Interview de M. François Sauvadet, président du groupe parlementaire Le Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, à ITélé et France Info le 3 juillet 2007, sur le soutien du Nouveau Centre au gouvernement et la maîtrise de la dépense publique.

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Média : France Info - Itélé

Texte intégral

Thomas Hugues : Un mot sur le « tandem » Sarkozy-Fillon ?
François Sauvadet : J'ai entendu François Hollande critiquer l'omniprésence du Président de la République alors que nous même, il y a quelques mois, sous une précédente mandature, avec un autre Président de la République, regrettions l'absence du Président sur des sujets de politique intérieure. Le Président a été élu par les Français. D'ailleurs, eux-mêmes, les Français, ne s'y sont pas trompés ; puisque 85 % d'entre nous sommes allés voter à ce moment la pour désigner celui qui assumerait. Donc le président assume et le Premier ministre sera celui qui, au Parlement, sera en charge de la mise en oeuvre du programme présidentiel.
Thomas Hugues : Alors vous êtes Président du Groupe Nouveau Centre à l'Assemblée, vous avez pris la parole à la tribune aussi cette après-midi et vous avez à un moment dénoncé le conformisme de gauche. Pourtant on sort de 5 ans de gouvernement UMP-UDF, 12 ans de présidence Chirac, donc la croissance molle dénoncée par François Fillon finalement c'est quoi ?
François Sauvadet : Je ne suis pas sûre que le gouvernement dont on vient de sortir soit un gouvernement UMP-UDF. J'ai cru savoir qu'il était un peu en rupture avec l'UDF a cette époque la. En tout cas, on a fait des choix et on a fait le choix, en ce qui nous concerne, d'être dans la majorité présidentielle, clairement.
Il y a un bilan qui n'était pas vraiment bon, et il y a eu un vrai changement à la fois de méthode et à la fois sur le fond. Ce qui va changer, c'est la volonté politique que ça change.
Vous le voyez bien, sur un certain nombre de sujets, la majorité précédente a été relativement inactive ou en tout cas n'a pas été au rendez-vous des attentes des Français. On entre dans une ère nouvelle parce que l'on entre dans une ère qui s'éloigne de l'idéologie pour entrer dans une ère pragmatique. Les Français, avec le gouvernement et avec nous, veulent que l'action soit au rendez vous. Je crois qu'il faut que l'on soit extrêmement pragmatiques. C'est sur les résultats que nous devrions être jugés. Lorsque nous disons qu'il faudra revaloriser les heures supplémentaires, il faudra le faire simplement pour ne pas que ce soit plus coûteux pour les entreprises et que ce soit plus rémunérateurs pour les salariés. Et bien nous allons le faire. Les Français nous jugerons ensuite sur la capacité de le faire, de le faire pratiquement, spontanément.
On a aussi un enjeu sur la vitalité des petites et moyennes entreprises, leur faire un environnement plus simple, faire en sorte que l'on arrête les charges qui pèsent sur le travail.
Les français auront à juger sur les actes, le gouvernement le sait, le Président de la République le sait, nous le savons dans la majorité.
Thomas Hugues : Alors on a entendu François Bayrou, le président du MoDem prendre la parole, il a en quelque sorte donné des bons points à François Fillon pour ce dont vous parliez à l'instant, le Small Business act à la Française, sur les engagements internationaux, du Président et du gouvernement au Liban et au Darfour, l'équilibre démocratique qui pourrait se mettre en place mais il dit qu'il y a deux grandes hypothèques, deux contradictions absolues, trop de promesses et l'incapacité à mener le désendettement et puis cette promesse de modernisation de la vie politique qui est contradictoire avec la concentration des pouvoirs entre les mains de Nicolas Sarkozy. Du coup il vote l'abstention. Est-ce que finalement ce n'est pas lui qui à le jugement le plus juste sur le discours de François Fillon ?
