Déclaration de M. Patrick Devedjian, secrétaire général de l'UMP, sur le bilan de l'action de l'UMP depuis l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République, l'ouverture politique, la politique de réforme et le débat sur les institutions, Strasbourg le 29 septembre 2007.

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Circonstance : Journées parlementaires de l'UMP, à Strasbourg les 28 et 29 septembre 2007

Texte intégral

Mes chers Amis,
Ces journées parlementaires doivent être pour nous l'occasion d'un bilan sur l'action de l'UMP, de propositions sur notre stratégie pour les élections municipales, d'une réflexion sur le rôle et sur la mission de notre mouvement dans les mois qui viennent.
Au fond, notre bilan est assez simple à dresser : en seulement trois ans, Nicolas Sarkozy a permis à notre famille politique d'incarner, à nouveau, un espoir pour les Français et de redonner confiance à un pays qui ne cessait de douter et de s'interroger sur lui-même.
Faut-il le rappeler ?
En l'espace d'un mois, entre le 22 avril et le 17 juin dernier, nous avons remporté quatre tours de scrutin, malgré les prévisions de la plupart des Cassandre habituels. Après la large victoire de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle, l'UMP a réussi le pari d'obtenir la majorité absolue des députés à l'Assemblée nationale.
Dès le second tour des législatives, le gouvernement de François Fillon s'est porté sur tous les fronts et, depuis, la forte adhésion des Français ne faiblit pas.
Toutes les études le démontrent : au-delà du clivage droite-gauche, le projet de Nicolas Sarkozy demeure très largement majoritaire dans l'opinion.
Notre majorité parlementaire a été immédiatement mise à l'épreuve. Autonomie des universités, paquet fiscal, service minimum, lutte contre la récidive : cher François, tu le sais bien, tu ne nous as laissé aucun répit.
Nous avons surmonté notre fatigue parce que nous nous sentions portés par l'espoir d'un renouveau. Les parlementaires, si souvent critiqués pour leur absentéisme, ont eu, en fait, bien peu de vacances après tant d'efforts.
De son côté, notre mouvement continue de grandir et d'élargir sa base. L'UMP compte aujourd'hui 340 000 adhérents. A la fin du mois de décembre, nous serons 400 000. Tout au long de cette année, l'UMP a connu un mouvement d'adhésions sans précédent et l'afflux de nouveaux adhérents n'a jamais cessé.
Après la fin de la période électorale, pourquoi le cacher, nous étions inquiets ! Eh bien, les nombreux Français qui adhèrent à l'UMP n'ont pas considérés qu'il suffisait d'élire Nicolas Sarkozy ; ils ont conscience qu'il faut l'accompagner dans sa volonté de transformer le pays.
Chacun ici peut mesurer l'étendue du chemin parcouru.
Rappelons-nous : au moment de l'élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de notre mouvement, l'UMP ne comptait que 114 000 adhérents. Après l'échec de 2004, puis celui de 2005, la situation politique était loin de nous être favorable. La plupart des commentateurs politiques prévoyaient déjà pour 2007 une alternance mécanique au profit de la gauche. Une gauche dotée d'une candidate médiatique face à une droite qui paraissait divisée, mais que Nicolas Sarkozy a su rassembler.
Rappelons-nous aussi cette journée du 28 novembre 2004 au Bourget quand Nicolas est devenu président de notre mouvement : face aux difficultés et aux doutes, il nous a exhortés à ne pas baisser les bras et à unir nos forces. De ce jour là date la renaissance de nos idées et du dynamisme de notre mouvement.
Avec ses élus, ses cadres, ses militants, l'UMP est la première formation politique du pays.
Personne ne le conteste. L'UMP est désormais une formation politique de masse, avec un enracinement populaire réel et profond, dans laquelle les Français de tous âges, de toutes origines, de toutes conditions, peuvent se rassembler, débattre, proposer, décider.
Cette réussite exceptionnelle, nous la devons d'abord à Nicolas qui a consacré toute son énergie et toute sa force de conviction pour porter et faire gagner nos idées.
