Interview de M. Alain Marleix, secrétaire d'Etat aux anciens combattants, dans "le Figaro" du 12 novembre 2007, sur les efforts en faveur des anciens combattants et sur le 90e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

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Q - M. le ministre, le monde des anciens combattants est très sensible à la transmission de la mémoire des conflits qu'il ont connus. Comment peut-on envisager aujourd'hui de s'adresser à ces nouvelles générations qui n'ont pas connu l'épreuve des guerres du XXème siècle ?
R - C'est en effet un sujet majeur et probablement le plus important.
Je suis certes extrêmement attentif au devoir de solidarité et de réparation qui se traduit par un certain nombre de mesures matérielles auxquelles le budget 2008 donnera de ce point de vue satisfaction aux Anciens Combattants conformément aux engagements du Président de la République. Je pense en particulier à l'augmentation de la retraite du combattant de deux points et à l'indemnité pour les veuves.
Mais il y a une autre dimension à laquelle le monde combattant est particulièrement attaché, c'est la question de la mémoire.
Il y a des enseignements à tirer pour les générations futures des conflits qui ont jalonné le XXème siècle.
Nous devons avoir pleinement conscience qu'il convient de transmettre à nos enfants et petits-enfants les valeurs que les anciens combattants ont défendues par leur courage et leur sacrifice.
Ces valeurs sont celles défendues par le président de la République lors de sa campagne. Les mots d'amour de la France, d'engagement ne sont plus apparus comme tabous mais comme le creuset de notre identité républicaine.
Q - Le 90ème anniversaire de la fin de la Grande guerre doit donc alimenter votre réflexion à ce sujet.
R - Cet anniversaire sera marqué par un très grand nombre d'initiatives de l'Etat, des collectivités territoriales, des associations et aussi de nos Alliés notamment du Commonwealth.
J'ai demandé au Professeur Jean-Jacques Becker, grand spécialiste du premier conflit mondial, de me faire des propositions sur le sens à donner à ces commémorations.
Q - Justement, ce sens implique-t-il pour vous de mettre en avant la dimension européenne ?
R - Le grand soulagement de 1918 s'est accompagné de l'apparition d'un grand nombre d'Etats de l'Europe centrale et orientale aujourd'hui membres de l'Union européenne (Pologne, pays baltes, République Tchèque, etc)
La France présidant l'Union européenne au second semestre 2008, ce 11 novembre devra intégrer cette dimension.
Q - La politique de mémoire s'exprime au travers certain nombre de cérémonies. Certains les trouvent trop nombreuses et parfois désuètes...
R - L'enjeu c'est de savoir transmettre cette mémoire et ses valeurs aux jeunes générations. J'ai voulu par exemple que la lecture de la lettre Guy Moquet, au Mont Valérien, lieu emblématique des martyrs de la Résistance s'accompagne d'une expression artistique moderne qui a été une grande réussite.
Si nous voulons conserver le fond il nous faut rénover les formes J'ai demandé au grand universitaire André Kaspi d'associer un certain nombre de personnalités pour me faire des propositions sur le devenir des commémorations et leurs formes d'expression.

source http://www.defense.gouv.fr, le 22 novembre 2007