Texte intégral
C. Barbier.- H. Morin, bonjour.
R.- Bonjour.
Q.- Bouclier fiscal, déduction des intérêts d'emprunts pour la résidence principale, réforme des droits de succession : le programme fiscal du gouvernement s'applique, il va creuser les déficits. Vous le dénonciez quand vous étiez aux côtés de F. Bayrou, jusqu'à ne pas voter d'ailleurs le budget 2007. Aujourd'hui, vous approuvez cette politique ?
R.- Il y a un vrai problème pour le pays qui est un problème de croissance. Depuis dix ans, nous faisons 0,6 % de croissance en moyenne, en moins que les autres pays européens. Et ces 0,6 % de croissance en moins pèsent bien entendu sur la possibilité pour le pays de revenir à l'équilibre budgétaire, ils pèsent sur le pouvoir d'achat des ménages. Il y a une étude économique assez signifiante qui a été faite il y a deux ou trois mois, qui montrait que si on avait eu le même taux de croissance que les Hollandais depuis dix ans, nous aurions en salaire moyen, c'est une moyenne, près de 5 000 euros de plus par salarié à partager.
Q.- Donc faire passer la croissance avant la dette, c'est une bonne politique ?
R.- Il faut faire les deux choses. Il faut d'une part faire en sorte que le pays retrouve les éléments de la croissance parce que de là se réglera en grande partie la question du chômage, en grande partie la question de l'équilibre des comptes de la Sécurité sociale et en grande partie la question de l'équilibre budgétaire. Et en même temps qu'il y a toute une série de mesures pour dynamiser l'économie française, il faut en même temps faire serrer les boulons, mais ça ce sera l'objet du budget 2008, comme nous l'a dit le Premier ministre, serrer le boulon sur les dépenses, les économies à faire diverses et variées mais il y en a partout à faire, pour faire en sorte qu'on aille vers un objectif qui a été fixé, qui est de revenir à l'équilibre non pas seulement du budget, mais du budget et de la Sécurité sociale en quatre ans.
Q.- La défense fera aussi sa part d'économies ?
R.- En tant que ministre de la Défense, je voudrais et j'ai déjà indiqué au chef d'Etat major que, en quelque sorte, dans le cadre de l'effort de défense qu'on doit maintenir des 2 %, que nous fassions toute une série d'économies de fonctionnement sur tous les doublons, les structures etc., non pas pour participer au pot, mais pour faire en sorte qu'on ait un taux de disponibilité du matériel qui soit nettement supérieur à ce qu'on a. C'est insupportable de voir qu'on achète des équipements et que ces équipements ne peuvent servir parce qu'ils ne marchent pas, parce qu'il manque des pièces, des choses de ce genre. Et deuxième point, pour améliorer la condition militaire et il y a à faire pour arriver, notamment par exemple pour les gendarmes, à une parité entre police et gendarmerie.
Q.- L'ouverture va continuer après les législatives, affirme N. Sarkozy. Combien de secrétaire d'Etat le Nouveau centre que vous avez créé réclame-t-il ? Est-ce que vous avez des noms à suggérer ?
R.- Ce n'est pas moi qui ai fait le Gouvernement, ce n'est pas moi qui ferai le prochain Gouvernement. Il serait en effet logique et naturel que dans le cadre de la constitution du second Gouvernement, c'est-à-dire avec les secrétaires d'Etat qui appuieront les ministres, il y ait des secrétaires d'Etat centristes. Et c'est au moins ce que j'ai demandé au Premier ministre.
Q.- La présidence de la commission des finances, c'est pour la gauche, c'est une bonne idée ?
R.- Je crois qu'il faut faire en sorte que notre pays donne un vrai statut à l'opposition. Et parmi les éléments de ce statut, il doit y avoir le fait que l'on confie un certain nombre de responsabilités ou de droits à l'opposition. La présidence de la commission des finances, ça fait partie des engagements du président de la République, il a décidé de tenir cet engagement comme sur le reste. Eh bien allons-y.
