Déclaration de M. Alain Marleix, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, en hommage aux combattants de la Première Guerre mondiale, à Paris le 11 novembre 2007.

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Texte intégral


Monsieur le Secrétaire général de l'administration,
Messieurs les officiers généraux,
Monsieur le Préfet, Directeur général de l'ONAC,
Mesdames et messieurs les Présidents et représentants des associations,
Mesdames et messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi de vous dire tout l'honneur et l'émotion qui sont les miens de me retrouver ici parmi vous, dans les salons des Invalides, lieu emblématique de la reconnaissance et de la solidarité que la Nation doit à toutes celles et ceux qui ont lutté pour défendre les valeurs de la République.
Le 11 novembre 1918, la France et l'Allemagne mettaient fin à une guerre dont l'appellation qui lui est restée - "la Grande Guerre" - traduit bien la force de l'empreinte qu'elle a laissée dans la mémoire collective des Français.
8 millions 410 mille Français furent mobilisés.
En effet, chaque commune, chaque village de notre pays porte dans la pierre de ses monuments le souvenir tragique de ses enfants "morts pour la France".
Le 11 novembre 1918, après quatre années d'orage de feu et de fer qui firent plus de 8,5 millions de morts (dont 1 million 375 milles morts ou disparus pour la France soit une moyenne de 900 morts français par jour), les Etats belligérants signaient dans la clairière de RETHONDES l'armistice qui mettait fin à l'une des plus grandes tragédies du 20ème siècle.
Le premier conflit mondial mobilisa plus de 70 millions de soldats et fit près de 10 millions de morts.
Quand le dramatique le dispute à la terreur des assauts et des gaz, quand la faim, le froid et la mort ont confronté ces glorieux soldats aux névroses et aux horreurs de la guerre s'imposent à nous, en hommage à ces hommes, le silence et le recueillement.
Ces hommes partis sans enthousiasme et résignés, avec la "résolution patriotique" selon l'expression de l'historien Jean-Jacques BECKER, n'ont jamais failli.
Le peuple fut quant à lui solidaire dans "l'Union sacrée" et emporté dans cet "effort de guerre" quatre longues et terribles années.
Nous savons tous combien notre peuple est fort et grand quand la patrie est déclarée en danger, quand la plaie est béante.
La France, quatre années durant, fut emportée dans ce tourbillon où le déluge de fonte et d'acier des lignes de front donnait à l'enfer des leçons d'inhumanité.
Il fallait que les hommes se mobilisent toujours plus.
Il fallait que les usines accroissent toujours plus leur production.
Il fallait que les campagnes intensifient toujours plus leur approvisionnement.
Et les femmes, icônes superbes de l'espoir et du deuil, entraient enfin de plain-pied dans l'histoire de France.
Pendant des mois, une sorte de flux et de reflux déplaça nos armées depuis la frontière belge jusqu'à l'Alsace sans parvenir à chasser l'armée allemande.
Pendant des mois, espérant obtenir une victoire décisive sur l'ennemi, nos Poilus, dans les boyaux sombres et les casemates délabrées des tranchées, ont tenu la France "à mains nues"...oui "à mains nues".
Pendant des mois, sur le front occidental comme oriental, ces hommes, aux mains crevassées, aux yeux sans lueur et à la gorge asphyxiée se dressèrent inlassablement debout face à la fureur de l'artillerie et des bombardements.
Il fallait les mots d'un des leurs, hier ennemi irréductible, aujourd'hui ami et frère, ceux de l'écrivain allemand Eric Maria REMARQUE pour exprimer ces hommes harassés de fatigue, meurtris par les impossibles positions qu'il fallait tenir face à l'ennemi.
"Les jours passent et chaque heure est à la fois incompréhensible et évidente - les attaques alternent avec les contre-attaques et, parmi les entonnoirs, les morts s'accumulent entre les lignes".
En ce 90ème anniversaire de 1917, nous savons combien cette année fut décisive avec l'entrée en guerre des Etats-Unis alors même que les premiers mois furent marqués par la lassitude générale des belligérants.
Alors que les derniers témoins atteignent le crépuscule de leur existence, que les souffrances et les espoirs d'alors disparaissent sur la crête du temps, souvenons nous de leur patriotisme, de leur fidélité, de leur courage...et tout simplement de leur héroïsme.
Mesdames et messieurs,
Chers Amis,
Le 11 novembre 1918 doit aujourd'hui nous apparaître moins comme la victoire des alliés que comme le retour, certes éphémère, de la paix en Europe.
"Il est en effet plus facile de faire la guerre que la paix" selon le mot de Georges CLEMENCEAU dans son discours de Verdun mais c'était la paix qu'il fallait avant tout gagner.
Cette paix, nous la connaissons aujourd'hui en Europe, et elle nous est permise parce que je veux dire, avec le plus grand respect, avec la plus profonde sincérité que leur sacrifice n'a pas été vain.
Leur martyre, pour nous qui n'avons pas connu l'épreuve du feu et de la peur, n'a pas été vain.
Ils ont écrit avec leur sang et leurs larmes une des pages les plus grandioses de notre histoire de France pour que nous soyons libres, et pour que nous partagions, avec notre ennemi d'hier pour lequel on n'avait jamais de mots assez durs et définitifs, cette communauté de destin qui nous unit à l'Allemagne, et qui fait de l'Europe notre horizon naturel.
La fin de ce conflit est le symbole de la paix qui se prolonge aujourd'hui dans l'Union européenne.
C'est ce devoir d'être des passeurs enthousiastes de mémoire que nous avons la responsabilité de défendre et de faire vivre.
C'est ce message d'humanisme, de volonté et d'espérance que nous devons transmettre aujourd'hui à nos enfants et petits-enfants.
Honneurs à ces héros de 1914 dont le sang mêlé à la terre de France a fait de notre Nation, un peuple libre et glorieux.
Je vous remercie.

source http://www.defense.gouv.fr, le 26 novembre 2007