Texte intégral
Monsieur Abdelillah al Khatib, Ministre des Affaires étrangères,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Chers Amis,
C'est un grand plaisir pour moi d'inaugurer, ce soir, les nouveaux locaux, étendus et rénovés, de l'ambassade de France à Amman.
J'ai eu le bonheur de déjeuner avec Abdelillah et de rencontrer le Roi ici pendant un long moment. Nous nous étions rencontrés tous ensemble à Paris pour un déjeuner très important avec le président de la République, M. Sarkozy. J'ai ensuite rencontré à nouveau le président de l'Autorité palestinienne, M. Abou Mazen. Et si vous me le demandez, et même si vous ne me le demandez pas, je dirai un petit mot de politique à la fin de ce compliment à l'ambassade de France.
Toute ambassade de France, vous le savez, est la vitrine de notre pays. C'est aussi une agence de conseils de notre pays et une maison des Droits de l'Homme. La conception de nouveaux locaux ne doit donc rien au hasard. La décision d'étendre l'espace dont dispose l'ambassade, la nouvelle organisation des services qui en découle, le dessein architectural, témoigne d'une volonté et d'une certaine vision des relations entre la France et le pays d'accueil, la Jordanie.
Je veux remercier tout le monde, et d'abord notre ambassadeur de France pour la qualité de son accueil et la façon dont il a maîtrisé tout cela.
Je suis particulièrement heureux du résultat obtenu. Cette ambassade, moderne, élégante, traduit bien la fusion de deux visions complémentaires : un enracinement dans l'histoire, riche histoire des relations franco-jordaniennes, mais en même temps un réel élan vers l'avenir.
L'ancrage historique nous renvoie à la période de la reprise des relations diplomatiques entre la Jordanie et la France, en 1963, après une interruption de quelques années. Dès l'année suivante, en 1964, le Roi Hussein était reçu à Paris, pour une rencontre historique avec le général de Gaulle. Nous avons bien sûr conservé les archives de cette rencontre, les compte-rendus des entretiens entre les deux dirigeants. Ils sont fascinants en ce qu'ils montrent la rencontre de deux grands hommes d'Etat visionnaires, qui ont donné à nos relations une impulsion qui s'est maintenue jusqu'à aujourd'hui. Alors que le général de Gaulle demande au Roi Hussein de l'aider à inventer ce qui devait devenir la politique arabe, entre guillemets, de la France - discutable et discutée d'ailleurs - débarrassée du passé colonial et soucieuse d'une approche équilibrée du conflit proche-oriental, le Roi Hussein, de son coté, cherche déjà les fondements d'une solution juste et équitable aux conflits du Proche-Orient, garante du développement et de la prospérité de son pays et des pays alentours. Le Roi Hussein y parviendra pour son pays.
C'est à cette époque que la France fait l'acquisition de l'édifice de l'ambassade de France dans ce qui constitue alors quasiment un faubourg d'Amman, sur cette rue Zahran où des terrains agricoles côtoient encore le Palais Zahran. La chancellerie est achetée dès l'année 1963, la résidence en 1965. On retrouve la trace, préservée, de cette époque, dans l'architecture originale de la résidence et de la partie la plus ancienne de l'ambassade
Mais cette ambassade reflète aussi le présent et l'avenir que nous voulons pour les relations entre nos deux pays.
Car cette relation est résolument tournée vers le futur. La France est aujourd'hui le premier investisseur occidental dans le Royaume de Jordanie. Elle y est présente dans des secteurs moteurs de l'économie comme les télécommunications, le bâtiment, l'eau, le transport aérien, la banque. Le président de la République française, Nicolas Sarkozy, et Sa Majesté le Roi Abdallah II, ont établi les bases d'une coopération pour aider la Jordanie à se doter, prochainement, de l'énergie du futur. Je veux parler, naturellement, de l'énergie nucléaire même si je ne méconnais pas, et certainement le royaume de Jordanie non plus, les énergies renouvelables. Jamais nous n'avions eu une concertation aussi étroite sur les problèmes de la région moyen-orientale, ni autant de projets communs dans le domaine économique.
Je salue l'arrivée de la ministre du plan et de la coopération internationale, Mme Suhair Al Ali.
Les effectifs de la communauté française s'accroissent en conséquence et nous ont conduit à concevoir le projet, qui devrait voir le jour très prochainement, de la construction d'une nouvelle école, d'un vrai lycée français en Jordanie, qui offrira à la fois un cadre accueillant je l'espère et une scolarité complète. Dans le même temps, l'enseignement de notre langue se développe chaque année et, avec l'appui de l'ambassade, mais aussi du centre culturel français et de l'Institut français pour le Proche-Orient, des coopérations étroites et fructueuses sont développées en matière de recherche, de diffusion culturelle et d'amélioration de la gouvernance.