François Sauvadet : Est-ce que le discours le plus juste est celui de se dire : je décerne des bons points, des mauvais points et je m'abstiens ? A ce moment-là, vous êtes spectateurs, on se met journaliste, on n'est pas acteur. Nous, nous disons tout simplement comment on fait pour être au rendez vous.
Alors c'est vrai qu'il y a devant nous une question que j'ai d'ailleurs soulevée au nom du Nouveau Centre qui est comment ne pas laisser dériver la dépense publique. Parce que nous avons une exigence, c'est la maîtrise de la dépense publique.
Thomas Hugues : C'est sur ce point que vous allez marquer votre différence avec le groupe UMP ?
François Sauvadet : On ne cherche pas la différenciation avec l'UMP mais c'est un des points sur lesquels nous nous appuierons car on ne peut pas continuer à laisser une dette aussi importante sur le dos de nos enfants. Et continuer à faire comme si on pouvait continuer à dépenser sans tenir compte du poids croissant de la dette. Et les Français le savent : la presque totalité de l'impôt sur le revenu est consacré au remboursement des intérêts de la dette. Alors ceux qui pensent que l'on continuera comme ça, on les laisse à leurs chimères.
En tout cas, nous disons qu'il faut être au rendez-vous de la maîtrise de la dépense publique et cela passera par une vraie réforme de l'état.
Je pense qu'il faut être en rendez vous des engagement pour faire en sorte qu'il y ait la croissance au rendez vous. Ca veut dire par une revalorisation du travail, par le bouclier fiscal, Je pense que là, c'est une bonne mesure. Il faut éviter que les plus riches de nos compatriotes s'éloignent de la France pour aller à l'étranger. Je pense que c'est un appauvrissement général.
Cela aura un coût, mais je pense qu'il faut que les dépenses soient utiles et en même temps qu'il y ait le souci de rechercher des économies et cela passe par une réforme de l'Etat.
Et vous l'avez entendu notamment, sur le marché du travail, avec cette fusion de l'ASSEDIC et de l'ANPE, c'est une bonne idée. Il faudra que l'on toilette notre appareil d'Etat.
On ne peut pas être dans une situation où en France, on demanderait à tout le monde de bouger pour être dans la modernité. Et nous, au niveau de la gestion publique, rester dans un immobilisme, personne ne le comprendrait. Donc on va être très engagé dans cette réforme de l'Etat.
Thomas Hugues : J'aimerais entendre votre réaction sur la vente de la branche biscuit de Danone à l'américain Kraft, les petits Lu à la sauce US qu'est-ce que vous en pensez ?
François Sauvadet : Vous voyez bien qu'il faut que l'on soit extrêmement actifs pour que l'activité soit au rendez vous et que l'on n'ait pas des cessions de ce type. Il faudra que l'on soit très engagé pour que l'investissement revienne aussi en France. Nous sommes un pays, où il faut attirer les investissements. On remarque qu'a cause de la fiscalité, il y a bien trop de nos compatriotes qui sont allé investir ailleurs. Je crois qu'il faut un retour de l'investissement Français en France.
Thomas Hugues : Mais là, on ne touche pas aux limites de l'action publique. Lionel Jospin disait que l'Etat ne peux pas tout ?
François Sauvadet : L'Etat ne peut pas tout, mais l'Etat peut lancer une vraie dynamique d'action pour éviter les délocalisations. Il y a un jeu du marché, il faut laisser ce jeu se faire, nous sommes dans une logique où le marché doit favoriser l'emploi, favoriser l'activité. Mais dans le même temps, il faut que l'on donne des outils pour que les investisseurs puissent investir dans les entreprises. D'ailleurs il est pas exclu que l'on réfléchisse à des fond de pensions à la Française, c'est un sujet pour l'avenir de nos retraites et pour assurer justement l'investissement.Source http://www.le-nouveaucentre.org, le 13 juillet 2007