Texte intégral
Q - Quels enseignements tirez-vous de votre tournée en Afrique avec Nicolas Sarkozy ?
R - C'était la première tournée africaine du président, c'était donc un moment fort, évidemment très observé. Le bilan de cette visite est très positif. Le message du président était : "j'aime l'Afrique et j'aime les Africains. Et donc je leur parle avec franchise."
Q - La visite à Omar Bongo, le chef de l'Etat gabonais au pouvoir depuis quarante ans et symbole de la Françafrique, incarne-t-elle vraiment la rupture prônée par Nicolas Sarkozy ?
R - Il n'était pas envisageable que le chef de l'Etat fasse sa première tournée sans aller voir le doyen des chefs d'Etat, président d'un pays en paix. Il n'y a pas au Gabon un certain nombre d'atteintes aux Droits de l'Homme qui existent dans d'autres pays africains. Bien sûr tout pays est perfectible, le Gabon aussi. Mais il n'est pas la caricature que parfois on en fait.
Q - Le fait qu'Omar Bongo fasse l'objet d'une enquête en France n'est pas gênant selon vous ?
R - Là-dessus, le président a eu des propos très clairs sur l'indépendance de la justice et sur le fait qu'on n'allait pas cesser d'avoir des relations normales avec une personne qui est concernée par une enquête.
Q - Au Sénégal, le discours de Nicolas Sarkozy n'a pas soulevé vraiment d'enthousiasme et a été taxé de paternaliste...
R - Avec Rama Yade, nous avons lu ce discours avant de l'entendre. Il nous a émus. Il était très fort, très équilibré. C'est le point de départ de la politique africaine de Nicolas Sarkozy. Il a été apprécié par beaucoup et critiqué par d'autres. Mais on ne peut pas d'un côté se réjouir que la presse africaine en général et sénégalaise en particulier soit totalement libre et ne pas accepter qu'elle puisse émettre des critiques. Quand on aime l'Afrique, on ne doit pas seulement dire ce que votre interlocuteur a envie d'entendre.
Q - Ce discours symboliserait cette fameuse rupture ?
R - Oui, par rapport à une époque de discours plus convenus, n'allant peut-être pas suffisamment au fond des choses. Ce qui est très fort dans ce texte, c'est qu'il porte une grande espérance. On ne peut pas faire porter à la colonisation, aussi pernicieuse qu'elle ait été, tous les maux de l'Afrique, les guerres, les haines.
Q - Etes-vous d'accord avec lui quand il dit que "l'homme africain n'est pas assez rentré dans l'histoire" ?
R - Cette formule n'a de sens que si on la considère comme un moment du discours, où le Président évoquait l'histoire africaine de manière très positive. Si cette formule provoque ici ou là des critiques ou des incompréhensions momentanées, c'est qu'elle marque le début d'un vrai dialogue. C'est aussi ça le style de Nicolas Sarkozy.
Q - En tant qu'homme de gauche, êtes-vous d'accord avec la politique d'immigration restrictive que Nicolas Sarkozy a défendue à Dakar ?
R - En tant qu'homme de gauche, qui le reste, mais aussi en tant que maire de Mulhouse, ville de forte immigration, je partage ses convictions, et depuis longtemps. A partir du moment où l'immigration n'est pas régulée, eh bien il n'y a pas de politique d'intégration digne de ce nom.
Q - L'accord passé avec la Libye pour la construction d'une centrale nucléaire provoque une vague de protestation notamment en Allemagne. Quelle est votre réaction ?
R - Ces réactions étaient très limitées. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est la libération des infirmières et du médecin. L'Union européenne depuis de longues années se préoccupe de cette question. Mais les choses se sont accélérées ces derniers jours et la France, en particulier le président, son épouse et Claude Guéant ont joué un rôle très important. Ils ont pris des risques. A partir du moment où cela s'est bien passé et que le colonel Kadhafi donnait des signes positifs qu'est-ce qui comptait ? Un brevet de perfection que d'autres pays n'ont pas ce qui n'empêche pas nos amis allemands de commercer allégrement avec eux ?.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2007
R - C'était la première tournée africaine du président, c'était donc un moment fort, évidemment très observé. Le bilan de cette visite est très positif. Le message du président était : "j'aime l'Afrique et j'aime les Africains. Et donc je leur parle avec franchise."