Nous la devons aussi à vous, à votre engagement et à votre détermination sans lesquels rien n'aurait été possible. Vous êtes le maillage de notre pays, non pas seulement sa représentation mais aussi ses racines. « Quand on ne sait pas d'où l'on vient, on ne sait pas où l'on va ».
Dès son élection à la tête de l'UMP, Nicolas Sarkozy nous a proposé une nouvelle stratégie, une stratégie d'union et d'addition des talents, une stratégie qui tournait enfin le dos aux oppositions personnelles et aux querelles du passé.
En faisant de l'UMP un espace de liberté, d'ouverture et de débat, il a réussi à rassembler notre famille et à lui redonner confiance. Il lui a permis de retrouver ses valeurs et de construire un projet cohérent, compréhensible et accessible au plus grand nombre.
Nicolas Sarkozy a rendu sa dignité à la droite en assumant ses valeurs, en rejetant cette honte qu'on appelait le « complexe de droite ». Pendant si longtemps, la droite n'a été que le refus de la gauche. Désormais, nous sommes bien dans notre peau.
Au-delà même de la droite, Nicolas a donné une nouvelle image de la politique : celle de l'audace, de la prise de risque, de la créativité, de l'enthousiasme, de la main tendue, celle de l'action au service des Français.
Désormais, nous proclamons des valeurs qui avaient disparu de la scène politique et que les Français redécouvrent : le travail, l'effort, le courage, le mérite, la volonté, l'absence de sectarisme.
Nicolas Sarkozy nous a incités à être une force de rassemblement, à nous ouvrir aux autres, à ne pas avoir peur des idées différentes, à nous remettre en question nous-mêmes.
Avec vous, par vous, nous nous sommes remis à l'écoute de notre peuple, de ses aspirations profondes, plus fortes que nos idéologies ou nos préjugés, que nos conventions, que nos facilités.
C'est pourquoi nous incarnons une véritable rupture, une rupture fondamentale avec les principes qui, peu ou prou, ont gouverné la politique française depuis tant de temps et nous ont mené là où nous sommes.
Le 6 mai, les Français ont choisi l'espoir et le renouveau d'un pays dont tout le monde annonçait le déclin. Ils ont choisi de redonner un sens à notre communauté de destin.
Dès son installation, ton gouvernement, cher François, a bien pris la mesure de l'attente exprimée par notre peuple.
Le changement n'est possible que par le rassemblement des talents et l'abandon de l'esprit de clan.
Rassembler tous les Français qui soutiennent le projet présidentiel, quels que soient leurs parcours, quelles que soient leurs origines, quelles que soient leurs sensibilités politiques, c'est précisément le sens de l'ouverture voulue par le président de la République.
L'ouverture n'est ni un « coup » politique, ni un gadget médiatique.
L'ouverture n'est pas un « consensus mou » au service d'une ambition de carrière.
L'ouverture est un choix moral, un choix éminemment politique.
L'ouverture est une démarche de réconciliation des Français. Et cette démarche de réconciliation n'a pas de limites. Elle est destinée à durer pendant tout le quinquennat, à être déclinée à tous les échelons.
C'est pourquoi, bien évidemment, l'ouverture doit se prolonger à l'occasion des élections municipales.
Si, depuis maintenant quatre mois, la majorité présidentielle séduit les Français, c'est parce qu'elle a su rompre avec les idées convenues, les conformismes, les hypocrisies de la vieille politique. Le talent n'a pas de parti.
Désormais, les Français attendent que nous franchissions un nouveau cap en renouvelant aussi notre représentation locale. Ils souhaitent que nous prenions davantage en compte la sociologie de notre pays et sa diversité.
Sous l'impulsion du Premier ministre, le groupe chargé de préparer les élections municipales travaille précisément à cette tâche. Il doit finaliser la rédaction des « 10 engagements emblématiques » de l'UMP qui seront portés par nos candidats.
C'est un label national qui doit traduire la volonté de changement et de modernisation incarnée par les maires UMP. Cela suppose une politisation assumée de ces élections que nous ne gagnerons qu'à ce prix.
Parmi nos engagements figurera le principe de l'ouverture. C'est un engagement auquel le Premier ministre et moi-même tenons tout particulièrement.
