Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur le décès d'un militaire français de la FINUL et sur les efforts de la France en faveur de la paix au Liban, à Beyrouth le 29 juillet 2007.

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Circonstance : Déplacement au Liban, les 28 et 29 juillet-cérémonie de levée de corps du sous-officier de la FINUL décédé lors d'une opération de déminage au Liban-Sud le 25 juillet, à Beyrouth le 29 juillet 2007

Texte intégral

Monsieur le Général Graziano, commandant de la FINUL,
Monsieur le Général Got, représentant de la France,
Monsieur le Général, représentant le commandant en chef de l'armée libanaise,

Nous sommes réunis aujourd'hui à Beyrouth pour rendre hommage à l'adjudant Eric Lalloyeau, tombé mercredi 25 juillet ici au Liban près de Naqoura en accomplissant sa mission au service de la paix.
Les mots sont de peu de poids face à la douleur que représente la perte d'un mari, d'un fils, d'un ami ou d'un compagnon d'armes.
Je tiens, au nom du gouvernement de la France et en mon nom personnel, ici sur le sol libanais où l'adjudant Eric Lalloyeau a perdu la vie, à présenter toutes mes sincères condoléances à sa famille, ainsi qu'à la FINUL et à leur exprimer toute ma tristesse, ma compassion et ma solidarité en ces circonstances douloureuses.
Nous nous rassemblons aujourd'hui avec une émotion partagée pour soutenir sa famille et ses camarades du 31ème régiment du Génie de Castelsarrasin. Mais aussi tous ceux et celles qui, comme l'adjudant Eric Lalloyeau servent sous la bannière de la FINUL.
Particulièrement expérimenté, l'adjudant Lalloyeau possédait toutes les qualifications qui faisaient de lui un expert du déminage. Cette action essentielle de pacification des zones polluées est entreprise depuis longtemps au Liban par les sapeurs français. Elle demeure synonyme d'espoir pour les populations qui vivent tous les jours avec ce danger. Elle est entreprise par des soldats courageux et dévoués à l'image de l'adjudant Eric Lalloyeau qui était animé du désir inébranlable de servir la France et les Nations unies.
Permettez-moi à cette occasion de saluer aussi la mémoire des six soldats du contingent espagnol de la FINUL lâchement assassinés le 24 juin dernier dans un attentat terroriste.
Ces tragédies ne remettront pas en cause la détermination de la France toujours davantage engagée au service de la paix au Liban, de la paix civile et de l'apaisement militaire, tous deux menacés particulièrement ces derniers jours.
La participation de la France à la FINUL, à la FINUL renforcée, est importante comme en atteste la présence de plus de 1.600 soldats français hommes et femmes en son sein. Notre engagement reste intact. Et la mission de la FINUL demeure prioritaire pour permettre la mise en oeuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité des Nations unies, plus que jamais nécessaire.
Malgré la douleur qui nous étreint aujourd'hui nous avons confiance dans l'avenir. C'est la raison pour laquelle la France qui s'est engagée avec détermination en faveur du renforcement de la FINUL à l'été 2006, reste déterminée à poursuivre son action dans la durée et dans le même format comme l'a récemment rappelé le président de la République.
Par ailleurs, consciente du danger et des risques que représentent les armes à sous munitions pour les populations civiles, comme pour les professionnels chargés de les neutraliser, la France partage le souci de la communauté internationale d'apporter au plus vite une réponse concrète à ce fléau humanitaire. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons l'adoption d'un instrument international juridiquement contraignant sur l'interdiction ou les restrictions d'emploi de production, de transfert et de stockage des armes à sous-munitions dont l'usage entraîne des conséquences inacceptables pour nos compatriotes comme pour les populations civiles à travers le monde.
La France estime que cet instrument devra constituer un moyen fort de combattre ce fléau et souhaite que tous les Etats s'engagent à prendre à titre national toutes les mesures appropriées pour limiter l'emploi et le transfert des armes à sous-munitions les plus dangereuses pour les populations.
Adjudant Eric Lalloyeau, vous avez fait preuve des plus belles qualités accomplissant votre mission avec détermination, malgré les risques encourus, recevez aujourd'hui les remerciements de la France et les remerciements de l'organisation des Nations unies pour votre action exemplaire.
Je m'incline respectueusement devant votre courage et votre sacrifice. Votre souvenir, Eric Lalloyeau, restera dans nos mémoires et dans nos coeurs.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 31 juillet 2007