Déclaration de M. Alain Marleix, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, sur le devoir de mémoire vis-à-vis de la Résistance et sur la part du budget de 2008 consacrée aux anciens combattants, à Paris le 5 octobre 2007.

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Circonstance : Intervention lors du Congrès de l'Association nationale des médaillés de la résistance française, à Paris le 5 octobre 2007

Texte intégral


Monsieur le Président,
Messieurs les Officiers généraux,
Monsieur le Préfet, Directeur général de l'ONAC,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Merci, Monsieur le Président, cher Olivier de SARNEZ, à la fois de l'amitié que vous me témoignez en m'invitant lors de votre congrès et de l'occasion que vous m'offrez de m'exprimer devant vous aujourd'hui.
Avant de commencer mon propos, vous comprendrez que je tienne à adresser une pensée pleine d'affection et d'admiration pour l'un des vôtres, Pierre MESSMER, votre ancien président d'honneur, lui qui était pour moi un ami, et pour chacun d'entre nous, un exemple.
Nous devons en effet beaucoup à ces hautes figures qui ont su faire vivre les valeurs de notre pays alors qu'il était chancelant et près à se donner à un désastre sans précédent.
Nous devons en effet beaucoup à ces figures héroïques qui n'avaient qu'une seule passion : la France.
De LONDRES, sur les ondes de la BBC, une voix chevrotante et crépitante s'éleva alors appelant la flamme de la Résistance à ne pas s'éteindre.
En refusant la défaite, en s'élevant contre l'asservissement, le général de GAULLE au travers de la France libre et de la Résistance intérieure permit à notre pays d'être au rendez-vous de sa grande Histoire.
Quels étaient-ils ces hommes et ces femmes qui souvent forts de leur seul courage et de leur foi en notre pays, se sont engagés dans cette lutte alors bien incertaine ?
Quels étaient-ils ces hommes et ces femmes qui, au-delà de leurs origines, de leurs convictions religieuses ou politiques, ont continué à entretenir la lumière dans cette France étourdie par l'ampleur de la défaite et terrorisée par la barbarie nazie ?
Ainsi que le général de GAULLE l'écrivait dans ses Mémoires de guerre, "ces hommes et ces femmes entraient dans l'aventure, comme des hommes et des femmes que le destin jetait hors de toutes les séries".
Peut-on aujourd'hui imaginer la vie de ces hommes et de ces femmes qui parcouraient la zone nord et la zone sud, portant de faux papiers, oubliant leur propre identité pour servir cette cause qui les dépassait, ne disant un mot plus haut que l'autre de peur de se perdre, veillant à ce que les pas qui les suivent ne soient pas ceux de la dénonciation, plongeant leur regard froid et serein dans celui de l'officier allemand chargé de les contrôler, s'interdisant toute indiscrétion et toute maladresse.
Dans la clandestinité, ils n'ont connu aucun matin qui ne soit tissé de méfiance, aucune nuit qui ne soit transpercée par la terreur.
Ils étaient la France libre alors que la Wehrmacht avait enchaîné l'Etat français.
Ils étaient l'armée des ombres quand la France de Vichy avait cédé par impuissance et lâcheté.
Beaucoup ont disparu...ici dans une clairière, là au coin d'une rue, dans un maquis, dans une prison ou dans un camps.
A VASSIEUX EN VERCORS, ville Compagnon de la Libération, j'ai pu mesurer combien le courage avait surmonté la peur, l'amour de la Patrie l'humiliation...et l'histoire vous aura donnés raison.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
C'est en hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes que la médaille de la Résistance a été instituée, à LONDRES, par ordonnance du 9 février 1943 du général de GAULLE, "chef de la France combattante".
Son objet était de "reconnaître les actes remarquables de foi et de courage qui, en France, dans l'Empire et à l'étranger, auront contribué à la résistance du peuple français contre l'ennemi et contre ses complices depuis le 18 juin 1940".
