Déclaration de M. François Hollande, premier secrétaire du Parti socialiste, sur l'enjeu principal des élections législatives pour les socialistes, Nantes le 4 juin 2007.

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Circonstance : Meeting électoral à Nantes, le 4 juin 2007

Texte intégral

Chers Amis,
Je veux saluer Jean-Marc Ayrault comme maire de Nantes, comme prochain député de Loire-Atlantique, comme président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale depuis 10 ans ; cela a passé si vite que l'on a le sentiment de commencer.
Je veux dire ici à Ségolène Royal que, partout où je vais, les gens me disent que, certes nous n'avons pas gagné le 6 mai, mais quelle belle campagne ! quel engagement ! quel courage ! quelle force ! et quelle envie de continuer ! Nous avons l'occasion dans une semaine d'utiliser notre bulletin de vote pour corriger l'élection présidentielle -sans doute, mais pour faire en sorte d'équilibrer le Parlement. Nul besoin d'attendre 2012. Nous avons encore la possibilité d'agir avant. Nous devons donc tous participer au scrutin. Les élections législatives peuvent nous donner les moyens d'agir, de faire entendre notre voix, celle des jeunes qui se sont engagés pour la première fois dans une élection et qui peuvent éprouver de la déception, sans aller jusqu'au désespoir ; celles des « vieux routiers » de la gauche qui savent bien qu'une défaite d'aujourd'hui peut se transformer en victoire demain. Nous ne nous résignons jamais à l'abandon, au fatalisme. On aurait pu, en effet, gagner tout de suite, mais ils ne perdent rien pour attendre : nous sommes là ; nous sommes une force ; nous sommes le Parti socialiste avec sa longue histoire, avec son bel avenir qu'il faudra rénover, refonder, changer, mais ce sera toujours le Parti socialiste. Avec ses valeurs, ses principes, ses idéaux. Et l'on modernisera, bien sûr ; on a bien compris qu'il y avait la mondialisation ; on sait qu'il y a nécessité d'avoir des entreprises compétitives, dynamiques. C'est un socialiste qui a permis d'éradiquer l'inflation en France : François Mitterrand. Et qui a permis de restructurer les entreprises ? Des Premiers ministres socialistes : Pierre Mauroy, Laurent Fabius, d'autres encore. Et qui a permis de faire réellement diminuer le chômage et pas dans les statistiques : Lionel Jospin. On a donc aucune leçon à recevoir de ces pseudos modernisateurs, pour qui la modernité c'est moins de protection, moins de droits pour les salariés et plus de liberté pour les entreprises.
Nos candidats dans cette région doivent donc avoir l'ambition haute ; pas pour eux-mêmes, mais pour les idées qu'ils portent. Ils doivent sans doute avoir le sentiment de ne pas être dans la meilleure période -c'est possible. Mais, ils sentent bien, dans chaque circonscription, qu'il suffirait que tous ceux qui ont voté pour Ségolène Royal viennent voter pour les élections législatives pour que tout change ; et tout va changer si nous arrivons à les convaincre.
Je pourrais citer tous nos candidats, mais je n'en citerai qu'un parce que je le connais depuis longtemps, parce qu'il a une responsabilité particulière : il doit nous débarrasser d'un Premier ministre qui n'a, pour l'instant, été choisi que par Nicolas Sarkozy. Je ne veux pas lui imputer une trop lourde charge qui le mettrait en accusation s'il n'y parvenait pas, mais dans un combat comme celui-là ce qui compte, c'est la force de son courage et la volonté de faire face. Stéphane LE FOLL est d'ailleurs contesté par François Fillon, alors même qu'il n'a pas encore reçu l'investiture de l'Assemblée nationale. François Fillon devrait au moins avoir le respect à l'égard des grandes familles politiques. Qu'a-t-il dit de nous ? Que nous serions gagnés par une sorte d'imposture morale ! En matière d'imposture, il y a des concurrences que nous ne sommes pas en mesure d'engager. Quant à la morale, ceux qui font du débauchage avec des débauchés n'ont pas de leçon à nous donner non plus sur ce terrain-là. Mais il a été plus loin en disant que la gauche n'osait pas aimer la France. Nous l'aimons la France. Pas moins que lui, peut-être même un peu plus, car pour nous il n'y a pas deux France -la bonne et la mauvaise ; il n'y a pas deux catégories de Français -ceux qui pensent comme nous et ceux qui ne penseraient pas comme nous. Pour nous, la France, ce sont des droits, des principes, des valeurs qui nous unissent tous. Aujourd'hui, on nous dit que l'on n'aime pas la France, demain ils nous demanderont de la quitter ! Nous resterons là, car nous sommes les porteurs de l'idéal de la France. Et avoir gagné une élection présidentielle ne leur donne pas le droit ou la liberté d'écarter, d'exclure.
