Texte intégral
Nous avons constaté, après six mois d'insistance, d'obstination et quelques dernières semaines un peu plus tourmentées et décisives à la fois, que les choses se mettent en place. Il est temps qu'elles se mettent en place, puisque l'élection est dans onze jours.
Mercredi prochain, si tout va bien, si le président du Parlement tient les dates, le Parlement sera ouvert et l'élection du président de la République libanaise aura lieu. Est-ce qu'elle aura lieu dans de bonnes conditions ? Comme le souhaite la France qui est un partenaire et un ami.
Nous voulons que le processus électoral se déroule selon la règle constitutionnelle, selon la Constitution libanaise, à la date prévue. La dernière date est le 23 novembre. Après le 24, il se passe autre chose. J'espère, je le crois, que l'élection va avoir lieu avec un candidat ou plusieurs candidats, ce n'est pas à moi de le décider, mais que l'opposition et la majorité se retrouveront afin qu'un président de la République soit élu. Ce sera un candidat de consensus, étant donné le nombre de députés dans chacun des groupes. C'est ce que la France a voulu faciliter, c'est ce que nous souhaitons depuis longtemps. Mais les Libanais sont entièrement libres de décider eux-mêmes. C'est à eux de le faire.
Ne pensez pas qu'il s'agisse d'une pression de la France pour quelques candidats que ce soit. La France n'a pas de candidats, et ne veut pas connaître les noms. Nous avons du respect et de l'amitié pour tous les groupes politiques, les partis politiques libanais, pour toutes les communautés. C'est peut-être cela notre originalité. Nous l'avons dit depuis le début. Je vous rappelle que, dès le début de ce nouveau quinquennat français, sous la direction de Nicolas Sarkozy, président de la République française, dès la formation du gouvernement de François Fillon, nous sommes venus au Liban et nous n'avons pas cessé d'y être.
Que voulez-vous que je vous dise ? C'est très fatigant, mais cela me fait plaisir à chaque fois. Après avoir rencontré tous les groupes politiques, nous avons souhaité inviter les quatorze partis, en France, à La Celle Saint-Cloud. On a appelé cela, après le deuxième jour, car le premier fut rude, l'esprit de La Celle Saint-Cloud. Nous avions constaté avec une certaine admiration que, comme d'habitude, les Libanais, dans des conditions particulières, savent être fraternels avec les uns, avec les autres. Après de la rudesse, des difficultés, des tensions terribles, ils se retrouvaient entre eux et ils pouvaient parler. Nous avons pensé qu'ils pourraient le faire dans les mêmes conditions politiques, puisque les quatorze groupes sont ceux du Parlement, ceux du pacte national. Nous avons pensé qu'ils pouvaient le faire jusqu'à l'élection présidentielle. Dans onze jours, nous verrons bien si non pas la France a eu raison, mais si les Libanais ont eu raison de se faire confiance.
Aujourd'hui que s'est-il passé ? Nous avons rencontré le Patriarche, parce que le Patriarche réfléchit sur des noms que je ne connais pas et qui vont surgir très vite peut-être demain, peut-être après-demain. Nous avons rencontré les principaux responsables, c'est-à-dire, M. Saad Hariri, M. Nabih Berry et M. Fouad Siniora, chez eux. Nous avons rencontré, à la résidence de l'ambassadeur André Parant, les principaux dirigeants des groupes chrétiens, puisqu'il s'agit d'une élection qui, comme vous le savez, concerne, pour la présidentielle, les Maronites. Nous sommes allés voir le général Aoun chez lui.
Je crois pouvoir donner mon impression, je ne crois pas avoir raison. Je ne sais pas ce qui va se passer. Mais j'ai eu le sentiment que l'engrenage se mettait en place. J'ai eu le sentiment, en rencontrant tout le monde, qu'un certain assentiment se dégageait pour que l'élection ait lieu à la date prévue avec des noms qui commencent à circuler mais ce n'est pas un secret pour vous, et moi d'ailleurs, encore une fois, je ne choisis pas. Ce n'est pas mon propos. Il est fini le temps du colonialisme, de l'impérialisme et de tous ces "ismes". Je crois pouvoir affirmer que les contacts qui sont pris entre la majorité et l'opposition vont dans le bon sens. En tout cas, je le souhaite. Il y va de la responsabilité de tous les Libanais. Il y va de l'avenir de ce pays. Il y va de son unité, il y va de son intégrité territoriale et il y va, ce qui n'est pas indifférent dans la région, de la démocratie.
