Texte intégral
Romano Prodi :
Nous avons eu une rencontre cordiale. Nous avons des visions communes en matière d'actions internationales, de thèmes internationaux et européens. Et nous avons souligné l'importance que revêt le thème méditerranéen, un thème qui nous tient fortement à coeur et qui sera l'objet central du prochain sommet bilatéral entre la France et l'Italie, qui se tiendra en novembre. Nous avons donc parlé de notre vision commune sur le Proche-Orient, l'Iran, et nous avons abordé la politique européenne. Pour ce qui concerne l'Europe, nous nous sommes engagés sur des politiques communes pour des projets forts et concrets. Nous avons approfondi les questions portant sur le projet Galileo, la coopération européenne en matière scientifique et une coopération plus étroite en matière de politique économique. Nous avons ensuite abordé les dossiers franco-italiens sur lesquels nous avons des identités de point de vue et aussi des possibilités de travail en commun. Je me suis engagé sur le projet Lyon-Turin : l'Italie respectera ses engagements. Nous avons ensuite abordé, en matière de coopération, les secteurs de l'industrie, des transports et de l'énergie. Voilà donc les thèmes que nous avons abordés, aujourd'hui, dans une atmosphère de grande amitié et avec une unité d'objectifs pas seulement à moyen terme, mais aussi à long terme.
François Fillon :
Mesdames et Messieurs, je voudrais remercier Romano Prodi pour la chaleur de son accueil, confirmer que notre rencontre a été très amicale, très sincère. C'était une rencontre très importante pour moi ; d'abord parce que l'Italie est le deuxième partenaire économique de la France, ensuite parce que nous avons des racines communes qui ont généré une identité, qui est une identité partagée, et enfin parce que l'Italie et la France partagent les mêmes valeurs et les mêmes convictions, en particulier sur le projet européen. Et je voudrais signaler le rôle essentiel de l'Italie dans la facilitation de la sortie de crise européenne, que nous venons de connaître. Grâce à l'accord qui a été conclu au Conseil européen, l'Europe peut reprendre sa marche en avant, ce qui, j'en suis convaincu, ne peut que réjouir le grand européen qu'est Romano Prodi. Nous avons évidemment évoqué tous les dossiers européens, et en particulier le dossier Galileo qui est un dossier emblématique des ambitions européennes et que l'Italie et la France veulent impérativement voir sortir de l'ornière dans laquelle il se trouve, parce que c'est une question stratégique pour l'Italie, pour la France et pour l'Europe.
Parallèlement à la relance de l'Union européenne, nous pensons que la France, avec l'Italie, avec l'Espagne, a vocation à faire émerger une véritable Union méditerranéenne. La Méditerranée a un besoin urgent d'un grand projet de coopération, qui soit mobilisateur pour plus de sécurité en Méditerranée, et pour plus de prospérité.
Puis nous avons évoqué ensemble tous les dossiers bilatéraux. Ils sont nombreux : la coopération dans le domaine de la défense, qui est considérable sur le plan opérationnel : nous avons beaucoup de forces italiennes, françaises, engagées sur des théâtres d'opérations à travers le monde dans le cadre du maintien de la paix. La France et l'Italie, en raison de leurs traditions, en raison de leurs capacités, en raison de leur expérience, en raison de leur capacité industrielle, ont un rôle de premier plan à jouer dans la construction de l'Europe de la défense. Nous avons évoqué, dans le domaine des transports, le dossier Lyon-Turin ; je me réjouis qu'il soit désormais proche d'aboutir. Nous avons évoqué les questions énergétiques, qui ont pu être parfois des sujets d'incompréhension entre nos deux pays et sur lesquels nous voulons qu'il y ait une vraie stratégie commune, et en particulier une vraie stratégie européenne, pour nous doter d'une autonomie, d'une indépendance, d'une sécurité dans ces domaines. Nous avons évoqué également les questions d'immigration. Ce sont des questions qui nous rassemblent, sur lesquelles nous voulons, avec le même souci d'humanité, mettre en oeuvre des politiques, qui soient des politiques coordonnées.
Et avec le président de la République française, je me réjouis d'accueillir Romano Prodi et les membres du gouvernement italien pour la rencontre bilatérale, prévue à l'automne prochain, et que nous tiendrons si possible pas trop loin de la frontière italienne. Merci.
Monsieur le président du Conseil italien, je voudrais connaître votre lecture de la réunion de l'Eurogroupe en début de semaine. Est-ce que selon vous, la France a obtenu un feu vert ou un blanc-seing pour sa politique d'assainissement des dépenses publiques, qui prévoit un retour à l'équilibre seulement en 2012 ?
