Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi de vous dire toute la fierté et toute l'émotion qui sont les miennes de me retrouver avec vous ce matin face à notre histoire.
Nous sommes en effet réunis afin de célébrer ensemble la mémoire des valeureux marsouins et bigors.
Réunis dans "la division bleue" le 1er septembre 1870, ces hommes firent preuve d'un courage exemplaire face aux troupes bavaroises, défendant le village de Bazeilles jusqu'au sacrifice.
Vos anciens luttèrent à un contre dix.
Malgré les obus qui les écrasèrent et les incendies qui les brûlèrent, ils défendirent pied à pied chaque rue, chaque maison.
Eprouvés par la soif et la faim, assaillis par un déluge de feu et de fer, harcelés par l'enfer de la guerre, ils parvinrent à repousser par deux fois l'ennemi hors du village.
Mais après plusieurs heures de lutte acharnée, ne cédant qu'à l'épuisement complet des munitions, les braves de BAZEILLES se rendirent.
Honneur à ces combattants dont la défense héroïque a été immortalisée par le célèbre tableau "les dernières cartouches" d'Alphonse de NEUVILLE.
Puissent leur courage et leur abnégation vous servir d'exemple, à vous Troupes de Marine, non moins grandes et fidèles que vos glorieux aînés.
La France n'a pas oublié et n'oubliera jamais.
Mais la mémoire nous rassemble aussi afin de célébrer le 150ème anniversaire des Tirailleurs sénégalais.
Aujourd'hui, c'est à vous, anciens tirailleurs, qui êtes ici invités de la France et, à travers vous, à l'ensemble de vos frères d'armes africains que je veux exprimer la reconnaissance de la Nation.
Parce que vous avez souffert et combattu pour la France, parce que beaucoup de vos frères d'arme sont tombés au champ d'honneur, votre courage et votre sens du devoir nous obligent.
Il fallait les mots d'un des vôtres, il fallait les mots d'un des nôtres, ceux du grand homme d'Etat et académicien, Léopold SEDAR SENGHOR, pour glorifier votre mémoire, pour exprimer l'entière gratitude du peuple français :
"Ecoutez-moi, Tirailleurs sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort,
Dans votre solitude sans yeux, sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la province,
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée, jadis dans les palabres du village,
Ecoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de la nuit."
C'était il y a 150 ans.
Pour étendre et défendre les possessions françaises avec le maximum de moyens, le général Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal, en fit des combattants et les engagea avec succès dans plusieurs opérations, comme celles contre les Maures puis contre El Hadj Omar.
Satisfait par cette initiative, Napoléon III signa, le 21 juillet 1857, un décret portant la création d'un bataillon de Tirailleurs sénégalais.
Bien vite le recrutement dit "indigène" s'amplifia mais quelque fût l'origine ethnique des soldats, leurs unités conservèrent toujours l'appellation de "Tirailleurs sénégalais".
Vous veniez de toute l'Afrique noire française, dont 17 pays sont aujourd'hui représentés ici.
Vos anciens trouvèrent à s'illustrer sur nombre de champs de batailles, et vos aînés firent par leurs conquêtes de la France un Empire.
Leur courage infini, leur fidèle intrépidité furent tels que l'imagerie populaire les baptisa bientôt du surnom plus que flatteur de " Force noire ".
L'histoire de vos aînés, votre histoire sont liés de manière indissoluble à l'histoire de notre pays et votre sacrifice a apporté à notre pays la liberté et forgé sa grandeur.
Comment ne pas se rappeler ceux qui servant dans des unités spécifiques de tirailleurs ou au sein de régiments mixtes, donnèrent ensuite leur sang pour défendre les valeurs de la Patrie que l'on avait déclarée "en danger" et pour porter haut le flambeau de la République au-delà de nos frontières.
Dans les tranchées de Verdun comme dans les terres plus lointaines des Dardanelles, dans l'épopée de la "France Libre" comme sur les plages de Provence et dans la bataille de France, dans les territoires d'Indochine comme dans les régions d'Algérie, vous avez attaché votre existence au destin de la France.