Je suis très fier de ce que la France a fait. Je ne sais pas si cela sera un succès ou un échec, pour qui d'ailleurs ? Cela ne peut être un succès ou un échec que pour les Libanais. Je pense que nous avons montré une obstination qui n'est pas la coutume dans la diplomatie habituelle. Nous étions là. Nous écoutions d'abord avant de parler. Nous nous sommes acharnés à dégager une voie qui avait été celle de La Celle Saint-Cloud.
Tout peut arriver. Y compris que je sois complètement démenti par les faits, y compris l'échec de ce processus. Alors s'ouvrirait une période, je crois très difficile pour ce pays, avec soit un vide politique, soit deux gouvernements. Cela ne me semble pas souhaitable. Ni le vide politique qui ne servirait à personne, dont ne bénéficierait personne, ni la complexité terrible de deux groupes affrontés sur un territoire que vous connaissez comme moi, avec évidemment des possibilités de tension très dangereuses.
Nous avions invité tout le monde, y compris le Hezbollah, en France. C'est pourquoi j'ai été peiné par la réaction un peu vive de M. Nasrallah, il y a deux jours. Je comprends son langage. Il en est coutumier. Je pense qu'il a prêté à la France des intentions qui ne sont pas les siennes. Nous voulons et nous respectons tous les groupes et nous voulons qu'ils soient égaux et dans notre pensée et dans notre pratique. Ils existent tous, petits et grands.
J'en termine, finalement, en souhaitant bonne chance au Liban. C'est à vous de jouer. Il y a une connivence internationale, et même un soutien international qui s'est manifesté aujourd'hui par des coups de téléphone que j'ai reçus, parce que la France est encore là.
Mon ami italien, Massimo d'Alema - avec qui je suis venu la dernière fois, avec Miguel Moratinos, mon ami espagnol - sera là soit jeudi, soit samedi. Nous parlons ensemble.
Il y a trois pays méditerranéens importants qui tiennent le même langage vis-à-vis de leurs amis libanais. Il y a le reste du monde, dont les pays alentours : nous avons parlé aux Syriens, nous avons parlé aux Iraniens ; nous avons parlé à nos amis égyptiens ; nous avons parlé aux Jordaniens, nous avons parlé à l'Arabie Saoudite, nous avons parlé à la Ligue arabe, notamment lors de la dernière conférence d'Istanbul.
On peut ne pas relier tous ces évènements. Mais c'était six mois de pratique diplomatique. Quand je dis diplomatie, c'est un mot générique. C'était de la pratique politique, humaine, chaleureuse, parfois querelleuse, c'est toujours comme cela. Déterminée en tout cas. Nous avions signé à Istanbul avec tous ces pays arabes, et avec les Etats-Unis, un texte qui disait ce que je dis. Il faut suivre le processus électoral, lui seul, mais lui complètement, avec tous les Libanais, toutes les communautés, et avec tous les partis évidemment qui sont représentés au parlement.
Je souhaite bonne chance à nos amis libanais. Je reviendrai bientôt. J'espère être là pour l'élection. Je pense que le Patriarche va faire ce qu'il a promis de faire. Il communiquera des noms aux deux protagonistes essentiels. Non pas essentiels, parce qu'ils sont eux-mêmes essentiels, mais parce que ce sont eux qui parlent pour la majorité et l'opposition, c'est-à-dire Saad Hariri et Nabih Berry. C'est à eux maintenant de choisir un ou plusieurs candidats. Je sais qu'ils le feront avec sincérité, avec courage, car il faut du courage de part et d'autre. Il faut du courage pour déterminer que la ligne doit être droite pour élire un président de la République. Il y en aura un seul pour tous les Libanais. Les Libanais sont divers. C'est une étape indispensable.
L'exemple, j'espère, se répandra dans ces pays du Moyen-Orient que j'aime et que la France aime, s'habituant ainsi à plusieurs religions, sans se combattre, des communautés diverses sans se combattre, en se combattant politiquement, ce qui est la nature même d'un Parlement. Les gens ne sont pas d'accord mais cela ne fait pas un drame. Ils peuvent voter, ce n'est pas un drame. Ils peuvent être battus, ce n'est pas un drame. Ils peuvent même gagner, vainqueurs, ce n'est pas un drame.
