Texte intégral
Je veux vous dire combien je suis heureux de venir vous rencontrer, ici, à Wallis et Futuna, sur cette terre de France - certes éloignée et pourtant si proche.
Je veux vous dire combien je suis heureux d'être avec vous sur cette terre de France.
Cette belle terre de France, pétrie de tradition et de culture, où votre coutume est si vivace, où votre coutume est si riche. Et cette richesse, sachez que c'est aussi celle de la France.
Je ne cesse de répéter que la France n'est vraiment la France que dans sa diversité car c'est comme cela que notre pays s'est bâti, car c'est comme cela que notre identité s'est forgée.
Et comment pourrais-je vous dire le contraire, moi qui suis fils et petit-fils d'Italien.
Et comment pourrais-je vous dire aussi le contraire alors que la France vient de choisir un fils et petit-fils de Hongrois comme Président de la République.
Car c'est aussi cela la France, terre de richesse et de culture.
A Futuna, vous m'avez donné l'occasion de participer à la cérémonie du kava. Oh bien sur, je n'en comprends tout le sens, mais je veux vous dire mon sentiment profond : j'ai vécu cet instant comme une communion avec vous, un moment de partage intense entre nous, un moment de partage entre des hommes qui se reconnaissent et qui s'estiment.
Et cette reconnaissance est essentielle, car quelles que soient nos différences, nos origines, nos croyances ou nos opinions, chacun d'entre nous s'est reconnu comme incarnant les valeurs de l'homme, le respect de l'autre, et le sens profond de l'humanité qui veille en chacun de nous.
Nicolas SARKOZY m'a demandé de me faire son interprète auprès de vous. En son nom et mon nom propre, citoyens de Wallis, citoyens de Futuna, je vous adresse nos salutations les plus amicales et les plus fidèles mais aussi notre profonde affection.
De la même manière je salue chaleureusement les personnalités présentes qui m'ont fait l'honneur de venir à ma rencontre.
Aux autorités coutumières de Wallis et de Futuna, j'adresse tout d'abord ce message d'amitié et de profond respect.
KalaeKivalu, Premier ministre de la grande chefferie d'Uvea, recevez mes voeux de bonheur et de santé qui s'adressent à travers vous :
- à tous vos ministres coutumiers ici présents,
- à tous vos « Faipulé », vos chefs de district,
- à tous vos chefs de village ainsi qu'à tous les habitants du Fenua.
Je voudrais avoir, ici, devant vous, une pensée particulière pour le défunt Lavelua Tomasi, qui a marqué de son empreinte l'histoire de votre territoire, et sur la tombe duquel je viens, il y a quelques minutes, de m'incliner.
La France conserve sa mémoire, et son engagement au sein de la République. Nicolas SARKOZY m'a demandé de transmettre à nouveau à sa famille ses condoléances les plus sincères et ses pensées les plus chaleureuses.
Je souhaite également saluer chaleureusement votre Député et votre sénateur, ainsi que tous les élus de l'assemblée territoriale, ici présents.
J'associe également ces salutations :
- Monsieur Patalione Kanimoa, conseiller économique et social,
- Monseigneur Ghislain de Rasilly, évêque de Wallis et Futuna,
- Monsieur le président du Tribunal et madame la vice-procureur de la République,
- Monsieur le Président de la Chambre interprofessionnelle,
- Messieurs les représentants syndicaux,
Ainsi que l'ensemble les chefs de service, et en particulier Monsieur le vice-recteur.
Je salue enfin Richard DIDIER, administrateur supérieur de Wallis et Futuna.
Je veux vous dire une chose simple : la France N'OUBLIE pas Wallis et Futuna.
La France n'oublie pas Wallis et Futuna car comme vous le disait Nicolas SARKOZY durant la campagne électorale, la France entend jouer son rôle dans la Pacifique à la fois comme acteur mais aussi comme partenaire.
Et ce rôle est - sans aucun doute - encore plus important à Wallis et Futuna qu'ailleurs.
En fin de semaine, je serai à Tonga à la réunion du Post-Forum du Pacifique, aux côtés des présidents des gouvernements de la Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie française et d'une délégation de Wallis et Futuna, pour faire entendre la voix de la France et affirmer sa place à vos côtés au sein de ce « grand continent » qu'est le Pacifique.
La visite récente du Roi de TONGA, Tupou V, la semaine dernière, a clairement démontré que le territoire de Wallis et Futuna doit rechercher un ancrage plus fort dans le Pacifique.