Nous n'avons pas gagné. Certes. Mais nous avons fait une belle campagne, un beau résultat (17 millions de voix) ; nous n'étions pas loin du but. Et voilà qu'arrivent les élections législatives et l'on veut nous interdire le droit à les gagner ! On ne nous accorde que le droit de les perdre. Mais, c'est le suffrage qui décidera et notre devoir est de convaincre.
Quel est le sens de ces élections législatives ?
D'abord de juger une majorité sortante. Car, il y a bien eu un gouvernement de droite depuis 2002 ; il y a bien eu un Premier ministre qui s'appelait Jean-Pierre Raffarin ; il y en a même eu un autre que l'on a perdu de vue : Dominique de Villepin. Et il y avait dans ces gouvernements -le premier en tout cas- François Fillon et dans les deux gouvernements, Nicolas Sarkozy. Et ils nous feraient croire qu'ils ne sont pas sortants. Ils essayent même d'accréditer la thèse que nous serions les sortants. Il faut donc rétablir une vérité : Jacques Chirac a été Président de la République pendant 12 ans -pas nous ; et la droite est au pouvoir avec le Président de la République, le Premier ministre, le gouvernement, une majorité écrasante à l'Assemblée nationale depuis 5 ans.
Pourtant, ils voudraient nous faire croire qu'ils ont fait une révolution avec l'élection présidentielle, au prétexte que Nicolas Sarkozy ait obtenu ce qu'il cherchait -une élection- et succéder à Jacques Chirac. Mais, pour faire quelle politique ? La même en pire. C'est ce qu'ils nous préparent.
Nous avons donc l'obligation de les juger. Ont-ils un bilan ? Apparemment, ils ne le connaissent pas. D'ailleurs, pendant l'élection présidentielle, on pouvait se poser la question de savoir pourquoi personne ne voulait s'attribuer le bilan de la droite qui existe. Le bilan est là, comme un fardeau ; ils le déposaient partout où ils allaient espérant que quelqu'un veuille bien s'en attribuer la paternité « Qui veut de mon bilan ? ». Jacques Chirac exhortant les uns à le prendre, les autres -Nicolas Sarkozy en tête- se revendiquant de la rupture le refusaient.
Il y a donc toujours un bilan pour les élections législatives. C'est le leur. Devons-nous en parler de ce « pauvre » bilan ! Un chômage qui ne baisse que dans les statistiques -et encore celles qui sont publiées, les mauvaises ne l'étant pas ; une croissance la plus faible d'Europe ; un endettement public record ; un déficit commercial historique ; et l'insécurité, parlons-en justement de l'insécurité. Il faut un rapport de la police -car maintenant, même la police n'arrive plus à surveiller la police- pour savoir que, dans le département de la Seine-Saint-Denis (département d'où sont hélas parties les émeutes urbaines de la fin de l'année 2005), la violence a progressé de 16 % et, qu'en plus, les rapports entre la police et la population se sont encore dégradés. Parce que les délinquants ne sont pas jugés et punis comme il convient et que les contrôles se multiplient sans qu'ils soient ni utiles ni efficaces, et parfois même ils sont blessants.
Voilà le bilan qu'ils ne revendiquent pas. Il nous faut donc avoir, dans ces élections législatives, un argument tout simple : si vous êtes contents de la politique qui a été menée depuis 5 ans, votez et faites votez pour les candidats de l'UMP. Mais, si vous n'en êtes pas contents, alors votez pour les candidats socialistes, car ce sera le vrai changement, le seul changement possible.
Quel est l'enjeu des élections législatives ?