Les listes qui auront reçu le « label UMP » devront accueillir, non seulement des candidats représentatifs de la diversité du pays, mais aussi des personnes issues d'autres tendances politiques dès lors qu'elles se retrouveront sur le même projet municipal.
Avec la Commission Nationale d'Investiture, avec Jean-Claude Gaudin, avec Alain Marleix, nous veillerons au respect et à l'application de cette charte morale et politique, principalement pour les villes de plus de 30 000 habitants.
Dans le même temps, l'UMP va mobiliser, dans chaque département, ses cadres et ses militants afin que notre mouvement soit en ordre de marche. Avec Dominique Paillé et Philippe Cochet, nous entamerons, dès la semaine prochaine, un tour de France de nos fédérations, qui sont suivies avec toute l'attention d'Alain Joyandet et d'Edouard Courtial.
Avec Jean-Pierre Raffarin, Pierre Méhaignerie et Jean-Claude Gaudin, notre mouvement va se charger aussi d'initier sur le terrain le débat des municipales en multipliant les conventions régionales.
Ces conventions s'affirmeront comme le lieu des grands débats qui vont éclairer l'avenir de nos territoires.
Nos objectifs en la matière sont très clairs : élargir encore l'assise populaire de notre mouvement, occuper l'espace politique le plus large et faire émerger de nouvelles dynamiques locales.
Enfin, permettez-moi de vous dire quelques mots sur ma vision du rôle et de la mission de l'UMP dans les prochains mois.
L'UMP est aujourd'hui installée au coeur de la vie politique française et elle a un rôle déterminant au sein de la majorité présidentielle.
Cher François, tu le sais mieux que quiconque : ton gouvernement peut compter sur le soutien de l'UMP.
C'est un soutien fidèle et déterminé.
C'est un soutien sincère et convaincu.
C'est aussi un soutien attentif et exigeant parce que notre mouvement est d'abord et avant tout le gardien des promesses et des engagements pris par le président de la République.
Oui, l'UMP doit veiller scrupuleusement au respect de la parole donnée à nos électeurs.
C'est ainsi, par exemple, que nous veillerons au maintien d'une garantie contre l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne.
Il en va de la crédibilité de notre engagement et de la légitimité de notre action. Jamais nous ne devons donner le sentiment que nous tournons le dos à nos promesses ou que nous abandonnons nos électeurs.
C'est pourquoi nous avons décidé d'emprunter une démarche totalement inédite pour un parti politique : l'UMP va mettre en place un « tableau de bord de la Réforme » qui assurera un suivi précis de l'action gouvernementale, ministère par ministère, et rendra compte, très concrètement et publiquement, de l'état d'avancement de nos engagements électoraux.
La Direction des Etudes de l'UMP travaille actuellement à la réalisation de cet outil qui sera interactif et accessible par internet. Afin de renforcer l'efficacité et la transparence de cette démarche, notre mouvement s'adjoindra les services d'un grand Cabinet de Conseil ou d'Audit.
Ainsi, à tout moment, les Français pourront consulter notre tableau de bord qui leur donnera un point précis, sans complaisance, sur la mise en oeuvre des engagements de Nicolas Sarkozy et du projet législatif.
C'est un signal fort que nous envoyons à nos concitoyens.
Mais notre engagement ne s'arrêtera pas là.
Je souhaite que notre mouvement puise encore plus directement sa force dans sa relation de proximité avec nos concitoyens.
Oui, l'UMP doit s'affirmer davantage comme le porte-parole des Français et de leurs souhaits politiques, fussent-ils dérangeants. Notre rôle est de relayer leurs aspirations, leurs attentes et, le cas échéant, leurs impatiences ou leurs mécontentements.
Trop souvent dans le passé, nous avons refusé d'entendre ce que nous disaient les Français et, à juste raison, nous l'avons payé cher.
Les opinions de nos adhérents sont pour nous, pour le gouvernement, pour chacun des ministres, des indications irremplaçables. Elles doivent être écoutées, entendues et respectées.
