Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur,
Madame la Maire,
Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil général,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet de la Haute-Loire,
Monsieur le Préfet de Région,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je ne veux pas vous asséner, à vous, enfants de Chavaniac et admirateurs de Lafayette, la leçon d'une histoire que vous connaissez mieux que moi. Car je ne suis d'ailleurs pas sûr que le message de Lafayette, 250 ans après sa naissance, soit à classer parmi les seuls livres d'histoire.
Vous savez tous, bien sûr, l'engagement du jeune homme à peine sorti de l'adolescence, ressentant l'appel de l'Amérique comme une blessure intime - "Du premier jour où j'ai entendu le nom de l'Amérique, je n'ai eu d'envie que de verser mon sang pour elle" dira-t-il.
Vous savez le courage du combattant, l'habileté du messager de la cause américaine.
Vous connaissez le révolutionnaire français, rédacteur de la grande déclaration de 1789, commandant de la garde nationale et organisateur du premier 14 juillet - celui de 1790.
Vous connaissez le fin politique, oeuvrant dans les coulisses de la Restauration à l'avènement d'une monarchie constitutionnelle.
Vous connaissez tous ces moments de gloire qui font l'histoire de la France et la légende de celui que nous célébrons aujourd'hui.
Au-delà du militaire impétueux, au-delà du héros de l'indépendance américaine, au-delà du promoteur des Droits de l'Homme, au-delà des mille facettes de la vie de Lafayette, je voudrais pourtant retenir de lui une prodigieuse capacité de dépassement de soi, d'invention permanente et de projection vers les autres.
Lafayette, c'est d'abord le refus d'une vie bornée par les carrières convenues et les horizons du quotidien. C'est l'appel du grand large, de cet Ouest pas encore mythique mais où s'invente déjà la liberté du monde.
C'est aussi un patriotisme de la liberté, qui reconnaît ses frères par-delà les frontières, qui verse son sang dans une guerre que ne motivent ni la défense du territoire, ni l'expansion nationale, ni les intérêts financiers.
C'est une France qui se grandit en grandissant les autres, une France capable d'efforts et de sacrifices au-delà du raisonnable, pourvu qu'ils soient justes - souvenons-nous que le coût de l'intervention française en soutien des confédérés américains a représenté deux ans du budget de l'Etat !
Lafayette, c'est enfin une France qui parle au monde, qui n'a peur ni de l'avenir, ni de l'inconnu, et s'accomplit en prenant des risques.
"A man before his time" disent les Américains en parlant de celui qu'ils considèrent comme "leur" marquis. Un homme en avance sur son temps, en avance aussi sur son pays, et ce bien souvent encore.
C'est pourquoi j'ai tenu à être ici parmi vous aujourd'hui, pour que la France honore avec solennité celui qu'elle a parfois du mal à reconnaître comme sien. Et c'est pourquoi je suis très honoré et très heureux de la présence parmi nous de tant d'élus du peuple, et en particulier du Sénateur Adrien Gouteyron, vice-président du Sénat, acteur respecté de notre diplomatie et rapporteur de notre budget au sein de la Haute Assemblée.
On a volontiers tendance, de ce côté-ci de l'Atlantique, à mettre en doute la réalité ou la sincérité des engagements de Lafayette. On se plaît à trouver dans les épisodes complexes, obscurs ou franchement ambigus de sa riche existence des motifs de dénigrement. Sans contester la nécessité ni la pertinence des travaux historiques qui mettent en lumière les aspects inégaux d'une personnalité, je regrette que nous ne sachions pas aussi, parfois, nous souvenir de ce qui fait notre histoire.
Cette histoire, depuis qu'un jeune homme de dix-neuf ans a décidé de traverser les mers pour aider un pays qu'il ne connaissait pas, cette histoire est intimement liée à celle du grand peuple que vous représentez aujourd'hui, Monsieur l'Ambassadeur, celui des Etats-Unis d'Amérique.
Car Lafayette n'a pas seulement contribué à construire la France moderne, celle des Droits de l'Homme et de la laïcité. Pas plus qu'il n'a seulement contribué à construire l'Amérique, terre d'espérance et de liberté. Lafayette aura fait bien plus : il aura bâti l'une des plus belles amitiés qui aient jamais existé entre deux nations, une amitié fondée sur des valeurs partagées, une foi commune dans l'humanité et une indéfectible solidarité.
A travers Lafayette, c'est aussi et surtout cette amitié-là que je suis heureux de célébrer aujourd'hui. Une amitié qui fut pour nous par deux fois décisives dans les heures les plus sombres du siècle dernier. Une amitié que nous devons toujours conserver en mémoire, surtout quand des divergences politiques, légitimes entre deux Etats souverains, poussent quelques esprits hâtifs à faire de nous des ennemis. L'amitié impose la franchise, nous ne sommes pas des suivistes, nous sommes des amis. Nous exprimons nos désaccords lorsqu'ils existent.
Il y a aux Etats-Unis 40 villes, 7 comtés et une montagne qui portent le nom de Lafayette. Par ce souvenir vivant, l'Amérique nous rappelle à nos propres engagements, elle nous tend ce miroir exigeant d'une France courageuse, guidée par des principes de générosité et de solidarité.
Mais la réciproque aussi est vraie. L'Amérique, comme la France, n'est jamais aussi grande que quand elle sait rallier sur son nom les défenseurs de la liberté.
