Déclaration de M. Jean-Pierre Jouyet, secrétaire d'Etat aux affaires européennes, sur les relations entre l'Union européenne et la Chine, à Poitiers le 24 août 2007.

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Circonstance : Clôture du séminaire "La Chine en 2020" organisé par la Fondation prospective et innovation, à Poitiers le 24 août 2007

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Parlementaires,
Monsieur l'Ambassadeur,
Mesdames, Messieurs,
Je souhaiterais tout d'abord remercier Jean-Pierre Raffarin, de m'avoir proposé de prononcer l'allocution de clôture de ce séminaire et de lui apporter en conséquence une conclusion résolument tournée vers l'Europe.
Malgré tout l'intérêt que je porte à la Chine, je ne saurais, en prenant la parole à l'issue d'une conférence marquée par l'érudition et l'expérience de ses participants, me présenter à mon tour comme un spécialiste de ce pays.
Je ne me hasarderai donc pas à me livrer à un exercice de prospective mais, étant invité à conclure ce séminaire sur "la Chine en 2020", je souhaiterais avant tout lancer des passerelles entre la réflexion, menée aujourd'hui, et l'action, qui s'impose à nous.
Afin de ne pas allonger nos débats, je voudrais revenir sur les idées fortes de cette journée, en tirer les enseignements pour l'action de l'Union européenne en Chine et examiner avec vous quel pourrait être le nouveau partenariat entre la l'Union européenne et la Chine dont la négociation sera au centre de notre Présidence de l'Union européenne.
Car comme l'a souligné l'ambassadeur Ladsous, notre future présidence aura une dimension asiatique marquée, avec un accent particulier sur la Chine : quelques semaines après les Jeux Olympiques, la France présidera pour l'Union européenne, le Sommet Union européenne/Chine, et le 7ème Sommet de l'ASEM réunira à Pékin, pour la première fois, 45 pays d'Europe et d'Asie.
Mais les ambitions de notre présidence ne se limitent pas à ces échéances : notre Présidence doit constituer l'occasion de progresser sur l'ensemble des volets de la négociation du futur Accord global de Partenariat et de Coopération, qui remplacera l'ancien accord de coopération de 1985.
Même conclu avec un pays qui sait donner du temps au temps, un accord qui a plus de 20 ans est un texte signé avec une autre Chine, qui n'a plus rien à voir avec la Chine d'aujourd'hui.
Notre ambition est de donner à travers ce nouvel accord cadre politique renforcé aux relations euro-chinoises dans tous les domaines. La densité et la qualité de notre dialogue bilatéral avec la Chine, pays avec lequel nous avons noué un partenariat stratégique, constituent des atouts précieux qu'il convient de mettre à profit dans l'élaboration et la mise en oeuvre de la politique de l'Union européenne envers la Chine.
Dans sa réponse à l'émergence de la Chine comme puissance politique et économique mondiale, l'Union européenne dispose de réels atouts à faire valoir.
L'Europe ne parviendra à s'affirmer comme un interlocuteur à part entière face à la Chine que si elle aborde les différents enjeux avec la conscience de ses propres atouts.
- Tout d'abord en tant que plus grand marché et désormais premier partenaire commercial de la Chine.
- Ensuite, parce que sa quête d'influence ne se fonde pas sur la puissance militaire; mais sur une conception pacifique.
- sur certains dossiers, comme le Proche-Orient, l'Iran ou le Kosovo, l'Union européenne travaille à l'élaboration de positions de la communauté internationale, dans lesquelles la Chine peut plus facilement se reconnaître ;
- plus que les Etats-Unis, l'Union européenne est, de par sa nature même, favorable au multilatéralisme, à une régulation par les normes, à la recherche du consensus, autant de méthodes auxquelles les Chinois peuvent être sensibles.
Par conséquent, nous ne devons pas laisser accréditer l'idée que l'insertion de la Chine dans la mondialisation se réduit à un tête-à-tête avec les Etats-Unis.
L'Union européenne peut aider la Chine à modifier sa perception de la scène internationale.
La Chine, membre du Conseil de Sécurité des Nations unies, future deuxième puissance économique mondiale, est déjà un de nos partenaires majeurs.
