Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la coopération franco-allemande et la contribution de M. Klaus Neubert, ambassadeur d'Allemagne en France, à son renforcement, Paris le 27 juin 2007.

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Circonstance : Réception en l'honneur de la coopération franco-allemande à Paris le 27 juin 2007 : hommage à l'ambassadeur d'Allemagne en France, M. Klaus Neubert

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Sénateurs et Députés,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Cher Klaus Neubert,
Chers Amis,
On commence toujours les discours par "c'est un vrai plaisir". Eh bien, pour moi, c'est un vrai plaisir que de célébrer aujourd'hui l'amitié franco-allemande en rendant hommage à l'un de ses plus fidèles et dévoués artisans. Dans le rythme un peu effréné de nos vies, dans l'actualité particulièrement chargée et, permettez-moi de le dire, parfois heureusement chargée, ce moment d'affection partagée autour d'une grande idée et de grandes réalisations est, pour nous tous, une heureuse inspiration, une heureuse respiration aussi.
La présence de Jean-Pierre Jouyet, par ailleurs secrétaire général pour la Coopération franco-allemande, et de son homologue allemand, le ministre Günter Gloser, ainsi que celle du ministre adjoint des Affaires étrangères allemand, M. Gernot Erler, témoigne à elle seule de l'importance de ce moment où se tournent deux pages importantes de la construction européenne et des relations franco-allemandes. Deux pages marquées par le succès et la fin de la présidence allemande et, malheureusement, le départ concomitant de M. l'ambassadeur Neubert.
"Ensemble, nous réussirons l'Europe" : le beau credo de la présidence allemande nous engageait tous. Grâce à la détermination et à la force de conviction d'Angela Merkel, grâce aussi à l'engagement de Nicolas Sarkozy, grâce aussi, il faut le dire, au soutien de Jose Luis Zapatero, de Jean-Claude Junker, de Tony Blair, de M. Socrates - président portugais de l'Union européenne dans quelques jours -, grâce à la détermination de beaucoup d'autres, nous avons effectivement réussi à retrouver ensemble le chemin de l'Europe. Et je suis aussi très heureux, en saluant la présence des ambassadeurs du Portugal et de la Slovénie, de savoir que ce chemin ne sera pas abandonné. Demain, après demain, c'est plus que jamais ensemble que nous réussirons l'Europe.
Il y a quatre ans, la déclaration franco-allemande adoptée à l'occasion du 40ème anniversaire du Traité de l'Elysée plaçait "l'amitié franco-allemande au service d'une responsabilité commune pour l'Europe". Les trois années que vous avez passées à Paris, Monsieur l'Ambassadeur, auront été fidèles à cette promesse, empreinte d'un réel approfondissement de notre relation bilatérale, en particulier et je suis heureux de les saluer, en tout cas certains d'entre eux, en faveur des jeunes générations.
Mesures en faveur de l'apprentissage de la langue du partenaire et de la mobilité des élèves, validation en France ou en Allemagne d'une année scolaire passée dans l'autre pays, développement des classes Abibac, des sections européennes et des classes bilingues, université franco-allemande : le succès de toutes ces initiatives est souligné par la présence ici d'élèves, d'enseignants de tous les cycles éducatifs - élémentaire, secondaire, supérieur -, qui assurent l'avenir de notre relation.
Cette relation passe aussi par la recherche et l'industrie, par le renforcement de la coopération entre administrations, par les fonctionnaires d'échanges, présents aujourd'hui, dans la perspective d'une diplomatie européenne.
Le président de la République, qui a tenu à se rendre en Allemagne le jour même de sa prise de fonctions, tout comme le nouveau gouvernement français auquel j'ai l'honneur d'appartenir, sont déterminés à faire d'une relation franco-allemande fraternelle et audacieuse le coeur d'une Europe retrouvée.
Ce défi - car une vraie relation d'amitié est toujours un défi - il nous faudra hélas le relever sans vous, cher Klaus Neubert, puisque vous quittez à la fois la France et le service de votre pays, malgré votre air de jeunesse.
Je souhaite aussi dire toute mon appréciation à M. Christian Held, notre diplomate d'échange, notre ami qui va rentrer dans son pays mais qui nous a présenté sa remplaçante.
C'est donc maintenant, Monsieur l'Ambassadeur, avec votre successeur, mais en sachant pouvoir compter sur votre amitié et votre fidélité, que nous nous attellerons à toutes les tâches que je viens de mentionner. Au cours des discussions et des échanges qui viendront, je sais que tous les Français regretteront votre présence constructive et éclairée. Je sais aussi qu'ils regretteront votre maîtrise inégalable de notre langue, votre capacité à jouer de ses finesses et votre goût pour ses subtilités. Née d'une pratique de plus de quarante ans, entamée au Lycée de Saint-Germain-en-Laye, où vous avez passé le baccalauréat, cette connaissance s'était étoffée au cours de la riche carrière qui vous a mené aux Nations unies, à Moscou, en Italie. Mais c'est évidemment au cours de ces trois dernières années que vous avez parachevé votre intelligence de la France, de sa langue et de ses subtilités.
Vous avez su faire de votre ambassade, avec le soutien de votre épouse, que je salue, et le dévouement constant de vos collaborateurs, un lieu de rencontres, de débats, d'information sur la culture et sur la société allemande.
C'est pour toutes ces raisons que je suis heureux aujourd'hui, Monsieur l'Ambassadeur, de vous rendre l'hommage mérité d'un pays, auquel vous avez beaucoup apporté.
Monsieur l'Ambassadeur, au nom du président de la République et en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous fais Commandeur de la Légion d'Honneur.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 juillet 2007