Q.- Reconnaissez-vous avoir présenté des membres de votre famille aux élections législatives, pour profiter du financement de la vie politique et approuvez-vous l'idée de F. Fillon : il faut en finir avec ce mode là ?
R.- Je trouve que ce procès-là est un procès qui est absolument ahurissant. Un : Oui en effet ma femme, mon frère, mon neveu sont candidats aux élections législatives.
Q.- Pour faire des voix, donc de l'argent pour vivre.
R.- Attendez ! Attendez ! Ils ont le droit d'avoir des convictions politiques. Ce sont des citoyens comme les autres, premier point. Second point, si vous regardez ce qui se passe dans tous les partis politiques, tous, tous les partis politiques font exactement la même chose, c'est-à-dire présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Je vais prendre ma circonscription, celle de Bernay Pont-Audemer. Sur les 14 candidats il y a 6 candidats qui sont parachutés, qui ont dû avoir besoin d'un GPS pour savoir où se situait Bernay Pont-Audemer. Troisième point : que les membres de ma famille aient envie de voir émerger une famille politique du centre droit qui soit dans la majorité présidentielle, quoi de plus naturel ? Est-ce qu'on peut leur interdire ?
Q.- Mais on change quand même, si on peut, ce système de fonctionnement ?
R.- Oui enfin le changer, pourquoi pas. Quatrième point, on va avoir très probablement un groupe parlementaire, on veut avoir aussi l'autonomie d'un parti qui puisse être en état de fonctionner sur les 5 ans. Cette loi-là a au moins un avantage : c'est qu'elle permet de pouvoir faire de la politique sans qu'il y ait aucun souci sur le financement de la vie politique, alors qu'avant, on avait un système qui était plutôt bancale.
Q.- Si le Président vous demande de ne pas faire de groupe à l'Assemblée avec vos amis députés, de rester dans le groupe UMP unique, vous accepteriez ?
R.- Mais le président de la République ne nous a pas dit ça, il nous a dit : je veux rassembler le plus largement possible et je veux faire en sorte que ce rassemblement soit celui qui permette au pays de pouvoir avancer et se réformer. Si vous constituez un parti unique et que vous absorbez, vous ne vous rassemblez pas, vous ne vous élargissez pas. Et le président de la République n'a jamais rien demandé de tout cela. Au contraire, il nous dit ceci en permanence, tant à mes collègues issus du PS qu'à moi-même, il nous dit toujours : je ne vous demande pas de changer d'avis, je vous demande d'être loyal, ce que nous serons, et je vous demande au contraire que vos analyses, vos perspectives, les interrogations que vous puissiez avoir, servent l'ensemble de la majorité pour que l'on trouve sur chaque question, les solutions les plus inventives et les meilleures.
Q.- La proportionnelle, c'est une bonne idée, il faudra en faire une petite dose.
R.- Oui, il faudra en faire une petite dose.
Q.- Gardez-vous contact, reprendrez-vous contact avec F. Bayrou, lui parlerez-vous encore après les législatives ?
R.- Ecoutez pour l'instant, on mène notre campagne.
Q.- Vous vous retrouverez un jour ?
R.- Je n'en sais rien, pour l'instant la rupture est réelle, claire. Son choix a été un choix différent, qui était un choix déjà d'avoir en perspective les élections présidentielles de 2012. Moi, je pense qu'il y a des moments où on peut essayer de construire, ça a été la différence d'analyse. Je voulais qu'on pose les conditions qui permettaient à faire en sorte que l'on crée une majorité la plus large possible et donc poser sur la table clairement les conditions d'un accord de Gouvernement. Il a préféré rester dans l'isolement. Je pense qu'être libre, c'est être aussi capable de signer un contrat. Etre libre, c'est être capable d'être responsable et de pouvoir signer un contrat avec quelqu'un d'autre et c'est parce que vous êtes libre que ce contrat a un sens, et ce n'est pas forcément l'isolation, l'isolement et d'attendre je ne sais quoi.