Notre dialogue politique avec Pékin, au niveau bilatéral comme européen, peut contribuer à modifier la diplomatie de la Chine en la sensibilisant aux préoccupations de l'Union européenne.
Alors qu'elle est perçue comme un compétiteur, l'intérêt de la Chine est bien de s'insérer dans son environnement mondial à travers la participation à un dialogue avec les grands acteurs mondiaux.
L'Union européenne doit y tenir toute sa place en ayant conscience de ses intérêts et de ses valeurs à défendre.
En effet, qui mieux que l'Union européenne peut relayer le message en faveur d'un monde multipolaire, régi par les mécanismes du multilatéralisme, et attaché aux valeurs de la diversité culturelle ?
Notre objectif doit être d'inciter la Chine à assumer ses nouvelles responsabilités économiques, politiques, et environnementales en réaffirmant en contrepartie, l'importance de maintenir le marché européen ouvert aux produits chinois.
Nous soutenons ainsi les efforts de l'Union européenne en vue d'encourager la Chine à jouer un rôle accru sur la scène internationale, comme elle l'a fait par exemple dans le dossier nord-coréen. Mais l'insertion de la Chine dans la communauté internationale ne peut se faire "à la carte" : l'Union européenne s'attend dans le même temps à ce que la Chine soutienne les travaux du Conseil des Droits de l'Homme des Nations unies et qu'elle ratifie le statut de Rome de la Cour pénale internationale.
Grâce à ces atouts, l'Union européenne est peut-être plus que d'autres fondée à exprimer ses inquiétudes relatives à la situation des droits de l'homme, en Chine.
L'Union européenne mène un dialogue direct avec la Chine sur les droits de l'homme au cours de réunions spécifiques qui se tiennent deux fois par an, complétées par des séminaires et des démarches de l'Union européenne sur des cas individuels. Si ces initiatives font parfois l'objet de critiques, elle n'ont jamais été remises en cause dans leur principe.
La création d'une école de droit euro-chinoise, à Pékin constitue également une marque d'intérêt de la partie chinoise pour le fonctionnement de l'Etat de droit dans l'Union européenne.
Le développement économique de la Chine est aussi de l'intérêt de l'Europe.
Tout ne se réduit pas à l'accroissement du déficit commercial entre l'Union européenne et la Chine, qui est certes spectaculaire.
L'Union européenne est désormais le 1er partenaire commercial de la Chine, devant les Etats-Unis.
La Chine a donc tout intérêt à accorder la plus grande vigilance à l'attitude des Européens envers les importations chinoises. Mais la Chine en a-t-elle conscience et a-t-elle tiré toutes les conséquences du fait que l'Union européenne est désormais son premier partenaire commercial ?
Dans le même temps, la forte croissance chinoise - 11 % cette année - est très largement tirée par les investissements des grandes et moyennes entreprises occidentales, notamment européennes.
Ces investissements représentent des transferts de capitaux, de technologie et de savoir-faire qui, in fine, font la richesse chinoise. L'apport des entreprises européennes à la croissance chinoise est un atout que nous n'avons pas suffisamment mis en avant jusqu'à présent.
Ces exemples montrent que les relations commerciales entre l'Europe et la Chine ont davantage vocation à s'inscrire dans une logique de partenariat que dans une logique de guerre économique.
Certes, cela ne va pas sans poser quelques difficultés. Le recours à la réciprocité doit en effet être un élément central des relations Union européenne/Chine.
En matière de commerce, la contrefaçon et le respect de la propriété intellectuelle sont des problèmes récurrents auquel l'Union européenne doit répondre avec toute la force qu'autorise son poids dans le commerce extérieur chinois.
C'est également la raison pour laquelle nous devons être très rigoureux dans l'analyse des critères techniques qui permettront, le moment venu, d'octroyer à la Chine, le statut d'économie de marché.
Membre de l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) depuis 2001, la Chine doit en respecter les règles. Alors que plus de 80 % des produits contrefaits saisis en Europe viennent de Chine, l'Union européenne doit, parallèlement au renforcement des dispositifs multilatéraux, sensibiliser les Chinois au risque de "backlash" si le "Made in China", surtout lorsqu'il est apposé sur de grandes marques occidentales, devait être de plus en plus fréquemment associé à des produits dangereux.