Q - La visite à Omar Bongo, le chef de l'Etat gabonais au pouvoir depuis quarante ans et symbole de la Françafrique, incarne-t-elle vraiment la rupture prônée par Nicolas Sarkozy ?
R - Il n'était pas envisageable que le chef de l'Etat fasse sa première tournée sans aller voir le doyen des chefs d'Etat, président d'un pays en paix. Il n'y a pas au Gabon un certain nombre d'atteintes aux Droits de l'Homme qui existent dans d'autres pays africains. Bien sûr tout pays est perfectible, le Gabon aussi. Mais il n'est pas la caricature que parfois on en fait.
Q - Le fait qu'Omar Bongo fasse l'objet d'une enquête en France n'est pas gênant selon vous ?
R - Là-dessus, le président a eu des propos très clairs sur l'indépendance de la justice et sur le fait qu'on n'allait pas cesser d'avoir des relations normales avec une personne qui est concernée par une enquête.
Q - Au Sénégal, le discours de Nicolas Sarkozy n'a pas soulevé vraiment d'enthousiasme et a été taxé de paternaliste...
R - Avec Rama Yade, nous avons lu ce discours avant de l'entendre. Il nous a émus. Il était très fort, très équilibré. C'est le point de départ de la politique africaine de Nicolas Sarkozy. Il a été apprécié par beaucoup et critiqué par d'autres. Mais on ne peut pas d'un côté se réjouir que la presse africaine en général et sénégalaise en particulier soit totalement libre et ne pas accepter qu'elle puisse émettre des critiques. Quand on aime l'Afrique, on ne doit pas seulement dire ce que votre interlocuteur a envie d'entendre.
Q - Ce discours symboliserait cette fameuse rupture ?
R - Oui, par rapport à une époque de discours plus convenus, n'allant peut-être pas suffisamment au fond des choses. Ce qui est très fort dans ce texte, c'est qu'il porte une grande espérance. On ne peut pas faire porter à la colonisation, aussi pernicieuse qu'elle ait été, tous les maux de l'Afrique, les guerres, les haines.
Q - Etes-vous d'accord avec lui quand il dit que "l'homme africain n'est pas assez rentré dans l'histoire" ?
R - Cette formule n'a de sens que si on la considère comme un moment du discours, où le Président évoquait l'histoire africaine de manière très positive. Si cette formule provoque ici ou là des critiques ou des incompréhensions momentanées, c'est qu'elle marque le début d'un vrai dialogue. C'est aussi ça le style de Nicolas Sarkozy.
Q - En tant qu'homme de gauche, êtes-vous d'accord avec la politique d'immigration restrictive que Nicolas Sarkozy a défendue à Dakar ?
R - En tant qu'homme de gauche, qui le reste, mais aussi en tant que maire de Mulhouse, ville de forte immigration, je partage ses convictions, et depuis longtemps. A partir du moment où l'immigration n'est pas régulée, eh bien il n'y a pas de politique d'intégration digne de ce nom.
Q - L'accord passé avec la Libye pour la construction d'une centrale nucléaire provoque une vague de protestation notamment en Allemagne. Quelle est votre réaction ?
R - Ces réactions étaient très limitées. Ce qu'il faut surtout retenir, c'est la libération des infirmières et du médecin. L'Union européenne depuis de longues années se préoccupe de cette question. Mais les choses se sont accélérées ces derniers jours et la France, en particulier le président, son épouse et Claude Guéant ont joué un rôle très important. Ils ont pris des risques. A partir du moment où cela s'est bien passé et que le colonel Kadhafi donnait des signes positifs qu'est-ce qui comptait ? Un brevet de perfection que d'autres pays n'ont pas ce qui n'empêche pas nos amis allemands de commercer allégrement avec eux ?.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2007