Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le rôle de la France dans le réglement du conflit libanais, à Beyrouth le 28 juillet 2007.

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Circonstance : Déplacement au Liban les 29 et 29 juillet-entretien avec M. Nabih Berry, le président de la chambre des députés libanaise, à Beyrouth le 28 juillet 2007

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,

Quand on essaie de favoriser le dialogue chez des amis qui se sont disputés ou qui ne sont pas entièrement d'accord, il y a des mauvais jours, et il y en aura de meilleurs. Mais de toute façon il faut considérer les mauvais ou les bons jours comme une étape. C'est comme le Tour de France, on gagne une étape, on en perd une autre, on est expulsé... Le Tour de France avance quand même.
Le dialogue au Liban entre mes amis peut avancer. Je crois qu'aujourd'hui c'est un jour avec des progrès, que c'est un jour meilleur. Cela ne veut pas dire que tout est réglé. Mais quand même il y a des progrès, et on est content d'avoir fait cet effort au nom de l'affection qu'on porte à tous les groupes libanais à toutes les communautés, à toutes les confessions et à tous les groupes politiques.
Parfois apparaissent la lassitude et des moments de désespoir. C'est toujours comme cela dans les processus de paix. Aujourd'hui ce n'est pas un moment de désespoir. Ce n'est pas non plus un moment de grande joie. Tout n'est pas réglé, loin de là. Nous allons continuer. Je suis disponible. La France est disponible pour continuer avec ses amis libanais. Et je le répète, on ne trouvera pas de solution extérieure. L'extérieur existe, on le sait. Il y a des pays qui pèsent, et plus que d'autres, sur les décisions libanaises. Mais la seule façon de se dégager, ou en tout cas de ne pas tenir trop compte des positions extérieures et des pressions, c'est d'avoir une unité et une entente entre les Libanais.
Je sais que profondément tout le monde le souhaite au Liban sauf peut être les hommes politiques qui tiennent à leur pouvoir et jouent de dangereuses parties de poker. Mais le jeu est meurtrier au Liban. Alors, il faut s'appuyer sur cette volonté des Libanais. Il y a un mot que l'on n'emploie jamais, c'est la société civile. Eh bien la société civile, elle existe au Liban. Nous l'avons réunie avec les hommes politiques à La Celle Saint-Cloud. Et il y a eu un esprit de La Celle Saint-Cloud. La société civile en a assez de la guerre "khalass". Et la société civile, c'est important, parce que c'est vous la société civile, pas seulement les journalistes, qui souvent mettent de l'huile sur le feu et qui sont aussi responsables du ton meurtrier qu'emploient pour se parler les politiques.
Mais vos familles, demandez-leur si elles veulent la paix. Demandez à vos enfants s'ils veulent la paix au Liban. Et vous verrez, ils répondront tous qu'ils la veulent. Or vous savez, si les Libanais ne réussissent pas dans ce dialogue nécessaire, malheureusement ce sera encore la guerre.

Q - Est-ce que vous êtes optimistes pour la première fois ?
R - Non je ne suis pas optimiste, je dis qu'il y a un petit progrès.

Q - C'est quand même un déblocage.
R - Je ne sais pas. Cela dépend de ce que cela débloque après. Je vous dis aujourd'hui qu'il y a un progrès. J'espère vous dire à la fin de la journée qu'il y en aura un autre. Mais ce n'est pas parce qu'il y aura peut-être des progrès, que cela sera fini.

Q - (Inaudible)
R - C'est un ton un peu différent. Ce sont des perspectives qui s'ouvrent un tout petit peu. Ce n'est pas grand chose, et même par superstition, je ne voudrais pas vous le dire maintenant. Parce que peut être que cela va se refermer. Cela prend du temps.

Q - Est-ce que vous allez rencontrer les chefs du premier rang ?
R - Pas forcément. Vous posez toujours la même question. Ce n'est pas cela qui compte. Ce qui compte c'est de réussir à la fin, que le dialogue fasse quelque chose.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2007