Texte intégral
Chers amis,
Tout au long de cette journée, nous nous sommes intéressés à nous, à nos buts, à nos méthodes, à nos problèmes, à nos perspectives, à la remise en question qui doit être la nôtre, mais aussi aux changements à opérer dans notre organisation, notre communication, notre image et notre stratégie. Et nous avons pris, je crois, de bonnes décisions.
Mais je pense que la décision la plus importante que nous ayons prise, c'est de ne pas céder au défaitisme, à la résignation et au renoncement. Parce que, voyez vous, l'essentiel de notre avenir n'est pas déterminé par ce que nous faisons, mais parce que vont faire nos adversaires. Ce sont eux, et pas nous, qui disposent de l'initiative et du pouvoir. Et tout va dépendre d'eux. Ou plutôt, je devrais dire de lui. Puisque maintenant tout le pouvoir est concentré entre les mains d'un seul homme : Sarkozy.
Et quel homme ! Il fait tout, il traite de tout, il est partout. Le matin chez Airbus, l'après-midi au conseil des ministres, le soir à Berlin. Et entre-temps, il téléphone à Bush, il reçoit Le Pen et appelle Rocard. Et surtout quelle habileté, quel talent politique, quelle maîtrise de la communication, quel savoir-faire médiatique ! Il retourne les Polonais pour le mini traité européen, il débauche les socialistes pour son gouvernement, il séduit les syndicalistes pour ses projets. Et il comprend les Français, il dit ce qu'ils veulent entendre, il parle comme eux, pour eux, il est proche d'eux. Il a rejeté le politiquement correct et, dans le même temps, suprême habileté, il s'est acquis la complicité des médias. Vraiment quel homme ! Travailleur, volontaire, ouvert. Et sympathique avec ça !
Décidément tout va donc changer, rien ne va lui résister. Et comme il va mettre en oeuvre nos idées, la droite nationale n'est pas prête, nous dit-on, de récupérer ses voix. N'est-il pas devenu le chantre de l'identité nationale ? Le pourfendeur de la pensée unique ? Ne veut-il pas en finir avec mai 68, avec la repentance et le politiquement correct ? Ne s'est-il pas fait le défenseur des valeurs de travail, d'ordre, d'autorité, de sécurité ? Et avec lui ce ne sera pas comme avec Chirac. Il l'a dit, il l'a répété : il fera ce qu'il dit, il dit ce qu'il fera. C'est clair : il ne décevra pas, il tiendra ses engagements !
Dès lors, pour certains, tout est dit. Négligeant de voir au-delà des apparences, oubliant de se mettre en perspective et de se projeter dans l'avenir, se laissant subjuguer par le bagou du personnage, se laissant éblouir par l'éclat de ses succès récents, beaucoup de Français et certains de nos amis proches du MNR, en concluent que l'affaire est entendue. Sarkozy a détruit la droite nationale et c'est définitif. Les voix, il les gardera. Elles ne reviendront plus.
Eh bien, chers amis, je crois qu'il n'en est rien. Il faut prendre un peu de champ et se donner la peine d'y réfléchir à deux fois et d'y voir plus clair sur l'intéressé. Et c'est à ce travail d'analyse que je voudrais consacrer la fin de notre conseil. Car le phénomène Sarkozy est nouveau et il importe de bien comprendre ce dont il s'agit.
Et d'abord son discours. Car l'homme est avant tout un homme de verbe et c'est son discours qui le définit le mieux. Et là c'est vrai, Sarkozy dit beaucoup de choses justes qui vont dans notre sens. Je dirai qui sont calquées sur notre discours. Mais attention il y a dans ses propos destinés à séduire et à convaincre trois catégories de déclarations très différentes qui toutes ont comme caractéristique commune de ne l'engager nullement.
Il y a d'abord l'utilisation de mots à forte signification symbolique. Lorsque Sarkozy parle d'identité nationale, il utilise un mot qui nous est propre et qui déclenche d'ailleurs une polémique. Mais il se garde bien de définir cette identité et encore plus d'énoncer des mesures concrètes pour la défendre. De même lorsqu'il dénonce les racailles de banlieue, c'est un mot très fort qui le positionne sur notre terrain. Mais la aussi on ne va guère au delà du mot. On attend toujours que Sarkozy karcherise les banlieues. Car derrière les mots qu'il utilise pour frapper les esprits et séduire les Français il n'y a souvent que du vent.
La deuxième catégorie de propos utilisés par Sarkozy ce sont les commentaires ou les évocations qui plaisent aux Français mais qui ne l'engagent à rien. Lorsque Sarkozy s'insurge de voir des gens qui travaillent gagner à peine plus que ceux qui vivent de l'assistance, lorsqu'il explique que la France, il faut l'aimer ou la quitter, il ne fait que reprendre à son compte des réflexions très répandues parmi nos compatriotes. Et de ce fait, il séduit car les Français sont heureux d'entendre enfin un responsable politique susceptible d'être élu parler comme eux. Mais ça ne va pas plus loin car l'idée qu'une fois élu l'intéressé changera les choses n'est qu'implicite et nullement formalisé par des engagements précis. De même lorsque Sarkozy se rend au Mont-Saint-michel, lorsqu'il évoque Jeanne-d'Arc, il ne fait que s'approprier des symboles auxquels beaucoup de Français sont attachés sans s'engager le moins du monde car là encore il n'y a rien de concret.