Romano Prodi :
Etant donné mon passé, je ne peux faire aucune objection aux décisions européennes.
Monsieur le président du Conseil italien, la politique d'ouverture du Gouvernement français en direction de l'opposition, qui est une nouveauté dans le contexte européen, est-elle une voie que vous pourriez suivre aussi ?
Romano Prodi :
Je pense qu'il s'agit d'une voie absolument positive, que l'on peut suivre s'il existe les conditions politiques pour le faire. Etant donné les pouvoirs et les possibilités du président Sarkozy, c'est une opération qui a pu être acceptée et qui donnera sûrement des résultats positifs. Je pense qu'en Italie, il serait difficile de faire ce genre d'opérations. C'est un message d'unité du pays qui est toujours positif quand le pays peut se permettre de le faire.
Monsieur le Premier ministre, la France a-t-elle bon espoir de favoriser la libération des infirmières bulgares détenues en Libye et à ce titre, quel est le rôle exact de Cécilia Sarkozy ?
François Fillon :
La France, comme d'autres pays européens et comme l'Italie, se bat depuis des mois et des mois pour qu'une décision respectueuse des droits de l'Homme soit prise dans cette malheureuse affaire des infirmières bulgares en Libye. Les négociations sont en cours, nous avons engagé des discussions qui sont des discussions difficiles et la visite de la femme du président de la République à Tripoli hier n'avait pas d'autre objet que de souligner cette attention de la France, de la communauté européenne, de la communauté internationale à une question qui est une question tout simplement d'humanité. Je crois que c'est bien le rôle de l'épouse du chef de l'Etat d'être le symbole du souci humanitaire, qui est celui de tous les peuples européens.
Une question au président Prodi : en matière de politique économique, je voudrais savoir si vous avez défini une ligne commune pour la Commission européenne en matière de pacte de stabilité et donc une attitude un peu plus flexible.
Romano Prodi :
Nous avons abordé la question du pacte de stabilité. Nous reconnaissons tous les deux que le pacte de stabilité est quelque chose de sérieux, d'important ; nous sommes tout à fait conscients que c'est quelque chose qui doit ensuite s'adapter aux conditions politiques et économiques. Le pacte de stabilité est quelque chose qui existe, qui doit être respecté en tant que tel. Il ne doit pas être considéré comme un instrument qui entrave la croissance économique.
François Fillon :
Je veux juste ajouter un point sur ce sujet : nous partageons la même volonté de voir l'indépendance de la Banque centrale européenne respectée et en même temps, la question des parités monétaires n'est pas une question dogmatique, religieuse. Cela n'est pas anormal de faire remarquer qu'il y a un problème de parité entre l'euro et le dollar, cela n'est pas anormal de faire remarquer qu'il y a un problème de parité entre l'euro et le yuan. On ne risque pas l'excommunication, en disant qu'il y a un problème de parité entre la monnaie européenne et les autres monnaies.
J'ai une question sur la coopération économique. Est-ce que vous estimez souhaitable un rapprochement dans l'électronique de défense entre Thalès et Finmeccanica ? Et sur le dossier énergie, si j'ai bien compris dans une semaine sera décidé à Paris le cas Suez-GDF. Est-ce qu'il y a une place qui peut être réservée à un groupe italien comme Enel dans cette solution ?
François Fillon :
D'abord, je pense que la coopération entre les entreprises de défense, les entreprises spatiales françaises et italiennes est tout à fait nécessaire, souhaitable. Nous avons tout intérêt à créer de grands champions européens dans ce domaine, c'est ce que nous avions commencé à faire ; d'ailleurs, je suis allé visiter, en arrivant à Rome ce matin, une unité commune Thalès-Alenia, qui travaille dans le domaine spatial. L'Italie a un savoir-faire, une tradition, une excellence considérable dans ce domaine et c'est pour la France un partenaire de premier plan. Sur l'énergie, j'ai dit tout à l'heure qu'il y avait eu des malentendus dans le passé. Sur le dossier Suez-Gaz de France, il n'y a pas d'urgence, de ce point de vue, à décider : nous sommes en train d'examiner toutes les solutions possibles et imaginables et nous le faisons sans aucun a priori, sans esprit de repli sur soi. Il y a d'ailleurs entre la France et l'Italie des échanges de participations entre les entreprises françaises et italiennes qui sont très équilibrés et nous souhaitons que toutes les possibilités soient ouvertes.
