Texte intégral
Q - Quelles sont les conditions posées par l'Europe et notamment la France afin de relancer l'aide à la politique de reconstruction au Liban ?
R - La France contribue activement, depuis 1990, à la reconstruction du Liban. Le développement de l'économie libanaise constitue un facteur de stabilité pour le Liban et la région. Depuis 1990, la France et l'Union européenne ont accordé une assistance substantielle à des programmes économiques et sociaux. L'UE est le premier bailleur de fonds du Liban : 182 millions d'euros provenant du premier programme MEDA (1995-1999) ont été engagés pour des projets dans ce pays, ce qui fait du Liban l'un des principaux bénéficiaires par habitant de la coopération européenne. Nous souhaitons que le gouvernement libanais poursuive le programme de réformes structurelles et de modification du cadre législatif qui permettront au Liban de relancer durablement la croissance et de se mettre en conformité avec les règles de transparence financière internationale.
Q - Comment peut-on protéger le Liban contre toute implantation des Palestiniens sur son territoire ? Avez-vous une idée claire ?
R - Je sais combien la question des réfugiés palestiniens préoccupe les autorités et l'opinion publique libanaises. Nous avons toujours considéré qu'il convenait d'accorder une attention spéciale au problème des réfugiés palestiniens au Liban ; c'est une exigence humanitaire, et il y va aussi de la cohésion du Liban.
Q - Comment évaluez-vous les relations avec le gouvernement libanais après une période de turbulences liée à votre demande de déployer l'armée libanaise au Sud-Liban
R - La visite officielle en France de M. Hariri, accompagné à cette occasion de dix membres de son gouvernement, illustre la qualité et la densité de nos relations. En ce qui concerne le déploiement de l'armée libanaise au sud, je rappelle que le Conseil de sécurité, par ses résolutions 1310 (juillet 2000) et 1337 (janvier 2000), a demandé au gouvernement libanais d'assumer la totalité de ses responsabilités dans la zone anciennement occupée, afin d'y assurer la stabilité et de permettre à la FINUL d'accomplir son mandat. En tant que membre permanent du Conseil, nous avons relayé cette demande auprès des autorités libanaises, parce qu'elle nous parait juste, et ne contredit en rien l'amitié qui lie nos deux pays.
Q - Qu'attendez-vous de la visite de M. Hariri à Paris, et que peut-on attendre du prochain sommet de la Francophonie à Beyrouth ?
R - Il s'agit d'une visite importante. C'est le premier déplacement en France d'un Premier ministre libanais depuis 1997 et le premier déplacement en Occident de M. Hariri depuis sa nomination. Cette visite doit permettre de relancer le dialogue politique à haut niveau entre nos deux pays et de renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines, économique, culturel, technique, audiovisuel, ainsi que dans les secteurs de l'eau, de l'énergie, des télécommunications. Naturellement, cette visite sera l'occasion d'évoquer la préparation du Sommet de la Francophonie, une échéance majeure pour le Liban comme pour la France. Ce sommet auquel devraient participer une cinquantaine de chefs d'Etats et de gouvernements, sera sans précédent pour le Liban. Je souhaite qu'il puisse favoriser la francophonie au Liban et dans l'ensemble de la région.
Q - Pourquoi la France craint-elle une escalade régionale dans le cas d'un incident sur la ligne bleue ?
R - La situation au Sud-Liban demeure fragile. Il est de l'intérêt de toutes les parties de faire preuve de retenue et d'éviter toute provocation qui pourrait entraîner l'escalade. L'aggravation des tensions serait préjudiciable à la sécurité des populations civiles et à la stabilité de toute la région. C'est pourquoi nous appelons les parties à respecter strictement, comme elles s'y sont d'ailleurs engagées, la ligne bleue certifiée par le Secrétaire général des Nations unies.
Q - Comment évaluez-vous le processus des réformes en Syrie et l'avenir des relations syro-libanaises, et quand est-ce que le président syrien se rendra à Paris ?
R - La France est attentive aux actions engagées par le président Bachar El Assad pour la modernisation et l'ouverture de son pays. Le président de la République l'a invité à se rendre à Paris et Bachar El Assad a accepté. S'agissant des relations syro-libanaises, c'est une question qui concerne au premier chef les autorités de Beyrouth et de Damas elles-mêmes. Nous suivons avec intérêt le débat en cours à Beyrouth sur le rééquilibrage de ces relations et la présence syrienne au Liban. Sur le fond, la France est très attachée à l'indépendance et à la souveraineté du Liban et nous ne doutons pas que, le moment venu, l'évolution du contexte régional et des relations entre les deux pays permettront le départ des troupes syriennes du Liban.
