Tribune de Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur le site du ministère de la recherche le 19 juin 2007, sur le projet relatif à l'autonomie des universités intitulé "Pour une nouvelle université".

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Texte intégral

L'université se trouve aujourd'hui confrontée à des défis pressants. La mondialisation et la concurrence accrue des systèmes éducatifs, d'une part. La nécessité d'élever le niveau d'éducation de nos enfants, d'autre part. L'enjeu est clair. Nous sommes entrés dans l'ère de l'économie de la connaissance et de la société de l'innovation. La règle est connue : la compétition mondiale dessine la carte des pôles d'excellence scientifique.
Pour relever ces défis, l'université doit avancer sur ses deux pieds : elle doit rester le creuset d'une recherche innovante et d'une formation qualifiante. Mon ambition est de replacer l'université au coeur de l'ambition nationale. Je veux une université ouverte mais exigeante, une université des droits mais aussi des devoirs, une université qui promeut le mérite sans oublier d'accompagner les plus fragiles. Je veux une université où la qualité des formations est présente partout sur le territoire national, dans toutes les filières, à tous les niveaux de qualification, pour tous les étudiants. Je veux que l'université soit le fer de lance de la démocratisation de l'accès à l'enseignement supérieur et, par là, le vecteur de l'égalité des chances et de la promotion sociale. Je poursuivrai cette oeuvre parce que je suis intimement convaincue que le problème de la France n'est pas d'avoir trop d'étudiants, il est de n'en avoir pas assez.
Au seuil de la grande réforme que nous conduisons, je veux redire ma confiance à la communauté universitaire. C'est là le sens de la loi sur l'autonomie qui constituera le socle de la nouvelle université. L'autonomie, c'est la confiance faite aux universités pour répondre aux besoins de leurs étudiants, au service d'un projet propre, à l'écoute de ses partenaires publics et privés. L'autonomie, c'est une plus grande souplesse et une plus grande réactivité, un mode de fonctionnement plus simple et plus efficace pour les universités. C'est le pari de la liberté, de la responsabilité et de l'esprit d'initiative.
Si l'autonomie des universités est nécessaire, elle n'est toutefois pas suffisante. Sur ce socle commun, je veux que nous construisions la nouvelle université autour de cinq piliers.
Un premier pilier sera consacré à la vie étudiante. Plusieurs enjeux nous mobiliseront. Le logement est à mes yeux la question cruciale. Le système des aides sociales étudiantes doit également être repensé pour mieux conjuguer justice sociale et promotion du mérite. La santé de nos jeunes, souvent négligée, doit être plus régulièrement examinée. La promotion de la culture et du sport sur les campus doit concourir à leur épanouissement. Et la question du handicap doit devenir une priorité de la politique universitaire de notre pays.
J'ai aussi l'ambition de rendre les carrières plus attractives pour tous les personnels de l'université et des organismes de recherche. Je veux repenser le statut et les carrières des enseignants, des chercheurs et des personnels d'encadrement. Je veux valoriser l'expérience de l'ensemble des personnels qui se dévouent sans compter à l'enseignement supérieur et à la recherche.
Je m'attacherai en outre à donner à chacun des conditions matérielles de travail dignes. Je veux offrir aux étudiants une université accueillante et du matériel moderne. Il en va du respect que notre pays doit à ses enseignants et à ses chercheurs. Et il en va de l'attractivité de nos universités.
Un quatrième pilier sera consacré à la rénovation du statut de nos jeunes chercheurs et de nos enseignants-chercheurs. Ils sont le fleuron de notre système d'enseignement et l'avenir de notre recherche. Je veux attirer les meilleurs étudiants vers ces métiers de l'innovation et de la création. Et je veux mettre les hommes et les femmes de science au coeur de notre politique de recherche. Pour cela, nous devons assurer à nos équipes les meilleures conditions de recherche pour les retenir et attirer les chercheurs étrangers les plus prometteurs. Nous devons aborder sans tabous la question de la modulation des charges d'enseignement. Nous devons favoriser la mobilité et promouvoir l'excellence.
Face au malaise des étudiants qui souhaitent des diplômes universitaires qui soient de vraies clés pour leur ouvrir les portes de l'emploi, notre priorité sera la réussite en licence. La licence doit devenir un diplôme qualifiant dans toutes les disciplines. Sur les 900.000 étudiants inscrits en licence, près de 60% d'entre eux ne terminent pas les études qu'ils ont commencées. Plus grave encore, ce sont plus de la moitié des étudiants inscrits qui échouent avant d'obtenir le moindre diplôme ! L'égalité des chances se joue d'abord à l'université. Pour donner une vraie chance à chacun, nous devons renforcer notre système d'orientation active. Nous devons promouvoir le tutorat entre les étudiants. Nous devons profondément renforcer les enseignements et professionnaliser nos premiers cycles universitaires, en ayant à l'esprit que, désormais, une troisième mission devrait échoir à l'université : l'insertion professionnelle.Source http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr, le 29 juin 2007