Décider, rien de moins que cela, de la politique de la France. C'est tout de même le Parlement qui fait la loi. Il faut le dire car certains pensent que c'est Nicolas Sarkozy qui fait la loi. NON. Il est Président de la République, c'est déjà beaucoup (trop même), mais c'est aussi la règle en démocratie que d'accepter le verdict du suffrage universel. C'est le Parlement qui décidera de ce qu'il faut ou ne faut pas faire en matière de droit du travail, en matière de protection sociale, de retraite, d'assurance maladie, de sécurité... Bref, de ce qu'il faut pour la France. C'est donc le vote de nos concitoyens dans les 577 circonscriptions qui fera la politique de la France pour cinq ans.
L'autre enjeu est la composition même du Parlement, l'équilibre entre la gauche et la droite ; c'est de savoir quel sera le rapport de force. Nous sommes effectivement dans un moment où il faut équilibrer, corriger et même les protéger d'eux-mêmes. Car, si nous n'étions pas là, vous imaginez ce qu'ils feraient ? Nous serons donc là, nombreux à l'Assemblée nationale, si les Français le décident.
C'est pourquoi, le premier devoir que nous avons, le premier appel que nous devons lancer, c'est l'appel au vote, à la participation ; il faut que toutes celles et tous ceux qui ont voté le 6 mai reviennent aux urnes.
Il y a en effet trois risques à conjurer :
. Le premier est un risque institutionnel : nous sommes sans doute à un moment où la présidentialisation du régime de la Vè République a atteint son paroxysme. Nicolas Sarkozy voulait être Président -il l'est. Il veut aussi être Premier ministre ; François Fillon avait écrit que son objectif était de faire disparaître la fonction de Premier ministre : cet objectif est d'ores et déjà atteint. Mais, Nicolas Sarkozy ne veut pas simplement être, avec un Premier ministre réduit au rang de majordome, chef du protocole, d'ordonnance, d'aide de camp... Il veut être Ministre de tout : Ministre de l'Intérieur -qui d'autre que lui pourrait l'être ! Ministre des Affaires Etrangères -il a trouvé un prête-nom ! Ministre de l'Economie et des Finances -forcément, il l'a été ! Ministre des comptes publics... Bref, il surveille les cabinets ministériels, les nominations dans les administrations et va même plus loin encore : les préfets, les ambassadeurs et même les magistrats... Tout doit revenir vers lui. Il a déjà une majorité docile au Sénat ; et Jean-Pierre Raffarin est même prêt à se dévouer pour être le Président de cette haute institution ! Quelle abnégation ! Il a à sa disposition le Conseil constitutionnel, le Conseil supérieur de l'Audiovisuel avec la nomination de l'ancien directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin. Il est partout. On le voit partout. Chaque journal du soir est une information en tant que telle : il est à l'hôpital, il déjeune dans les cantines ; ensuite il court jusqu'au fort de Brégançon ; il revient, fait les communions, les enterrements, les baptêmes, les mariages... Rien ne doit lui échapper. Il est peut-être là, parmi nous, ici à Nantes. En tout cas, on le verra demain soir à la télévision. Et, s'il nous échappe, il sera au journal de 13 heures ! Jamais au journal de la nuit ! Le journal de la nuit, c'est pour nous !
. Le second risque est démocratique : concentration de tous les pouvoirs, logique de contrôle, de soumission, de subordination, de dépendance, de captation, où l'on pourchasse jusqu'à ses amis d'hier. Pauvre Bayrou ! Quelle solitude ! Tous ses amis devenus les ministres ou les sous-ministres ou les candidats UMP ou nouveau centre de cette pseudo majorité ! Il veut aussi éradiquer la gauche. S'il pouvait même capter un petit parti -ah ! il en a trouvé un grâce à Tapie, un intermédiaire de qualité ! Ces élections législatives sont donc un enjeu démocratique car, lorsque l'on veut tout contrôler, tout dominer, mais aussi peser sur les consciences, dans les libertés de chacun, c'est la démocratie que l'on bafoue. Il faut donc en appeler au sursaut citoyen car il faut que l'on puisse préserver les principes de notre démocratie à travers ces élections.
