Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étangères et européennes, lors du point de presse conjoint avec M. Jalal Talabani, président d'Irak, sur la situation en Irak, les relations et la coopération bilatérales franco-irakiennes, et le différend turco-irakien concernant les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), Paris le 17 octobre 2007.

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Circonstance : Visite en France du président irakien Jalal Talabani le 17 octobre 2007 à Paris

Texte intégral

Mesdames et Messieurs,
Nous avons été très heureux de recevoir le président de la République irakienne Jalal Talabani qui est un très vieil ami de la France et de certains d'entre nous.
Ce matin, le président Talabani a rencontré le président Sarkozy qui lui a réitéré le ferme soutien de la France à propos de l'unité, de la souveraineté, de l'intégrité territoriale de l'Irak et de la légalité fédérative de cet Etat.
Nous avons évoqué un certain nombre de perspectives et aussi, nous avons fait - c'est le président Talabani qui l'a fait - l'état de la situation à l'intérieur de l'Irak comme à l'extérieur, c'est-à-dire auprès de ses voisins.
Q - Monsieur le Ministre, nous avons entendu le président irakien, comptez-vous retourner prochainement en Irak et quel serait votre programme si c'est le cas ?
R - Oui, je projette en effet de me rendre à nouveau en Irak, ainsi que je l'ai déjà indiqué. Je ne connais pas la date de ce voyage. Je sais que nous travaillons sur des projets précis dont le président de la République a parlé avec M. Talabani ce matin. Je serai capable de vous donner une date dans les semaines qui suivent.
Cette opération portera, ainsi que le président irakien l'a signifié, surtout sur le domaine de la santé.
Q - Si vous n'êtes pas opposé à une intervention turque dans le Nord de l'Irak, qu'en pensez-vous ?
R - Vous connaissez la position de la France qui a été bien précisée hier. Nous sommes évidemment contre toute intervention dans la région et nous souhaitons que le différend actuel entre la Turquie et l'Irak se règle par des voies pacifiques. C'est tout à fait essentiel.
Je vous rappelle que je participerai, les 2 et 3 novembre à Istanbul, à une réunion qui regroupera les pays voisins de l'Irak et je serai très heureux d'y faire des propositions positives. Je ne manquerai pas de réitérer cette position pacifique à ce moment-là.
Q - Une question qui concerne les relations bilatérales. Depuis quelque temps, vous parlez des possibles avancées dans le secteur du pétrole, des investissements français dans le secteur pétrolier en Irak que vous seriez prêt à accueillir. Vous avez également parlé, lors d'un entretien récent que vous avez eu à Paris, d'un potentiel de formation de ces personnels de sécurité irakiens ainsi que de fournitures d'armes légères pour la police irakienne et d'autres dossiers encore. Y a-t-il eu des progrès sur ces questions depuis un an ?
R - Je n'ai rien à ajouter à ce que vient de décrire le président Talabani concernant la situation telle qu'elle se présente. Il y a des contacts avec Total et ce sont des contacts très anciens, Total travaillait en Irak depuis bien des années.
La seule petite note que je peux apporter, c'est que nous souhaiterions que les entreprises, pas seulement pétrolières, reprennent, amplifient ou débutent leurs activités avec l'Irak. Simplement, nous attirons l'attention sur les conditions de sécurité mais, sinon, les entreprises privées sont évidemment tout à fait libres de faire ce qu'elles veulent.
Les conditions de sécurité ne sont pas toujours remplies, c'est pourquoi nous sommes attentifs.
Quant au domaine précis de la santé ainsi que de l'éducation, il a été décidé d'avancer très vite comme je vous l'ai dit.
Q - Concernant la Chine, espérez-vous qu'elle puisse jouer un rôle plus positif, plus dynamique dans tous les domaines à propos de l'Irak ?
R - Dans tous les domaines où la France s'apprête à travailler aux côtés des Irakiens - vous avez bien noté ce que je dis, c'est aux côtés des Irakiens que nous souhaitons travailler -, la Chine serait évidemment la bienvenue.
Ma visite était destinée à entendre les Irakiens et, bien évidemment, le premier d'entre eux, le président.
Q - Il y aura une conférence ministérielle qui se tiendra en Turquie les 2 et 3 novembre prochain, nous avons appris que la France allait participer à cette conférence ministérielle. Quelle sera la contribution française ? Quel sera le rôle français dans cette conférence entre pays voisins de l'Irak ?
R - La participation de la France à la Conférence d'Istanbul, je vous l'ai confirmée. Nous serons très heureux de participer, sur un certain nombre de projets, à ce qui tient à coeur à la population française et au président de la République, c'est-à-dire la stabilité, la paix et la sécurité en Irak.
Q - La France est-elle prête à jouer un rôle afin de calmer la tension entre la Turquie et le PKK ?
R - La France n'a pas été sollicitée pour jouer un rôle pacificateur entre la Turquie et l'Irak. Si c'était le cas, nul doute qu'elle considérerait cette proposition avec intérêt. Mais, elle ne l'a pas été.
Je vous remercie beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 octobre 2007