Romano Prodi :
Je voudrais simplement clore cette conférence en disant que tous ces thèmes seront abordés par des groupes de travail ad hoc, qui les approfondiront dans une atmosphère d'amitié et en suivant des intérêts communs. Merci à tous et merci au Premier ministre François Fillon de sa visite.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 juillet 2007
Nous avons eu une rencontre cordiale. Nous avons des visions communes en matière d'actions internationales, de thèmes internationaux et européens. Et nous avons souligné l'importance que revêt le thème méditerranéen, un thème qui nous tient fortement à coeur et qui sera l'objet central du prochain sommet bilatéral entre la France et l'Italie, qui se tiendra en novembre. Nous avons donc parlé de notre vision commune sur le Proche-Orient, l'Iran, et nous avons abordé la politique européenne. Pour ce qui concerne l'Europe, nous nous sommes engagés sur des politiques communes pour des projets forts et concrets. Nous avons approfondi les questions portant sur le projet Galileo, la coopération européenne en matière scientifique et une coopération plus étroite en matière de politique économique. Nous avons ensuite abordé les dossiers franco-italiens sur lesquels nous avons des identités de point de vue et aussi des possibilités de travail en commun. Je me suis engagé sur le projet Lyon-Turin : l'Italie respectera ses engagements. Nous avons ensuite abordé, en matière de coopération, les secteurs de l'industrie, des transports et de l'énergie. Voilà donc les thèmes que nous avons abordés, aujourd'hui, dans une atmosphère de grande amitié et avec une unité d'objectifs pas seulement à moyen terme, mais aussi à long terme.
François Fillon :
Mesdames et Messieurs, je voudrais remercier Romano Prodi pour la chaleur de son accueil, confirmer que notre rencontre a été très amicale, très sincère. C'était une rencontre très importante pour moi ; d'abord parce que l'Italie est le deuxième partenaire économique de la France, ensuite parce que nous avons des racines communes qui ont généré une identité, qui est une identité partagée, et enfin parce que l'Italie et la France partagent les mêmes valeurs et les mêmes convictions, en particulier sur le projet européen. Et je voudrais signaler le rôle essentiel de l'Italie dans la facilitation de la sortie de crise européenne, que nous venons de connaître. Grâce à l'accord qui a été conclu au Conseil européen, l'Europe peut reprendre sa marche en avant, ce qui, j'en suis convaincu, ne peut que réjouir le grand européen qu'est Romano Prodi. Nous avons évidemment évoqué tous les dossiers européens, et en particulier le dossier Galileo qui est un dossier emblématique des ambitions européennes et que l'Italie et la France veulent impérativement voir sortir de l'ornière dans laquelle il se trouve, parce que c'est une question stratégique pour l'Italie, pour la France et pour l'Europe.
Parallèlement à la relance de l'Union européenne, nous pensons que la France, avec l'Italie, avec l'Espagne, a vocation à faire émerger une véritable Union méditerranéenne. La Méditerranée a un besoin urgent d'un grand projet de coopération, qui soit mobilisateur pour plus de sécurité en Méditerranée, et pour plus de prospérité.
Puis nous avons évoqué ensemble tous les dossiers bilatéraux. Ils sont nombreux : la coopération dans le domaine de la défense, qui est considérable sur le plan opérationnel : nous avons beaucoup de forces italiennes, françaises, engagées sur des théâtres d'opérations à travers le monde dans le cadre du maintien de la paix. La France et l'Italie, en raison de leurs traditions, en raison de leurs capacités, en raison de leur expérience, en raison de leur capacité industrielle, ont un rôle de premier plan à jouer dans la construction de l'Europe de la défense. Nous avons évoqué, dans le domaine des transports, le dossier Lyon-Turin ; je me réjouis qu'il soit désormais proche d'aboutir. Nous avons évoqué les questions énergétiques, qui ont pu être parfois des sujets d'incompréhension entre nos deux pays et sur lesquels nous voulons qu'il y ait une vraie stratégie commune, et en particulier une vraie stratégie européenne, pour nous doter d'une autonomie, d'une indépendance, d'une sécurité dans ces domaines. Nous avons évoqué également les questions d'immigration. Ce sont des questions qui nous rassemblent, sur lesquelles nous voulons, avec le même souci d'humanité, mettre en oeuvre des politiques, qui soient des politiques coordonnées.
Et avec le président de la République française, je me réjouis d'accueillir Romano Prodi et les membres du gouvernement italien pour la rencontre bilatérale, prévue à l'automne prochain, et que nous tiendrons si possible pas trop loin de la frontière italienne. Merci.
Monsieur le président du Conseil italien, je voudrais connaître votre lecture de la réunion de l'Eurogroupe en début de semaine. Est-ce que selon vous, la France a obtenu un feu vert ou un blanc-seing pour sa politique d'assainissement des dépenses publiques, qui prévoit un retour à l'équilibre seulement en 2012 ?
