, vous pourrez maintenant déduire vos intérêts d'emprunt. Vous ne savez pas encore pour combien de temps -peut-être que quelques mois !
Plutôt que de dispenser des cadeaux fiscaux aux plus favorisés -car il s'agira en fait des plus favorisés-, nous répondons la diffusion du prêt à taux zéro à toutes les catégories sociales. Mieux vaut un prêt à taux zéro qu'une aide fiscale aux plus favorisés.
L'Education
Veut-on la suppression de la carte scolaire, comme nous le dit, c'est-à-dire les ghettos et la liberté pour certains d'accéder aux établissements supposés de qualité ou veut-on revisiter la carte scolaire, l'assouplir autant qu'il sera nécessaire tout en gardant l'objectif de mixité sociale, faire l'accompagnement scolaire gratuit pour tous les enfants de notre pays ?
Ce sera un choix politique pour la fiscalité. S'accumulent là les promesses : bouclier fiscal à 50 %, suppression des droits de succession, abandon de l'impôt sur la fortune. Et, face à ces 17 milliards d'euros de baisse d'impôt déjà annoncée, il faudra bien trouver l'argent. On annonce pas moins de 3 points du taux de TVA. C'est le sens de la politique proposée par N. Sarkozy : des cadeaux pour les uns et des impôts pour tous.
Face à cela, nous devons revendiquer non pas d'augmenter les prélèvements obligatoires, mais l'idée qu'il serait normal que les revenus du capital et les revenus de travail soient fiscalisés de la même façon.
Travail, éducation, santé, logement, fiscalité, services publics... Voilà le choix qu'une nouvelle fois nos concitoyens doivent faire. Je leur demande de le faire avec conscience, en pensant qu'ils peuvent encore agir.
Je nous demande d'agir en esprit de responsabilité. Nous seuls serons et devons être utiles aux Français. Nous ne sommes pas dans la revanche ; nous n'effacerons pas le scrutin du 6 mai ; nous ne sommes pas là dans la contestation, la résistance. Nous sommes dans le devoir de protection, d'action et de propositions. Nous ne sommes pas là simplement pour arrêter, endiguer. Nous sommes là pour conquérir, emporter et donner de l'espérance. C'est cela être socialiste aujourd'hui !
Laissons leur l'esprit de revanche. Ils voudraient bien affaiblir la gauche. Ils ont déjà éradiqué le centre. Pauvre François Bayrou qui pensait pouvoir, avoir son casque blanc, éviter finalement ses propres amis. Ils ne l'ont pas raté. Ils l'ont abandonné, le laissant là, tout seul. Que va-t-il faire ? Lui seul le sait. Il s'interroge. Nous pouvons ne pas le laisser seul ; encore faut-il qu'il veuille venir avec nous. Nous n'excluons personne, mais nous demandons le respect de nos engagements, de nos plateformes électorales ; nous ne sommes pas dans une démarche d'aventure personnelle. Nous ne sommes pas dans l'ouverture, nous sommes dans la culture du contrat et de la coalition. Nous n'écartons personne, dès lors que l'on participe réellement à une action collective. Nous ne débauchons personne. Nous n'avons pas besoin d'aller chercher les uns et les autres, de l'autre côté, pour rester nous-mêmes. Et, en même temps, nous ne sommes pas repliés, enfermés. Nous sommes ouverts à tous sur la base de notre politique, la seule qui peut permettre le changement aujourd'hui.
CONCLUSION
Nous sommes devant un grand défi qu'il faudra relever : c'est l'équilibre des institutions, le pluralisme de la démocratie, la force que nous pouvons représenter en son sein, l'espoir que nous pouvons donner. Voilà ce défi.
Il faut en être digne. Il faut savoir que ce sera dur, difficile, que rien ne nous a été épargné. Et alors ! Nous avons, au fond de nous-mêmes, ces valeurs inaliénables, cette force de l'engagement, ce courage qui feront que rien ne nous arrêtera, que la défaite d'un jour est le succès du lendemain.
Soyez confiants, soyez fiers de vous . Ce qui s'est levé ne s'arrêtera pas. Nous serons là, ensemble, toujours ensemble, rassemblés. Il nous faudra, dans ces élections législatives, prendre toute notre place. Il nous faudra conquérir tout ce qui doit l'être, gagner partout où nous le pourrons et, ensuite, ensemble encore, nous rénoverons, nous refondrons, nous renouvellerons et nous serons là unis, rassemblés et fiers de nous-mêmes, pour les échéances qui viennent pour servir la France et les valeurs qui sont les nôtres.
Allez, Chers Camarades, vers les destins qui sont les nôtres. Nous serons ensemble, toujours ensemble.