Q - (Inaudible)
R - Ce n'est pas exactement ce que nous avons dit. A l'époque où, avec Massimo d'Alema et Miguel Moratinos, nous avons visité la FINUL, avec nos trois contingents, qui font un travail formidable, pas seulement parce que ce sont de bons militaires, mais parce qu'ils sont en contact direct avec la population et que leur travail est aussi un travail, à la fois de contact, d'écoute, de reconstruction et de développement, nous avons dit que nous ne nous laisserions pas impressionner par les menaces qui, à l'époque, pesaient, comme souvent, sur nos contingents ; et que nous serions prêts, au contraire, à renforcer notre intervention plutôt qu'à la réduire. Parce que le bruit courait, à cette époque, que nous étions venus pour réduire nos contingents, ce qui n'était absolument pas notre but.
Q - (Inaudible)
R - Ce serait fait avec peine, si cela devrait être fait. Nous souhaitons que toutes les résolutions des Nations unies, et en particulier tous les accords internationaux, soient respectés. Mais nous ne décidons ni du nom des candidats, ni de l'élection. Si vous me demandez si mon souhait est que toutes les résolutions soient respectées, bien entendu c'est mon souhait et celui de la France, pas seulement de la France, de tous les pays qui sont représentés au Conseil de sécurité actuellement et de ceux qui ont voté ces diverses résolutions. Il faut que les accords internationaux soient respectés. Mais ce n'est pas parce que je le dis, que cela va se passer.
Q - (Inaudible)
R - Les critères ont été définis à la fois par les partis politiques et par le Patriarche. On a réfléchi pendant très longtemps sur les critères, cadrer le profil des candidats, selon son souhait. Il a demandé des suggestions aux divers leaders de la famille chrétienne.
Q - (Inaudible)
R - Je lui ai dit ce que je vous ai dit, il n'y a pas de double langage de la part de la France. Je lui ai dit qu'il jouait un rôle considérable puisqu'il avait été accepté par tous et surtout par les deux protagonistes, et que MM. Berry et Hariri parlent déjà de se rencontrer autour des noms qui leur seraient proposés. J'ai trouvé que c'était une très noble et très belle besogne. Je lui ai dit que la France était à ses côtés.
Nous avons parlé du Liban difficile, nous avons parlé de sa tâche attendue, nous avons parlé de son merveilleux effort. Parce que le Patriarche, ce n'est pas un homme politique. Il n'aime pas avoir à choisir. Il a déjà été échaudé une fois dans le passé. Je lui ai rendu un hommage très particulier et très sincère. Je comprends bien qu'il veuille s'abstraire de ces choses, lui qui ne s'occupe pas du temporel. Mais il le fait avec un grand sens des responsabilités. J'aime beaucoup cet homme. Je lui ai demandé de rester. Je ne sais pas s'il le fera. Je lui ai demandé avec beaucoup de modestie, en même temps, en toute sincérité de rester et de ne pas aller à Rome pendant les élections puisqu'il a un consistoire. Je ne sais pas s'il le fera. Nous nous sommes parlés de la difficulté, de la grandeur d'être Libanais. Moi je ne suis pas Libanais ; mais lui il l'est.
Q - (Inaudible)
R - Ne croyez pas non plus que les deux responsables principaux - quand je dis principaux c'est ceux qui se parlent sur les noms - vont être surpris. Tous les noms circulent, il y a très longtemps qu'ils se parlent. Ils continuent de se parler, ce qui m'a réjoui. J'ai rencontré, aussi bien auprès de Saad Hariri que de Nabih Berry, une compréhension et une détermination que je veux saluer. Ils ont l'air impliqué dans cette affaire. Je pense - c'est moi qui me serais trompé si c'est faux, pas eux - qu'ils sont déterminés à ce qu'il y ait un candidat de consensus. C'est ce que je souhaitais. C'est ce que la France voulait. C'est ce que la France a proposé. Nous, nous voulons cela, mais encore une fois, c'est l'affaire des Libanais, des Libanais seuls.