Q.- Quel sera votre rôle dans le Conseil national de sécurité créé par N. Sarkozy ? Est-ce que c'est "l'Elysée décide, vous exécutez ?"
R.- De toute façon, le président de la République est le chef des armées, quel que soit le système. Et donc c'est au président de la République de déterminer les grandes orientations en matière de défense, c'est prévu dans la Constitution et c'est le sens de la 5ème République. Le Conseil national en question, si j'ai bien compris, est un organe qui va être amené à participer à la réflexion et à conseiller le président de la République sur toutes les questions stratégiques.
Q.- Alors justement sur ces questions, une série de réponses rapides si possible : quand est-ce que les soldats français précisément quitteront l'Afghanistan ?
R.- Ce que nous souhaitons en la matière, c'est un : continuer à faire en sorte que par notre participation, l'Afghanistan soit capable de se prendre en main, capable d'avoir des institutions...
Q.- Mais on prépare le retrait ?
R.- On prépare non, on continue et notamment, et donc l'idée du Gouvernement et du président de la République, c'est de faire plus en matière de formation, d'encadrement pour que les Afghans et les forces de police aient une armée qui soit capable d'assurer sa sécurité. Nous n'avons pas vocation à rester indéfiniment en Afghanistan, nous avons vocation par notre présence à construire un Afghanistan qui soit indépendant et assurant sa sécurité tout seul.
Q.- Les soldats français quitteront-ils la Côte d'Ivoire avant l'été ?
R.- Là aussi, ça dépend d'un processus politique qui est en cours. On a déjà beaucoup réduit la voilure, il est fort probable qu'on la réduira progressivement au fur et à mesure que la Côte d'Ivoire retrouvera les éléments de stabilité qui lui sont nécessaires.
Q.- Et au Liban, on va se renforcer au contraire ou la France quittera aussi le Liban dès qu'elle le pourra ?
R.- Tout ça dépend des conditions politiques dans lesquelles se situent ces pays.
Q.- Autre condition politique : le bouclier antimissile, est-ce une bonne idée de l'accepter en Europe, faut-il que les Américains retirent leur projet, Poutine a-t- il raison de sentir la Russie menacée ?
R.- Sur la question du bouclier antimissile, il s'agit de quoi ? A la fois les Américains ont décidé de créer, de mettre en place un système non pas contre les puissances nucléaires majeures, mais contre soit des Etats terroristes, soit le terrorisme lui-même qui pourrait accéder un jour ou l'autre à des systèmes nucléaires. Et donc il ne s'agit pas de bouclier antimissile...
Q.- Mais la Russie se sent menacée ?
R.-...Qui sont en mesure de menacer des puissances nucléaires majeures face à un feu nucléaire important. Je me permets de vous signaler qu'a priori le nucléaire est fait pour ne pas être utilisé. Mais face à un feu nucléaire nourri et important, aucun système de défense antimissile n'est capable d'arrêter ce feu. Ce que les Américains essaient de construire, c'est un système contre la menace d'un pays qui accède, j'allais dire à quelques missiles nucléaires. Ce qu'il faut c'est que ce que décident de faire les Américains en la matière, se fasse dans le dialogue, la compréhension, la transparence avec Poutine pour que les Russes n'aient pas le sentiment qu'il y a là des éléments d'une agression.
Q.- En un mot, construira-t-on un second porte-avions nucléaires français avec les Britanniques ?
R.- Ce qu'il faut d'abord, si j'en crois... le président de la République ne cesse de dire :"ce que j'ai dit pendant la campagne, je le ferai". Donc si je regarde ce qu'il a déclaré en la matière, il y a d'abord une réflexion stratégique à mener qui doit nous permettre de déterminer des missions, des capacités, un format pour les armées et à partir de cela une nouvelle loi de programmation militaire dans laquelle ces questions-là devront être tranchées.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 7 juin 2007
R.- Bonjour.
