Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le règlement de la crise au Liban et la création du tribunal international chargé de juger les assassins de Rafic Hariri, Beyrouth le 25 mai 2007.

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Circonstance : Voyage de Bernard Kouchner au Liban les 24 et 25 mai 2007 : entretien avec le vice-président du consiel supérieur chiite, cheikh Abdel Amir Kabalan, à Beyrouth le 25

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Je sors d'une discussion très intéressante avec Son Excellence Cheikh Kabalan. Il m'a rappelé avec beaucoup de force et beaucoup de sagesse le poids des diverses communautés dans ce pays, dans ce Liban que la France connaît et que la France soutient.
Nous avons évidemment parlé plus encore de la communauté qu'il représente, de la communauté chiite, et du Sud de ce pays que je connais si bien et que j'aime tant.
Les problèmes ne sont pas simples, si on n'affronte pas clairement la vérité et si on ne parle pas avec sincérité. La sincérité, et Son Excellence a parlé avec son coeur, c'est que les communautés doivent s'entendre, c'est que les communautés participent au même titre avec des poids égaux de la démocratie libanaise. Même si c'est imparfait maintenant, cela doit être parfait dans le futur. Je ne veux pas laisser dire que la France privilégie les uns par rapport aux autres. Cela n'est pas vrai. En tout cas cela n'est pas vrai pour moi, encore moins pour la société civile que je connais bien. C'est très souvent et beaucoup plus souvent qu'ailleurs que nous nous sommes établi au Sud chez nos amis chiites, et chez nos amis sunnites, et chez nos amis chrétiens, grecs orthodoxes et arméniens.
Ne rendez pas la France responsable de vos propres tourments. C'est trop facile. Nous, nous sommes prêts à être avec vous dès lors que des paroles de paix sont prononcées. Alors on s'étonne que je ne soutienne pas assez tel pays de la région ou que je l'attaque trop, que je ne soutienne pas assez telle communauté de ce pays ou que je l'attaque trop. La France s'efforce d'être juste. Et nous avons pesé d'un poids important dans la résolution qui va être présentée aux Nations unies pour un tribunal international, pour que les assassins du Premier ministre Rafic Hariri soient poursuivis. Et j'ai eu le bonheur d'entendre de la part de Son Excellence des paroles justes à ce propos, car lui aussi est en faveur de cette poursuite de la justice internationale, nationale, pour trouver les assassins de Rafic Hariri.
Puisque justement l'ensemble du monde s'intéresse à ce Liban, à la fois heureux et malheureux, plein d'espoir et avec un passé fracassé, avec des crises qui recommencent toutes les années, profitons de cette occasion et donnons du poids à cette décision internationale. Et je serai aux côtés de la communauté chiite si elle le fait et je serai aux côtés de toutes les communautés qui voudront positiver cet événement et non pas en faire encore un élément du malheur.
Q - Allez vous rencontrer un responsable du Hezbollah ?
R - Si le Hezbollah participe à un processus de paix.
Q - Et le général Aoun ?
R - Le général Michel Aoun, je le rencontre lundi à Paris.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2007