Nous avons voulu avec un certain nombre de pays amis, qu'il n'y ait pas d'interférence venue de l'extérieur, comme c'est souvent le cas. Pour la première fois, je crois que si les Libanais s'entendent entre eux, alors cela suffira pour que la politique libanaise soit mise en oeuvre. En tout cas pour l'élection présidentielle. Cela je le crois profondément, c'est à eux de décider et pas à moi.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2007
Mercredi prochain, si tout va bien, si le président du Parlement tient les dates, le Parlement sera ouvert et l'élection du président de la République libanaise aura lieu. Est-ce qu'elle aura lieu dans de bonnes conditions ? Comme le souhaite la France qui est un partenaire et un ami.
Nous voulons que le processus électoral se déroule selon la règle constitutionnelle, selon la Constitution libanaise, à la date prévue. La dernière date est le 23 novembre. Après le 24, il se passe autre chose. J'espère, je le crois, que l'élection va avoir lieu avec un candidat ou plusieurs candidats, ce n'est pas à moi de le décider, mais que l'opposition et la majorité se retrouveront afin qu'un président de la République soit élu. Ce sera un candidat de consensus, étant donné le nombre de députés dans chacun des groupes. C'est ce que la France a voulu faciliter, c'est ce que nous souhaitons depuis longtemps. Mais les Libanais sont entièrement libres de décider eux-mêmes. C'est à eux de le faire.
Ne pensez pas qu'il s'agisse d'une pression de la France pour quelques candidats que ce soit. La France n'a pas de candidats, et ne veut pas connaître les noms. Nous avons du respect et de l'amitié pour tous les groupes politiques, les partis politiques libanais, pour toutes les communautés. C'est peut-être cela notre originalité. Nous l'avons dit depuis le début. Je vous rappelle que, dès le début de ce nouveau quinquennat français, sous la direction de Nicolas Sarkozy, président de la République française, dès la formation du gouvernement de François Fillon, nous sommes venus au Liban et nous n'avons pas cessé d'y être.
Que voulez-vous que je vous dise ? C'est très fatigant, mais cela me fait plaisir à chaque fois. Après avoir rencontré tous les groupes politiques, nous avons souhaité inviter les quatorze partis, en France, à La Celle Saint-Cloud. On a appelé cela, après le deuxième jour, car le premier fut rude, l'esprit de La Celle Saint-Cloud. Nous avions constaté avec une certaine admiration que, comme d'habitude, les Libanais, dans des conditions particulières, savent être fraternels avec les uns, avec les autres. Après de la rudesse, des difficultés, des tensions terribles, ils se retrouvaient entre eux et ils pouvaient parler. Nous avons pensé qu'ils pourraient le faire dans les mêmes conditions politiques, puisque les quatorze groupes sont ceux du Parlement, ceux du pacte national. Nous avons pensé qu'ils pouvaient le faire jusqu'à l'élection présidentielle. Dans onze jours, nous verrons bien si non pas la France a eu raison, mais si les Libanais ont eu raison de se faire confiance.
Aujourd'hui que s'est-il passé ? Nous avons rencontré le Patriarche, parce que le Patriarche réfléchit sur des noms que je ne connais pas et qui vont surgir très vite peut-être demain, peut-être après-demain. Nous avons rencontré les principaux responsables, c'est-à-dire, M. Saad Hariri, M. Nabih Berry et M. Fouad Siniora, chez eux. Nous avons rencontré, à la résidence de l'ambassadeur André Parant, les principaux dirigeants des groupes chrétiens, puisqu'il s'agit d'une élection qui, comme vous le savez, concerne, pour la présidentielle, les Maronites. Nous sommes allés voir le général Aoun chez lui.
Je crois pouvoir donner mon impression, je ne crois pas avoir raison. Je ne sais pas ce qui va se passer. Mais j'ai eu le sentiment que l'engrenage se mettait en place. J'ai eu le sentiment, en rencontrant tout le monde, qu'un certain assentiment se dégageait pour que l'élection ait lieu à la date prévue avec des noms qui commencent à circuler mais ce n'est pas un secret pour vous, et moi d'ailleurs, encore une fois, je ne choisis pas. Ce n'est pas mon propos. Il est fini le temps du colonialisme, de l'impérialisme et de tous ces "ismes". Je crois pouvoir affirmer que les contacts qui sont pris entre la majorité et l'opposition vont dans le bon sens. En tout cas, je le souhaite. Il y va de la responsabilité de tous les Libanais. Il y va de l'avenir de ce pays. Il y va de son unité, il y va de son intégrité territoriale et il y va, ce qui n'est pas indifférent dans la région, de la démocratie.