Q.- Bouclier fiscal, déduction des intérêts d'emprunts pour la résidence principale, réforme des droits de succession : le programme fiscal du gouvernement s'applique, il va creuser les déficits. Vous le dénonciez quand vous étiez aux côtés de F. Bayrou, jusqu'à ne pas voter d'ailleurs le budget 2007. Aujourd'hui, vous approuvez cette politique ?
R.- Il y a un vrai problème pour le pays qui est un problème de croissance. Depuis dix ans, nous faisons 0,6 % de croissance en moyenne, en moins que les autres pays européens. Et ces 0,6 % de croissance en moins pèsent bien entendu sur la possibilité pour le pays de revenir à l'équilibre budgétaire, ils pèsent sur le pouvoir d'achat des ménages. Il y a une étude économique assez signifiante qui a été faite il y a deux ou trois mois, qui montrait que si on avait eu le même taux de croissance que les Hollandais depuis dix ans, nous aurions en salaire moyen, c'est une moyenne, près de 5 000 euros de plus par salarié à partager.
Q.- Donc faire passer la croissance avant la dette, c'est une bonne politique ?
R.- Il faut faire les deux choses. Il faut d'une part faire en sorte que le pays retrouve les éléments de la croissance parce que de là se réglera en grande partie la question du chômage, en grande partie la question de l'équilibre des comptes de la Sécurité sociale et en grande partie la question de l'équilibre budgétaire. Et en même temps qu'il y a toute une série de mesures pour dynamiser l'économie française, il faut en même temps faire serrer les boulons, mais ça ce sera l'objet du budget 2008, comme nous l'a dit le Premier ministre, serrer le boulon sur les dépenses, les économies à faire diverses et variées mais il y en a partout à faire, pour faire en sorte qu'on aille vers un objectif qui a été fixé, qui est de revenir à l'équilibre non pas seulement du budget, mais du budget et de la Sécurité sociale en quatre ans.
Q.- La défense fera aussi sa part d'économies ?
R.- En tant que ministre de la Défense, je voudrais et j'ai déjà indiqué au chef d'Etat major que, en quelque sorte, dans le cadre de l'effort de défense qu'on doit maintenir des 2 %, que nous fassions toute une série d'économies de fonctionnement sur tous les doublons, les structures etc., non pas pour participer au pot, mais pour faire en sorte qu'on ait un taux de disponibilité du matériel qui soit nettement supérieur à ce qu'on a. C'est insupportable de voir qu'on achète des équipements et que ces équipements ne peuvent servir parce qu'ils ne marchent pas, parce qu'il manque des pièces, des choses de ce genre. Et deuxième point, pour améliorer la condition militaire et il y a à faire pour arriver, notamment par exemple pour les gendarmes, à une parité entre police et gendarmerie.
Q.- L'ouverture va continuer après les législatives, affirme N. Sarkozy. Combien de secrétaire d'Etat le Nouveau centre que vous avez créé réclame-t-il ? Est-ce que vous avez des noms à suggérer ?
R.- Ce n'est pas moi qui ai fait le Gouvernement, ce n'est pas moi qui ferai le prochain Gouvernement. Il serait en effet logique et naturel que dans le cadre de la constitution du second Gouvernement, c'est-à-dire avec les secrétaires d'Etat qui appuieront les ministres, il y ait des secrétaires d'Etat centristes. Et c'est au moins ce que j'ai demandé au Premier ministre.
Q.- La présidence de la commission des finances, c'est pour la gauche, c'est une bonne idée ?
R.- Je crois qu'il faut faire en sorte que notre pays donne un vrai statut à l'opposition. Et parmi les éléments de ce statut, il doit y avoir le fait que l'on confie un certain nombre de responsabilités ou de droits à l'opposition. La présidence de la commission des finances, ça fait partie des engagements du président de la République, il a décidé de tenir cet engagement comme sur le reste. Eh bien allons-y.
