Texte intégral
Mesdames et messieurs,
Chers amis,
Votre présence, cher Greg THOMPSON, à DIEPPE, où ses lieux de mémoire sont comme un prolongement naturel de votre pays, témoigne d'une relation dont la force s'est nouée aux heures les plus tragiques de notre histoire.
VIMY et DIEPPE, deux villes dont les noms résonnent encore comme des hauts lieux de notre destin commun, et qui achèvent de sceller notre amitié.
Comme en 1917, le Canada a fait don de ses enfants pour sauver notre patrie française déclarée en danger.
Les héros canadiens de DIEPPE, comme leurs glorieux aînés, sont morts pour défendre des valeurs qui n'ont de cesse de nous unir, faites de liberté, de justice et de tolérance, et c'est en lettres de sang que nos deux pays ont signé ce pacte que nous faisons vivre ici.
Nous sommes aujourd'hui rassemblés pour nous souvenir qu'il y a 65 ans étaient engagés, sur ces plages et dans les environs, les 6 000 hommes de "l'opération Jubilee", appelée encore parfois "le raid de Dieppe".
Alors que l'ennemi avait l'avantage sur tous les fronts, les états-majors alliés décidèrent d'envoyer ces hommes tester les défenses allemandes de l'Ouest, en choisissant une zone qui pouvait sembler présenter les caractéristiques d'un site propre à un futur débarquement d'envergure.
Au petit matin du 19 août 1942, ils débarquèrent à Varangeville, à Berneval, à Puys, à Pourville, à Dieppe, sous une pluie de fer et de feu.
Les Allemands sont alors près de 2 000 retranchés derrière les multiples ouvrages du "mur de l'Atlantique".
Malgré leur acharnement, ces combattants de la liberté ne parvinrent pas à quitter le secteur des plages et les survivants furent obligés de rembarquer dans les heures qui s'ensuivirent.
Ecoutons, le sergent canadien Lucien DUMAIS :
"La plage était devenue une boucherie, et un grand nombre de nos hommes de la seconde vague d'assaut gisaient là, blessés ou morts. Certains des blessés nageaient vers le large, à la rencontre de notre flottille et la mer était rougie par leur sang. Certains s'enfonçaient et disparaissaient. Nous les regardions, impuissants, mourir sans même pouvoir leur porter secours, car nous étions là pour combattre et non pour rescaper ceux qui étaient blessés et entrain de se noyer".
A l'issue de 9 heures de combats acharnés, près de la moitié des combattants de "l'opération Jubilée" ne revint jamais.
Les Alliés laissèrent sur les côtes françaises, entre Varangéville et Berneval, près de 1 200 frères d'armes morts ou disparus, 1 500 blessés et quelque 2 000 prisonniers.
Assaut audacieux autant que mortel, le raid de Dieppe est désormais entré dans le domaine de l'Histoire, et ces soldats au courage exemplaire nous obligent.
Venus du Canada, ces jeunes gens, de très jeunes gens parfois, étaient mus par le même idéal de justice et de liberté.
Ils étaient prêts à consentir au sacrifice suprême avec ce seul souci de continuer d'avancer.
Sur la terre de DIEPPE où gisent ces stèles de granit au nom de ces héros, s'affiche le lien imprescriptible qui nous unit depuis.
Sachez, cher Greg THOMPSON, que chaque Français garde en lui, gravé au plus profond de son coeur, la reconnaissance pour ceux qui sont morts pour une terre lointaine, peut-être inconnue mais qu'ils ont défendue autant qu'ils aimaient leur propre patrie parce qu'elle était devenue le symbole du martyr, parce qu'elle était devenue le symbole d'une liberté à reconquérir.
En ce 19 août 2007, voilà maintenant près de 63 ans, jour pour jour que le Général Georges VANIER en France, et Jean HAUTECLOQUE au Canada présentèrent pour la première fois leurs lettres de créance aux autorités nationales respectives.
C'était la formalisation d'une amitié séculaire entre nous.
Face aux grands défis de notre temps, Canadiens et Français ont des visions semblables du monde et de la société.
Les domaines de coopération réussies sont en effet multiples.
Ainsi, en matière de relations militaires au travers de notre coopération sur les théâtres d'opérations extérieures où nos deux pays, tel en Afghanistan, ont versé leur sang dans la lutte contre le terrorisme.
En matière d'échanges économiques, où la France est le 3ème investisseur au Canada, et le Canada le 12ème pour la France.
En matières culturelles grâce à nos accords de francophonie et enfin académiques puisque chaque année ce sont 7 000 Canadiens et Français qui peuvent partir vivre et travailler en France et au Canada.
Aujourd'hui, il nous revient de faire vivre auprès des jeunes générations cette politique de mémoire sans laquelle un pays se condamne s'il n'en entretient pas la flamme.
Il nous revient de faire vivre auprès des jeunes générations une politique de mémoire partagée sans laquelle les amis ou ennemis d'hier se condamnent à s'oublier ou s'affronter s'ils n'apprennent pas l'un de l'autre.
Comme vous le disiez, cher Greg THOMPSON, lors des Premières rencontres internationales sur la mémoire partagée :"Il est nécessaire de faire vivre sans relâche cette mémoire partagée parce qu'il s'agit bien plus qu'une histoire".
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Nous l'avons vu, des liens exceptionnels de l'Histoire et de langue unissent la France et le Canada.
Ces liens exceptionnels passent par le partage en commun du devoir de mémoire.
C'est pourquoi la France n'oubliera jamais ce qui s'est passé il y a désormais 65 ans, ici à DIEPPE.
La France n'oubliera jamais les combattants canadiens de "l'opération Jubilee".
