Entretien de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, avec une télévision canadienne le 25 mai 2007 à Beyrouth, sur le dépôt à l'ONU du projet de résolution sur le tribunal international pour le Liban.

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Circonstance : Voyage de Bernard Kouchner au Liban les 24 et 25 mai 2007 : entretien à Beyrouth le 25

Texte intégral

Q - Est-ce que la France et les Etats-Unis, aujourd'hui, parlent vraiment d'une même voix sur le Liban ?
R - Il faut être au Conseil de sécurité pour le savoir et il y a toujours des détails, des alliances particulières, des amendements... Le dépôt de ce projet de résolution sur le tribunal international s'est fait, très clairement, avec une majorité faible. Il faut maintenant s'assurer que cette résolution bénéficiera d'une majorité plus importante. Evidemment, les événements du Liban, la crise, poussent les gens à dire : "cela suffit comme cela". Je ne sais pas ce qui se passe avec les Américains. En tout cas la déclaration du président, américain, du Conseil de sécurité a été formidable ; la Ligue arabe aussi. Les Libanais souhaitent que tout cela cesse, tous ces crimes, cette espèce de tension permanente. Les attentats que, partout, vivent toutes les communautés, cela suffit.
Q - Cette crise est-elle vraiment causée par le refus ou la crainte de factions pro-syriennes face au tribunal international ?
R - Non. Le tribunal international, ce n'est qu'une justice élémentaire et on verra dans quelle mesure elle sera appliquée. J'en ai connu des tribunaux... Il s'agit d'une réaction indignée et c'est la justice internationale qui se met en place. Vous connaissez cela, vous, les Canadiens, vous y participez à chaque fois et c'est très bien. Maintenant, ce que cela donnera : je n'en sais rien, c'est difficile à dire.
Il faut que le Liban demeure un modèle malgré ces imperfections. Il faut que la démocratie s'installe parce que des communautés différentes, musulmanes, chrétiennes - différentes sortes de chrétiens, différents musulmans, chiites, sunnites -, vont pouvoir un jour s'entendre. Ce qui est tout à fait nécessaire, au moment où les tensions, en particulier entre les deux dernières, sont vives.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 29 mai 2007