Q.- Reconnaissez-vous avoir présenté des membres de votre famille aux élections législatives, pour profiter du financement de la vie politique et approuvez-vous l'idée de F. Fillon : il faut en finir avec ce mode là ?
R.- Je trouve que ce procès-là est un procès qui est absolument ahurissant. Un : Oui en effet ma femme, mon frère, mon neveu sont candidats aux élections législatives.
Q.- Pour faire des voix, donc de l'argent pour vivre.
R.- Attendez ! Attendez ! Ils ont le droit d'avoir des convictions politiques. Ce sont des citoyens comme les autres, premier point. Second point, si vous regardez ce qui se passe dans tous les partis politiques, tous, tous les partis politiques font exactement la même chose, c'est-à-dire présenter des candidats dans toutes les circonscriptions. Je vais prendre ma circonscription, celle de Bernay Pont-Audemer. Sur les 14 candidats il y a 6 candidats qui sont parachutés, qui ont dû avoir besoin d'un GPS pour savoir où se situait Bernay Pont-Audemer. Troisième point : que les membres de ma famille aient envie de voir émerger une famille politique du centre droit qui soit dans la majorité présidentielle, quoi de plus naturel ? Est-ce qu'on peut leur interdire ?
Q.- Mais on change quand même, si on peut, ce système de fonctionnement ?
R.- Oui enfin le changer, pourquoi pas. Quatrième point, on va avoir très probablement un groupe parlementaire, on veut avoir aussi l'autonomie d'un parti qui puisse être en état de fonctionner sur les 5 ans. Cette loi-là a au moins un avantage : c'est qu'elle permet de pouvoir faire de la politique sans qu'il y ait aucun souci sur le financement de la vie politique, alors qu'avant, on avait un système qui était plutôt bancale.
Q.- Si le Président vous demande de ne pas faire de groupe à l'Assemblée avec vos amis députés, de rester dans le groupe UMP unique, vous accepteriez ?
R.- Mais le président de la République ne nous a pas dit ça, il nous a dit : je veux rassembler le plus largement possible et je veux faire en sorte que ce rassemblement soit celui qui permette au pays de pouvoir avancer et se réformer. Si vous constituez un parti unique et que vous absorbez, vous ne vous rassemblez pas, vous ne vous élargissez pas. Et le président de la République n'a jamais rien demandé de tout cela. Au contraire, il nous dit ceci en permanence, tant à mes collègues issus du PS qu'à moi-même, il nous dit toujours : je ne vous demande pas de changer d'avis, je vous demande d'être loyal, ce que nous serons, et je vous demande au contraire que vos analyses, vos perspectives, les interrogations que vous puissiez avoir, servent l'ensemble de la majorité pour que l'on trouve sur chaque question, les solutions les plus inventives et les meilleures.
Q.- La proportionnelle, c'est une bonne idée, il faudra en faire une petite dose.
R.- Oui, il faudra en faire une petite dose.
Q.- Gardez-vous contact, reprendrez-vous contact avec F. Bayrou, lui parlerez-vous encore après les législatives ?
R.- Ecoutez pour l'instant, on mène notre campagne.
Q.- Vous vous retrouverez un jour ?
R.- Je n'en sais rien, pour l'instant la rupture est réelle, claire. Son choix a été un choix différent, qui était un choix déjà d'avoir en perspective les élections présidentielles de 2012. Moi, je pense qu'il y a des moments où on peut essayer de construire, ça a été la différence d'analyse. Je voulais qu'on pose les conditions qui permettaient à faire en sorte que l'on crée une majorité la plus large possible et donc poser sur la table clairement les conditions d'un accord de Gouvernement. Il a préféré rester dans l'isolement. Je pense qu'être libre, c'est être aussi capable de signer un contrat. Etre libre, c'est être capable d'être responsable et de pouvoir signer un contrat avec quelqu'un d'autre et c'est parce que vous êtes libre que ce contrat a un sens, et ce n'est pas forcément l'isolation, l'isolement et d'attendre je ne sais quoi.
