Déclaration de M. Alain Marleix, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, en hommage aux anciens combattants de la guerre d'Indochine, à Paris le 27 septembre 2007.

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Circonstance : Inauguration de l'exposition Indochine, à Paris le 27 septembre 2007

Texte intégral


Altesse,
Madame Odette CHRISTIENNE, représentant le Maire de PARIS,
Monsieur le Maire du 7ème arrondissement, cher Michel DUMONT,
Messieurs les Directeurs d'administration centrale,
Messieurs les Officiers généraux,
Messieurs les Officiers,
Messieurs les Présidents et représentants d'association,
Très chère Madame Odette de GALARD,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est pour moi un réel plaisir de me retrouver ici parmi vous à l'occasion de l'exposition que l'Office Nationale des Anciens Combattants consacre à la guerre d'Indochine.
Merci, Monsieur le Préfet Rémy ENFRUN, Directeur général de l'Onac, à la fois pour cette invitation et pour cette initiative qu'il me tenait à coeur de saluer et d'inaugurer personnellement.
Je tenais à inaugurer solennellement cette exposition car j'ai acquis bien vite la conviction que la guerre d'Indochine est une guerre oubliée alors qu'elle est riche de ces figures héroïques de notre histoire militaire comme le maréchal de LATTRE DE TASSIGNY, nommé haut-commissaire en Indochine puis commandant en chef en Extrême-Orient, et le Maréchal LECLERC, qui l'un des premiers, était favorable à une résolution politique de la crise qui secouait alors la colonie française.
Bien sur...quand on parle de l'Indochine, on parle de DIEN BIEN PHU...et l'on a raison car cette bataille qui est la plus longue et la plus furieuse du Corps expéditionnaire français hante encore aujourd'hui notre conscience nationale.
Il y avait des montagnes à perte de vue, tous azimuts, et juste en dessous, la célèbre "cuvette" de DIEN BIEN PHU, comme une cicatrice à la fois dans ce paysage et dans notre histoire militaire.
Hermétiquement fermée de tous cotés par une barrière montagneuse couverte de forêts, voilà cette vallée perdue au milieu de ces montagnes et dans laquelle l'armée française allait être enserrée et étouffée.
Sont encore visibles, tout autour, ces collines qui fortifiées, servaient de points d'appui et portaient de doux prénoms féminins...Isabelle, Gabrielle, Eliane, Béatrice, etc.
Mais après 56 jours de siège, le piège de DIEN BIEN PHU, véritable carrefour des itinéraires reliant le LAOS, la THAILANDE, la BIRMANIE et la CHINE qui semblait le point de passage obligé pour les Vietminh se referma sur les troupes françaises malgré le courage incroyable de ces 12 000 combattants face aux cent mille hommes du général GIAP.
Mes pensées les plus respectueuses vont vers vous, Madame Geneviève de GALARD, "l'ange de DIEN BIEN PHU" qui avez connu, parmi ses hommes auxquels vous avez apporté soins et espoir, ce déluge de fer et de feu.
Mais la guerre d'Indochine ne se limite pas à Dien Bien Phù, ce "VERDUN asiatique" si dramatique que fût cette bataille.
En effet le 19 décembre 1946, le parti communiste vietnamien de HO CHI MINH lança une insurrection générale contre le colonisateur français à HANOÏ et dans tout le Tonkin après que le général de GAULLE eut exprimé son intention de restaurer l'autorité de la France en Indochine.
C'était le début de la première guerre d'Indochine...et de trois décennies de conflits quasi-ininterrompus qui mirent le Viet-nam et les autres pays de la région à feu et à sang.
La France s'engageait alors dans sa première guerre coloniale.
La suite de l'histoire, tragique et douloureuse est ainsi connue et s'achève par la conférence de Genève le 21 juillet 1954 qui décida du partage en deux Etats séparés de part et d'autre du 17ème parallèle.
Aujourd'hui, je veux rendre hommage, l'hommage de la nation, à ces 260 000 hommes - Français de métropole et légionnaires, soldats de l'Union française, troupes des Etats associés, supplétifs levés dans les tribus montagnardes - qui se sont engagés pour la France en Indochine, il y a plus de 50 ans.
Je tiens à saluer ceux qui se sont battus avec courage et loyauté pour défendre les valeurs nationales jusqu'au-delà de nos frontières.
A vous, combattants d'Indochine et à vos frères d'armes, souvent jeunes et jetés dans le sacrifice et l'horreur, je veux dire que nous ne vous avons pas oubliés et que nous ne vous oublierons jamais.
Je sais combien votre existence a fortement été marquée par cet engagement et pour beaucoup par l'emprisonnement dans les geôles Vietminh.
Je sais combien vous avez fait l'expérience de la souffrance, de la peur et de la haine.
Il y avait ces paysages superbes à la végétation hostile, dense presqu'impénétrable.
Il y a avait cette chaleur étouffante de l'été et ce froid insupportable de l'hiver.
Il y avait cette population fuyante, insaisissable et unie qui avait répondu à l'appel d'HO CHI MINH qui l'exhortait à "lutter par tous les moyens dont vous disposez. Luttez avec vos armes, avec vos pioches, vos pelles, vos bâtons !".
Face à cette guérilla, nous semblions "aveugles", "sourds" et "boiteux".
Aujourd'hui, il me paraît important de vous rendre hommage, et de vous reconnaître la place qui est la vôtre dans le grand cortège de ces hommes qui ont combattu pour défendre les valeurs de notre République.
Plus de 50 ans après ce déchirement, alors que les armes se sont tues et que le temps a laissé la place à la paix et au recueillement, cette exposition de l'Onac laisse moins resurgir les traumatismes que l'hommage.
C'est en l'honneur de ces soldats que je souhaite que la Nation française assume son devoir de mémoire.
Je sais que face à l'histoire, rien n'est simple, que rien n'est jamais écrit en noir ou en blanc.
Mais aux travers de ces hauts faits de guerre, au travers de ces hauts lieux militaires, à côté des ces grands noms de notre histoire, je veux que nos concitoyens, nos enfants et petits enfants gardent vivante la mémoire de tous ceux qui ont combattu, de tous ceux qui ont disparu.
Notre pays se condamnerait à ne pas avoir d'avenir s'il n'avait pas de mémoire.
Aussi, il nous faut regarder au plus profond notre histoire et plonger parfois notre regard dans ses ténèbres.
Notre histoire est un héritage qui a fait notre Nation grande, et qui fera de nos enfants et de nos petits enfants, des citoyens mus par les idéaux de paix, de justice mais aussi d'amour de la Patrie.
A vous tous réunis, je dis au nom de tous les Français et les Françaises, que nous serons dignes de leur sacrifice et de leur exemple.
Honneur aux combattants d'Indochine ! Source http://www.defense.gouv.fr, le 2 octobre 2007