En fin de semaine, je serai donc présent à vos côtés au Forum du Pacifique.
Ce rendez vous est important car c'est la première fois que la France, que vous représentez, siègera comme observateur au sein de cette instance régionale.
Et c'est une formidable occasion - sans précédent - de tisser des liens, notamment économiques, avec les membres du Forum ; d'affirmer la force de votre tradition dans le partage de nos valeurs communes.
Et c'est aussi une formidable occasion de mettre en valeur les atouts d'avenir de votre territoire.
La France est présente à travers les territoires de la Nouvelle-Calédonie, de la Polynésie française et de Wallis et Futuna pour promouvoir les valeurs de la République : la liberté, l'égalité et la fraternité mais aussi la richesse et la diversité culturelle de chacun de ces territoires océaniens.
Et je sais - qu'ici - à Wallis et Futuna, la richesse de votre coutume et de vos traditions joue un rôle essentiel au sein de votre communauté. Ces valeurs universelles - que vous avez su concilier avec vos traditions - ont forgé notre identité, et votre identité.
Ces valeurs font de la France un grand pays écouté sur la scène internationale.
Ces valeurs, vous en êtes les porteurs et les messagers dans le Pacifique sud.
Dès ma prise de fonction, j'ai souhaité venir à Wallis et à Futuna, malgré les tristes circonstances du deuil coutumier.
Et, je veux vous dire combien je suis heureux d'être, ici aujourd'hui.
Je veux vous dire combien je suis heureux de vous rencontrer sur votre terre et croiser vos regards, de rencontrer ces visages souriants de Wallis et Futuna, d'aller à votre rencontre.
Car si loin de la métropole, j'ai le sentiment d'être ici chez moi - au milieu de vous - en France.
C'est cela la France des Outres-mers, celle que j'affectionne tant.
Ici, comme ailleurs, je ressens ce bonheur intense, cette joie indicible d'être français, d'être citoyen de France.
Ce soir, je veux vous parler avec mon coeur, je veux vous dire ma part de vérité.
Je veux vous parler à chacun d'entre vous qu'il soit d'origine Wallisienne ou Futunienne. Je veux vous parler sans détours, à chacun, quelles que soient vos origines, vos opinions politiques ou philosophiques.
Je veux vous parler comme à tous citoyens français, comme un concitoyen lointain et pourtant si proche, qui - comme vous - est attaché aux valeurs de la République, à ces valeurs merveilleuses.
Mais avant toute chose, je voudrais parler à la jeunesse de Wallis et Futuna. Je voudrais lui dire combien je suis fier d'elle et des médailles qu'elle a remportées à Apia, lors des jeux du Pacifique.
Je voudrais saluer les exploits de vos sportifs aux jeux d'APIA et les superbes médailles d'or et de bronze qui ont été remportées :
- Sosefo PANUVE, pour sa médaille d'or en Javelot avec un jet de 71.73m,
- Jenner VEGI, pour sa médaille d'Or en Taekwondo féminin,
- Patita VEGI pour sa médaille de Bronze en Taekwondo masculin,
- et toute l'équipe de Volley Ball masculin pour sa médaille d'Or.
Permettez-moi de prendre quelques instants pour les citer tous, car ils ont porté les couleurs de la France et ces couleurs ont brillé à Apia : Melihuael Toafa TAKANIKO, Samuele TUIA, Fakafetai TUPOU, Glenn TUIFUA, Sosefo Mukoi TELEPENI, Jean Philippe SIONE, Paulo MASEI, Veliteki MAITUKU, Solame TOKONI, Apitone NAU, Kameli MOEFANA, Visei LEMO.
Je voudrais aussi saluer leurs entraîneurs sans lesquels ces résultats n'auraient pas été possibles, et notamment Yves Marie QUINIOU, Maleko TAKANIKO et Stéphane BOTTARI.
Comment ne pas songer à les féliciter tous pour ces exploits, mais aussi pour avoir participé à ces compétitions, dans le pur esprit olympique de Pierre de COUBERTIN.
Et l'exemple de cette jeunesse est grand car il diffuse les valeurs du sport : l'apprentissage de la règle, le respect de l'adversaire et de l'arbitre, la maîtrise du corps et de la force mais aussi de l'esprit ou bien encore le partage et l'esprit d'équipe, l'engagement physique et le goût de l'effort.