Je suis très fier de ce que la France a fait. Je ne sais pas si cela sera un succès ou un échec, pour qui d'ailleurs ? Cela ne peut être un succès ou un échec que pour les Libanais. Je pense que nous avons montré une obstination qui n'est pas la coutume dans la diplomatie habituelle. Nous étions là. Nous écoutions d'abord avant de parler. Nous nous sommes acharnés à dégager une voie qui avait été celle de La Celle Saint-Cloud.
Tout peut arriver. Y compris que je sois complètement démenti par les faits, y compris l'échec de ce processus. Alors s'ouvrirait une période, je crois très difficile pour ce pays, avec soit un vide politique, soit deux gouvernements. Cela ne me semble pas souhaitable. Ni le vide politique qui ne servirait à personne, dont ne bénéficierait personne, ni la complexité terrible de deux groupes affrontés sur un territoire que vous connaissez comme moi, avec évidemment des possibilités de tension très dangereuses.
Nous avions invité tout le monde, y compris le Hezbollah, en France. C'est pourquoi j'ai été peiné par la réaction un peu vive de M. Nasrallah, il y a deux jours. Je comprends son langage. Il en est coutumier. Je pense qu'il a prêté à la France des intentions qui ne sont pas les siennes. Nous voulons et nous respectons tous les groupes et nous voulons qu'ils soient égaux et dans notre pensée et dans notre pratique. Ils existent tous, petits et grands.
J'en termine, finalement, en souhaitant bonne chance au Liban. C'est à vous de jouer. Il y a une connivence internationale, et même un soutien international qui s'est manifesté aujourd'hui par des coups de téléphone que j'ai reçus, parce que la France est encore là.
Mon ami italien, Massimo d'Alema - avec qui je suis venu la dernière fois, avec Miguel Moratinos, mon ami espagnol - sera là soit jeudi, soit samedi. Nous parlons ensemble.
Il y a trois pays méditerranéens importants qui tiennent le même langage vis-à-vis de leurs amis libanais. Il y a le reste du monde, dont les pays alentours : nous avons parlé aux Syriens, nous avons parlé aux Iraniens ; nous avons parlé à nos amis égyptiens ; nous avons parlé aux Jordaniens, nous avons parlé à l'Arabie Saoudite, nous avons parlé à la Ligue arabe, notamment lors de la dernière conférence d'Istanbul.
On peut ne pas relier tous ces évènements. Mais c'était six mois de pratique diplomatique. Quand je dis diplomatie, c'est un mot générique. C'était de la pratique politique, humaine, chaleureuse, parfois querelleuse, c'est toujours comme cela. Déterminée en tout cas. Nous avions signé à Istanbul avec tous ces pays arabes, et avec les Etats-Unis, un texte qui disait ce que je dis. Il faut suivre le processus électoral, lui seul, mais lui complètement, avec tous les Libanais, toutes les communautés, et avec tous les partis évidemment qui sont représentés au parlement.
Je souhaite bonne chance à nos amis libanais. Je reviendrai bientôt. J'espère être là pour l'élection. Je pense que le Patriarche va faire ce qu'il a promis de faire. Il communiquera des noms aux deux protagonistes essentiels. Non pas essentiels, parce qu'ils sont eux-mêmes essentiels, mais parce que ce sont eux qui parlent pour la majorité et l'opposition, c'est-à-dire Saad Hariri et Nabih Berry. C'est à eux maintenant de choisir un ou plusieurs candidats. Je sais qu'ils le feront avec sincérité, avec courage, car il faut du courage de part et d'autre. Il faut du courage pour déterminer que la ligne doit être droite pour élire un président de la République. Il y en aura un seul pour tous les Libanais. Les Libanais sont divers. C'est une étape indispensable.
L'exemple, j'espère, se répandra dans ces pays du Moyen-Orient que j'aime et que la France aime, s'habituant ainsi à plusieurs religions, sans se combattre, des communautés diverses sans se combattre, en se combattant politiquement, ce qui est la nature même d'un Parlement. Les gens ne sont pas d'accord mais cela ne fait pas un drame. Ils peuvent voter, ce n'est pas un drame. Ils peuvent être battus, ce n'est pas un drame. Ils peuvent même gagner, vainqueurs, ce n'est pas un drame.