Fidèles au fils de Chavaniac, la France et l'Amérique resteront fidèles l'une à l'autre, fidèles surtout à leur histoire et à leur grandeur.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 septembre 2007
Madame la Maire,
Messieurs les Parlementaires,
Monsieur le Président du Conseil général,
Mesdames et Messieurs les Elus,
Monsieur le Préfet de la Haute-Loire,
Monsieur le Préfet de Région,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je ne veux pas vous asséner, à vous, enfants de Chavaniac et admirateurs de Lafayette, la leçon d'une histoire que vous connaissez mieux que moi. Car je ne suis d'ailleurs pas sûr que le message de Lafayette, 250 ans après sa naissance, soit à classer parmi les seuls livres d'histoire.
Vous savez tous, bien sûr, l'engagement du jeune homme à peine sorti de l'adolescence, ressentant l'appel de l'Amérique comme une blessure intime - "Du premier jour où j'ai entendu le nom de l'Amérique, je n'ai eu d'envie que de verser mon sang pour elle" dira-t-il.
Vous savez le courage du combattant, l'habileté du messager de la cause américaine.
Vous connaissez le révolutionnaire français, rédacteur de la grande déclaration de 1789, commandant de la garde nationale et organisateur du premier 14 juillet - celui de 1790.
Vous connaissez le fin politique, oeuvrant dans les coulisses de la Restauration à l'avènement d'une monarchie constitutionnelle.
Vous connaissez tous ces moments de gloire qui font l'histoire de la France et la légende de celui que nous célébrons aujourd'hui.
Au-delà du militaire impétueux, au-delà du héros de l'indépendance américaine, au-delà du promoteur des Droits de l'Homme, au-delà des mille facettes de la vie de Lafayette, je voudrais pourtant retenir de lui une prodigieuse capacité de dépassement de soi, d'invention permanente et de projection vers les autres.
Lafayette, c'est d'abord le refus d'une vie bornée par les carrières convenues et les horizons du quotidien. C'est l'appel du grand large, de cet Ouest pas encore mythique mais où s'invente déjà la liberté du monde.
C'est aussi un patriotisme de la liberté, qui reconnaît ses frères par-delà les frontières, qui verse son sang dans une guerre que ne motivent ni la défense du territoire, ni l'expansion nationale, ni les intérêts financiers.
C'est une France qui se grandit en grandissant les autres, une France capable d'efforts et de sacrifices au-delà du raisonnable, pourvu qu'ils soient justes - souvenons-nous que le coût de l'intervention française en soutien des confédérés américains a représenté deux ans du budget de l'Etat !
Lafayette, c'est enfin une France qui parle au monde, qui n'a peur ni de l'avenir, ni de l'inconnu, et s'accomplit en prenant des risques.
"A man before his time" disent les Américains en parlant de celui qu'ils considèrent comme "leur" marquis. Un homme en avance sur son temps, en avance aussi sur son pays, et ce bien souvent encore.
C'est pourquoi j'ai tenu à être ici parmi vous aujourd'hui, pour que la France honore avec solennité celui qu'elle a parfois du mal à reconnaître comme sien. Et c'est pourquoi je suis très honoré et très heureux de la présence parmi nous de tant d'élus du peuple, et en particulier du Sénateur Adrien Gouteyron, vice-président du Sénat, acteur respecté de notre diplomatie et rapporteur de notre budget au sein de la Haute Assemblée.
On a volontiers tendance, de ce côté-ci de l'Atlantique, à mettre en doute la réalité ou la sincérité des engagements de Lafayette. On se plaît à trouver dans les épisodes complexes, obscurs ou franchement ambigus de sa riche existence des motifs de dénigrement. Sans contester la nécessité ni la pertinence des travaux historiques qui mettent en lumière les aspects inégaux d'une personnalité, je regrette que nous ne sachions pas aussi, parfois, nous souvenir de ce qui fait notre histoire.
Cette histoire, depuis qu'un jeune homme de dix-neuf ans a décidé de traverser les mers pour aider un pays qu'il ne connaissait pas, cette histoire est intimement liée à celle du grand peuple que vous représentez aujourd'hui, Monsieur l'Ambassadeur, celui des Etats-Unis d'Amérique.
Car Lafayette n'a pas seulement contribué à construire la France moderne, celle des Droits de l'Homme et de la laïcité. Pas plus qu'il n'a seulement contribué à construire l'Amérique, terre d'espérance et de liberté. Lafayette aura fait bien plus : il aura bâti l'une des plus belles amitiés qui aient jamais existé entre deux nations, une amitié fondée sur des valeurs partagées, une foi commune dans l'humanité et une indéfectible solidarité.
A travers Lafayette, c'est aussi et surtout cette amitié-là que je suis heureux de célébrer aujourd'hui. Une amitié qui fut pour nous par deux fois décisives dans les heures les plus sombres du siècle dernier. Une amitié que nous devons toujours conserver en mémoire, surtout quand des divergences politiques, légitimes entre deux Etats souverains, poussent quelques esprits hâtifs à faire de nous des ennemis. L'amitié impose la franchise, nous ne sommes pas des suivistes, nous sommes des amis. Nous exprimons nos désaccords lorsqu'ils existent.
Il y a aux Etats-Unis 40 villes, 7 comtés et une montagne qui portent le nom de Lafayette. Par ce souvenir vivant, l'Amérique nous rappelle à nos propres engagements, elle nous tend ce miroir exigeant d'une France courageuse, guidée par des principes de générosité et de solidarité.
Mais la réciproque aussi est vraie. L'Amérique, comme la France, n'est jamais aussi grande que quand elle sait rallier sur son nom les défenseurs de la liberté.
Fidèles au fils de Chavaniac, la France et l'Amérique resteront fidèles l'une à l'autre, fidèles surtout à leur histoire et à leur grandeur.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 7 septembre 2007