Enfin, troisième catégorie, celle des objectifs à portée générale. Il faut, affirme-t-il par exemple, que les Français puissent travailler plus pour gagner plus. Il faut une Europe qui protège et qui rétablisse la préférence communautaire. Ce sont là des objectifs plus concrets et donc très séduisants car chacun peut ainsi croire que de grands changements vont suivre. Pourtant ce ne sont là encore que des déclarations générales. Sarkozy par exemple n'annonce pas la refonte du code du travail ou la réforme globale de la fiscalité. Il n'est donc là encore pratiquement pas engagé.
Et voilà ! Tout l'arsenal verbal de Sarkozy est constitué de propos à forte capacité de séduction mais qui se caractérisent par une absence totale de portée concrète. Alors c'est vrai, il faudrait rajouter la quatrième et dernière catégorie celle des propositions ponctuelles. Car il y en a tout de même, il faut le reconnaître. Mais elles sont en nombre très limité et de portée particulièrement réduite : la défiscalisation des intérêts d'emprunts immobiliers, le dégrèvement fiscal des heures supplémentaires, les peines planchers pour les multirécidivistes et quelques autres. Mais leur nombre est si limité que tout sera réalisé, nous dit-on, d'ici la rentrée.
Ainsi se trouve clairement établi la méthode verbale de Sarkozy : elle consiste à laisser croire aux français qu'il pense et qu'il voit les choses comme eux, qu'il ressent ce qu'ils ressentent et qu'il agira comme ils le souhaitent. Mais dans la pratique ses propos sont ouverts et ne lient nullement celui qui les prononce car ils ne comportent aucun engagement d'envergure. Dès lors, rien ne permet de dire qu'il va mettre en oeuvre de très grands chantiers. Quant aux promesses ponctuelles qu'il tiendra, elles n'auront que peu d'effets. Non pas qu'il répugnerait à aller plus loin. Mais il ne voudra pas aller à l'épreuve de force et par conséquent il restera dans la limite du politiquement correct.
Alors je sais, on ne peut pas préjuger de ce que Sarkozy va réellement faire. Tout ce dont j'ai parlé relève de la campagne électorale et non de l'exercice du pouvoir. Parlons donc de Sarkozy au pouvoir. Car déjà on peut tirer des enseignements de ses premières initiatives notamment celles concernant les mesures, le gouvernement et le style.
Sarkozy a dit qu'il tiendrait ses promesses. Fort bien et je crois aussi qu'il est suffisamment habile pour tenir ses engagements et même tous ses engagements. Mais il y a de multiples façons de tenir ses engagements.
Je prends l'exemple de la défiscalisation des intérêts d'emprunts immobiliers. L'objectif est de permettre à chaque Français de devenir propriétaire de son logement. Or qu'elle est la mesure ? Une défiscalisation des intérêts pendant cinq ans pour la résidence principale, le tout plafonné à 1500 euros pour un couple. Les experts considèrent que cela permettra d'acheter entre 1,1 et 3,8 mètres carrés supplémentaires et que cela augmentera de 1 % le nombre de transactions. Autant dire que cette mesure, qui n'est pas mauvaise dans son principe, demeure une mesurette qui ne changera pas grand chose à la situation.
Même constat pour le projet relatif aux peines planchers pour les multirécidivistes. Celui-ci ne concerne que les délits passibles de trois ans d'emprisonnement. Ce qui veut dire déjà que ce texte ne s'appliquera pas à tous les délits mineurs qui constituent l'essentiel de la délinquance quotidienne. Par ailleurs ce projet de loi ne s'applique qu'à la récidive pour des faits légalement similaires. Un jeune condamné pour violence en réunion ne sera pas considéré comme récidiviste s'il commet un vol avec violence. Quant on sait qu'il y a plusieurs centaines d'incriminations de délits différentes on mesure combien les récidivistes au sens de la loi seront limités.
Par ailleurs les peines planchers ne seront pas obligatoires. Les juges ne seront pas tenus de les appliquer pour peu qu'ils justifient leur décision. De surcroît ces peines planchers correspondent à des sanctions limitées de un an pour un délit passible de trois ans d'emprisonnement, de deux ans pour un délit passible de cinq ans. Quand on sait que le juge pourra en outre assortir ces peines de sursis, on mesure à quel point cette disposition phare du candidat Sarkozy ne changera pratiquement rien à la réalité que nous connaissons aujourd'hui.
Et on pourrait dire la même chose de toutes les promesses de Sarkozy : elles seront tenues mais dans des conditions qui les rendront particulièrement inefficaces. Tenez, l'affaire de l'identité nationale! Eh bien c'est fait, la promesse est tenue : Sarkozy a créé un ministère de l'identité nationale. Encore faut-il noter que dans les titres de M. Hortefeu, l'identité nationale passe après l'immigration et l'intégration et juste avant le codéveloppement. En tout cas l'essentiel de la mesure tient dans la dénomination du ministère. Pour le reste je ne vois pas ce qui est prévu pour défendre notre identité nationale. Pourtant, nous le savons, notre identité est notamment menacée par le processus d'islamisation. Or qu'est-ce qui est prévu sur ce front : rien ! Bien au contraire gageons que dans ce domaine M. Sarkozy mettra en oeuvre un projet qu'il a par ailleurs annoncé, à savoir le financement public des mosquées, voire la discrimination positive c'est-à-dire la priorité aux musulmans ou aux gens de couleur.
En fait de défense de l'identité nationale, Sarkozy nous a d'offert le record toutes catégories de discrimination positive et de choix communautaire pour la constitution de son gouvernement. Rachida Dati, dont la seule compétence est d'être magistrate comme des milliers de ses collègues, a été désignée au poste prestigieux de Garde des sceaux pour son sexe féminin et ses origines arabes. Fadela Amara, sans aucune qualification pour exercer une responsabilité politique de gouvernement, est devenue Secrétaire d'État chargée de la politique de la ville en raison de son sexe féminin et de ses origines arabes. Rama Yade une jeune femme de trente ans sans aucune expérience est choisie comme Secrétaire d'État aux affaires étrangères pour son sexe et ses origines sénégalaises.
