Déclaration de M. Alain Marleix, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, en hommage aux résistants de la Seconde Guerre mondiale, à Paris le 18 octobre 2007.

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Circonstance : Déjeuner avec l'association "Les Amitiés de la Résistance", à Paris le 18 octobre 2007

Texte intégral


Messieurs les Ministres,
Monsieur le Président,
Mesdames et messieurs,
Chers Amis,
C'est pour moi un réel honneur, teinté à la fois d'émotion et d'admiration que d'être présent aujourd'hui pour votre séance solennelle.
Au travers vous, au travers de votre engagement, c'est la France éternelle que je rencontre et salue.
Avant de commencer mon propos, vous comprendrez que je tienne à adresser une pensée pleine d'affection et d'admiration à Pierre MESSMER qui était pour moi un ami, au cardinal Jean-Marie LUSTIGER qui entretenait des liens d'amitiés avec votre association.
Nous devons en effet beaucoup à ces hautes figures, illustres ou inconnues, qui ont su faire vivre les valeurs de notre pays alors qu'il semblait abasourdi et terrorisé par la puissance de la Wehrmacht.
En juin 1940, la France est infidèle à sa propre histoire.
Les héros d'hier l'ont abandonnée.
Philippe PETAIN rencontre Adolf HITLER à MONTOIRE.
L'armée du Reich défile orgueilleuse et d'airain sur les Champs Elysées, piétinant les principes de Liberté, d'Egalité et de Fraternité qui avaient jusqu'alors guidé notre pays.
Ce furent l'étourdissement de la défaite, l'honteux armistice de juin 1940 et le choc de l'exode.
Bientôt, s'enfonçant un peu plus dans la nuit et le brouillard, les autorités françaises allaient prévenir avec un zèle extrême les exigences de l'occupant nazi.
Ce furent la censure, les saisies et les rafles.
La France est assommée et enchaînée.
A Londres, sur les ondes de la BBC, une voix, celle du général de GAULLE s'est élevée, comme ranimant un souffle qui s'épuise, appelant «la flamme de la Résistance, qui ne doit pas s'éteindre et qui ne s'éteindra pas.»
Voilà que se lève et se forme alors ce « peuple d'ombre » ainsi qu'André MALRAUX le qualifiait.
Devant vous, combattants illustres ou inconnus, symboles éternels du courage, de l'honneur et du sacrifice, je m'incline.
A vous, héros légendaires, qui avez porté la France de vos mains nues des ténèbres jusqu'à la lumière, la Nation vous exprime sa gratitude et son admiration.
La France à laquelle le Général de Gaulle, Chef de la France Libre, et vous-mêmes sutent donner une volonté et une espérance, n'oubliera jamais.
Je dis que le flambeau que vous avez porté si haut et si loin, celui de la liberté, de la démocratie, et de l'amour de la Patrie éclaire toujours notre route.
Votre engagement est pour nous, pour nos enfants, un exemple, une exigence et un devoir.
Notre rencontre nous donne également l'occasion de rappeler que la liberté dont nous bénéficions aujourd'hui est le résultat du combat mené par la Résistance pour refuser l'occupation, la collaboration, l'instauration d'un régime raciste et criminel.
La Résistance a incarné les valeurs de la République, de la France.
Mais le refus de l'asservissement, c'était aussi la capacité à rester fidèle à son choix, à risquer sa vie au détour d'une rue, à mourir, au fond d'une cellule, dans un train de déportés, ou par une belle journée de soleil dans le maquis.
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
L'occupation de la France par l'Allemagne nazie a été une des pages les plus sombres de l'Histoire de notre pays.
Mais la révolte de femmes et d'hommes que vous étiez, venus de tous horizons a permis de lutter victorieusement contre l'envahisseur.
Rappelons-nous les mots du général de GAULLE dans son discours prononcé à LONDRES le 2 octobre 1941 : "Il se reforme peu à peu une vaste résistance française dont on a le droit de croire qu'elle influera de plus en plus sur les événements de la guerre et qu'au jour du triomphe final des Alliés elle placera la démocratie française renouvelée par ses épreuves, de plain-pied avec la victoire."
La Résistance française, alliée à la France libre a permis à notre pays, traumatisé et martyrisé, d'être au rendez-vous de sa grande histoire.
Grâce à leur exemple, grâce à votre exemple, notre pays s'est reconstruit, autour des valeurs que vous incarniez.
Notre responsabilité à tous, et ma responsabilité au Gouvernement, c'est précisément de les faire vivre, pas seulement dans les textes, mais aussi dans les coeurs.
C'est ce message que je transmettrai aux classes de lycéens qui participeront lundi prochain au « parcours de mémoire » que j'ai initié dans le cadre de la commémoration voulue par le Président de la République en hommage à
Guy MOQUET et à la jeunesse résistante.
Au Mont-Valérien, au lycée Buffon et à l'Arc de Triomphe, alors que cette période peut nous paraître éloignée, alors que nous vivons en paix depuis plus d'un demi-siècle, je veux leur dire que les combats du passé ne valent pas que pour des temps d'exception.
Je veux leur dire que les questions qui se posèrent alors sont toujours d'actualité.
Elles le sont toujours car les dictatures, le racisme, l'intolérance sont toujours présents dans un monde qui n'a qu'imparfaitement trouvé son équilibre.
Face aux forces de haine, de violence, face à tous les systèmes qui érigent la peur, l'arbitraire, la xénophobie, la démagogie, en principe de gouvernement, cet esprit est toujours nécessaire pour dire non aux menaces qui pèsent sur la liberté, comme vous avez su dire « non » en votre temps.
Sachons nous en souvenir et en passeurs de mémoire vigilants et passionnés continuons dès lors votre combat pour la liberté.
Alors, et alors seulement nous resterons fidèles à l'idéal qui fut celui des Résistants, et nous progresserons au service de notre pays et de l'Europe unie, qui est née, précisément, des valeurs de la Résistance.
Je vous remercie. Source http://www.defense.gouv.fr, le 26 octobre 2007