C'est cette dynamique, cette approche vers l'avenir, que symbolise cette nouvelle ambassade, plus vaste, plus élégante et plus fonctionnelle. Composée du bâtiment ancien entièrement rénové et d'un bâtiment similaire, neuf, qui lui a été adjoint, un bâtiment neuf. Elle regroupera désormais l'essentiel des services français à Amman. Pour sa conception, l'architecte, les architectes ont su jouer d'un effet de miroir : création d'un nouveau patio pour rappeler l'ancien qui reste le coeur de l'ambassade, et utilisation de cette même pierre de la région - d'ailleurs obligatoire dans toute la ville. Vous allez visiter tout cela. Cette ambassade reflète surtout des principes très contemporains de transparence, d'efficacité et de souci de l'usager.
Cet usager, qu'il soit jordanien, français ou d'un pays tiers, demandeur de visa, entrepreneur ou personnalité politique, se situe, en effet, au coeur du projet. Le souci d'améliorer le service qu'il reçoit a inspiré notre réflexion sur la nouvelle implantation, avec un soin tout particulier porté aux conditions d'accueil. De ce point de vue, je suis satisfait de pouvoir dire que la situation, hier peu satisfaisante, s'est aujourd'hui considérablement améliorée.
L'accueil des demandeurs de visa est difficile dans certains endroits. Ici, ils disposeront désormais d'une salle d'attente confortable, de guichets intelligemment conçus. La mise en place prochaine du dispositif Biodev, permettant de délivrer les nouveaux visas biométriques, sera l'occasion de passer à un accueil sur rendez-vous, qui devrait supprimer les temps d'attente et permettre de s'adapter au mieux aux contraintes de chacun et ceci se fera à travers le monde entier dans nos ambassades et nos consulats.
L'ensemble des agents de l'ambassade bénéficie, d'ailleurs, avec cette opération d'extension et de rénovation, de conditions de travail améliorées, avec des bureaux plus agréables, dotés d'un autre matériel fonctionnel, et même d'une petite cafétéria, longtemps souhaitée, qui a pu être mise en place.
La qualité de l'accueil, dans une ambassade, c'est aussi tout ce que l'on ne voit pas en visitant les locaux, mais qui fait la différence pour l'usager. Je veux parler d'un système téléphonique performant, d'horaires d'ouverture plus étendus, de dispositifs de communication efficaces avec la communauté française, notamment en cas de crise, d'un site Internet trilingue et régulièrement actualisé. Je suis fier de constater que nous disposons ici, à Amman, d'une ambassade qui constitue un outil performant au service de l'action diplomatique de la France, de la communauté française de Jordanie et de nos relations avec les autorités jordaniennes.
Je remercie tous ceux qui ont contribué à la réussite que constitue cette opération d'extension et de rénovation de notre ambassade. Mes remerciements s'adressent aux architectes, le cabinet Derbesse, et au bureau d'étude C.E.T. qui a supervisé les travaux - tous deux sont devant moi. Ils s'adressent naturellement à l'entreprise qui les a réalisés et je sais qu'elle n'a pas ménagé sa peine pour que le résultat soit à la hauteur de nos espérances. Je n'oublie naturellement pas, j'en ai parlé mais je me répète, toute l'équipe de l'ambassade, qui a pris sa part dans la conception et le suivi du projet et qui a du supporter, c'est important, pendant pratiquement deux ans, les nuisances d'un chantier d'envergure. Au point, d'ailleurs, que certains agents étaient logés dans un Algéco, au fond du parking.
Je souhaite remercier le grand peintre jordanien Salam Kanaan, qui a souhaité offrir à l'ambassade un tableau que vous verrez bientôt. M. Salam Kanaan a fait ses études aux Beaux-Arts, à Paris, avec une bourse, ce qui nous pousse à augmenter, j'espère, le nombre des bourses à la disposition des étudiants.
Je souhaiterais remercier de nombreux amis jordaniens mais je ne veux pas allonger le temps de patience dont vous témoignez. Je dois exprimer ma reconnaissance à la famille Talhouni. Je remercie aussi, très chaleureusement, M. Raouf Abou Jaber et son épouse, qui auront par ailleurs apporté un soutien précieux au centre culturel français, ainsi qu'au projet de construction de la nouvelle école dont je parlais.
Et mes remerciements vont encore une fois à notre ambassadeur et aux autorités jordaniennes, qui nous font l'honneur et l'amitié d'être présentes à cette cérémonie d'inauguration et très particulièrement à la belle ministre et mon ami, le ministre des Affaires étrangères. Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 septembre 2007