. Le troisième risque est social : que nous dit-on d'ailleurs sur le pacte social ? De ne pas nous inquiéter, de ne pas avoir peur, que cinq ans de politique de Sarkozy ne nous feront aucun mal. Jusqu'aux élections législatives, en tout cas, rien n'est fait qui ne doit nous alarmer. On nous parle de droit du travail, mais pas d'inquiétude, ce sera pour le bien du salarié ; de protection sociale, mais là encore rien à craindre pour les retraites ou la Sécurité Sociale ; de l'Education, aucun souci, c'est pour le bien des enfants ; il ne sera fait aucun mal aux services publics, il y aura seulement moins de fonctionnaires, mais mieux payés ; quant aux universités, cela se fera dans le courant de l'été pour ne pas inquiéter les étudiants en vacances à cette période. Et l'on fait même croire qu'il n'y aura que des cadeaux, que des cadeaux fiscaux. C'est formidable ! On donne aux riches, reste aux pauvres à espérer en récupérer une miette ! Ne sous-estimons pas l'entreprise de communication. Combien sont venus nous voir en disant « génial, je ne vais plus payer de droits de succession ». Je les interroge donc « Mais, que possédez-vous ? ». « Rien » me répondent-ils ! Alors, ils ne paieront rien sur rien. Quelle chance tout de même ! D'autres nous disent « C'est formidable, avec le bouclier fiscal, je ne paierai pas plus de 50 % de mes revenus en impôt ». Je les interroge à nouveau « Payez-vous l'impôt sur le revenu ». « Non, mais je serai tout de même protégé pour le cas où je doive le payer un jour » ! On a même fait croire que l'on pourrait déduire les intérêts des emprunts que nous avons pu prendre, il y a 20 ans ! Et de s'apercevoir que, souvent, ceux qui semblent les plus heureux de ces mesures sont justement ceux qui sont loin d'avoir les moyens de pouvoir être concernés par ces mêmes mesures.
Il nous faut donc aussi conjurer cette mystification. Nous sommes à la veille d'un grand choix de société et la seule force qui peut permettre une alternative, c'est la force socialiste.
Prenons quelques exemples :
- Sur le Travail : d'un côté, on nous dit « travailler plus pour gagner plus ». Allez dire à des chômeurs de travailler plus quand ils attendent un travail ; allez dire à ceux qui sont à temps partiel de travailler plus, quand ils demandent un plein temps. Quoiqu'il sera possible maintenant, à temps partiel, de bénéficier d'une exonération de cotisation sociale pour le patron lorsque cela ira au-delà du temps partiel. Nous n'y avions pas pensé ! Maintenant, des employeurs recruteront des personnels à temps partiel pour les faire travailler à temps complet, sans cotisation sociale, sans impôt, sans charge aucune !
À cette logique qui permet à ceux qui sont dans l'emploi peut-être de le conserver, nous opposons une logique du « travailler tous », et du « travailler tous pour gagner plus ensemble », avec une incitation qui doit être faite sur l'embauche, avec une baisse de cotisation sociale sur l'heure nouvelle de travail et pas sur l'heure supplémentaire qu'il faut instaurer. Et si, avec les mêmes sommes (4 ou 5 milliards), on avantage l'embauche plutôt que le travail de ceux qui en ont déjà un, cela réduira le chômage. Voilà la politique que nous proposons.
- Sur la santé : tout a été dit sur les « franchises » santé ; d'ailleurs, mieux vaut se méfier -je le dis souvent- du mot « franchise », il n'est pas sincère, parce que derrière ce mot, il y a les déremboursements, la responsabilité individuelle de s'assurer si on le peut pour couvrir les premiers soins. À cette logique de privatisation des soins, nous opposons la logique de la coordination, de la prévention, de l'harmonisation et de la priorité à l'hôpital public.
- Sur le logement : Face aux déductions d'intérêts, nous opposons le prêt à taux zéro.
- Sur l'Education : plutôt que la suppression de la carte scolaire -même s'il faut l'assouplir, nous préférons l'accompagnement scolaire gratuit, la lutte contre l'échec scolaire, la scolarisation obligatoire dès l'âge de trois ans, l'encadrement dans les collèges... Bref, une Education véritablement pour tous.
- Sur la fiscalité : plutôt que le bouclier fiscal, la suppression de l'impôt sur les successions et tout ce qui sera donné sous forme de cadeaux fiscaux aux plus privilégiés avec la contrepartie de la TVA sociale payée par tout le monde (c'est pour cela qu'elle est sociale !), nous appelons à une égalité dans le traitement fiscal des revenus du travail et des revenus du capital. Voilà ce qui fait la différence.