Donc la encore, il n'y a rien derrière les mots. Car si après nous avoir parlé d'identité nationale on se comporte comme si notre identité ça n'était que la République, l'état de droit, les droits de l'homme et la diversité culturelle et ethnique, on n'aura rien changé par rapport au politiquement correct.
Et je prendrai un dernier exemple : la Turquie ! Sarkozy s'est déclaré pendant la campagne contre l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Puis, au pouvoir, que fait-il ? Il nomme un ministre des affaires étrangères, Kouchner et un Secrétaire d'État aux affaires européennes Jouyet qui sont l'un et l'autre pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Résultat : au lieu de bloquer les négociations, Sarkozy vient de donner l'accord de la France pour l'ouverture de deux nouveaux chapitres de négociations. Seule avancée : il a obtenu le report d'un troisième chapitre. C'est dérisoire ! Et cela montre comment Sarkozy peut parfaitement continuer à tenir son discours et à tenir ses promesses sans que rien ne change dans la réalité.
Je vous rappelle d'ailleurs que c'est ce qui s'est passé lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Là aussi, il s'est démené, il a multiplié les lois, les déplacements, les réformes et les déclarations et rien de fondamental n'a changé sauf pour la sécurité routière. Certes la délinquance globale a légèrement baissé depuis 2002 mais les violences contre les personnes ont augmenté chaque année au point que leur nombre a doublé depuis cette date. Quant aux forces de l'ordre et aux agents représentants l'autorité, ils sont attaqués, victimes d'agressions, de viols ou de guet-à-pants. Une situation que l'on n'a jamais vue dans notre histoire, en dehors des périodes insurrectionnelles.
Et tout Sarkozy est la : une communication spectaculaire, des changements en trompe-l'oeil et des résultats limités.
Mais là ne s'arrêtent pas les faiblesses de Sarkozy.
Ce qui a le plus symbolisé le changement, à savoir son équipe gouvernementale, est un signe supplémentaire qu'aucun changement d'envergure ne devrait intervenir. Car ce gouvernement n'est nullement un instrument de combat, resserré, solidaire et compétent, tel qu'il serait nécessaire pour réaliser des réformes majeures, par nature difficiles à mettre en oeuvre. Et ce gouvernement va rapidement s'avérer être pour Sarkozy un réel handicap.
Voilà en effet un gouvernement qui manque de personnalités et de compétences. Le premier Ministre ne s'est jamais illustré dans sa carrière politique par des actes forts révélant une personnalité trempée. Le seul véritable poids lourd était Juppé et pour le remplacer, Sarkozy n'a trouvé personne d'équivalent et a dû pratiquer le jeu des chaises musicales avec Borloo et Barnier, deux personnages des plus inconsistants.
Et pour le reste, à l'évidence, ce qui a été privilégié ce n'est nullement la capacité des hommes ou des femmes choisies à concevoir et à réaliser. Ce qui a été déterminant pour leur promotion c'est leur image médiatique. Le gouvernement n'a pas été choisi par le président de la République mais par les médias. Que ce soit Kouchner, Rachida Dati, Roselyne Bachelot, Christine Boutin, Laurent Wauquiez, Santini, Fadela Amara, Rama Yade, Bernard Laporte ou Martin Hirsch, c'est un gouvernement tamponné du sceaux : vu à la télé. Lorsque Bernard Laporte rejoindra le gouvernement on aura même un ministre qui passe dans des pubs télévisées pour faire vendre de la charcuterie. Ce sera la encore une grande première due à Sarkozy !
Résultat : ce gouvernement est à bien des égards branquignolesque. Lorsque l'on voit Christine Boutin embrasser Fadela Amara devant la presse et toutes deux, en pantalon et jean, se congratuler sous les ors de la République en plaisantant, on a l'impression d'assister à un sketch de politique fiction pour une émission de gag télévisés le 1er avril. Et que dire de la même Amara quand elle explique que son cabinet sera formé de jeunes à casquettes à l'envers car eux, dit-elle, ont souvent de meilleures idées que les autres ?
Sans compter que cette composition va politiquement à l'encontre de la ligne définie par Sarkozy pendant sa campagne électorale. Voilà un président élu sur des idées et avec des voix de droite, voire de droite nationale, qui ouvre son gouvernement à la gauche socialiste !
Voilà un chef d'État qui vient de l'emporter sur le thème de la rupture avec le politiquement correct et qui nomme comme secrétaire d'État à la ville - ce qui n'est pas rien tout de même puisqu'il s'agit de gérer un budget de plusieurs centaines de millions d'euros chaque année - qui nomme la présidente de « ni pute ni soumise », une organisation communautariste de gauche hyper médiatisée qui, c'est le moins que l'on puisse dire, n'est pas emblématique de la rupture avec la pensée unique.
Il est clair qu'un tel gouvernement ne constitue nullement une arme de combat pour mettre en oeuvre les grandes réformes de rupture dont Sarkozy prétendait être porteur. Gageons qu'un tel dispositif ne conservera pas son unité ni sa cohésion dès le premier revers venu. Il ne résistera pas à la durée, aux difficultés, aux épreuves et aux attaques inhérentes à toute action gouvernementale véritable.