Le rappel des jouets fabriqués en Chine montre que les mesures nécessaires ont été prises rapidement et que la Chine est consciente de ses responsabilités vis-à-vis des consommateurs des pays les plus développés. Je tiens à souligner qu'il existe, au niveau européen, un système d'alerte rapide qui permet aux autorités nationales de signaler à la Commission européenne tout produit dangereux. L'information est alors immédiatement transmise aux autres Etats européens. Ce système a parfaitement fonctionné.
Meglena Kuneva, la commissaire européenne en charge de la protection des consommateurs s'est rendue en Chine en juillet dernier pour évoquer la question de la sécurité des produits et la nécessaire coopération entre les autorités et les producteurs. Et vous avez vu que dès lundi, Mme Lagarde et M. Châtel étaient dans les magasins pour constater que les produits dangereux avaient bien été retirés des rayons.
Pour mieux valoriser nos atouts, pour mieux exploiter notre potentiel de coopération avec la Chine, nous devons également réviser nos méthodes et nos instruments.
Comment travailler avec la Chine dans l'exercice de nos responsabilités mondiales ?
Il nous faut remédier au décalage entre la place croissante de la Chine dans les affaires du monde et sa place encore modeste dans le débat européen.
C'est à juste titre que l'on souligne le manque de visibilité de l'Union européenne en Chine.
Je constate que ce diagnostic n'est pas contesté et que les analyses sur ses causes convergent. Essayons donc d'en tirer des enseignements :
- la tâche est d'autant plus ardue que les Chinois ont pu avoir l'impression que l'Europe était "en panne" après l'échec de la Constitution européenne, et l'impact d'autant plus grand que le coup d'arrêt de ce processus est venu de France.
A nous donc de montrer aujourd'hui à nos partenaires chinois que la dynamique européenne a été relancée, sur la base d'une contribution déterminante de la France, lors du dernier Conseil européen : certes, l'Union n'aura pas de "Constitution", mais les innovations du texte en matière d'action extérieure, qui bénéficieront en premier lieu à la politique de l'Union européenne envers la Chine, ont été maintenues.
Le futur traité donnera à l'Union des instruments nouveaux qui lui permettront de répondre aux défis actuels :
- aux yeux des Chinois, le fonctionnement de l'Union européenne apparaît complexe : dans ses relations avec l'Union, la Chine est en effet confrontée à une multiplicité d'intervenants (plusieurs commissaires, le haut-représentant pour la PESC) et la rotation des présidences du Conseil de l'Union européenne déroute pour nos interlocuteurs chinois.
Or le futur traité apportera précisément une solution à ces carences avec l'instauration d'un haut-représentant pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité qui exercera, outre les fonctions actuelles de haut-représentant pour la PESC, celles du commissaire en charge des relations extérieures. Le Conseil européen disposera par ailleurs d'une présidence permanente ce qui mettra fin au système actuelle de rotation semestrielle.
Ces innovations peuvent constituer des avancées majeures en faveur d'une plus grande cohérence de l'action extérieure de l'Union, dont les insuffisances dans le passé, avaient pu être préjudiciables au développement des relations euro-chinoises. La France aura d'ailleurs pour tâche, durant sa présidence, d'en préparer la mise en oeuvre.
Au-delà du futur traité, il nous incombe aussi de mieux nous organiser sur le plan économique et financier. Les Chinois sont fascinés par la réussite de l'euro. Jamais ils n'y auraient cru. A nous, désormais, de mieux exprimer cette zone euro, cette monnaie nouvelle.
A monnaie nouvelle, organisation nouvelle.
A monnaie unique, figure unique serait-on tenté de résumer.
A cet égard, le débat sur la parité entre le yuan et l'euro constituera un test de la disposition des autorités chinoises à reconnaître le rôle de l'Union européenne dans les affaires monétaires.
Sur le fond, il ne faut pas se voiler la face : il est assez largement admis aujourd'hui que le yuan est sous-évalué et que cela affecte l'équilibre de nos échanges commerciaux.
La stratégie économique des Chinois depuis 10 ans, repose sur les seules exportations. Les Chinois se sont donc spécialisés dans l'exportation de produits à bas prix, engendrant une concurrence déloyale envers les producteurs européens en ce qu'elle se fonde sur un moins-disant social et environnemental avec les conséquences que l'on connaît en Europe, mais également en Chine.