Q - Le changement politique en Israël vous rassure-t-il ou bien il représente une raison d'inquiétude.
R - Nos positions sont claires. Il faut éviter les jugements hâtifs. Voyons d'abord quel gouvernement le nouveau Premier ministre israélien va constituer, quelles intentions il va exprimer en ce qui concerne la paix. C'est sur ses actes, en tant que ministre, que nous nous formerons notre opinion. J'espère que les discussions pourront reprendre quand même sur les différents volets du processus de paix, que les progrès et les avancées enregistrés jusqu'à ces toutes dernières semaines, ne seront pas perdus. Notre objectif reste cette paix globale, juste et durable qu'attendent tous les peuples de la région, et la France reste naturellement disposée à y contribuer.
Q - Quelles sont vos réserves à l'égard de la résolution 1284 ? Et que pensez-vous de la nouvelle position des pays arabes (officielles et populaires) qui réclament haut et fort la levée de l'embargo ? Qu'est-ce qui justifie l'absence de toute initiative de votre part à ce propos ?
R - Les raisons de notre abstention lors du vote de la résolution 1284 sont connues. Nous aurions souhaité qu'elle définisse plus clairement les modalités et le contenu de la suspension des sanctions, une fois acquise la reprise des contrôles. Pour autant, cette résolution s'impose à tous, y compris l'Iraq, et la France ne ménage pas ses efforts, depuis un an, pour tenter de clarifier la résolution et de renouer le dialogue entre les Nations unies et l'Iraq. Nous y sommes d'autant plus attachés que nous dénonçons, depuis plusieurs années déjà, les effets de l'embargo sur la population et l'économie iraquienne. Il s'agit d'un instrument cruel et injuste, de surcroît inapproprié. Nous appelons à sa suspension, puis à sa levée, dans le cadre de la légalité internationale. Pour y parvenir il n'y a pas d'autre voie, pour l'Iraq, que de reprendre sa coopération avec les Nations unies. La France, qui a pris de nombreuses initiatives ces dernières années sur le dossier, continue à agir, au Conseil de sécurité comme auprès des Iraquiens, pour faire valoir une position raisonnable et équilibrée dans la recherche d'un règlement de la crise iraquienne.
Q - Qu'est-ce qui va changer avec la nouvelle administration américaine ? Et est-ce que la France et l'Europe pourraient retrouver une place dans la région. Place politique bien évidemment.
R- Là encore, sachons être patients, et laissons à la nouvelle administration le temps de se mettre en place, et de définir sa politique. Notre souhait, c'est que les Etats-Unis restent engagés dans la région, et notamment dans la recherche de la paix au Proche-Orient. Je n'ai d'ailleurs aucune raison de penser, compte tenu de ce que sont leurs intérêts et leurs responsabilités, qu'il pourrait en aller autrement, même si les méthodes, et les approches sont renouvelées. Le rôle des Etats-Unis reste irremplaçable, aux côtés naturellement des protagonistes eux-mêmes, dont tout dépend. L'Union européenne et la France sont toujours disponibles, pour contribuer à la recherche de la paix. Elles le font déjà, elles sont prêtes à faire plus.
Q - Comment peut-on éviter une nouvelle crise pétrolière ?
R - L'état du marché pétrolier actuellement ne présage pas à court terme de nouvelle poussée à la hausse des cours du brut. Mais nous ne devons pas relâcher les effets engagés pour relancer le dialogue entre producteurs et consommateurs.
Q - Depuis la guerre du Golfe nous avons l'impression que la France se dirige davantage vers le Maghreb que vers la région du Golfe. Pourquoi ?