Romano Prodi :
Etant donné mon passé, je ne peux faire aucune objection aux décisions européennes.
Monsieur le président du Conseil italien, la politique d'ouverture du Gouvernement français en direction de l'opposition, qui est une nouveauté dans le contexte européen, est-elle une voie que vous pourriez suivre aussi ?
Romano Prodi :
Je pense qu'il s'agit d'une voie absolument positive, que l'on peut suivre s'il existe les conditions politiques pour le faire. Etant donné les pouvoirs et les possibilités du président Sarkozy, c'est une opération qui a pu être acceptée et qui donnera sûrement des résultats positifs. Je pense qu'en Italie, il serait difficile de faire ce genre d'opérations. C'est un message d'unité du pays qui est toujours positif quand le pays peut se permettre de le faire.
Monsieur le Premier ministre, la France a-t-elle bon espoir de favoriser la libération des infirmières bulgares détenues en Libye et à ce titre, quel est le rôle exact de Cécilia Sarkozy ?
François Fillon :
La France, comme d'autres pays européens et comme l'Italie, se bat depuis des mois et des mois pour qu'une décision respectueuse des droits de l'Homme soit prise dans cette malheureuse affaire des infirmières bulgares en Libye. Les négociations sont en cours, nous avons engagé des discussions qui sont des discussions difficiles et la visite de la femme du président de la République à Tripoli hier n'avait pas d'autre objet que de souligner cette attention de la France, de la communauté européenne, de la communauté internationale à une question qui est une question tout simplement d'humanité. Je crois que c'est bien le rôle de l'épouse du chef de l'Etat d'être le symbole du souci humanitaire, qui est celui de tous les peuples européens.
Une question au président Prodi : en matière de politique économique, je voudrais savoir si vous avez défini une ligne commune pour la Commission européenne en matière de pacte de stabilité et donc une attitude un peu plus flexible.
Romano Prodi :
Nous avons abordé la question du pacte de stabilité. Nous reconnaissons tous les deux que le pacte de stabilité est quelque chose de sérieux, d'important ; nous sommes tout à fait conscients que c'est quelque chose qui doit ensuite s'adapter aux conditions politiques et économiques. Le pacte de stabilité est quelque chose qui existe, qui doit être respecté en tant que tel. Il ne doit pas être considéré comme un instrument qui entrave la croissance économique.
François Fillon :
Je veux juste ajouter un point sur ce sujet : nous partageons la même volonté de voir l'indépendance de la Banque centrale européenne respectée et en même temps, la question des parités monétaires n'est pas une question dogmatique, religieuse. Cela n'est pas anormal de faire remarquer qu'il y a un problème de parité entre l'euro et le dollar, cela n'est pas anormal de faire remarquer qu'il y a un problème de parité entre l'euro et le yuan. On ne risque pas l'excommunication, en disant qu'il y a un problème de parité entre la monnaie européenne et les autres monnaies.
J'ai une question sur la coopération économique. Est-ce que vous estimez souhaitable un rapprochement dans l'électronique de défense entre Thalès et Finmeccanica ? Et sur le dossier énergie, si j'ai bien compris dans une semaine sera décidé à Paris le cas Suez-GDF. Est-ce qu'il y a une place qui peut être réservée à un groupe italien comme Enel dans cette solution ?
François Fillon :
D'abord, je pense que la coopération entre les entreprises de défense, les entreprises spatiales françaises et italiennes est tout à fait nécessaire, souhaitable. Nous avons tout intérêt à créer de grands champions européens dans ce domaine, c'est ce que nous avions commencé à faire ; d'ailleurs, je suis allé visiter, en arrivant à Rome ce matin, une unité commune Thalès-Alenia, qui travaille dans le domaine spatial. L'Italie a un savoir-faire, une tradition, une excellence considérable dans ce domaine et c'est pour la France un partenaire de premier plan. Sur l'énergie, j'ai dit tout à l'heure qu'il y avait eu des malentendus dans le passé. Sur le dossier Suez-Gaz de France, il n'y a pas d'urgence, de ce point de vue, à décider : nous sommes en train d'examiner toutes les solutions possibles et imaginables et nous le faisons sans aucun a priori, sans esprit de repli sur soi. Il y a d'ailleurs entre la France et l'Italie des échanges de participations entre les entreprises françaises et italiennes qui sont très équilibrés et nous souhaitons que toutes les possibilités soient ouvertes.
Romano Prodi :
Je voudrais simplement clore cette conférence en disant que tous ces thèmes seront abordés par des groupes de travail ad hoc, qui les approfondiront dans une atmosphère d'amitié et en suivant des intérêts communs. Merci à tous et merci au Premier ministre François Fillon de sa visite.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 18 juillet 2007