Interview de M. Bernard Van Craeynest, président de la CFE CGC, à RMC le 23 juillet 2007, sur le contrat unique, la sécurisation des parcours professionnels et la mobilité professionnelle.

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(...) Olivier TRUCHOT : Vous représentez combien de cadres ? Est-ce que vous êtes représentatif ? On dit que les syndicats en France ne sont pas représentatifs ?
Bernard VAN CRAEYNEST : Oui, nous sommes tout à fait représentatif, notamment si l'on se réfère au score que nous avons fait en 2002 aux élections prud'hommales. En l'occurrence, un peu plus de 7 % toutes sections confondues. Mais près de 25 % dans la section « encadrement » nous sommes en tête aux élections professionnelles dans ce que l'on appelle le troisième collège réservé aux ingénieurs et cadres. Et nous sommes au coude à coude avec la CGT et la CFDT dans le second collège, c'est-à-dire techniciens et agents de maîtrise. Et pour répondre à votre question, nous avons un peu plus de 160 000 adhérents.
OT : Les adhérents et vous-même, vous êtes mobilisés avec les autres partenaires sociaux pour négocier, il y a même un calendrier qui a été fixé, c'est-à-dire que vous allez vous retrouver tous les vendredis à partir de la rentrée pour négocier, mais négocier sur quoi ?
BVC : Négocier sur ce qui est appelé la modernisation du marché du travail, en particulier sur les évolutions des différentes formes de contrats de travail. Sur la sécurisation des parcours professionnelles et sur la réforme de l'assurance chômage.
OT : C'est notamment le contrat unique ?
BVC : C'est un thème qui a été lancé par un candidat devenu depuis président de la République qui a parlé de contrat unique. Ca ne veut pas dire qu'on aboutira au contrat unique. En ce qui nous concerne, surtout à la CGC, nous avons pour habitude d'être pragmatique. Vous savez qu'il y a une bonne quarantaine de contrats de travail en France. Beaucoup sont des contrats qui sont, ce que l'on appelle des contrats aidés, qui ont été mis en place au fil des années, par les différents gouvernements pour venir en aide aux sans qualifications, aux jeunes qui ont difficultés d'insertion, dans le marché du travail, aux seniors etc. pour autant les deux grandes formes de contrat de travail existantes c'est le contrat à durée indéterminée et le contrat à durée déterminée.
OT : Le CDD et le CDI, ça suffit, on n'en a pas besoin d'autres ?
BVC : Je pense que c'est tout à fait adapté à ce que nous vivons, à condition que ce ne soit pas dévoyé.
OT : Vous êtes à la table des négociations en ayant envie d'avancer ? Parce que c'est vrai que le dialogue social, on en parle tout le temps en France, mais on ne le pratique jamais et on aboutit à des grèves ou à une absence de réforme. Est-ce que là vous êtes prêt à jouer le jeu du dialogue social et puis que ça aboutisse sur des réformes profondes ?
BVC : A la CFE-CGC, on a toujours été prêt à jouer le jeu. Parce qu'on considère tout simplement qu'un bon accord vaut mieux qu'un mauvais procès. Un bon accord vaut mieux qu'une mauvaise grève. Nous avons toujours privilégié le dialogue social. Et là je pense que nous devrions avancer tout simplement parce qu'il me semble qu'on a pris la bonne méthode. Le fait de se voir chaque semaine, chaque vendredi matin durant trois, quatre heures pour progresser dans nos négociations, c'est un peu mieux que le système précédent qui consistait à annoncer à grand renfort de tambour et de trompettes qu'on allait entamer une négociation tel jour à telle heure et à passer déjà une heure pour se mettre d'accord sur la date du prochain rendez-vous. Et en général, il avait lieu deux mois après.
(...) OT : Quelles sont vos revendications ?
BVC : Nous souhaitons tout simplement que par exemple on évite de plonger dans les slogans type campagne électorale, type contrat unique, quand on nous a expliqué que les salariés allaient acquérir des droits au fur et à mesure de leur ancienneté. Ce que j'expliquais à Nicolas SARKOZY entre autres, c'est qu'il y a deux catégories de salariés dans ce pays, il y a celles et ceux qui sont dans les entreprises où ils peuvent faire quasiment toute leur carrière. Et celles et ceux qui galèrent de contrat en contrat, d'entreprise en entreprise et à partir de là, si on voulait tendre vers un contrat unique, il faudrait bien évidemment organiser la transférabilité des droits. De manière à ce que chacun tout au long de sa carrière puisse bénéficier de cette progression dans l'ancienneté, sinon, on va avoir celles et ceux qui capitalisent pas mal de droit en fonction de l'ancienneté qu'ils acquièrent dans une entreprise et puis les autres qui remettent toujours les compteurs à zéro à chaque fois qu'ils changent d'entreprise ! Ce n'est pas envisageable. On va renforcer les inégalités.
OT : Mais est-ce qu'il faut favoriser la mobilité professionnelle ou l'attachement à l'entreprise ?
BVC : Je pense qu'il faut favoriser la mobilité professionnelle, souvenez-vous même si nous étions en culotte courte à l'époque, au début des années 70, avant la mensualisation en particulier, les salariés changeaient d'employeurs du vendredi au lundi, parce qu'ils gagnaient plus, parce qu'ils avaient une meilleure perspective de carrière. Tout d'un coup, tout cela s'est extraordinairement rigidifié. Pourquoi ne pas envisager une meilleure fluidité, d'autant plus que le fait de changer d'entreprise peut représenter une opportunité pour un salarié, trouver un meilleur job, mieux rémunéré...
(...)source http://www.cfecgc.org, le 30 juillet 2007