Déclaration de M. Christian Poncelet, président du Sénat, sur le souvenir du rôle des combattants tunisiens durant la deuxième guerre mondiale, Gammarth le 17 mai 2007.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Voyage en Tunisie le 17 mai 2007-dépôt de gerbe au cimetière français de Gammarth

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
Il y a 62 ans, presque jour pour jour, la capitulation de l'Allemagne nazie mettait fin à cinq terribles années de guerre en Europe.
Cette lutte pour la liberté et contre la barbarie avait vu combattre, aux côtés des alliés, une Armée française reconstituée sur la terre africaine à partir de novembre 1942 et au sein de laquelle servaient plus de 45 000 soldats tunisiens.
Ceux-ci, aux côtés de leurs frères d'armes français, mais aussi algériens, marocains ou encore sénégalais, prirent une part déterminante aux combats menés, d'abord ici, en Tunisie, puis ensuite en Italie, en France et, pour finir, en Allemagne.
Sienne, Marseille, Belfort, le Hohneck, Scheibenhard, autant de lieux où les troupes tunisiennes s'illustrèrent, notamment au sein du 4ème Régiment de Tirailleurs Tunisiens qui reste, encore aujourd'hui, parmi les unités les plus décorées de l'Armée française.
Le 19 mars 1945, c'est aussi un sous-officier tunisien, l'adjudant EL ABED, qui, le premier de l'Armée française, pénétra sur le territoire allemand, ouvrant à nos armées la voie de Berlin et de la victoire.
Voilà, Mesdames et Messieurs, rapidement évoquées les raisons de notre présence dans ce lieu qui évoque notre « mémoire partagée », cette histoire commune que l'on ne doit pas oublier.
Voilà également pourquoi j'ai tenu à commencer ma visite officielle dans ce pays ami par cet hommage solennel aux combattants de nos deux pays.
Grâce à eux, aujourd'hui, nos deux pays connaissent la paix. Ils connaissent également l'amitié, à nulle autre pareille, qui unit ceux qui ont combattu côte à côte et ont affronté les mêmes périls.
Mais nous devons également exprimer notre reconnaissance aux anciens combattants, ceux qui sont aujourd'hui à nos côtés et qui représentent les 7 500 vétérans de l'Armée française vivant aujourd'hui en Tunisie.
Je les salue tous et leur transmets la reconnaissance de notre pays.
Cette reconnaissance s'est dernièrement et tout à fait justement exprimée à travers la loi adoptée il y a quelques mois par le Parlement français et portant « décristallisation » des pensions militaires et d'invalidité et de la retraite du combattant.
Je sais que ces mesures trouvent en ce moment même leur pleine application auprès des pensionnés tunisiens et je suis heureux, en tant que Président du Sénat, que notre Haute Assemblée ait pris toute sa part dans ce travail législatif, venant ainsi traduire, encore une fois, la juste reconnaissance de notre pays à nos compagnons d'armes.
Le 15 août 2004, à l'occasion du 60ème anniversaire du débarquement de Provence, le Président de la République déclarait aux anciens combattants présents, je le cite :
« ... Il y a 60 ans, en combattant au coude à coude la barbarie nazie, vous avez scellé l'avenir de nos enfants dans une espérance commune ; celle d'un monde qui respecte la dignité et la diversité de chacun. Vous êtes, pour toujours, nos compagnons de liberté, d'égalité et de fraternité... »
Vive la Tunisie !
Vive la France !
Vive l'amitié franco-tunisienne !Source http://www.senat.fr, le 23 mai 2007