Elle fut attribuée environ à 64 000 personnes dont 20 000 à titre posthume.
Je veux vous dire aujourd'hui toute la gratitude de la Nation pour votre amour de la liberté et de la France.
Je connais, cher Olivier de SARNEZ, votre souhait de voir ériger un mur des médaillés à titre posthume à l'ombre de la statue du général de GAULLE, au rond point des Champs Elysées.
Sachez que j'ai demandé à mon Cabinet de vous prêter la plus grande attention afin que vous puissiez concrétiser ce projet.
Mais au-delà des symboles nécessaires parce qu'ils cimentent une Nation autour de valeurs communes, cette reconnaissance s'exprime également au travers de droits spécifiques que j'ai souhaité voir institués ou renforcés.
Vous me permettrez de n'en mentionner que les plus significatifs.
Un chiffre traduit à la fois l'ambition et le volontarisme du projet de budget que je défendrai prochainement devant la représentation nationale.
C'est la dotation par pensionné qui augmente pour 2008 de 3,27 %.
De plus, en matière de solidarité, l'effort se portera principalement par la création pérenne d'une allocation destinée aux conjoints survivants des Anciens Combattants.
D'un montant de 5 millions d'euros dans le projet de loi de finances pour 2008, cette mesure doit permettre à ces conjoints de continuer à vivre de façon digne en assurant à chaque conjoint survivant un revenu mensuel au moins égal à 550euros.
Par ailleurs, il s'agira d'achever le processus de décristallisation engagée dès septembre 2006 aux bénéfices des Anciens Combattants des pays autrefois sous souveraineté française. Le projet de budget 2008 comprend une dotation de 118Meuros à cet effet.
En matière de politique de mémoire, j'ai souhaité que des investissements importants soient consacrés à ces hauts lieux que sont le cimetière de THESSALONIQUE en Grèce (400 000euros), le site de Notre Dame de Lorette (120 000euros), le Mont Valérien (400 000euros), la modernisation du Mémorial du Mont Faron (400 000euros), et l'historial Charles de Gaulle aux Invalides (17,5Meuros).
Ainsi, ce budget qui s'est élaboré alors même que je prenais mes fonctions, est un budget volontariste qui répond parfaitement aux missions prioritaires de solidarité et de mémoire qui sont aujourd'hui les miennes et qui demeure soucieux de l'équilibre de nos finances publiques.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Il y a plus de 65 ans, vous avez fait vivre la République et ses valeurs auxquelles nous sommes tant attachés : celle de la justice, de la liberté, d'amour de la Patrie et de la dignité humaine.
Ma responsabilité au sein du Gouvernement est précisément de faire prendre conscience aux jeunes générations que le devoir de mémoire est une nécessité sans laquelle notre pays se condamne à ne pas avoir d'avenir.
Aussi à l'occasion de l'hommage rendu à Guy MOQUET par le Président de la République, j'ai souhaité associer le plus étroitement possible des classes de lycéens autour d'un "parcours de mémoire".
Honorer la mémoire de ceux qui ont vécu, de ceux qui ont lutté, de ceux qui sont morts pour la France, c'est le signe d'une société vivante, d'une société une et indivisible.
Ainsi, ai-je demandé au grand historien André KASPI, de présider un comité scientifique chargé de réfléchir aux voies du renouveau pour les cérémonies commémoratives dont je sais qu'elles sont parfois menacées de désaffection.
Je veux qu'elles ne cessent pas d'être un témoignage de respect pour tout ce que vous avez accompli.
Je veux qu'elles deviennent l'aiguillon qui guide tout un peuple autour de nos idéaux républicains.
Et si je suis heureux d'être là c'est parce que je sais, Mesdames et Messieurs, que vous faites vivre au quotidien les valeurs de notre République.
Je vous remercie.

Source http://www.defense.gouv.fr, le 9 octobre 2007