Certes la communication est là pour tout faire passer, y compris les couacs, les cafouillages et les échecs. Et tout le gouvernement va avoir recours aux techniques initiées par Sarkozy. Puisque elles ont fonctionné pour l'élection du nouveau président, chacun doit les utiliser au pouvoir. Et déjà tous les membres du gouvernement s'y sont employés. À peine nommés, chacun des ministres s'est précipité sur le terrain. Rachida Dati a passé la nuit en prison. Borloo s'est rendu à la perception. Alliot-Marie a patrouillé avec les policiers parisiens, Darcos est allé s'asseoir sur les bancs d'une école. Christine Lagarde est partie à la pêche. Etc....Le jour de la nomination de son nouveau gouvernement, M. Fillon visitait une usine.
Et le style lui aussi est de plus en plus décalqué de celui de Sarkozy avec souvent plus de maladresse et plus d'outrance encore. On tutoie, on parle comme le peuple, on se tape sur le dos ou sur le ventre. Alors certains là encore impressionnés par les succès électoraux de Sarkozy se pâment d'admiration devant le nouveau style et la nouvelle communication inventée par le président de la République. Mais est-elle aussi infaillible que cela ? N'a-t-elle pas des failles ? Lorsque le nouveau porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, pourtant énarque et normalien, s'exprime à la télévision comme les jeunes des banlieues en multipliant les mots familiers et les erreurs de Français n'est-ce pas là le début d'une nouvelle tromperie, d'une nouvelle imposture ? Et les Français sont-ils assez stupides pour ne pas s'en apercevoir ?
Et il n'est pas certains que cette méthode qui a permis l'élection de Sarkozy permettra au gouvernement de tenir dans la durée en l'absence de changement véritable au bénéfice des Français ?
Croyez-vous que la sympathie ou plutôt la bienveillance des Français à l'égard de cette équipe soit due actuellement à son style et à sa communication ? Croyez-vous que les Français soient flattés que leurs dirigeants se comportent comme des Mickeys ? Et croyez-vous qu'ils apprécient que leurs ministres les prennent d'une certaine façon pour des cons comme le fait M. Wauquiez ?
En réalité nos compatriotes éprouvent de la bienveillance pour cette équipe parce qu'ils en espèrent de profonds changements. Des changements qui enclenchent un véritable redressement et qui améliorent leur vie quotidienne. Et si rien ne vient, toute la construction de Sarkozy fondée sur le look, la parole et la communication s'effondrera. Ce n'est aujourd'hui que le succès électoral qui assure le succès de cette méthode. Si demain rien ne s'améliore vraiment et si les échecs commencent à s'accumuler, cette méthode apparaîtra débile, les ministres seront perçus comme des pignoufs et Sarkozy comme un bonimenteur de foire.
Or chers amis, je l'ai dit, pour l'instant aucune réforme structurante, aucune mesure d'envergure n'est prévue. Pour l'instant ce n'est pas la rupture tranquille c'est la continuité tonitruante.
Il est certes trop tôt pour tirer de la situation des conclusions définitives. Mais tout laisse aujourd'hui à penser que Sarkozy et son équipe vont multiplier les réformes qui ne changent rien. Ils sont bien partis pour accumuler des mesures qui vont renforcer le politiquement correct. Et il y a donc de fortes probabilités que nos compatriotes soient progressivement déçus et retirent à l'UMP le soutien qu'ils lui ont accordé.
Pour la droite de conviction ce sera alors la possibilité d'un formidable rebond. D'autant qu'il ne faut pas mépriser la force des mots. Sarkozy, comme candidat mais aussi comme président, continue de dédiaboliser et de légitimer nos idées en les évoquant et en s'y référant. Et même s'il ne change pas la réalité il aura contribué à faire progresser notre discours et nous aura donc aidé dans notre combat.
Tout demeure donc possible pour notre famille politique. Mais rien ne se fera automatiquement. Car si la droite nationale reste aussi désunie qu'elle l'est et aussi sclérosée qu'est le Front national, rien ne se fera. Les Français se tourneront à nouveau vers nous si nous savons leur offrir une force alternative, moderne et conquérante, capable de porter nos convictions et de les mettre en oeuvre dans le monde d'aujourd'hui. Le MNR est porteur de ce renouveau et c'est pourquoi nous devons persévérer dans notre entreprise. Nous ne devons pas abandonner le terrain politique. Nous ne devons pas renoncer à nos convictions. Nous ne devons pas douter de nos analyses ni hésiter sur notre projet.
Nous devons simplement remettre en cause les moyens que nous avons utilisés jusqu'à présent pour mener notre combat afin d'être plus efficace dans notre communication et notre action. C'est ce que nous avons commencé à faire au cours de ce conseil national. C'est ce que nous allons poursuivre à l'université d'été et au cours des mois qui viennent.
Nous devons nous mobiliser pour oeuvrer à l'union et au rassemblement de la droite nationale, sans esprit hégémonique, dans une démarche d'ouverture et par un travail à la base. Et les municipales qui viennent constituent la meilleure occasion de concrétiser cette union voulue par une majorité de militants et de sympathisants de la droite nationale. Nous devons donc nous y investir avec force car ce scrutin peut aussi nous permettre de réaliser de bons scores dans les villes que nous aurons correctement choisies.
Chers amis, en attendant que l'heure de vérité vienne pour Sarkozy, nous devons tout faire pour assurer la refondation de notre courant politique. Et nous avons à cet égard une mission déterminante à accomplir. Rien n'est dit, rien n'est joué. Restons ensemble, conservons l'espoir. La France a toujours besoin de nous.