Q.- Quel sera votre rôle dans le Conseil national de sécurité créé par N. Sarkozy ? Est-ce que c'est "l'Elysée décide, vous exécutez ?"
R.- De toute façon, le président de la République est le chef des armées, quel que soit le système. Et donc c'est au président de la République de déterminer les grandes orientations en matière de défense, c'est prévu dans la Constitution et c'est le sens de la 5ème République. Le Conseil national en question, si j'ai bien compris, est un organe qui va être amené à participer à la réflexion et à conseiller le président de la République sur toutes les questions stratégiques.
Q.- Alors justement sur ces questions, une série de réponses rapides si possible : quand est-ce que les soldats français précisément quitteront l'Afghanistan ?
R.- Ce que nous souhaitons en la matière, c'est un : continuer à faire en sorte que par notre participation, l'Afghanistan soit capable de se prendre en main, capable d'avoir des institutions...
Q.- Mais on prépare le retrait ?
R.- On prépare non, on continue et notamment, et donc l'idée du Gouvernement et du président de la République, c'est de faire plus en matière de formation, d'encadrement pour que les Afghans et les forces de police aient une armée qui soit capable d'assurer sa sécurité. Nous n'avons pas vocation à rester indéfiniment en Afghanistan, nous avons vocation par notre présence à construire un Afghanistan qui soit indépendant et assurant sa sécurité tout seul.
Q.- Les soldats français quitteront-ils la Côte d'Ivoire avant l'été ?
R.- Là aussi, ça dépend d'un processus politique qui est en cours. On a déjà beaucoup réduit la voilure, il est fort probable qu'on la réduira progressivement au fur et à mesure que la Côte d'Ivoire retrouvera les éléments de stabilité qui lui sont nécessaires.
Q.- Et au Liban, on va se renforcer au contraire ou la France quittera aussi le Liban dès qu'elle le pourra ?
R.- Tout ça dépend des conditions politiques dans lesquelles se situent ces pays.
Q.- Autre condition politique : le bouclier antimissile, est-ce une bonne idée de l'accepter en Europe, faut-il que les Américains retirent leur projet, Poutine a-t- il raison de sentir la Russie menacée ?
R.- Sur la question du bouclier antimissile, il s'agit de quoi ? A la fois les Américains ont décidé de créer, de mettre en place un système non pas contre les puissances nucléaires majeures, mais contre soit des Etats terroristes, soit le terrorisme lui-même qui pourrait accéder un jour ou l'autre à des systèmes nucléaires. Et donc il ne s'agit pas de bouclier antimissile...
Q.- Mais la Russie se sent menacée ?
R.-...Qui sont en mesure de menacer des puissances nucléaires majeures face à un feu nucléaire important. Je me permets de vous signaler qu'a priori le nucléaire est fait pour ne pas être utilisé. Mais face à un feu nucléaire nourri et important, aucun système de défense antimissile n'est capable d'arrêter ce feu. Ce que les Américains essaient de construire, c'est un système contre la menace d'un pays qui accède, j'allais dire à quelques missiles nucléaires. Ce qu'il faut c'est que ce que décident de faire les Américains en la matière, se fasse dans le dialogue, la compréhension, la transparence avec Poutine pour que les Russes n'aient pas le sentiment qu'il y a là des éléments d'une agression.
Q.- En un mot, construira-t-on un second porte-avions nucléaires français avec les Britanniques ?
R.- Ce qu'il faut d'abord, si j'en crois... le président de la République ne cesse de dire :"ce que j'ai dit pendant la campagne, je le ferai". Donc si je regarde ce qu'il a déclaré en la matière, il y a d'abord une réflexion stratégique à mener qui doit nous permettre de déterminer des missions, des capacités, un format pour les armées et à partir de cela une nouvelle loi de programmation militaire dans laquelle ces questions-là devront être tranchées.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 7 juin 2007