R - La France entretient une relation très étroite avec les pays du Maghreb, avec lesquels elle a des liens très forts. Mais la France est également très présente au Proche et au Moyen-Orient, où elle dispose d'intérêts stratégiques et économiques majeurs. Elle est particulièrement attachée à la stabilité et à la sécurité de la région du Golfe, comme l'a prouvé son engagement en faveur de la libération du Koweït en 1990. Depuis, elle a signé des accords de défense avec plusieurs pays du Conseil de coopération du Golfe et entretient un dialogue politique suivi avec leurs gouvernements. Elle entend développer davantage encore nos relations à l'avenir, dans tous les domaines, avec ces pays amis.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2001)
R - La France contribue activement, depuis 1990, à la reconstruction du Liban. Le développement de l'économie libanaise constitue un facteur de stabilité pour le Liban et la région. Depuis 1990, la France et l'Union européenne ont accordé une assistance substantielle à des programmes économiques et sociaux. L'UE est le premier bailleur de fonds du Liban : 182 millions d'euros provenant du premier programme MEDA (1995-1999) ont été engagés pour des projets dans ce pays, ce qui fait du Liban l'un des principaux bénéficiaires par habitant de la coopération européenne. Nous souhaitons que le gouvernement libanais poursuive le programme de réformes structurelles et de modification du cadre législatif qui permettront au Liban de relancer durablement la croissance et de se mettre en conformité avec les règles de transparence financière internationale.
Q - Comment peut-on protéger le Liban contre toute implantation des Palestiniens sur son territoire ? Avez-vous une idée claire ?
R - Je sais combien la question des réfugiés palestiniens préoccupe les autorités et l'opinion publique libanaises. Nous avons toujours considéré qu'il convenait d'accorder une attention spéciale au problème des réfugiés palestiniens au Liban ; c'est une exigence humanitaire, et il y va aussi de la cohésion du Liban.
Q - Comment évaluez-vous les relations avec le gouvernement libanais après une période de turbulences liée à votre demande de déployer l'armée libanaise au Sud-Liban
R - La visite officielle en France de M. Hariri, accompagné à cette occasion de dix membres de son gouvernement, illustre la qualité et la densité de nos relations. En ce qui concerne le déploiement de l'armée libanaise au sud, je rappelle que le Conseil de sécurité, par ses résolutions 1310 (juillet 2000) et 1337 (janvier 2000), a demandé au gouvernement libanais d'assumer la totalité de ses responsabilités dans la zone anciennement occupée, afin d'y assurer la stabilité et de permettre à la FINUL d'accomplir son mandat. En tant que membre permanent du Conseil, nous avons relayé cette demande auprès des autorités libanaises, parce qu'elle nous parait juste, et ne contredit en rien l'amitié qui lie nos deux pays.
Q - Qu'attendez-vous de la visite de M. Hariri à Paris, et que peut-on attendre du prochain sommet de la Francophonie à Beyrouth ?
R - Il s'agit d'une visite importante. C'est le premier déplacement en France d'un Premier ministre libanais depuis 1997 et le premier déplacement en Occident de M. Hariri depuis sa nomination. Cette visite doit permettre de relancer le dialogue politique à haut niveau entre nos deux pays et de renforcer la coopération bilatérale dans tous les domaines, économique, culturel, technique, audiovisuel, ainsi que dans les secteurs de l'eau, de l'énergie, des télécommunications. Naturellement, cette visite sera l'occasion d'évoquer la préparation du Sommet de la Francophonie, une échéance majeure pour le Liban comme pour la France. Ce sommet auquel devraient participer une cinquantaine de chefs d'Etats et de gouvernements, sera sans précédent pour le Liban. Je souhaite qu'il puisse favoriser la francophonie au Liban et dans l'ensemble de la région.
Q - Pourquoi la France craint-elle une escalade régionale dans le cas d'un incident sur la ligne bleue ?
R - La situation au Sud-Liban demeure fragile. Il est de l'intérêt de toutes les parties de faire preuve de retenue et d'éviter toute provocation qui pourrait entraîner l'escalade. L'aggravation des tensions serait préjudiciable à la sécurité des populations civiles et à la stabilité de toute la région. C'est pourquoi nous appelons les parties à respecter strictement, comme elles s'y sont d'ailleurs engagées, la ligne bleue certifiée par le Secrétaire général des Nations unies.
Q - Comment évaluez-vous le processus des réformes en Syrie et l'avenir des relations syro-libanaises, et quand est-ce que le président syrien se rendra à Paris ?
R - La France est attentive aux actions engagées par le président Bachar El Assad pour la modernisation et l'ouverture de son pays. Le président de la République l'a invité à se rendre à Paris et Bachar El Assad a accepté. S'agissant des relations syro-libanaises, c'est une question qui concerne au premier chef les autorités de Beyrouth et de Damas elles-mêmes. Nous suivons avec intérêt le débat en cours à Beyrouth sur le rééquilibrage de ces relations et la présence syrienne au Liban. Sur le fond, la France est très attachée à l'indépendance et à la souveraineté du Liban et nous ne doutons pas que, le moment venu, l'évolution du contexte régional et des relations entre les deux pays permettront le départ des troupes syriennes du Liban.