Tout au long de cette journée, nous nous sommes intéressés à nous, à nos buts, à nos méthodes, à nos problèmes, à nos perspectives, à la remise en question qui doit être la nôtre, mais aussi aux changements à opérer dans notre organisation, notre communication, notre image et notre stratégie. Et nous avons pris, je crois, de bonnes décisions.
Mais je pense que la décision la plus importante que nous ayons prise, c'est de ne pas céder au défaitisme, à la résignation et au renoncement. Parce que, voyez vous, l'essentiel de notre avenir n'est pas déterminé par ce que nous faisons, mais parce que vont faire nos adversaires. Ce sont eux, et pas nous, qui disposent de l'initiative et du pouvoir. Et tout va dépendre d'eux. Ou plutôt, je devrais dire de lui. Puisque maintenant tout le pouvoir est concentré entre les mains d'un seul homme : Sarkozy.
Et quel homme ! Il fait tout, il traite de tout, il est partout. Le matin chez Airbus, l'après-midi au conseil des ministres, le soir à Berlin. Et entre-temps, il téléphone à Bush, il reçoit Le Pen et appelle Rocard. Et surtout quelle habileté, quel talent politique, quelle maîtrise de la communication, quel savoir-faire médiatique ! Il retourne les Polonais pour le mini traité européen, il débauche les socialistes pour son gouvernement, il séduit les syndicalistes pour ses projets. Et il comprend les Français, il dit ce qu'ils veulent entendre, il parle comme eux, pour eux, il est proche d'eux. Il a rejeté le politiquement correct et, dans le même temps, suprême habileté, il s'est acquis la complicité des médias. Vraiment quel homme ! Travailleur, volontaire, ouvert. Et sympathique avec ça !
Décidément tout va donc changer, rien ne va lui résister. Et comme il va mettre en oeuvre nos idées, la droite nationale n'est pas prête, nous dit-on, de récupérer ses voix. N'est-il pas devenu le chantre de l'identité nationale ? Le pourfendeur de la pensée unique ? Ne veut-il pas en finir avec mai 68, avec la repentance et le politiquement correct ? Ne s'est-il pas fait le défenseur des valeurs de travail, d'ordre, d'autorité, de sécurité ? Et avec lui ce ne sera pas comme avec Chirac. Il l'a dit, il l'a répété : il fera ce qu'il dit, il dit ce qu'il fera. C'est clair : il ne décevra pas, il tiendra ses engagements !
Dès lors, pour certains, tout est dit. Négligeant de voir au-delà des apparences, oubliant de se mettre en perspective et de se projeter dans l'avenir, se laissant subjuguer par le bagou du personnage, se laissant éblouir par l'éclat de ses succès récents, beaucoup de Français et certains de nos amis proches du MNR, en concluent que l'affaire est entendue. Sarkozy a détruit la droite nationale et c'est définitif. Les voix, il les gardera. Elles ne reviendront plus.
Eh bien, chers amis, je crois qu'il n'en est rien. Il faut prendre un peu de champ et se donner la peine d'y réfléchir à deux fois et d'y voir plus clair sur l'intéressé. Et c'est à ce travail d'analyse que je voudrais consacrer la fin de notre conseil. Car le phénomène Sarkozy est nouveau et il importe de bien comprendre ce dont il s'agit.
Et d'abord son discours. Car l'homme est avant tout un homme de verbe et c'est son discours qui le définit le mieux. Et là c'est vrai, Sarkozy dit beaucoup de choses justes qui vont dans notre sens. Je dirai qui sont calquées sur notre discours. Mais attention il y a dans ses propos destinés à séduire et à convaincre trois catégories de déclarations très différentes qui toutes ont comme caractéristique commune de ne l'engager nullement.
Il y a d'abord l'utilisation de mots à forte signification symbolique. Lorsque Sarkozy parle d'identité nationale, il utilise un mot qui nous est propre et qui déclenche d'ailleurs une polémique. Mais il se garde bien de définir cette identité et encore plus d'énoncer des mesures concrètes pour la défendre. De même lorsqu'il dénonce les racailles de banlieue, c'est un mot très fort qui le positionne sur notre terrain. Mais la aussi on ne va guère au delà du mot. On attend toujours que Sarkozy karcherise les banlieues. Car derrière les mots qu'il utilise pour frapper les esprits et séduire les Français il n'y a souvent que du vent.
La deuxième catégorie de propos utilisés par Sarkozy ce sont les commentaires ou les évocations qui plaisent aux Français mais qui ne l'engagent à rien. Lorsque Sarkozy s'insurge de voir des gens qui travaillent gagner à peine plus que ceux qui vivent de l'assistance, lorsqu'il explique que la France, il faut l'aimer ou la quitter, il ne fait que reprendre à son compte des réflexions très répandues parmi nos compatriotes. Et de ce fait, il séduit car les Français sont heureux d'entendre enfin un responsable politique susceptible d'être élu parler comme eux. Mais ça ne va pas plus loin car l'idée qu'une fois élu l'intéressé changera les choses n'est qu'implicite et nullement formalisé par des engagements précis. De même lorsque Sarkozy se rend au Mont-Saint-michel, lorsqu'il évoque Jeanne-d'Arc, il ne fait que s'approprier des symboles auxquels beaucoup de Français sont attachés sans s'engager le moins du monde car là encore il n'y a rien de concret.
Enfin, troisième catégorie, celle des objectifs à portée générale. Il faut, affirme-t-il par exemple, que les Français puissent travailler plus pour gagner plus. Il faut une Europe qui protège et qui rétablisse la préférence communautaire. Ce sont là des objectifs plus concrets et donc très séduisants car chacun peut ainsi croire que de grands changements vont suivre. Pourtant ce ne sont là encore que des déclarations générales. Sarkozy par exemple n'annonce pas la refonte du code du travail ou la réforme globale de la fiscalité. Il n'est donc là encore pratiquement pas engagé.