La Chine a ainsi creusé un avantage comparatif déjà considérable dont elle disposait en termes de coût de la main d'oeuvre. Notons que cet avantage lui restera acquis quel que soit le niveau du Yuan.
Conscientes des risques, les autorités chinoises ont commencé à faire des gestes mais uniquement envers les Etats-Unis (le Yuan a ainsi gagné 9 % par rapport au Dollar depuis deux ans).
Mais le dollar ayant dans le même temps baissé par rapport à l'euro, il en résulte pour nous un jeu à somme nulle. Mais, au-delà de ces effets de vases communicants, l'essentiel à retenir est que l'Europe est restée à l'écart de cette négociation, d'une part parce qu'elle n'a pas su parler avec le même poids que les Américains ; d'autre part parce que les Chinois n'ont pas estimé utile de discuter avec nous.
Il ne faut pas attendre de solution majeure à très court terme. Une correction brutale du taux de change ne pourrait pas être supportée par le système monétaire chinois qui reste fragile. Il faut insérer le dialogue sur les changes dans une perspective économique et politique plus large.
Pour corriger en douceur cette sous-évaluation du yuan, il faut un dialogue monétaire qui ne se cantonne pas à la seule relation Etats-Unis/Chine.
Le président de l'Eurogroupe et le président de la BCE doivent pouvoir discuter de ces questions avec leurs partenaires chinois.
La France plaide en ce sens à Bruxelles, en vue du prochain sommet Union européenne-Chine, qui se tiendra en novembre. Il faut qu'à l'instar des Etats-Unis, l'Europe en fasse un objectif politique car les équilibres en cause sont de nature politique. Nous ne ferions que demander à la Chine qu'elle donne à l'Europe sur ces questions la place qui lui revient naturellement compte tenu de son poids dans l'économie chinoise.
La négociation du nouvel Accord global de Partenariat et de Coopération : promouvoir une logique de partenariat qui assure la défense de nos intérêts :
- La réapparition de la Chine comme puissance économique et politique globale de premier plan, au cours de la dernière décennie, nous invite à repenser les fondements de la relation euro-chinoise.
C'est pour répondre à cette nécessité que la Commission européenne a adopté en octobre 2006, une communication sur le devenir de la relation Union européenne-Chine, endossée par le Parlement européen et le Conseil. Cette stratégie vise à développer le "partenariat stratégique global" initié en 2003.
C'est dans ce contexte qu'ont été lancées, en début d'année, des négociations en vue d'un accord de partenariat et de coopération couvrant l'ensemble des volets de la relation Union européenne-Chine (coopération, commerce, dialogue politique).
Ce cadre juridique renouvelé doit nous permettre de mieux répondre aux attentes que la Chine suscite auprès des citoyens européens.
L'Union européenne doit poursuivre la construction d'une stratégie à la fois globale et cohérente vis à vis de la Chine. Sur certains aspects, une concertation est encore nécessaire. Définir la stratégie européenne vis-à-vis de la Chine se fera par un dialogue approfondi et régulier. Cela prendra du temps, tant les champs d'action concernés sont vastes.
Mais je crois pour ma part que cet objectif, qui est d'ores et déjà une de nos priorités dans la préparation de la présidence française de l'Union européenne, peut être un projet mobilisateur entre toutes les institutions européennes et tous les Etats membres : un tel projet, qui affirmerait les ambitions de l'Union européenne sur la scène internationale au sens le plus large (diplomatique, commercial, monétaire), ouvrirait un large espace de discussion publique, et serait un véritable cas pratique de mise en cohérence de nos politiques.
Un tel exercice ne manquerait pas de relancer la réflexion sur la Chine, dans laquelle la France peut jouer un rôle central, et de surmonter une bonne fois pour toutes des schémas intellectuels dépassés pour définir une politique qui prenne acte des réalités contemporaines et nous préparent aux scénarii d'évolution qui ont été dessinés aujourd'hui.
Plusieurs avancées ont déjà été obtenues notamment par la signature d'un accord sur le changement climatique, la mise en place d'un dialogue stratégique, et le dénouement de la crise des textiles chinois bloqués dans les ports européens en 2005.