Q - Le changement politique en Israël vous rassure-t-il ou bien il représente une raison d'inquiétude.
R - Nos positions sont claires. Il faut éviter les jugements hâtifs. Voyons d'abord quel gouvernement le nouveau Premier ministre israélien va constituer, quelles intentions il va exprimer en ce qui concerne la paix. C'est sur ses actes, en tant que ministre, que nous nous formerons notre opinion. J'espère que les discussions pourront reprendre quand même sur les différents volets du processus de paix, que les progrès et les avancées enregistrés jusqu'à ces toutes dernières semaines, ne seront pas perdus. Notre objectif reste cette paix globale, juste et durable qu'attendent tous les peuples de la région, et la France reste naturellement disposée à y contribuer.
Q - Quelles sont vos réserves à l'égard de la résolution 1284 ? Et que pensez-vous de la nouvelle position des pays arabes (officielles et populaires) qui réclament haut et fort la levée de l'embargo ? Qu'est-ce qui justifie l'absence de toute initiative de votre part à ce propos ?
R - Les raisons de notre abstention lors du vote de la résolution 1284 sont connues. Nous aurions souhaité qu'elle définisse plus clairement les modalités et le contenu de la suspension des sanctions, une fois acquise la reprise des contrôles. Pour autant, cette résolution s'impose à tous, y compris l'Iraq, et la France ne ménage pas ses efforts, depuis un an, pour tenter de clarifier la résolution et de renouer le dialogue entre les Nations unies et l'Iraq. Nous y sommes d'autant plus attachés que nous dénonçons, depuis plusieurs années déjà, les effets de l'embargo sur la population et l'économie iraquienne. Il s'agit d'un instrument cruel et injuste, de surcroît inapproprié. Nous appelons à sa suspension, puis à sa levée, dans le cadre de la légalité internationale. Pour y parvenir il n'y a pas d'autre voie, pour l'Iraq, que de reprendre sa coopération avec les Nations unies. La France, qui a pris de nombreuses initiatives ces dernières années sur le dossier, continue à agir, au Conseil de sécurité comme auprès des Iraquiens, pour faire valoir une position raisonnable et équilibrée dans la recherche d'un règlement de la crise iraquienne.
Q - Qu'est-ce qui va changer avec la nouvelle administration américaine ? Et est-ce que la France et l'Europe pourraient retrouver une place dans la région. Place politique bien évidemment.
R- Là encore, sachons être patients, et laissons à la nouvelle administration le temps de se mettre en place, et de définir sa politique. Notre souhait, c'est que les Etats-Unis restent engagés dans la région, et notamment dans la recherche de la paix au Proche-Orient. Je n'ai d'ailleurs aucune raison de penser, compte tenu de ce que sont leurs intérêts et leurs responsabilités, qu'il pourrait en aller autrement, même si les méthodes, et les approches sont renouvelées. Le rôle des Etats-Unis reste irremplaçable, aux côtés naturellement des protagonistes eux-mêmes, dont tout dépend. L'Union européenne et la France sont toujours disponibles, pour contribuer à la recherche de la paix. Elles le font déjà, elles sont prêtes à faire plus.
Q - Comment peut-on éviter une nouvelle crise pétrolière ?
R - L'état du marché pétrolier actuellement ne présage pas à court terme de nouvelle poussée à la hausse des cours du brut. Mais nous ne devons pas relâcher les effets engagés pour relancer le dialogue entre producteurs et consommateurs.
Q - Depuis la guerre du Golfe nous avons l'impression que la France se dirige davantage vers le Maghreb que vers la région du Golfe. Pourquoi ?
R - La France entretient une relation très étroite avec les pays du Maghreb, avec lesquels elle a des liens très forts. Mais la France est également très présente au Proche et au Moyen-Orient, où elle dispose d'intérêts stratégiques et économiques majeurs. Elle est particulièrement attachée à la stabilité et à la sécurité de la région du Golfe, comme l'a prouvé son engagement en faveur de la libération du Koweït en 1990. Depuis, elle a signé des accords de défense avec plusieurs pays du Conseil de coopération du Golfe et entretient un dialogue politique suivi avec leurs gouvernements. Elle entend développer davantage encore nos relations à l'avenir, dans tous les domaines, avec ces pays amis.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 février 2001)