Texte intégral
Caroline Delage : Alors Bernard VAN CRAEYNEST, votre regard sur le contrat unique ?
Bernard van Craeynest : Je crois comme ça a été dit, il faudrait déjà qu'on y voit plus clair sur sa définition. Vous parliez de ce que Nicolas SARKOZY a avancé, c'est-à-dire acquérir des droits au fil du temps. Le problème c'est qu'on sait bien que dans ce pays, on a d'une part des salariés qui sont dans les grandes entreprises où ils passent un certain temps, ils acquièrent beaucoup d'ancienneté. Et puis on a une frange croissante du salariat qui est dans un système précaire, qui change fréquemment d'entreprises, à l'heure où on parle d'ailleurs de fluidité du marché du travail, il faut également y réfléchir. Et on ne peut concevoir ce contrat unique qu'à partir du moment où on précise la transférabilité des droits acquis, d'une entreprise à l'autre...Si on reste six mois, trois mois, un an, deux ans, dans une entreprise...
CD : Oui, il ne conserve pas l'ancienneté.
BVC : On n'obtiendra jamais des droits suffisants, en matière de complément de retraite, d'épargne salariale, etc. Et c'est cela qu'il va falloir bien préciser et négocier. Parce que ce que je voudrais souligner, c'est que dans la multitude des contrats existants, effectivement c'est devenu un acquis, à l'instar de notre droit français qui s'est considérablement complexifié, il serait bon que nous parvenions à nous mettre d'accord entre employeurs et salariés sur les bonnes formules. Parce que vous parliez du CNE, chacun sait qu'il donne lieu à une contestation juridique, on est d'ailleurs dans l'attente, d'un jugement de la Cour d'Appel de Paris. Pour savoir si c'est conforme ou non à la directive OIT. Il est fort probable que la Cour d'Appel de Paris déclare bien évidemment que ce CNE n'est pas conforme à la directive OIT sur une période raisonnable d'essai. Donc plutôt que d'être dans des conflits et dans une judiciarisation, ce qui est important pour construire l'avenir, c'est qu'on soit en capacité de dialoguer et de contracter sur un certain nombre de règles. (...) Oui, je crois qu'il faut être très prudent, sur ce concept dans la mesure où il n'est pas clairement défini. D'une part, je crains que cela ne concerne qu'une petite partie du salariat français, même si cela peut avoir des effets positifs tels ceux qui ont été décrits.
Emmanuel Kessler : Laquelle ?
BVC : Le fait effectivement de peut-être, pour certains...
EK : Vous faites partie du plutôt cadre-salarié plutôt les petits...
BVC : Ceux qui sont en place, dans des petites structures sans pour autant que compte tenu du format relativement petit, il y a une possibilité véritablement de créer des postes nouveaux. Mais surtout, ce que je veux souligner c'est que là aussi on se lance dans une mesure exceptionnelle qui va créer deux formes de travail, le travail ordinaire et les heures supplémentaires exemptées de charges sociales et défiscalisées. Je crois même que d'un point de vue juridique, le problème...
EK : Il pourrait y avoir des obstacles constitutionnels à cette mesure, mais ça, on verra.
BVC : Il faut réfléchir, il faut regarder, il faut construire.
(...) CD : Quelle est l'augmentation du pouvoir d'achat grâce aux heures supplémentaires ? On a une évaluation ?
BVC : Elles sont payées avec une majoration de 25 %.
(...) N'oublions pas que nous avons quand même un problème qui est que nous avons une frange importante du salariat qui n'est pas convenablement qualifiée pour occuper les emplois proposés et encore plus ceux qui seront proposés demain et je pense en particulier, au secteur des nouvelles technologies.
EK : D'où l'intérêt de travailler sur l'employabilité.
BVC : Et nous sommes également confrontés au papy-boom donc il y aura forcément un appel d'air, du fait des départs en retraite, mais ce n'est pas pour autant qu'on va intégrer celles et ceux qui sont le plus actuellement marginalisés. Donc soyons relativement prudents vis-à-vis de cela.
(...) Philippe Manière : Il faut faire attention à ça, c'est la tentation française éternelle, tiens, il n'y a qu'à dévaluer. Vous savez que maintenant on ne peut plus dévaluer, la TVA sociale c'est ça, donc moi, je suis absolument d'accord pour basculer sur de la TVA sociale pour partie, mais il ne faut pas se dire qu'on va pouvoir le refaire régulièrement, c'est un fusil à un coup, l'effet importation éventuellement...