C'est pourquoi la France n'oubliera jamais son ami et allié indéfectible le Canada. Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 août 2007
Chers amis,
Votre présence, cher Greg THOMPSON, à DIEPPE, où ses lieux de mémoire sont comme un prolongement naturel de votre pays, témoigne d'une relation dont la force s'est nouée aux heures les plus tragiques de notre histoire.
VIMY et DIEPPE, deux villes dont les noms résonnent encore comme des hauts lieux de notre destin commun, et qui achèvent de sceller notre amitié.
Comme en 1917, le Canada a fait don de ses enfants pour sauver notre patrie française déclarée en danger.
Les héros canadiens de DIEPPE, comme leurs glorieux aînés, sont morts pour défendre des valeurs qui n'ont de cesse de nous unir, faites de liberté, de justice et de tolérance, et c'est en lettres de sang que nos deux pays ont signé ce pacte que nous faisons vivre ici.
Nous sommes aujourd'hui rassemblés pour nous souvenir qu'il y a 65 ans étaient engagés, sur ces plages et dans les environs, les 6 000 hommes de "l'opération Jubilee", appelée encore parfois "le raid de Dieppe".
Alors que l'ennemi avait l'avantage sur tous les fronts, les états-majors alliés décidèrent d'envoyer ces hommes tester les défenses allemandes de l'Ouest, en choisissant une zone qui pouvait sembler présenter les caractéristiques d'un site propre à un futur débarquement d'envergure.
Au petit matin du 19 août 1942, ils débarquèrent à Varangeville, à Berneval, à Puys, à Pourville, à Dieppe, sous une pluie de fer et de feu.
Les Allemands sont alors près de 2 000 retranchés derrière les multiples ouvrages du "mur de l'Atlantique".
Malgré leur acharnement, ces combattants de la liberté ne parvinrent pas à quitter le secteur des plages et les survivants furent obligés de rembarquer dans les heures qui s'ensuivirent.
Ecoutons, le sergent canadien Lucien DUMAIS :
"La plage était devenue une boucherie, et un grand nombre de nos hommes de la seconde vague d'assaut gisaient là, blessés ou morts. Certains des blessés nageaient vers le large, à la rencontre de notre flottille et la mer était rougie par leur sang. Certains s'enfonçaient et disparaissaient. Nous les regardions, impuissants, mourir sans même pouvoir leur porter secours, car nous étions là pour combattre et non pour rescaper ceux qui étaient blessés et entrain de se noyer".
A l'issue de 9 heures de combats acharnés, près de la moitié des combattants de "l'opération Jubilée" ne revint jamais.
Les Alliés laissèrent sur les côtes françaises, entre Varangéville et Berneval, près de 1 200 frères d'armes morts ou disparus, 1 500 blessés et quelque 2 000 prisonniers.
Assaut audacieux autant que mortel, le raid de Dieppe est désormais entré dans le domaine de l'Histoire, et ces soldats au courage exemplaire nous obligent.
Venus du Canada, ces jeunes gens, de très jeunes gens parfois, étaient mus par le même idéal de justice et de liberté.
Ils étaient prêts à consentir au sacrifice suprême avec ce seul souci de continuer d'avancer.
Sur la terre de DIEPPE où gisent ces stèles de granit au nom de ces héros, s'affiche le lien imprescriptible qui nous unit depuis.
Sachez, cher Greg THOMPSON, que chaque Français garde en lui, gravé au plus profond de son coeur, la reconnaissance pour ceux qui sont morts pour une terre lointaine, peut-être inconnue mais qu'ils ont défendue autant qu'ils aimaient leur propre patrie parce qu'elle était devenue le symbole du martyr, parce qu'elle était devenue le symbole d'une liberté à reconquérir.
En ce 19 août 2007, voilà maintenant près de 63 ans, jour pour jour que le Général Georges VANIER en France, et Jean HAUTECLOQUE au Canada présentèrent pour la première fois leurs lettres de créance aux autorités nationales respectives.
C'était la formalisation d'une amitié séculaire entre nous.
Face aux grands défis de notre temps, Canadiens et Français ont des visions semblables du monde et de la société.
Les domaines de coopération réussies sont en effet multiples.
Ainsi, en matière de relations militaires au travers de notre coopération sur les théâtres d'opérations extérieures où nos deux pays, tel en Afghanistan, ont versé leur sang dans la lutte contre le terrorisme.
En matière d'échanges économiques, où la France est le 3ème investisseur au Canada, et le Canada le 12ème pour la France.
En matières culturelles grâce à nos accords de francophonie et enfin académiques puisque chaque année ce sont 7 000 Canadiens et Français qui peuvent partir vivre et travailler en France et au Canada.
Aujourd'hui, il nous revient de faire vivre auprès des jeunes générations cette politique de mémoire sans laquelle un pays se condamne s'il n'en entretient pas la flamme.
Il nous revient de faire vivre auprès des jeunes générations une politique de mémoire partagée sans laquelle les amis ou ennemis d'hier se condamnent à s'oublier ou s'affronter s'ils n'apprennent pas l'un de l'autre.
Comme vous le disiez, cher Greg THOMPSON, lors des Premières rencontres internationales sur la mémoire partagée :"Il est nécessaire de faire vivre sans relâche cette mémoire partagée parce qu'il s'agit bien plus qu'une histoire".
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Nous l'avons vu, des liens exceptionnels de l'Histoire et de langue unissent la France et le Canada.
Ces liens exceptionnels passent par le partage en commun du devoir de mémoire.
C'est pourquoi la France n'oubliera jamais ce qui s'est passé il y a désormais 65 ans, ici à DIEPPE.
La France n'oubliera jamais les combattants canadiens de "l'opération Jubilee".
C'est pourquoi la France n'oubliera jamais son ami et allié indéfectible le Canada. Source http://www.defense.gouv.fr, le 21 août 2007