Texte intégral
Madame la Ministre de l'Education,
Cher Ambassadeur,
Monsieur le Président de Mikvé Israël,
Monsieur le Président de l'Alliance israélite universelle,
Cher Adi Steg,
Monsieur Yehuda Lancri, que je retrouve avec bonheur,
Monsieur le Directeur général de la Fondation Rachi,
Mesdames et Messieurs les Professeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est vrai, c'est le 11 septembre aujourd'hui. En signe de fraternité, d'amitié et de paix, on ne pouvait pas mieux choisir que le 11 septembre pour affirmer qu'il est nécessaire que les voisins se parlent.
Chers Amis, je suis heureux d'être parmi vous, ce 11 septembre, pour marquer dans ce lieu historique la force de l'amitié de nos deux pays, avec l'inauguration du premier lycée franco-israélien. Je suis heureux de voir que des élèves, de beaux élèves, fréquentent déjà ces classes.
La construction de ce très beau lycée, entouré de ces arbres centenaires, s'imposait et pourtant il a fallu attendre un peu. Ce projet avait tardé, alors que près de 10 % de la population israélienne est francophone et demeurera francophone. Il nous manquait un projet d'envergure à la mesure de cette amitié qui lie nos deux pays depuis la création de l'Etat d'Israël. Je tiens à dire "depuis la création de l'Etat d'Israël" parce qu'il a fallu créer cet Etat d'Israël, et tout le monde l'oublie. Parmi les nouvelles générations, particulièrement en Europe, on ne sait plus pourquoi il a fallu créer l'Etat d'Israël, comme une évidence terriblement douloureuse. J'espère qu'il y aura beaucoup de lycées qui rappelleront ces épisodes qui justifient bien des choses et qui imposent une attention particulière et prolongée pour que la sécurité de l'Etat d'Israël et la paix avec ses voisins soient préservées.
La République française et l'Etat d'Israël ont décidé, d'un commun accord, la création de ce lycée franco-israélien sur ce site historique. Adi Steg l'a très bien souligné, Mikvé Israël est un très beau lieu fondé à la fin du XIXème et dont David Ben Gourion disait que s'il n'avait pas existé l'Etat d'Israël n'aurait pas vu le jour. Pour mener ce projet à terme, il a fallu l'intervention déterminée de l'Alliance israélite universelle - merci à elle - et la coopération volontaire et efficace - merci aussi - de la Fondation Rachi. Il a fallu également la participation de nos ministères respectifs. Mais avant toute chose, il fallait une détermination politique. Nos deux pays l'ont voulu, enfin. Nos deux peuples l'attendaient et c'est pour cela que nous l'avons fait et que nous sommes ici aujourd'hui.
Le projet pédagogique de ce lycée porte un idéal de coopération durable entre nos deux pays. Je sais bien pourquoi Adi a parlé de la durabilité de ces coopérations. Dans l'histoire il y a des hauts et des bas et dans la coopération entre nos deux pays, il y a aussi - on peut le déplorer - quelques bas mais beaucoup de hauts. Je témoigne pour les années qui vont venir qu'il y aura surtout des hauts. Il s'agissait donc de s'appuyer sur un enseignement bilingue, sur les points forts des deux systèmes éducatifs, français et israéliens, et de tirer partie de chacune de nos deux cultures. Ce programme ambitieux, qui aboutira à terme à la création d'un baccalauréat franco-israélien, contribuera à renforcer encore les liens qui unissent la France et Israël, habituant les citoyens des deux pays, et cela dès leur plus jeune âge, à établir des relations en profondeur, des relations sentimentales et historiques. Cela dynamisera la diffusion de la langue française en Israël et aidera à faire mieux connaître Israël en France.
Ce mélange de jeunes Français et de jeunes Israéliens est porteur de promesses, d'échanges, d'amitié. Il correspond à ce monde actuel, ouvert et multiple. Il nous reste du travail à accomplir. Il faut intégrer toutes les classes du cursus. Toutes les classes nécessaires devront être là. Il nous faudra donc un effort financier considérable, obtenir les homologations de nos ministères respectifs, mettre en oeuvre ce baccalauréat nouveau dont je parlais. Mais le chemin parcouru en quelques mois est déjà spectaculaire.
Et puis, pour répondre à la ministre de l'Education dont j'ai apprécié le discours, je voudrais vous dire deux mots du climat politique qui règne dans ce pays. Depuis quelques mois, nous attendions que reprennent les tentatives de pourparlers de paix. Nous les voulions profondes, solides, déterminées. Nous voulions que l'on parle enfin - je parle de la France mais je parle aussi de l'Europe. Nous avions d'ailleurs, avec les dix ministres des Etats membres méditerranéens des Affaires étrangères de l'Union européenne, signé un texte, avant les autres, avant le projet de conférence, pour dire qu'il fallait saisir cette occasion. Il faut que maintenant le projet d'Etat palestinien, à côté d'un Etat israélien dont la sécurité sera assurée, soit mis à l'ordre du jour et accepté.
Nous avons eu une impression positive avec ces pourparlers dont la cinquième séance a eu lieu hier : séance de trois heures dans une atmosphère que les deux parties ont décrite comme nouvelle, amicale, productive, avant cette conférence de novembre, sans doute à Washington. Nous ne savions rien de cette conférence lorsqu'elle a été lancée, nous ne savions strictement rien du programme, des invités. Nous ne savons toujours pas grand chose mais nous savons, et c'est tout à fait important, que Palestiniens et Israéliens - et je pense à bien d'autres pays alentours et plus loin, les amis de ces deux peuples - sont sensibles à ce qui apparaît comme un petit climat d'optimisme.
C'est donc un beau jour. Même si le 11 septembre ne sera jamais vraiment un beau jour bien sûr. Je crois que nous ne regrettons ni les uns ni les autres que ce soit autour de ce symbole des deux jeunesses, de deux éducations, de deux avenirs, que nous soyons heureux de le faire remarquer et bientôt j'espère de le célébrer.
La France souhaite de toutes ses forces que les pourparlers de paix deviennent des acceptations de paix pour les deux peuples et, dans les deux peuples, pour chacun des individus de ces peuples. Que la rancune et la haine s'effacent et que l'on soit capable de considérer, comme nous l'avons su depuis longtemps les uns et les autres, que sur ce petit territoire, tout petit au regard du monde mais immense au regard de l'histoire, il y avait la place pour deux peuples.
Puisque c'est le début de l'année, je vous souhaite à tous une très bonne année. Elle ne pouvait mieux commencer qu'avec ce petit souffle d'espoir que nos amis israéliens nous ont transmis et qu'hier, nos amis palestiniens nous transmettaient.
Merci à tous.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2007