EK : Ça taxerait nos importations donc ça redonnerait de la compétitivité...vous y êtes favorable Bernard VAN CRAEYNEST ?
BVC : Ah ! Complètement, c'est une mesure que la CFE-CGC propose depuis plusieurs années.
EK : Nicolas SARKOZY a un peu rajouté en dernière minute dans son programme pour faire plaisir à François BAYROU, il faut quand même le rappeler. Les Allemands commencent à le faire, il faut le rappeler.
BVC : En matière de consommation, il faut voir, l'évolution de la consommation des ménages, notamment en produits de nouvelles technologies, portables, DVD etc. ce sont des produits qui dans un passé encore récent étaient en partie fabriqués en France. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. C'est totalement importé. Donc ça serait un moyen de récupérer une partie de ce que nous avons perdu en emploi, sous forme de taxe sur ces produits importés pour financer notre protection sociale.
EK : Alors est-ce qu'on va y arriver à cette égalité salariale ?
BVC : Je crois qu'il ne s'agit pas de légiférer une fois de plus parce que la loi Rudy en 83, la loi Catherine Génisson en 2001, effectivement c'est une manière bien française d'opérer que de cumuler les lois.
EK : Voilà elle est posée en principe et on ne la réalise pas.
BVC : Je crois que le problème de fond, c'est d'achever l'évolution culturelle dans ce pays. Parce que souvenons-nous on a célébré la première femme polytechnicienne, la première femme pilote de chasse.
EK : Maintenant on a célébré la première femme candidate à la présidence de la République.
BVC : Oui, tout à fait, mais un adolescent, un homme en général, on envisage pour lui la possibilité qu'il se forme pour entrer dans 400 métiers différents potentiels. Jusqu'à aujourd'hui, pour une femme, elles étaient relativement cantonnées sur 40 métiers. Donc quand on arrivera effectivement à ouvrir totalement la palette et à traiter le problème qui là, est un problème physiologique incontournable, c'est la maternité.Source http://www.cfecgc.org, le 10 mai 2007
Bernard van Craeynest : Je crois comme ça a été dit, il faudrait déjà qu'on y voit plus clair sur sa définition. Vous parliez de ce que Nicolas SARKOZY a avancé, c'est-à-dire acquérir des droits au fil du temps. Le problème c'est qu'on sait bien que dans ce pays, on a d'une part des salariés qui sont dans les grandes entreprises où ils passent un certain temps, ils acquièrent beaucoup d'ancienneté. Et puis on a une frange croissante du salariat qui est dans un système précaire, qui change fréquemment d'entreprises, à l'heure où on parle d'ailleurs de fluidité du marché du travail, il faut également y réfléchir. Et on ne peut concevoir ce contrat unique qu'à partir du moment où on précise la transférabilité des droits acquis, d'une entreprise à l'autre...Si on reste six mois, trois mois, un an, deux ans, dans une entreprise...
CD : Oui, il ne conserve pas l'ancienneté.
BVC : On n'obtiendra jamais des droits suffisants, en matière de complément de retraite, d'épargne salariale, etc. Et c'est cela qu'il va falloir bien préciser et négocier. Parce que ce que je voudrais souligner, c'est que dans la multitude des contrats existants, effectivement c'est devenu un acquis, à l'instar de notre droit français qui s'est considérablement complexifié, il serait bon que nous parvenions à nous mettre d'accord entre employeurs et salariés sur les bonnes formules. Parce que vous parliez du CNE, chacun sait qu'il donne lieu à une contestation juridique, on est d'ailleurs dans l'attente, d'un jugement de la Cour d'Appel de Paris. Pour savoir si c'est conforme ou non à la directive OIT. Il est fort probable que la Cour d'Appel de Paris déclare bien évidemment que ce CNE n'est pas conforme à la directive OIT sur une période raisonnable d'essai. Donc plutôt que d'être dans des conflits et dans une judiciarisation, ce qui est important pour construire l'avenir, c'est qu'on soit en capacité de dialoguer et de contracter sur un certain nombre de règles. (...) Oui, je crois qu'il faut être très prudent, sur ce concept dans la mesure où il n'est pas clairement défini. D'une part, je crains que cela ne concerne qu'une petite partie du salariat français, même si cela peut avoir des effets positifs tels ceux qui ont été décrits.