Et voilà ! Tout l'arsenal verbal de Sarkozy est constitué de propos à forte capacité de séduction mais qui se caractérisent par une absence totale de portée concrète. Alors c'est vrai, il faudrait rajouter la quatrième et dernière catégorie celle des propositions ponctuelles. Car il y en a tout de même, il faut le reconnaître. Mais elles sont en nombre très limité et de portée particulièrement réduite : la défiscalisation des intérêts d'emprunts immobiliers, le dégrèvement fiscal des heures supplémentaires, les peines planchers pour les multirécidivistes et quelques autres. Mais leur nombre est si limité que tout sera réalisé, nous dit-on, d'ici la rentrée.
Ainsi se trouve clairement établi la méthode verbale de Sarkozy : elle consiste à laisser croire aux français qu'il pense et qu'il voit les choses comme eux, qu'il ressent ce qu'ils ressentent et qu'il agira comme ils le souhaitent. Mais dans la pratique ses propos sont ouverts et ne lient nullement celui qui les prononce car ils ne comportent aucun engagement d'envergure. Dès lors, rien ne permet de dire qu'il va mettre en oeuvre de très grands chantiers. Quant aux promesses ponctuelles qu'il tiendra, elles n'auront que peu d'effets. Non pas qu'il répugnerait à aller plus loin. Mais il ne voudra pas aller à l'épreuve de force et par conséquent il restera dans la limite du politiquement correct.
Alors je sais, on ne peut pas préjuger de ce que Sarkozy va réellement faire. Tout ce dont j'ai parlé relève de la campagne électorale et non de l'exercice du pouvoir. Parlons donc de Sarkozy au pouvoir. Car déjà on peut tirer des enseignements de ses premières initiatives notamment celles concernant les mesures, le gouvernement et le style.
Sarkozy a dit qu'il tiendrait ses promesses. Fort bien et je crois aussi qu'il est suffisamment habile pour tenir ses engagements et même tous ses engagements. Mais il y a de multiples façons de tenir ses engagements.
Je prends l'exemple de la défiscalisation des intérêts d'emprunts immobiliers. L'objectif est de permettre à chaque Français de devenir propriétaire de son logement. Or qu'elle est la mesure ? Une défiscalisation des intérêts pendant cinq ans pour la résidence principale, le tout plafonné à 1500 euros pour un couple. Les experts considèrent que cela permettra d'acheter entre 1,1 et 3,8 mètres carrés supplémentaires et que cela augmentera de 1 % le nombre de transactions. Autant dire que cette mesure, qui n'est pas mauvaise dans son principe, demeure une mesurette qui ne changera pas grand chose à la situation.
Même constat pour le projet relatif aux peines planchers pour les multirécidivistes. Celui-ci ne concerne que les délits passibles de trois ans d'emprisonnement. Ce qui veut dire déjà que ce texte ne s'appliquera pas à tous les délits mineurs qui constituent l'essentiel de la délinquance quotidienne. Par ailleurs ce projet de loi ne s'applique qu'à la récidive pour des faits légalement similaires. Un jeune condamné pour violence en réunion ne sera pas considéré comme récidiviste s'il commet un vol avec violence. Quant on sait qu'il y a plusieurs centaines d'incriminations de délits différentes on mesure combien les récidivistes au sens de la loi seront limités.
Par ailleurs les peines planchers ne seront pas obligatoires. Les juges ne seront pas tenus de les appliquer pour peu qu'ils justifient leur décision. De surcroît ces peines planchers correspondent à des sanctions limitées de un an pour un délit passible de trois ans d'emprisonnement, de deux ans pour un délit passible de cinq ans. Quand on sait que le juge pourra en outre assortir ces peines de sursis, on mesure à quel point cette disposition phare du candidat Sarkozy ne changera pratiquement rien à la réalité que nous connaissons aujourd'hui.
Et on pourrait dire la même chose de toutes les promesses de Sarkozy : elles seront tenues mais dans des conditions qui les rendront particulièrement inefficaces. Tenez, l'affaire de l'identité nationale! Eh bien c'est fait, la promesse est tenue : Sarkozy a créé un ministère de l'identité nationale. Encore faut-il noter que dans les titres de M. Hortefeu, l'identité nationale passe après l'immigration et l'intégration et juste avant le codéveloppement. En tout cas l'essentiel de la mesure tient dans la dénomination du ministère. Pour le reste je ne vois pas ce qui est prévu pour défendre notre identité nationale. Pourtant, nous le savons, notre identité est notamment menacée par le processus d'islamisation. Or qu'est-ce qui est prévu sur ce front : rien ! Bien au contraire gageons que dans ce domaine M. Sarkozy mettra en oeuvre un projet qu'il a par ailleurs annoncé, à savoir le financement public des mosquées, voire la discrimination positive c'est-à-dire la priorité aux musulmans ou aux gens de couleur.
En fait de défense de l'identité nationale, Sarkozy nous a d'offert le record toutes catégories de discrimination positive et de choix communautaire pour la constitution de son gouvernement. Rachida Dati, dont la seule compétence est d'être magistrate comme des milliers de ses collègues, a été désignée au poste prestigieux de Garde des sceaux pour son sexe féminin et ses origines arabes. Fadela Amara, sans aucune qualification pour exercer une responsabilité politique de gouvernement, est devenue Secrétaire d'État chargée de la politique de la ville en raison de son sexe féminin et de ses origines arabes. Rama Yade une jeune femme de trente ans sans aucune expérience est choisie comme Secrétaire d'État aux affaires étrangères pour son sexe et ses origines sénégalaises.