La France n'oubliera jamais.
Venus de terres lointaines vous étiez devenus frères d'armes et fils de France.
De multiples lieux de mémoire attestent, sur notre territoire, les sacrifices consentis par vos anciens.
Tous sont émouvants mais deux d'entre eux me touchent particulièrement.
Oui, vous êtes "tombés unis fraternellement pour que (nous restions) français", comme le rappelle si justement, à quelques kilomètres d'ici, le monument à l'armée noire de 14-18.
Oui, vous êtes "tombés unis fraternellement" victimes des combats, mais aussi de la haine et du racisme de certains des ennemis de la France pour laquelle vous vous battiez avec tant de coeur, comme en témoigne la nécropole du "Tata sénégalais" de Chasselay qui abrite les corps de 188 tirailleurs retrouvés dans la région de Lyon.
La France a, certes, parfois manqué de reconnaissance ou tardé à vous la témoigner.
En décidant la décristallisation des droits des Anciens Combattants des pays autrefois sous souveraineté française en septembre 2006, les pouvoirs publics ont souhaité manifester notre respect et notre estime.
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Hier comme aujourd'hui, la France, l'Union européenne et l'Afrique ont un destin commun.
Il nous faut aller plus loin dans notre partenariat en termes de sécurité, de santé, d'éducation, d'infrastructures et de commerce et l'Afrique trouvera en la France et l'Europe une amie fidèle pour l'accompagner dans son développement.
Au nom de notre passé, la France, l'Union européenne et l'Afrique ne peuvent se penser sans une mémoire assumée, sans un avenir partagé.
A vos glorieux aînés morts pour la France, à vous qui êtes nos Anciens Combattants, je veux exprimer l'amitié, la solidarité et la reconnaissance éternelles de la France.
Je vous remercie. source http://www.defense.gouv.fr, le 4 septembre 2007
Chers Amis,
Permettez-moi de vous dire toute la fierté et toute l'émotion qui sont les miennes de me retrouver avec vous ce matin face à notre histoire.
Nous sommes en effet réunis afin de célébrer ensemble la mémoire des valeureux marsouins et bigors.
Réunis dans "la division bleue" le 1er septembre 1870, ces hommes firent preuve d'un courage exemplaire face aux troupes bavaroises, défendant le village de Bazeilles jusqu'au sacrifice.
Vos anciens luttèrent à un contre dix.
Malgré les obus qui les écrasèrent et les incendies qui les brûlèrent, ils défendirent pied à pied chaque rue, chaque maison.
Eprouvés par la soif et la faim, assaillis par un déluge de feu et de fer, harcelés par l'enfer de la guerre, ils parvinrent à repousser par deux fois l'ennemi hors du village.
Mais après plusieurs heures de lutte acharnée, ne cédant qu'à l'épuisement complet des munitions, les braves de BAZEILLES se rendirent.
Honneur à ces combattants dont la défense héroïque a été immortalisée par le célèbre tableau "les dernières cartouches" d'Alphonse de NEUVILLE.
Puissent leur courage et leur abnégation vous servir d'exemple, à vous Troupes de Marine, non moins grandes et fidèles que vos glorieux aînés.
La France n'a pas oublié et n'oubliera jamais.
Mais la mémoire nous rassemble aussi afin de célébrer le 150ème anniversaire des Tirailleurs sénégalais.
Aujourd'hui, c'est à vous, anciens tirailleurs, qui êtes ici invités de la France et, à travers vous, à l'ensemble de vos frères d'armes africains que je veux exprimer la reconnaissance de la Nation.
Parce que vous avez souffert et combattu pour la France, parce que beaucoup de vos frères d'arme sont tombés au champ d'honneur, votre courage et votre sens du devoir nous obligent.