Je veux le dire tranquillement, sereinement mais fermement : l'UMP n'a pas vocation à redevenir un parti de godillots, la brigade des applaudissements, la démocratie des autocars, la voiture balai qui récupère ceux qui se trompent toujours.
La frilosité, l'immobilisme, le conservatisme, le parti socialiste les incarne déjà très bien tout seul !
C'est la raison pour laquelle l'UMP se doit d'être en amont de l'action gouvernementale, pour éclairer la route en provoquant les débats, pour risquer la contradiction et même la rechercher, pour renseigner le gouvernement par ce contact avec l'opposition, quitte à être parfois désavouée. C'est ainsi que le gouvernement pourra alors déterminer ses choix et que l'UMP aura été utile.
Oui, l'UMP doit pouvoir aller plus loin et dire davantage que ce que fait et dit le gouvernement.
C'est l'intérêt du gouvernement et du président de la République car notre liberté de parole, de ton, de proposition sera in fine leur liberté d'action.
Gramsci nous a appris que les batailles politiques sont d'abord des batailles culturelles. Parce que ce sont elles qui structurent les mentalités.
La bataille des idées, nous devons la mener sur tous les plans, en engageant constamment le débat public.
Au sein même de notre mouvement, je souhaite que nous abordions, sans tabou ni complexe, tous les sujets qui font débat dans notre société. En aucun cas, nous ne devons craindre la confrontation. Au contraire, notre mouvement trouve sa légitimité dans le débat, dans l'échange, dans la recherche de l'innovation, du changement, de la nouveauté.
L'UMP n'est pas une secte où doit régner une discipline de fer, c'est un lieu de liberté où l'on peut débattre de tout, où l'on peut même s'affronter, se contredire, sans être accusé de manquer à la solidarité ou à la loyauté.
Mais la France n'est pas notre seul horizon.
Je souhaite également que nous lancions une grande initiative européenne pour resserrer les liens entre l'UMP et les partis européens de notre famille de pensée.
Je suis convaincu que notre famille politique peut porter des messages communs au niveau européen et proposer son propre projet.
La France va assurer la présidence de l'UE en juillet 2008. Quelles propositions avons-nous pour l'Europe, pour ses frontières ? Quel partenariat avec la Turquie dans la mesure où nous excluons son adhésion ? Qu'avons-nous à dire sur la relance européenne, l'Union méditerranéenne, l'OTAN, la BCE ?
Le Président de la République a mis la France à l'honneur en présidant le Conseil de Sécurité de l'ONU en présence de nombreux chefs d'Etat.
Il s'est adressé au Congrès des Etats-Unis, événement d'une grande rareté dans l'histoire des Etats-Unis.
Oui, la France a des réponses à apporter aux grands problèmes de ce monde.
Chers amis,
Cher François,
Avec le Comité Balladur, s'ouvre un grand débat sur les institutions. Il ne s'agit rien de moins que de les adapter et les moderniser.
C'est naturellement l'occasion de réexaminer les rapports entre le Président de la République et le Premier Ministre.
Les esprits malicieux et souvent intéressés voudraient y voir l'occasion de difficultés et de mésententes qu'ils scrutent au microscope.
Mais cela est vain car tu es l'homme de la situation. Tu l'es par tes actes, mais tu l'es aussi parce que, depuis bien longtemps, tu as prévu, décrit et théorisé l'évolution du rôle du Premier ministre.
Je pense que ce rôle, qui est aussi celui de chef de la majorité, sera d'autant plus éminent que celui du Parlement sera rehaussé à sa juste valeur.
C'est tout l'enjeu de cette évolution démocratique car, plus que jamais, les Français attendent de leurs responsables qu'ils prennent toute la mesure des missions nouvelles qu'ils leur ont confiées.
Tu peux t'appuyer sur la force et l'intelligence de nos groupes parlementaires conduits par Jean-François Copé et Josselin de Rohan.
Mais tu peux compter aussi sur chacun de nos adhérents qui savent la qualité de ton travail, ton humilité et ton dévouement aux intérêts de notre pays.
Et moi, je veux te dire ici toute notre confiance.
Source http://www.u-m-p.org, le 2 octobre 2007