Le sport développe l'intelligence collective, c'est à dire la somme des intelligences individuelles à laquelle s'ajoute "un je ne sais quoi" de plus, un supplément d'âme.
Ce sont ces valeurs que l'Etat défend lorsqu'il soutient le sport, sans doute plus ici qu'ailleurs, ici où ce territoire merveilleux offre des terrains de jeux innombrables.
Ici, où des champions de grande valeur - avec le soutien de l'Etat, du réseau associatif et de tous les partenaires institutionnels - ont vu le jour.
Cette réussite vient également rappeler que sur le plan social, la pratique du sport est aussi un formidable tremplin d'insertion et c'est pour cela que l'Etat soutient vos projets dans le nouveau contrat de développement que vous avez signée, le 20 février dernier.
Wallisiens et Futuniens, vous pouvez être fiers de votre jeunesse, de cette jeunesse qui a la passion de la vie, de cette jeunesse qui a la passion de l'engagement.
Je voulais vous dire cela, ce soir, et rendre ainsi hommage à ces sportifs merveilleux, à ces sportifs engagés, à ces sportifs que j'aime.
Avant de venir, j'ai souhaité rencontrer vos élus, et notamment votre député et votre sénateur pour mieux vous connaître et comprendre les enjeux de Wallis et Futuna, et chercher à mieux répondre à vos attentes.
De nombreuses missions sont venues à Paris faire entendre votre voix : une délégation des chefferies de Futuna en mars 2006, puis, lors de la signature du Contrat de développement 2007-2013 à Paris, le 20 février 2006, des représentants des chefferies wallisienne et futuniennes, ainsi que des élus.
Mais pour vous comprendre davantage, pour m'approprier chacune de vos préoccupations, je ne pouvais faire autrement - et je le fais avec une grande joie - que de venir vous voir à Wallis et Futuna.
Vous le savez, je ne suis pas un technocrate, je ne suis pas non plus un homme qui ne saurait comprendre les hommes et les choses qu'à travers des dossiers. Je suis un homme de rencontre, je suis un homme de parole, et je suis venu - ici - à Wallis et Futuna pour vous dire cela.
Monsieur le Président, je vous remercie des paroles élogieuses que vous venez de prononcer à l'égard de l'Etat, et de la présentation que vous venez de faire du territoire dont vous avez la responsabilité.
Je suis venu me rendre compte par moi-même de vos difficultés qui sont réelles et qui sont bien connues à Paris du fait du travail de vos élus.
L'Etat continuera à accompagner Wallis et Futuna dans la voie de la modernisation, dans le respect de vos traditions.
Isolées dans le Pacifique, à plus de 20.000 kilomètres de la métropole, entourées de pays indépendants connaissant de réelles difficultés politiques et économiques, les îles Wallis et Futuna ont la chance de faire partie des Outres mers français.
Et la traduction de cette chance, c'est la solidarité nationale.
L'effort de l'Etat pour votre territoire, dans le domaine des infrastructures mais aussi dans celui de l'habitat, de l'aide aux personnes âgées ou des handicapées est l'expression même de la solidarité nationale à l'égard des citoyens de France dont vous faites évidemment partie.
J'ai conscience cependant que les enjeux de Wallis et Futuna demeurent importants et qu'il est nécessaire que l'Etat continue à vous accompagner dans la défense des valeurs de la République et dans le développement économique et social de votre territoire.
Comme vous le disait Nicolas SARKOZY dans la lettre qu'il vous a fait parvenir durant la campagne des présidentielles, il y a tant de défis à relever ici, tant de choses à faire.
Et ces défis, nous allons les relever ensemble pour tous les wallisiens et tous les futuniens.
En concertation avec vos élus, l'Etat a défini une stratégie de développement durable en 2002 pour 15 ans.
Des étapes ont été franchies mais il en reste beaucoup d'autres, notamment en matière de désenclavement, d'adduction en eau potable, ou d'assainissement. Il en existe aussi en matière d'équipements sportifs dans les perspectives des mini-jeux du Pacifique de 2013.
Je me ferai l'interprète de ces enjeux auprès du Président de la République Nicolas SARKOZY et du Premier Ministre François FILLON pour que le Gouvernement prennent en compte les besoins de Wallis et Futuna.
Ma première tâche consistera à évoquer la prolongation en 2008 de l'actuelle convention de développement, et compléter ainsi les besoins de financement nécessaires à l'achèvement des projets d'infrastructures, notamment dans les domaines de l'éducation ou du sport.