Donc la encore, il n'y a rien derrière les mots. Car si après nous avoir parlé d'identité nationale on se comporte comme si notre identité ça n'était que la République, l'état de droit, les droits de l'homme et la diversité culturelle et ethnique, on n'aura rien changé par rapport au politiquement correct.
Et je prendrai un dernier exemple : la Turquie ! Sarkozy s'est déclaré pendant la campagne contre l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Puis, au pouvoir, que fait-il ? Il nomme un ministre des affaires étrangères, Kouchner et un Secrétaire d'État aux affaires européennes Jouyet qui sont l'un et l'autre pour l'entrée de la Turquie dans l'Europe. Résultat : au lieu de bloquer les négociations, Sarkozy vient de donner l'accord de la France pour l'ouverture de deux nouveaux chapitres de négociations. Seule avancée : il a obtenu le report d'un troisième chapitre. C'est dérisoire ! Et cela montre comment Sarkozy peut parfaitement continuer à tenir son discours et à tenir ses promesses sans que rien ne change dans la réalité.
Je vous rappelle d'ailleurs que c'est ce qui s'est passé lorsqu'il était ministre de l'Intérieur. Là aussi, il s'est démené, il a multiplié les lois, les déplacements, les réformes et les déclarations et rien de fondamental n'a changé sauf pour la sécurité routière. Certes la délinquance globale a légèrement baissé depuis 2002 mais les violences contre les personnes ont augmenté chaque année au point que leur nombre a doublé depuis cette date. Quant aux forces de l'ordre et aux agents représentants l'autorité, ils sont attaqués, victimes d'agressions, de viols ou de guet-à-pants. Une situation que l'on n'a jamais vue dans notre histoire, en dehors des périodes insurrectionnelles.
Et tout Sarkozy est la : une communication spectaculaire, des changements en trompe-l'oeil et des résultats limités.
Mais là ne s'arrêtent pas les faiblesses de Sarkozy.
Ce qui a le plus symbolisé le changement, à savoir son équipe gouvernementale, est un signe supplémentaire qu'aucun changement d'envergure ne devrait intervenir. Car ce gouvernement n'est nullement un instrument de combat, resserré, solidaire et compétent, tel qu'il serait nécessaire pour réaliser des réformes majeures, par nature difficiles à mettre en oeuvre. Et ce gouvernement va rapidement s'avérer être pour Sarkozy un réel handicap.
Voilà en effet un gouvernement qui manque de personnalités et de compétences. Le premier Ministre ne s'est jamais illustré dans sa carrière politique par des actes forts révélant une personnalité trempée. Le seul véritable poids lourd était Juppé et pour le remplacer, Sarkozy n'a trouvé personne d'équivalent et a dû pratiquer le jeu des chaises musicales avec Borloo et Barnier, deux personnages des plus inconsistants.
Et pour le reste, à l'évidence, ce qui a été privilégié ce n'est nullement la capacité des hommes ou des femmes choisies à concevoir et à réaliser. Ce qui a été déterminant pour leur promotion c'est leur image médiatique. Le gouvernement n'a pas été choisi par le président de la République mais par les médias. Que ce soit Kouchner, Rachida Dati, Roselyne Bachelot, Christine Boutin, Laurent Wauquiez, Santini, Fadela Amara, Rama Yade, Bernard Laporte ou Martin Hirsch, c'est un gouvernement tamponné du sceaux : vu à la télé. Lorsque Bernard Laporte rejoindra le gouvernement on aura même un ministre qui passe dans des pubs télévisées pour faire vendre de la charcuterie. Ce sera la encore une grande première due à Sarkozy !
Résultat : ce gouvernement est à bien des égards branquignolesque. Lorsque l'on voit Christine Boutin embrasser Fadela Amara devant la presse et toutes deux, en pantalon et jean, se congratuler sous les ors de la République en plaisantant, on a l'impression d'assister à un sketch de politique fiction pour une émission de gag télévisés le 1er avril. Et que dire de la même Amara quand elle explique que son cabinet sera formé de jeunes à casquettes à l'envers car eux, dit-elle, ont souvent de meilleures idées que les autres ?
Sans compter que cette composition va politiquement à l'encontre de la ligne définie par Sarkozy pendant sa campagne électorale. Voilà un président élu sur des idées et avec des voix de droite, voire de droite nationale, qui ouvre son gouvernement à la gauche socialiste !
Voilà un chef d'État qui vient de l'emporter sur le thème de la rupture avec le politiquement correct et qui nomme comme secrétaire d'État à la ville - ce qui n'est pas rien tout de même puisqu'il s'agit de gérer un budget de plusieurs centaines de millions d'euros chaque année - qui nomme la présidente de « ni pute ni soumise », une organisation communautariste de gauche hyper médiatisée qui, c'est le moins que l'on puisse dire, n'est pas emblématique de la rupture avec la pensée unique.
Il est clair qu'un tel gouvernement ne constitue nullement une arme de combat pour mettre en oeuvre les grandes réformes de rupture dont Sarkozy prétendait être porteur. Gageons qu'un tel dispositif ne conservera pas son unité ni sa cohésion dès le premier revers venu. Il ne résistera pas à la durée, aux difficultés, aux épreuves et aux attaques inhérentes à toute action gouvernementale véritable.