De même, la demande chinoise de facilitation de visas pour certains ressortissants chinois, formulée alors même que certains pays européens se plaignent d'immigration illégale en provenance de Chine, supposent que Pékin accepte la relance des discussions sur un accord de réadmission que nous souhaitons, avec la Commission, voir inclus dans le cadre de la négociation du futur Accord de Partenariat et de Coopération.
Nous espérons également dans la perspective de notre présidence des progrès tangibles sur le thème de l'énergie, désormais au coeur du partenariat Union européenne-Chine, l'Union européenne étant prête à aborder avec la Chine des discussions sur la période post-convention de Rio et Protocole de Kyoto afin que la Chine participe pleinement au renforcement de la gouvernance internationale de l'environnement.
Alors que l'Union européenne mène une politique de développement fondée sur respect des Droits de l'Homme, de l'Etat de droit et de la bonne gouvernance, l'engagement croissant de la Chine dans les pays en développement, en particulier en Afrique, doit faire l'objet d'un dialogue. Nous devons donc nous féliciter que la Chine ait accepté d'ouvrir un dialogue structuré Union européenne-Chine sur l'Afrique, qui s'est tenu pour la première fois, le 15 juin dernier, et le faire fructifier.
Ce ne sont bien sûr que quelques exemples, certes les plus importants. Il y a bien sûr beaucoup à faire entre l'Europe et la Chine dans d'autres domaines, notamment la recherche.
Dans les opinions publiques européennes, la Chine cristallise aujourd'hui - à tort ou à raison - toutes les craintes liées à la mondialisation : délocalisations, contrefaçons, dumping social sont autant de menaces attribuées à la Chine.
Il est donc important que l'Union européenne fasse preuve d'une réelle capacité à répondre aux défis soulevés par la Chine.
Il s'agit là pour nos citoyens d'un critère important pour apprécier l'efficacité de l'action européenne. L'absence ou même l'insuffisance de l'Union européenne se traduirait par une perte de confiance préjudiciable de la part des citoyens.
Je souhaiterais simplement, en conclusion de vos travaux, vous proposer une démarche pragmatique :
* d'abord, procéder à une analyse objective de ce qu'est la Chine d'aujourd'hui, en veillant à éviter deux écueils :
- d'une part, une fascination excessive envers l'évolution spectaculaire de la Chine, qui nous amènerait à conclure que toute tentative de peser sur le cours des événements serait vaine. Une telle attitude serait synonyme de renoncement. Les débats de ce jour montrent au contraire qu'une connaissance approfondie de la Chine permet de mieux cerner les problèmes tels qu'ils se posent et de rechercher des solutions.
- d'autre part, une diabolisation a priori de tout ce qui vient de Chine - qui ne procéderait pas d'une analyse objective. La conséquence la plus immédiate d'une telle attitude serait de restreindre l'espace de dialogue avec les Chinois et de marginaliser irrémédiablement l'Union européenne. Ceci n'équivaut pas pour autant à se réfugier dans la complaisance mais nous permet au contraire d'être en mesure de mener avec Pékin un dialogue sans tabou.
* ensuite, mobiliser l'Union européenne partout où elle est compétente, non seulement pour défendre nos intérêts lorsqu'ils sont menacés, mais également pour tirer profit de l'immense potentiel de la Chine et amener les Chinois à exercer leurs responsabilités mondiales.
* poursuivre sur la voie du renforcement de la relation euro-chinoise sur la base des principes d'équilibre, de réciprocité et de bénéfice mutuel.
Ceci suppose des objectifs et une stratégie politique, et, en regard, des instruments renforcés et rationalisés. Nous devons y travailler, sans attendre l'entrée en vigueur du nouveau traité.
La présidence française, l'année prochaine, qui sera une année importante pour la Chine, Hervé Ladsous nous l'a dit, offre l'occasion d'avancer dans ce sens.
Nous devons nous y préparer dès maintenant, avec nos partenaires européens, avec la Commission, avec les Chinois.
Pour ma part, j'ai beaucoup appris cet après-midi et je tenais, Monsieur le Premier ministre, à vous en remercier tout spécialement. Je repars, plus convaincu que jamais, de l'enjeu chinois pour notre pays, pour l'Union européenne et donc pour notre présidence en 2008.source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 août 2007