Mais je veux dire que les engagements de Nicolas SARKOZY seront aussi tenus, tels qu'ils vous été présentés dans la lettre qu'il vous a adressée durant la campagne électorale dans les domaines des solidarités locales, et notamment de l'aide aux personnes âgées ou des handicapés mais aussi au profit du logement social.
Et cette solidarité, c'est celle de la Nation, c'est celle de la cohésion de notre pays.
Je pense aussi essentiel que les Falés traditionnelles, qui sont emblématiques de votre culture, puissent être préservés pour garantir la vivacité et la richesse de votre coutume.
Je pense aussi tout essentiel que le développement économique passe par le développement touristique, par une politique rénovée de la santé publique, par les infrastructures d'éducation et de formation ou bien encore par les infrastructures de continuité territoriale.
Tous ces axes de développement sont mes préoccupations, et Nicolas SARKOZY s'est engagé auprès de vous pour qu'elles puissent être traduites réellement dans les faits.
Je me réjouis que le territoire organise les mini-jeux de 2009. Cet événement permettra de mobiliser la population des îles autour d'un projet fédérateur.
Les équipements sportifs du territoire doivent être mis à niveau. La pratique sportive doit être encouragée. Le contrat de développement 2007-2011 s'efforce donc de répondre à cet objectif par la construction d'une salle omnisports, la rénovation des halles et des terrains des sports à Wallis et Futuna.
En matière de sport, je sais que vos besoins sont très grands. C'est pour cette raison que l'Etat a souscrit, par exemple, à votre proposition de rénovation du plateau de sportif de Fiua à Futuna, dans le contrat de développement 2007-2011.
Les mini-jeux de 2009 sont un événement qui a vocation à initier une politique de développement économique, à créer des emplois dans de nombreux domaines.
Je me ferai votre avocat auprès de toutes les autorités de l'Etat pour que ces jeux puissent se dérouler dans les meilleures conditions possibles, tant du point de vue financier que du point de vue de son organisation.
Je le ferai également auprès des autorités européennes.
Car je crois aussi à l'Europe, et à une France forte au sein de l'Union européenne, car notre « vieux continent » a son rôle à jouer sur la scène internationale.
Et Wallis et Futuna ont leur place dans ce grand ensemble.
Comme les autres territoires du Pacifique, Wallis et Futuna ont un rôle à jouer, vous devez être une tête de pont dans le Pacifique. En contrepartie, l'Europe doit mieux prendre en compte les intérêts du territoire et nous y travaillons en garantissant son statut de « Pays et Territoires d'Outre-mer » de même que ses intérêts financiers lors de la négociation du 10ème Fonds Européen de Développement.
J'ai souvent entendu dire que Wallis et Futuna appartenaient à ce grand « continent invisible » du Pacifique, pour reprendre l'expression de l'écrivain Le Clezio.
C'est vrai.
Mais Wallis et Futuna ont aussi vocation à faire partie, avec la France, de ce grand ensemble qu'est l'Europe.
C'est une idée qui forge ma conviction pour les Outres mers français : il n'y a pas de contradictions ou d'opposition, à ce que les terres françaises d'outre-mer fassent partie de plusieurs ensembles qui s'emboîtent.
Pour Wallis et Futuna, il n'y a que des avantages à être à la fois dans Pacifique, dans la France et dans l'Europe.
Enfin, je voudrais m'adresser à vous pour que vous puissiez retrouver les conditions de la stabilité politique, cela dans le respect le plus profond qui est le mien de la coutume et de vos modes démocratiques et traditionnels.
La France respecte profondément votre tradition.
Et je respecte profondément votre tradition.
Je formule le souhait qu'une grande place soit accordée à la parole et au respect, au consensus qui est si fort en Océanie, et dans le Pacifique en particulier.
Dans d'autres territoires, ce consensus a été le ferment de la paix et de la concorde, il a été le ferment de la vie.
Et cette vie donne le sens à notre action, à nous qui sommes responsables de la vie publique, qu'elle soit la vie institutionnelle ou la vie coutumière, car si l'homme est un être doué d'intelligence et de liberté, c'est aussi un être capable d'aimer.
C'est cette dernière qualité qui fait la grandeur et qui nous donne un supplément d'âme.
Vive Wallis et Futuna !
Vive la République !
Vive la France !
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 22 octobre 2007