Nous sommes donc à un moment essentiel.
L'esprit de revanche anime nos concurrents. Ils veulent revenir non pas simplement sur ce que nous avons fait lorsque nous étions aux responsabilités avec Lionel Jospin, avec François Mitterrand, mais sur Mai 68 et même sur la Libération et plus loin encore si c'est possible, cherchant disent-ils à faire « table rase » pour inventer une nouvelle France. Laquelle ? Une France où le rôle de l'Etat serait de permettre à chacun de réussir seul sa vie, c'est-à-dire aux plus aisés, aux plus favorisés, aux nantis de la vie, de pouvoir se débrouiller tous seuls.
Nous opposons une autre vision de la société ; celle où l'on peut, où l'on doit s'accomplir personnellement, où l'on doit s'émanciper, réussir soi-même son existence, mais dans le respect de tous. Il ne peut pas y avoir de réussite individuelle, sans une réussite collective. Il ne peut pas y avoir de bonheur personnel, sans prospérité de tous.
Et, si nous demandons l'équilibre au sein de l'Assemblée nationale, c'est parce que nous souhaitons que le conflit soit au coeur de nos institutions, au coeur du débat républicain, dans la plus haute des assemblées, celle que le peuple désigne. Et si le conflit n'est plus au sein de l'Assemblée nationale, il sera ailleurs, dans la rue, dans la confrontation.
C'est parce que nous ne voulons pas d'une société qui se divise, qui se fragmente et que nous refusons la violence sociale, que nous appelons justement au vote pour les élections législatives des 10 et 17 juin.
Nous sommes animés par l'esprit de responsabilité : être utiles à nos concitoyens, servir l'intérêt général, faire des propositions, critiquer ce qui doit l'être ou approuver ce qui pourrait l'être, et faire en sorte d'être au service de ceux qui souffrent, de ceux qui attendent et qui seront certainement désespérés par une politique dure. Voilà notre responsabilité. Elle est grande. Elle est d'offrir non pas simplement une défense, une protection de toujours, mais aussi une perspective, une espérance.
C'est la raison pour laquelle nous avons à faire en sorte que ces élections législatives soient les plus utiles aux Français. Non pas pour nous-mêmes, non pas pour la gauche. Non pas pour notre Parti. Mais pour qu'il y ait véritablement cet équilibre et cette harmonie.
Nous reprendrons ensuite la marche lente, inexorable vers le progrès, vers l'avenir. Nous rénoverons tout ce qui doit l'être. Nous refondrons la gauche, parce que c'est le Parti socialiste qui doit accueillir tous ceux qui veulent travailler avec nous. Nous renouvellerons les générations comme nous l'avons toujours fait et nous ferons en sorte de proposer un projet -celui sur lequel nous partons est déjà une base, un socle- à partir duquel nous pourrons bâtir la société de demain.
Soyez plein d'espoir, parce que vous en méritez. Soyez plein de fierté, ne vous laissez pas caricaturer parce que vous êtes les serviteurs du plus bel idéal : la dignité humaine, la liberté individuelle et publique mais aussi la solidarité. Ne croyez pas que ces valeurs soient dépassées, au contraire. Elles sont d'une extrême modernité. Et, dans le monde de demain que nous avons à préparer, ce sont précisément le développement durable, l'égalité, les biens publics, la capacité d'inventer, d'innover, de rechercher, qui sont attendus du monde et de la France. C'est de tout cela dont nous sommes à la fois les héritiers et les porteurs.
Je ne sais ce que seront les élections législatives mais, si nous affirmons tout au long de cette campagne ces valeurs, rien ne doit nous être interdit.
Il y aura ensuite un second tour où il nous faudra gagner autant de circonscriptions que possible. Au lendemain, nous aurons à travailler, travailler encore. Nous sommes un peu comme Sisyphe qui porte son rocher. Il est lourd. Mais, comme le disait Camus « Sisyphe est heureux », parce que lorsqu'il porte son rocher tout en haut et qu'il est redescendu de la montagne pour la remonter, il sait qu'il parcourt la plus belle aventure humaine, celle du progrès.
Nous continuons donc à gravir notre montagne, en portant notre rocher, car nous savons bien qu'au-dessus de tout, au-dessus de nos générations, au-dessus de nos propres vies, nous portons le destin de l'humanité.