Q - (Inaudible)
R - Ce n'est pas exactement ce que nous avons dit. A l'époque où, avec Massimo d'Alema et Miguel Moratinos, nous avons visité la FINUL, avec nos trois contingents, qui font un travail formidable, pas seulement parce que ce sont de bons militaires, mais parce qu'ils sont en contact direct avec la population et que leur travail est aussi un travail, à la fois de contact, d'écoute, de reconstruction et de développement, nous avons dit que nous ne nous laisserions pas impressionner par les menaces qui, à l'époque, pesaient, comme souvent, sur nos contingents ; et que nous serions prêts, au contraire, à renforcer notre intervention plutôt qu'à la réduire. Parce que le bruit courait, à cette époque, que nous étions venus pour réduire nos contingents, ce qui n'était absolument pas notre but.
Q - (Inaudible)
R - Ce serait fait avec peine, si cela devrait être fait. Nous souhaitons que toutes les résolutions des Nations unies, et en particulier tous les accords internationaux, soient respectés. Mais nous ne décidons ni du nom des candidats, ni de l'élection. Si vous me demandez si mon souhait est que toutes les résolutions soient respectées, bien entendu c'est mon souhait et celui de la France, pas seulement de la France, de tous les pays qui sont représentés au Conseil de sécurité actuellement et de ceux qui ont voté ces diverses résolutions. Il faut que les accords internationaux soient respectés. Mais ce n'est pas parce que je le dis, que cela va se passer.
Q - (Inaudible)
R - Les critères ont été définis à la fois par les partis politiques et par le Patriarche. On a réfléchi pendant très longtemps sur les critères, cadrer le profil des candidats, selon son souhait. Il a demandé des suggestions aux divers leaders de la famille chrétienne.
Q - (Inaudible)
R - Je lui ai dit ce que je vous ai dit, il n'y a pas de double langage de la part de la France. Je lui ai dit qu'il jouait un rôle considérable puisqu'il avait été accepté par tous et surtout par les deux protagonistes, et que MM. Berry et Hariri parlent déjà de se rencontrer autour des noms qui leur seraient proposés. J'ai trouvé que c'était une très noble et très belle besogne. Je lui ai dit que la France était à ses côtés.
Nous avons parlé du Liban difficile, nous avons parlé de sa tâche attendue, nous avons parlé de son merveilleux effort. Parce que le Patriarche, ce n'est pas un homme politique. Il n'aime pas avoir à choisir. Il a déjà été échaudé une fois dans le passé. Je lui ai rendu un hommage très particulier et très sincère. Je comprends bien qu'il veuille s'abstraire de ces choses, lui qui ne s'occupe pas du temporel. Mais il le fait avec un grand sens des responsabilités. J'aime beaucoup cet homme. Je lui ai demandé de rester. Je ne sais pas s'il le fera. Je lui ai demandé avec beaucoup de modestie, en même temps, en toute sincérité de rester et de ne pas aller à Rome pendant les élections puisqu'il a un consistoire. Je ne sais pas s'il le fera. Nous nous sommes parlés de la difficulté, de la grandeur d'être Libanais. Moi je ne suis pas Libanais ; mais lui il l'est.
Q - (Inaudible)
R - Ne croyez pas non plus que les deux responsables principaux - quand je dis principaux c'est ceux qui se parlent sur les noms - vont être surpris. Tous les noms circulent, il y a très longtemps qu'ils se parlent. Ils continuent de se parler, ce qui m'a réjoui. J'ai rencontré, aussi bien auprès de Saad Hariri que de Nabih Berry, une compréhension et une détermination que je veux saluer. Ils ont l'air impliqué dans cette affaire. Je pense - c'est moi qui me serais trompé si c'est faux, pas eux - qu'ils sont déterminés à ce qu'il y ait un candidat de consensus. C'est ce que je souhaitais. C'est ce que la France voulait. C'est ce que la France a proposé. Nous, nous voulons cela, mais encore une fois, c'est l'affaire des Libanais, des Libanais seuls.
Nous avons voulu avec un certain nombre de pays amis, qu'il n'y ait pas d'interférence venue de l'extérieur, comme c'est souvent le cas. Pour la première fois, je crois que si les Libanais s'entendent entre eux, alors cela suffira pour que la politique libanaise soit mise en oeuvre. En tout cas pour l'élection présidentielle. Cela je le crois profondément, c'est à eux de décider et pas à moi.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 15 novembre 2007