Certes la communication est là pour tout faire passer, y compris les couacs, les cafouillages et les échecs. Et tout le gouvernement va avoir recours aux techniques initiées par Sarkozy. Puisque elles ont fonctionné pour l'élection du nouveau président, chacun doit les utiliser au pouvoir. Et déjà tous les membres du gouvernement s'y sont employés. À peine nommés, chacun des ministres s'est précipité sur le terrain. Rachida Dati a passé la nuit en prison. Borloo s'est rendu à la perception. Alliot-Marie a patrouillé avec les policiers parisiens, Darcos est allé s'asseoir sur les bancs d'une école. Christine Lagarde est partie à la pêche. Etc....Le jour de la nomination de son nouveau gouvernement, M. Fillon visitait une usine.
Et le style lui aussi est de plus en plus décalqué de celui de Sarkozy avec souvent plus de maladresse et plus d'outrance encore. On tutoie, on parle comme le peuple, on se tape sur le dos ou sur le ventre. Alors certains là encore impressionnés par les succès électoraux de Sarkozy se pâment d'admiration devant le nouveau style et la nouvelle communication inventée par le président de la République. Mais est-elle aussi infaillible que cela ? N'a-t-elle pas des failles ? Lorsque le nouveau porte-parole du gouvernement, Laurent Wauquiez, pourtant énarque et normalien, s'exprime à la télévision comme les jeunes des banlieues en multipliant les mots familiers et les erreurs de Français n'est-ce pas là le début d'une nouvelle tromperie, d'une nouvelle imposture ? Et les Français sont-ils assez stupides pour ne pas s'en apercevoir ?
Et il n'est pas certains que cette méthode qui a permis l'élection de Sarkozy permettra au gouvernement de tenir dans la durée en l'absence de changement véritable au bénéfice des Français ?
Croyez-vous que la sympathie ou plutôt la bienveillance des Français à l'égard de cette équipe soit due actuellement à son style et à sa communication ? Croyez-vous que les Français soient flattés que leurs dirigeants se comportent comme des Mickeys ? Et croyez-vous qu'ils apprécient que leurs ministres les prennent d'une certaine façon pour des cons comme le fait M. Wauquiez ?
En réalité nos compatriotes éprouvent de la bienveillance pour cette équipe parce qu'ils en espèrent de profonds changements. Des changements qui enclenchent un véritable redressement et qui améliorent leur vie quotidienne. Et si rien ne vient, toute la construction de Sarkozy fondée sur le look, la parole et la communication s'effondrera. Ce n'est aujourd'hui que le succès électoral qui assure le succès de cette méthode. Si demain rien ne s'améliore vraiment et si les échecs commencent à s'accumuler, cette méthode apparaîtra débile, les ministres seront perçus comme des pignoufs et Sarkozy comme un bonimenteur de foire.
Or chers amis, je l'ai dit, pour l'instant aucune réforme structurante, aucune mesure d'envergure n'est prévue. Pour l'instant ce n'est pas la rupture tranquille c'est la continuité tonitruante.
Il est certes trop tôt pour tirer de la situation des conclusions définitives. Mais tout laisse aujourd'hui à penser que Sarkozy et son équipe vont multiplier les réformes qui ne changent rien. Ils sont bien partis pour accumuler des mesures qui vont renforcer le politiquement correct. Et il y a donc de fortes probabilités que nos compatriotes soient progressivement déçus et retirent à l'UMP le soutien qu'ils lui ont accordé.
Pour la droite de conviction ce sera alors la possibilité d'un formidable rebond. D'autant qu'il ne faut pas mépriser la force des mots. Sarkozy, comme candidat mais aussi comme président, continue de dédiaboliser et de légitimer nos idées en les évoquant et en s'y référant. Et même s'il ne change pas la réalité il aura contribué à faire progresser notre discours et nous aura donc aidé dans notre combat.
Tout demeure donc possible pour notre famille politique. Mais rien ne se fera automatiquement. Car si la droite nationale reste aussi désunie qu'elle l'est et aussi sclérosée qu'est le Front national, rien ne se fera. Les Français se tourneront à nouveau vers nous si nous savons leur offrir une force alternative, moderne et conquérante, capable de porter nos convictions et de les mettre en oeuvre dans le monde d'aujourd'hui. Le MNR est porteur de ce renouveau et c'est pourquoi nous devons persévérer dans notre entreprise. Nous ne devons pas abandonner le terrain politique. Nous ne devons pas renoncer à nos convictions. Nous ne devons pas douter de nos analyses ni hésiter sur notre projet.
Nous devons simplement remettre en cause les moyens que nous avons utilisés jusqu'à présent pour mener notre combat afin d'être plus efficace dans notre communication et notre action. C'est ce que nous avons commencé à faire au cours de ce conseil national. C'est ce que nous allons poursuivre à l'université d'été et au cours des mois qui viennent.
Nous devons nous mobiliser pour oeuvrer à l'union et au rassemblement de la droite nationale, sans esprit hégémonique, dans une démarche d'ouverture et par un travail à la base. Et les municipales qui viennent constituent la meilleure occasion de concrétiser cette union voulue par une majorité de militants et de sympathisants de la droite nationale. Nous devons donc nous y investir avec force car ce scrutin peut aussi nous permettre de réaliser de bons scores dans les villes que nous aurons correctement choisies.
Chers amis, en attendant que l'heure de vérité vienne pour Sarkozy, nous devons tout faire pour assurer la refondation de notre courant politique. Et nous avons à cet égard une mission déterminante à accomplir. Rien n'est dit, rien n'est joué. Restons ensemble, conservons l'espoir. La France a toujours besoin de nous.