Déclaration de M. Xavier Bertrand, ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité, sur la lutte contre le travail des enfants, les relations sociales et l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, Genève le 12 juin 2007.

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Circonstance : Journée internationale de lutte contre le travail des enfants à Genève le 12 juin 2007

Texte intégral

Les fonctions de ministre du travail, des relations sociales et de la solidarité m'ont été confiées, au sein du nouveau gouvernement français, il y a moins d'un mois, et je suis très heureux qu'il me soit possible de m'exprimer dès aujourd'hui devant la Conférence internationale du travail, en ce jour dédié à la lutte contre le travail des enfants.
Vous savez tous l'engagement de la France en faveur de l'Organisation internationale du travail. Cet engagement a des racines anciennes, qui remontent à l'époque où le ministre français Albert Thomas défendait le projet d'une organisation internationale consacrée aux « questions ouvrières ». Mais il a aussi ses raisons d'être modernes, car aujourd'hui, cette enceinte est un lieu privilégié pour encourager la promotion du travail décent dans le monde et faire vivre la dimension sociale de la mondialisation, à laquelle la France est particulièrement attachée.
Cet engagement au sein de l'Organisation internationale du travail, la France lui donne une portée concrète. Elle a ratifié 123 des conventions qui ont été élaborées dans cette enceinte depuis sa création pour faire progresser, dans tous ses aspects, la législation internationale sur le travail.
Elle a apporté son soutien à l'adoption des textes qui, récemment, sont venus compléter la législation existante, notamment la Déclaration relative aux principes et droits fondamentaux au travail, en 1998.
Enfin, elle a renouvelé l'année dernière l'accord de coopération bilatérale qui la lie au Bureau international du travail depuis 1999 et qui traduit la confiance qu'elle a dans les initiatives de l'organisation.
Cette année encore, la France se félicite des travaux qui ont été menés par la Conférence.
Elle soutient la réflexion qui a été entamée pour renforcer la capacité d'action de l'Organisation internationale du travail dans le cadre de la mondialisation. Car l'Organisation doit renouveler ses structures et ses méthodes pour assurer l'efficacité de son action au XXIe siècle.
Elle soutient également les initiatives de la Conférence au sujet du travail dans le secteur de la pêche, qui rendent très probable l'adoption d'une convention et d'une recommandation dans ce secteur où les conditions de travail sont particulièrement dures.
Elle soutient, enfin, la démarche présentée par le Directeur général du Bureau dans son rapport introductif consacré au « travail décent au service du développement durable », qui souligne la nécessité d'assurer la cohérence des politiques publiques, dans leur dimension sociale, économique et environnementale. Cette nécessité est forte, les discussions qui ont récemment eu lieu à Heiligendamm le montrent. Elles montrent aussi que les entreprises auront en ce domaine un rôle essentiel à jouer.
Si je suis très heureux de m'exprimer devant vous aujourd'hui, c'est aussi parce que je sais la place que l'Organisation internationale du travail fait, depuis sa création, au dialogue tripartite entre les représentants des gouvernements, ceux des travailleurs et ceux des employeurs. Ce dialogue à trois voix, j'y vois l'une des clefs de la réussite pour mener à bien des projets dans le domaine du travail et des relations sociales. Je crois à l'importance de ce dialogue au sein de l'Organisation internationale du travail, bien sûr, mais aussi pour la réussite des réformes que la France a devant elle.
Ces réformes seront de grande ampleur, en particulier dans le domaine du travail, des relations sociales et de la solidarité. Les partenaires sociaux auront un rôle de premier plan à y jouer. Le nouveau gouvernement n'agira pas seul, mais avec leur concours. Il avancera dans la voie ouverte par la loi du 31 janvier 2007 sur la modernisation du dialogue social, en plaçant les partenaires sociaux au coeur des réformes que le Président de la République a pris l'engagement, devant les Français, de mener à bien.
Sur la base de ce dialogue, je souhaite entamer la réflexion sur la « flexicurité » et, comme la Confédération européenne des syndicats le propose, rechercher les moyens d'offrir à une main d'oeuvre plus flexible un niveau plus élevé d'emploi et de protection sociale. C'est un vrai défi, car la voie est étroite vers l'équilibre qui assurera une juste conciliation entre les besoins des entreprises et les aspirations des salariés. La recherche de cet équilibre appartient d'abord aux partenaires sociaux français, qui se réuniront pour négocier à ce sujet avant la fin de l'année. A l'échelle européenne, de la même manière, la réflexion devra être poursuivie.
Nous souhaitons également nous saisir de la question de l'égalité salariale et professionnelle entre les hommes et les femmes. Je sais la volonté de l'Organisation internationale du travail de progresser dans ce domaine, elle qui a choisi de consacrer cette année son rapport global à l'élimination de la discrimination professionnelle en matière d'emploi et de profession. Le gouvernement auquel j'appartiens est également engagé en ce sens : il s'est fixé un délai de deux ans pour ne pas laisser subsister d'inégalités salariales entre les hommes et les femmes.
Enfin, je souhaite faire progresser les conditions de travail des travailleurs français, pour réduire le nombre d'accidents du travail et lutter contre toutes les formes de maladies professionnelles. Le stress, les troubles musculaires, comme les pathologies causées par les travaux les plus pénibles, doivent diminuer sensiblement.
Sur ces deux sujets, également, les partenaires sociaux seront acteurs : à l'automne, le nouveau gouvernement les invitera à participer à des conférences tripartites, il leur demandera de faire le point sur les engagements pris dans les négociations conduites jusqu'à présent, et il recherchera avec eux les moyens de dépasser les difficultés rencontrées.
J'ai la conviction que, sur toutes questions, l'Organisation internationale du travail peut, elle aussi, être un moteur. Par la qualité du dialogue qui s'y noue, par la rigueur qu'elle met dans ses travaux, cette organisation a la capacité d'être une force de proposition, et de faire progresser tous les pays, quel que soit le choix de leur système social, dans la voie du travail décent.
Je ne doute pas que la Conférence internationale du travail prendra les décisions qui s'imposent pour l'Organisation Internationale du Travail soit en mesure d'assumer pleinement ce rôle.
Je vous remercie.Source http://www.travail.gouv.fr, le 18 juin 2007