Il fallait les mots d'un des vôtres, il fallait les mots d'un des nôtres, ceux du grand homme d'Etat et académicien, Léopold SEDAR SENGHOR, pour glorifier votre mémoire, pour exprimer l'entière gratitude du peuple français :
"Ecoutez-moi, Tirailleurs sénégalais, dans la solitude de la terre noire et de la mort,
Dans votre solitude sans yeux, sans oreilles, plus que dans ma peau sombre au fond de la province,
Sans même la chaleur de vos camarades couchés tout contre vous, comme jadis dans la tranchée, jadis dans les palabres du village,
Ecoutez-moi, Tirailleurs à la peau noire, bien que sans oreilles et sans yeux dans votre triple enceinte de la nuit."
C'était il y a 150 ans.
Pour étendre et défendre les possessions françaises avec le maximum de moyens, le général Faidherbe, alors gouverneur du Sénégal, en fit des combattants et les engagea avec succès dans plusieurs opérations, comme celles contre les Maures puis contre El Hadj Omar.
Satisfait par cette initiative, Napoléon III signa, le 21 juillet 1857, un décret portant la création d'un bataillon de Tirailleurs sénégalais.
Bien vite le recrutement dit "indigène" s'amplifia mais quelque fût l'origine ethnique des soldats, leurs unités conservèrent toujours l'appellation de "Tirailleurs sénégalais".
Vous veniez de toute l'Afrique noire française, dont 17 pays sont aujourd'hui représentés ici.
Vos anciens trouvèrent à s'illustrer sur nombre de champs de batailles, et vos aînés firent par leurs conquêtes de la France un Empire.
Leur courage infini, leur fidèle intrépidité furent tels que l'imagerie populaire les baptisa bientôt du surnom plus que flatteur de " Force noire ".
L'histoire de vos aînés, votre histoire sont liés de manière indissoluble à l'histoire de notre pays et votre sacrifice a apporté à notre pays la liberté et forgé sa grandeur.
Comment ne pas se rappeler ceux qui servant dans des unités spécifiques de tirailleurs ou au sein de régiments mixtes, donnèrent ensuite leur sang pour défendre les valeurs de la Patrie que l'on avait déclarée "en danger" et pour porter haut le flambeau de la République au-delà de nos frontières.
Dans les tranchées de Verdun comme dans les terres plus lointaines des Dardanelles, dans l'épopée de la "France Libre" comme sur les plages de Provence et dans la bataille de France, dans les territoires d'Indochine comme dans les régions d'Algérie, vous avez attaché votre existence au destin de la France.
La France n'oubliera jamais.
Venus de terres lointaines vous étiez devenus frères d'armes et fils de France.
De multiples lieux de mémoire attestent, sur notre territoire, les sacrifices consentis par vos anciens.
Tous sont émouvants mais deux d'entre eux me touchent particulièrement.
Oui, vous êtes "tombés unis fraternellement pour que (nous restions) français", comme le rappelle si justement, à quelques kilomètres d'ici, le monument à l'armée noire de 14-18.
Oui, vous êtes "tombés unis fraternellement" victimes des combats, mais aussi de la haine et du racisme de certains des ennemis de la France pour laquelle vous vous battiez avec tant de coeur, comme en témoigne la nécropole du "Tata sénégalais" de Chasselay qui abrite les corps de 188 tirailleurs retrouvés dans la région de Lyon.
La France a, certes, parfois manqué de reconnaissance ou tardé à vous la témoigner.
En décidant la décristallisation des droits des Anciens Combattants des pays autrefois sous souveraineté française en septembre 2006, les pouvoirs publics ont souhaité manifester notre respect et notre estime.
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Hier comme aujourd'hui, la France, l'Union européenne et l'Afrique ont un destin commun.
Il nous faut aller plus loin dans notre partenariat en termes de sécurité, de santé, d'éducation, d'infrastructures et de commerce et l'Afrique trouvera en la France et l'Europe une amie fidèle pour l'accompagner dans son développement.
Au nom de notre passé, la France, l'Union européenne et l'Afrique ne peuvent se penser sans une mémoire assumée, sans un avenir partagé.
A vos glorieux aînés morts pour la France, à vous qui êtes nos Anciens Combattants, je veux exprimer l'amitié, la solidarité et la reconnaissance éternelles de la France.
Je vous remercie. source http://www.defense.gouv.fr, le 4 septembre 2007