Déclaration de Mme Rama Yade, secrétaire d'Etat aux affaires étrangères et aux droits de l'homme, sur les relations franco-américaines et sur la politique étrangère française, à New York le 2 octobre 2007.

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Circonstance : Déplacement aux Etats-Unis à l'occasion de l'Assembllée générale de l'ONU du 30 septembre au 2 octobre-rencontre de la communauté française, à New York le 2 octobre 2007

Texte intégral

Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Consul général,
Messieurs les Conseillers-élus à l'Assemblée des Français de l'étranger
Merci d'être venus, en dépit de vos emplois du temps très serrés, afin que l'on se rencontre pour la première fois. Il ne s'agit pas de ma première visite ici, je suis venue notamment lorsque mon mari travaillait pour l'ambassade de France à Washington. A cette époque, je n'avais qu'une envie, qui était de quitter Washington, de prendre le bus chinois à 25 dollars, et de me précipiter ici à New York, car je savais que c'était là que tout se passait.
Aujourd'hui, je suis ici dans des conditions différentes, j'ai encore la nostalgie du bus chinois, mais toujours autant de plaisir à retrouver cette belle ville pleine de dynamisme, pleine d'énergie, où l'on peut être soi-même sans être dévisagée, c'est très rare, il n'y a pas beaucoup de capitales où cela se passe comme cela.
Je suis donc ici dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies, une visite assez riche puisque l'actualité est lourde, notamment avec la Birmanie. J'ai eu l'occasion ainsi d'avoir plusieurs entretiens avec certains mes homologues, également sur Haïti après ma visite sur place il y a quelques semaines, et bien sûr de sacrifier au rituel des Nations unies, dans un grand nombre de domaines : les enfants soldats, les femmes dans le monde, le Darfour. Demain je pars pour Washington avec un programme plus axé sur la société civile, puisque je vais raconter aux Américains combien la France peut être moderne, avec son nouveau président de la République, leur dire comment il a pu gagner, et avec quelles recettes. Comment le candidat du camp conservateur a pu incarner le progrès, la rupture, ce sont des questions qui intéressent les Américains et je vais essayer d'y répondre autant que je peux, devant la Brookings.
Lorsqu'on vient à New York, les rencontres sont intéressantes parce que les Français de New York, et des Etats-Unis au sens large, sont très divers, issus de secteurs d'activité très différents, très dynamiques, et je suis fière de voir cette France moderne ici, et non pas cette France repliée sur elle que certains imaginent, au contraire. C'est une France qui bouge, qui marche, parfois en avance, et qui correspond bien à l'ère dans laquelle nous sommes entrés depuis l'élection du président de la République. Je ne voudrais pas dire que tout a commencé avec lui, mais on rentre dans une période de réforme qui marque une rupture, puisqu'on a envie de parler de travail, de donner aux Français le sentiment que par le travail on peut s'en sortir davantage, on veut aussi encourager le dynamisme des entreprises, comme celui des particuliers à travers la fiscalité, encourager aussi l'innovation. Innovation, compétitivité, travail, ce sont des valeurs que vous, Français de New York, connaissez très bien, voici le premier message que je voulais vous transmettre.
Le second, c'est évidemment que vous êtes les avant-postes de la relation franco-américaine, cette relation tant malmenée ; je n'ai jamais compris pourquoi on entendait que notre relation bilatérale était problématique, je peux comprendre que l'Irak était une parenthèse compliquée, mais au-delà, nous sommes deux Etats amis, qui n'ont jamais été en guerre et qui partagent les mêmes valeurs.
J'ai toujours aimé l'Amérique et les Américains, indépendamment de savoir qui gouverne les Américains. Voilà pourquoi je suis heureuse d'être ici aujourd'hui. Cette coopération franco-américaine entre dans une nouvelle phase, avec les dossiers du nucléaire iranien, du Liban ; aux Nations unies, les deux interventions du président de la République ont été très appréciées, nous avons eu un président humaniste, ce que j'appelle "l'humanisme sarkozien", je trouve que, pardonnez-moi l'expression, "ça a de la gueule" parce ce n'est pas attendu, et il est important que la France incarne une certaine forme d'humanisme, et cela m'a fait plaisir d'entendre dans ses discours des Nations unies des propos sur la manière de percevoir l'évolution du monde.
Voilà, je voulais juste vous dire ces mots, et vous transmettre les encouragements de la France et des Français qui pensent à vous très fort, les encouragements du gouvernement, j'ai beaucoup de plaisir à vous voir dans votre diversité, dans votre dynamisme, et beaucoup de fierté aussi. Merci d'être venus aussi nombreux ce soir.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2007