Emmanuel Kessler : Laquelle ?
BVC : Le fait effectivement de peut-être, pour certains...
EK : Vous faites partie du plutôt cadre-salarié plutôt les petits...
BVC : Ceux qui sont en place, dans des petites structures sans pour autant que compte tenu du format relativement petit, il y a une possibilité véritablement de créer des postes nouveaux. Mais surtout, ce que je veux souligner c'est que là aussi on se lance dans une mesure exceptionnelle qui va créer deux formes de travail, le travail ordinaire et les heures supplémentaires exemptées de charges sociales et défiscalisées. Je crois même que d'un point de vue juridique, le problème...
EK : Il pourrait y avoir des obstacles constitutionnels à cette mesure, mais ça, on verra.
BVC : Il faut réfléchir, il faut regarder, il faut construire.
(...) CD : Quelle est l'augmentation du pouvoir d'achat grâce aux heures supplémentaires ? On a une évaluation ?
BVC : Elles sont payées avec une majoration de 25 %.
(...) N'oublions pas que nous avons quand même un problème qui est que nous avons une frange importante du salariat qui n'est pas convenablement qualifiée pour occuper les emplois proposés et encore plus ceux qui seront proposés demain et je pense en particulier, au secteur des nouvelles technologies.
EK : D'où l'intérêt de travailler sur l'employabilité.
BVC : Et nous sommes également confrontés au papy-boom donc il y aura forcément un appel d'air, du fait des départs en retraite, mais ce n'est pas pour autant qu'on va intégrer celles et ceux qui sont le plus actuellement marginalisés. Donc soyons relativement prudents vis-à-vis de cela.
(...) Philippe Manière : Il faut faire attention à ça, c'est la tentation française éternelle, tiens, il n'y a qu'à dévaluer. Vous savez que maintenant on ne peut plus dévaluer, la TVA sociale c'est ça, donc moi, je suis absolument d'accord pour basculer sur de la TVA sociale pour partie, mais il ne faut pas se dire qu'on va pouvoir le refaire régulièrement, c'est un fusil à un coup, l'effet importation éventuellement...
EK : Ça taxerait nos importations donc ça redonnerait de la compétitivité...vous y êtes favorable Bernard VAN CRAEYNEST ?
BVC : Ah ! Complètement, c'est une mesure que la CFE-CGC propose depuis plusieurs années.
EK : Nicolas SARKOZY a un peu rajouté en dernière minute dans son programme pour faire plaisir à François BAYROU, il faut quand même le rappeler. Les Allemands commencent à le faire, il faut le rappeler.
BVC : En matière de consommation, il faut voir, l'évolution de la consommation des ménages, notamment en produits de nouvelles technologies, portables, DVD etc. ce sont des produits qui dans un passé encore récent étaient en partie fabriqués en France. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. C'est totalement importé. Donc ça serait un moyen de récupérer une partie de ce que nous avons perdu en emploi, sous forme de taxe sur ces produits importés pour financer notre protection sociale.
EK : Alors est-ce qu'on va y arriver à cette égalité salariale ?
BVC : Je crois qu'il ne s'agit pas de légiférer une fois de plus parce que la loi Rudy en 83, la loi Catherine Génisson en 2001, effectivement c'est une manière bien française d'opérer que de cumuler les lois.
EK : Voilà elle est posée en principe et on ne la réalise pas.
BVC : Je crois que le problème de fond, c'est d'achever l'évolution culturelle dans ce pays. Parce que souvenons-nous on a célébré la première femme polytechnicienne, la première femme pilote de chasse.
EK : Maintenant on a célébré la première femme candidate à la présidence de la République.
BVC : Oui, tout à fait, mais un adolescent, un homme en général, on envisage pour lui la possibilité qu'il se forme pour entrer dans 400 métiers différents potentiels. Jusqu'à aujourd'hui, pour une femme, elles étaient relativement cantonnées sur 40 métiers. Donc quand on arrivera effectivement à ouvrir totalement la palette et à traiter le problème qui là, est un problème physiologique incontournable, c'est la maternité.Source http://www.cfecgc.org, le 10 mai 2007